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Au Diable Vauvert [corriger]

Au diable vauvert est un éditeur indépendant créé en 2000 par Marion Mazauric anciennement directrice littéraire chez J`ai Lu, installée à Vauvert dans le Gard. Son mot d`ordre est de "publier sans complexe, la littérature que nous aimons". Romans, nouvelles, documents, français ou étrangers.

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Neuromancien

Neuromancien a ce style suranné des fondateurs de la sci-fi moderne – lent, trop rapide en même temps, avec un univers qui écrase le protagoniste (et par extension le lecteur), sans qu'il ne soit réellement édifié outre l'ambiance lourde qui l'entoure. Ajoutons à ça l'inévitable protagoniste (ou bande de…) qui n'est rien, ni personne ou quasi, et qui réussit par des circonvolutions absconses à renverser quelque chose… mais quoi ? Généralement ni le système dans lequel il évolue, ni son propre univers dans lequel il replonge immédiatement dans une continuité qui laisse toujours le lecteur sur la touche. J'admets que pour un roman datant des années 1980, le vocabulaire aurait pu tout droit sortir de Cyberpunk (dont le genre est tiré de ce roman) ou d'autres œuvres de science-fiction très actuelles. Sauf que, malheureusement, la narration de ce roman est comme le héros ; complétement sous speed, on passe d'une idée et d'un endroit à l'autre, d'une relation, intrigue, enjeu quelconque dont on n'a pas réellement le temps de s'imprégner qu'il y a déjà eu trois autres bonds ailleurs. C'est aride, impersonnel, avec un personnage aux fraises et des enjeux dont on fini par accepter qu'on en a rien à faire parce qu'on est depuis trop longtemps oublié sur l'aire d'autoroute de l'histoire.
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Cybione

J ai décidé de RE-lire du Ayerdhal - après 15 ans de lecture SF bcp plus "contemporaines", "plus récent, plus techno").

L éditeur précise: une série d aventures intergalactiques jubilatoires.

En effet, une lecture loufoque, déjantée, presque vintage.

Amateurs de hard-science, techno-thriller, SF verte, passez votre chemin.

Dans cet opus, on retrouve un certain type de poîlar rétro qui m'a enchanté le temps d une après midi au calme de mon salon.

J ai eu un peu mal à démarrer ( vocabulaire un peu cru, argot , noms quelque peu dévergondés...), mais une fois lancée, je l ai lu d une traite.

Il m a rappelé le guide routard galactique.

Et puis j apprécie tjs ce que propose cette maison d édition.
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Les guerriers de la canamelle

Moa, c'est celui qui nous raconte la véritable révolte de ce printemps 1760 survenue dans sa plantation de Saint Mary en Jamaïque, et dans celles alentour. Il a quatorze ans, n'a pas encore sa taille d'homme mais a suivi courageusement ce mouvement de rébellion pour dire non à l'esclavage imposée par les démons blancs d'Angleterre, non à la peur et la cruauté du taille-échine des surveillants qui lacère les peaux jusqu'au sang.



Ces journées d'avril sont celles de la moisson de la canamelle, couper la canne à sucre, tant de jours, et tant d'heures tous les jours. le soleil cuit son corps. Les mouvements de la serpe endolorissent ses bras, son dos se casse sous les courbures répétées. La semoule de maïs et quelques os à ronger sont les seules nourritures pour apaiser les estomacs affamés.



Dernièrement, la mort de Missy Pam, en plein champ, a fait couler « l'eau des yeux » de tous ceux qui l'adoraient. Elle était celle qui guérissait, qui racontait les histoires de leur peuple, qui évoquait les esprits de leurs dieux et déesses. Ils n'ont pu lui chanter un air akan pour lui dire adieu, la faire reposer au pied d'un grand arbre où coulerait une rivière.

Alors, il faut profiter du dimanche de Pâques pour fuir, cesser de supporter ces conditions inhumaines. Mais pour fuir, certains d'entre eux, dont Moa, doivent « chouriner » les surveillants blancs, le Maître, sa femme, ses enfants. Les tuer tous pour qu'aucun ne donne l'alerte.

Les paroles de Moa nous montrent les marmaillons, les plus jeunes garçons, qui arrachent les feuilles sèches au pied des cannes à sucre. Les femmes et filles, dont Hamaya, tirent les charrettes jusqu'au moulin où le père de Moa broie et presse la canamelle. La crainte d'Hamaya tourne dans sa tête : bientôt, elle sera prise le soir, pour contenter les surveillants blancs.



Pourtant, cette révolte menée par Tacky, le frère de la pauvre Missy Pam, ne peut être sans danger. le père de Moa le met en garde, des sanctions mortelles attendent les fauteurs de troubles mais Moa est déterminé « Je préfère mourir en me battant que de mourir en travaillant pour les genses blancs. » Notre jeune esclave veut suivre son ami Keverton, se battre pour leur liberté à tous. C'est leur unique moyen, devenir guerriers, tuer pour faire valoir leurs droits.

Puissent les dieux et les déesses akans être favorables à leur révolte !

Nous, on se contente de trembler d'espoir pour ces combattants de la liberté.





L'auteur a choisi que les dialogues engagés entre Moa et les siens soient en patois jamaïcain, sûrement une sorte de créole de là-bas. Loin de déstabiliser, une fois cette originalité adoptée, ce langage confère un supplément de crédibilité au récit, semble même abolir les distances, nous donnant l'impression d'entendre ces voix qui retentissent dans toute leur authenticité.

Il y a, bien sûr, un peu de la Jamaïque dans ces pages avec ses fruits, son eau de coco pour se désaltérer, sa faune, un peu de sa flore. J'aurais pourtant aimé m'éblouir davantage, lire un peu plus sur cette île luxuriante des Caraïbes.

Cette lecture reste toutefois intense, tragique sur la barbarie humaine, sur la violence qui ne peut répondre qu'à la violence. L'exploitation de l'homme noir par l'homme blanc est toujours un sujet extrêmement révoltant, douloureux. En faisant parler Moa, Alex Wheatle en a fait un roman intime, qui émeut terriblement. Le garçon, malgré son estomac souvent noué, accomplit ses tâches, ne renonce pas tout en étant traumatisé par la violence de ce combat. L'amitié entre Keverton et lui viennent illuminer cette rébellion pour être libre, mener sa vie sur un petit lopin de terre et manger à sa faim.



Un cri vient scander la révolte « le sang n'oubliera pas ». Alors même si, inévitablement, certains vont rejoindre les ancêtres, le sang qui coule et coulera chez ceux qui restent et ceux à venir ne peut oublier, ne doit oublier. Et l'auteur, qui pourrait très bien être un descendant de ces guerriers, le prouve ici en donnant voix à Moa.

Soutenu par Amnesty International, tout en dénonçant l'esclavage d'hier, ce roman est là pour penser aussi aux droits humains qui sont piétinés, ignorés aujourd'hui encore dans un grand nombre de pays. L'esclavage moderne est une réalité que les pays dits « d'égalité et de liberté » cautionnent avec le commerce international.



Merci aux Éditions Au Diable Vauvert et à Masse Critique.

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