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Mise en forme

Mise en forme est un court récit à la première personne ou se mêlent le vif, celui des souvenirs et des émotions et la distance des recherches et de l'analyse d'un theme en particulier, le fitness au travers d'une experience personnelle.

La naratrice évoque ici une période complexe de sa vie, apres une rupture, au travers des émotions et de la façon dont elle vit les événements nottament de façon physique, comment son corps la soutient et la trahit, l'impact de ce qu'elle traverse et de ses émotions sur celui ci. Elle partage son experience et sa réflexion sur l'univers des videos de fitness et d'entrainement en ligne, exemples a l'appui.Quels en sont les codes, les décors, elle parle de la consomation qu'elle en a fait, pourquoi et l'impact que ces vidéos d'entrainement ont eu sur son corps bien sur mais surtout sur son psychisme, entre sentiment de maitrise et injonctions permanentes.

J'ai beaucoup aimé ce format original alernant récit personnel et étude d'un theme au dela de sa simple pratique. Le sport n'est pas un de mes sujets de prédilections mais il ne faudrait surtout pas réduire "mise en forme " a ce theme et j'ai trouvé dans le livre des échos a quelques unes de mes lectures féministes et une écriture qui nous entraine.
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Mise en forme

Ultime, en résonance, l’œuvre-ballet qui se crée, page à page, dans une orée fascinante et touchante.

L’apogée des gestuelles, l’effort à l’instar d’une composition mentale.

L’abnégation, être une coquille subrepticement refermée sur le monde.

Seule, la chorégraphie corporelle est l’exutoire. La géographie assumée en absolu.

Lire Mikella Nicol, frémir sous l’acuité verbale. Retenir les semblables effluves du splendide «  Les Filles bleues de l’été », également aux éditions Le Nouvel Attila.

L’intimité d’un texte à l’instar d’un voile blanc voguant, aérien et irrésistible.

Ici, le corps prend place. La jeune narratrice vit une rupture amoureuse. (Mal).

Elle part chez l’amant. Pleure, dans cette tragédie d’ubiquité.

Rimbaldienne, Durasienne, dévorée de tristesse, angoissée, elle sombre.

La lumière de l’écriture tient le cap. « Mise en forme » est un élixir. Sans pathos aucun. Ici, tout est signifiant, désiré et la tragédie devient une force vitale. Un levier de corps et de mental.

« Il est temps que je ramasse mes morceaux, que je les assemble. »

« La plupart du temps, on ne vit que dans l’attente que nos désirs soient compris, nos peines apaisées, et on oublie de chercher les indices de l’autre. »

Point d’appui, l’éloge complice. Affronter les niveaux, être seulement dans cette corrélation où les souffrances psychologiques fusionnent avec cette démarche. Devenir un corps, juste ça. Sans issue de secours, la vie est trop bruyante encore.

« L’industrie du bien-être m’invite à prendre un moment pour moi, à jouer à la morte. »

Elle est de pluie et de sueur, femme en volonté. Prête à maintenir le cap des résistances. Peau contre peau, la mutation intérieure.

Irradiante de volonté, les mâchoires serrées, comme un objet esthétique devenu, superbe qui cuirasse ses désespoirs et ses peurs.

Elle conte, elle exprime, elle exulte, elle est dans cette magnificence spéculative, où elle affronte les ombres et les écorces, les épaisseurs et le tranchant de ses doutes.

Le corps qui se retourne à contre-sens, picturale et divine, elle parle au nom d’elle, (elles), (ailes), femmes et filles, cercles où le feu social brûle les peaux et empêche le corps féminin d’être son propre sommet, son passeport, l’ultime liberté.

Le Fitness, plus qu’une institution, une arme.

Mais les diktats sont prégnants. La sociologie habille ce témoignage, ce cri, cette noria de révolte. Quid des hommes et d’une salle de sport. Les préjugés comme des poids sous les baskets. Pour eux, la détente, et elles, pour maigrir ou être plus belle et désirable encore.

Le corps est une cartographie politique et puissante d’a priori.

Mikella Nicol délivre ici, les véritables raisons, les contours des malentendus. Elle remet d’équerre la féminité dans l’explosion d’une contemporanéité.

« En ce sens, on peut dire que les influenceuses du fitness sont des narratrices non fiables de l’acceptation de soi. »

Mikella Nicol délivre ici, les véritables raisons, les contours des malentendus. Elle remet d’équerre la féminité dans l’explosion d’une contemporanéité. Le sacre féminin. Subvertir les regards. "Mise en forme" pour que tout change enfin. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
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Que notre joie demeure

Auréolé en 2023 des prix Médicis et Décembre, le troisième roman de Kevin Lambert a fait le buzz dans le monde littéraire après que Nicolas Mathieu a dénoncé le recours à une « sensitivity reader » censée traquer tout ce qui pourrait offenser les minorités.

Le Québécois se serait en fait adressé à Chloé Savoie-Bernard, une poétesse et enseignante originaire d'Haïti, pour construire le personnage de Pierre-Moïse afin de l'enrichir et d'éviter les maladresses.

Dont acte et beaucoup de bruit pour rien. D'autant plus que « Que notre joie demeure » n'a rien d'un récit politiquement correct et aseptisé.

Quoi qu'on en pense, et mon avis est plutôt mitigé après sa lecture, ce débat a fait beaucoup de bruit pour rien.

Le roman ouvre sur une longue scène qui fait penser au « Bal de têtes » qui figure dans le septième volume de « La Recherche » de Marcel Proust, auquel il est souvent fait référence tout au long du texte.

La presque septuagénaire Céline, architecte mondialement célèbre et richissime, assiste à la fête d'anniversaire de Dina, sa meilleure amie mariée à un homme d'affaires chinois lui aussi richissime.

Au cours de cette soirée, artistes, politiques et milliardaires se frôlent en contemplant une sculpture proche de la piscine et entament des conversations autour d'une flûte de champagne ou d'une ligne de coke.

Ce tableau inaugural très réussi est saisissant par l'impression d'immersion qu'il dégage et la sensation d'être derrière une caméra cachée qui filmerait dans un lent travelling la comédie des apparences.

La suite du roman est d'une construction plus classique faite de fulgurances brillantes et de phrases interminables parfois indigestes pour faire l'anatomie d'une chute, celle de Céline, « victime » d'une cabale dans l'air du temps.

En chassant les plus démunis des quartiers populaires pour y construire des résidences luxueuses et des sièges de multinationales, elle est accusée de gentrifier Montréal, prouvant que l'architecture, avec les conceptions de nos lieux de vie, est éminemment politique.

Pour coller à une forme de moraline amplifiée par les réseaux sociaux dont les protagonistes réagissent sous le coup des émotions plutôt que de réfléchir, le conseil d'administration de l'entreprise qu'elle a créée la laisse tomber, mû par un cynisme lâche.

Aurait-elle été trahie si elle avait été un homme, se demande celle qui est issue d'un milieu modeste et qui s'est construite seule dans l'adversité, donnant d'elle une image de femme cassante, tyrannique, sûre d'elle et froide.

La réalité, dont l'auteur dessine les contours flous, est évidemment plus subtile.

Céline serait en fait le bouc émissaire et le symbole d'une mondialisation de plus en plus attaquée.

Via ce personnage complexe qu'on ne parvient pas à détester, Kevin Lambert fait un état des lieux de nos sociétés néolibérales où le fossé entre les ultra-riches, avec leurs modes de vie extravagants et hors-sol, et les autres se creuse et où les minorités peinent à se faire une place au soleil.



EXTRAITS

Le monde avale n'importe quoi pourvu qu'on leur vende dans une bouteille en cristal.

Le châtiment s'inscrit dans une chaîne oubliée d'abandons et de tristesse.

Elle souffre de l'amour des autres pour cette personne qu'elle n'est pas.


Lien : http://papivore.net/litterat..
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