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José Corti [corriger]

Créées en 1925 les éditions José Corti sont une maison d`édition fondée par José Corti. Elle a publié des auteurs célèbres comme André Breton, Paul Eluard, Aragon ou encore Julien Gracq qui n`aura aucun autre éditeur à part la Pléiade. La librairie et la maison d`édition de José Corti se trouve depuis 1935 au 11 rue de Médicis.

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Les fleurs du mal

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L'oncle Silas

« L'esprit est un organe différent le jour et la nuit. »



Avec malice, ce livre est toujours à la tangente entre humour et horreur, fantastique et réel trop indicible, amour et malheur, richesse et pauvreté, dignité et perversité, vie en société et isolement, intelligence et idioties, langage châtié et roturier, certitude et doute. Il mérite à coup sûr le détour si on est prêt à prendre du temps pour savourer sa galerie de personnages dont on sent intuitivement que, pour chacun, l'auteur s'est attaché à dépeindre les traits.

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Un beau ténébreux

Bien plus que le roman qui "construisit" définitivement la langue sans pareille de Julien GRACQ, "Un beau Ténébreux" [1945] est sans doute l'ouvrage où elle s'y révéla dans toute sa plénitude, son incommensurable richesse... et ce dès son retour de captivité. Cette Matière de Bretagne fut patiemment approchée, élaborée et composée entre les années 1942 et 1945... Livre-charnière, Grand Port de départ pour l'une de ces traversées sans retour envisageable (ni même souhaitable) : frêle embarcation où le passager de hasard s'arc-boute au long de chaque phrase enchantée, laissant se dérouler chronologiquement ses scènes cinématographiques, toutes d'une étonnante profondeur et d'une parfaite fluidité pour le plus fascinant des voyages.



"Au Château d'Argol", quoi qu'on en dise, restera un ouvrage de jeunesse, d'une bien moindre lisibilité et d'une amplitude réduite (malgré les belles couleurs de brume, d'embruns et de feuillages s'agitant derrière les fenêtres du Castel qu'il projette toujours dans notre esprit aujourd'hui : GRACQ avait — ou, plutôt, déjà était — l'âpre "Génie du Lieu") : cet énorme bloc de granit détaché des murailles et tombant ainsi dans la marigot parisien permit au moins à son auteur d'être "reconnu" par André BRETON dès 1938 et d'exister quelque peu aux yeux du microcosme des Gens-de-Lettres du moment (on a fait bien pire depuis), et surtout à notre Milan Royal (si "provincial", au fond) de prendre lentement, sereinement son envol...



Dès la scène introductive (ce "Hors Saison" cher à la mélancolie de Francis CABREL...), chaque mot sonne juste dans ce "Rien de Commun" (mantra, voire mot d'ordre, de l'éditeur José CORTI), tout doucement et parfaitement inséré dans les phrases méandres vertigineuses que l'on connaît désormais... Emportés par le courant, nous sommes... Ce fleuve inaltérable et puissant, sans âge, où chaque nuance sensorielle participe au tableau vivant, chaque touche de couleur vibrante, chaque groupe de mots parfaitement assortis résonne et évoque l'image vivante patiemment construite. Phrases enchanteresses dont le brouillard se lève peu à peu et nous laisse dans un état second (un bel état modifié de notre conscience), transi de gouttelettes de rosée et de fleurs de sel mêlées...



Belle et mystérieuse sensation, pourtant familière aux lecteurs de Julien Gracq du... "On n'a jamais écrit ceci ET comme ceci auparavant"... [*]



Nous disons ? "On n'a jamais écrit ceci ET comme ceci auparavant"...



Puisqu'on voyage à l'infini à l'intérieur des phrases. Qu'on s'y sent étonnamment bien. Prenez place dans le trois-mâts qui vient d'arriver à quai. Peu de monde se presse sur ce quai-là, cela tombe bien pour nous !!!!



Bizarre ce livre... On nous prépare au suicide. On porte la mort en nous, on anticipe la perte d'un être, notre propre fin aussi... "The Masque of the Red Death" ["Le Masque de la Mort Rouge", 1842] d'Edgar Allan POE... La présence/omniprésence/absence d'Allan (Mutchison, le "Beau Ténébreux" nervalien du titre), astre solitaire s'il en est, semble bien celle, immanente, de l'auteur de ses jours incertains... Gracq, gouverneur par ailleurs des mêmes jours incertains de Gérard (narrateur de la presque totalité du récit), de Gregory (qui fuit avant le drame résolutif, impatiemment attendu de tous), de Jacques ("L'Adolescent"), d'Henri (qui s'égare dans les brumes), de Dolorès (complice et initiatrice en pensées funèbres), d'Irène (son bon sens bien en place sur ses épaules de chair) et de Christel l'amoureuse...



Tous ces autres lui-même ou "masques" de l'auteur qui de Gérard en narrateur inconnu des premières et dernières pages, nous parle par leurs lèvres, leurs pensées, narrations et actes depuis leur "petit théâtre balnéaire estival" appareillant doucement vers le Grand Large et la mauvaise saison....



Un modèle possible du cher Allan Mutchison pourrait-il se retrouver en la personne d'André BRETON ? On pense à l'attractivité d'un astre solitaire, au charisme lumineux ou maléfique d'un (presque) involontaire "chef de clan"... d'une tête pensante, d'un esprit définitivement LIBRE...



AllAN MutchisON / ANdré BretON... sauf que Breton n'a bien sûr fondé au grand jamais la moindre Ecole du Suicide (bien au contraire, sa devise fut vite : "Plutôt la vie !") ni posé aucun acte ou tenu aucun propos qui puisse alimenter "The suicide club" ["Le Club des suicidés", 1878] de la nouvelle de Robert-Louis STEVENSON ... mais juste posé, en son temps, quelques questions existentielles...



On connait le texte fameux de la revue "La révolution surréaliste" fin 1924, dû à André Breton : " On vit, on meurt. Quelle est la part de la volonté dans tout cela ? Il semble qu'on se tue comme on rêve. Ce n'est pas une question morale que nous posons : LE SUICIDE EST-IL UNE SOLUTION ? "[**]



Voici pour les fort saines interrogations.



Et maintenant, quelques morceaux choisis, pour ne jamais "conclure" (contrairement à notre infortuné Allan, victime de sa propre mécanique fatale)...



" Les amants de Montmorency " annonça Jacques, de sa voix la plus naturelle.

Le visage d'Irène, s'il exprimait quelque chose, manifestait en ce moment qu'elle refusait d'en croire ses yeux.

— Que dites vous ?

— Voyons, Irène, c'est un poème bien connu De Vigny. Deux jeunes amoureux, décidés à en finir avec la vie, s'en vont passer un week-end à Montmorency. Au bout du week-end, ils se tuent ensemble. C'est tout. "



[...]



" Trouvez-vous vraiment d'un bon goût extrême de venir promener au milieu de cette fête la mort en toilette de bal ? "



[Julien GRACQ, "Un beau Ténébreux", Librairie José Corti (Paris), 1945, pages 174 et 175 de sa rééd. en 1975]



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[*] Quelques ânes humanoïdes (qu'on aura sans doute oublié de bâter) oserons proférer : "écriture surannée"... La richesse de la langue française est, certes, un impressionnant océan devant laquelle certains prendraient peur... Soyons indulgents et laissons les brouter leurs machins habituels à pensée unidirectionnelle, surlignés façon fluo, farcis des cent mille clichetons habituels, à réchauffer directement au micro-ondes... [Eh oui, discours élitiste, et on assume, et on assume, les aminches !!!!] :-)



[**] Cf. "Rouge surréaliste. Le suicide chez les avant-gardes. Œuvre d’art totale ?" par Hélène MATTE, Inter, Art actuel, Numéro 101, hiver 2008–2009, document illustré,10 pages : https://id.erudit.org/iderudit/45495ac

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