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Violences politiques
Liste créée par art-bsurde le 29/05/2015
68 livres.



1. Le massacre des Arméniens (1915-1916)
Arnold Toynbee
3.90★ (23)

A l'heure où l'historiographie de la Première Guerre mondiale se concentre, non plus seulement sur les aspects militaires, politiques et diplomatiques, mais aussi sur la brutalisation de la société et les violences de guerre, montrant comment ce premier conflit total fut la matrice d'un XXe siècle fertile en crimes de masse, Les Massacres des Arméniens, où Arnold J. Toynbee décrypte de façon synthétique, bien avant sa définition juridique, les causes et les mécanismes du génocide, apporte un éclairage pionnier. Ce livre est en effet l'un des premiers, sinon le tout premier publié en Occident sur ce crime contre l'humanité qui fit un million de victimes. En 1915-1916, le gouvernement Jeune-Turc décida et mit en oeuvre la déportation et l'extermination des Arméniens. À la demande du gouvernement britannique, le jeune Toynbee, alors âgé de 26 ans, rédigea un rapport sur la situation. Cinquante ans plus tard, il écrivit : "Les déportations furent délibérément conduites avec une brutalité calculée pour provoquer le maximum de victimes en route. Là est le crime [..] ; et l'étude que j'y consacrai laissa dans mon esprit une impression qui ne fut pas effacée par le génocide commis avec encore plus de sang-froid, et sur une plus grande échelle, pendant la Seconde Guerre mondiale par les Nazis." Certes, ce livre fait partie de ce que l'on appelait très officiellement la "propagande de guerre" qui, comme les documents sur les atrocités allemandes en Belgique occupée servant de modèle, vise à souligner la barbarie de l'ennemi et, en contraste, la légitimité morale de la lutte des Alliés de l'Entente. Toynbee lui-même l'a reconnu ultérieurement, sans pour autant nier l'authenticité des faits qu'il avait décrits.
2. Un acte honteux
Taner Akçam
3.56★ (22)

«Un acte honteux» : tels sont les mots employés par Mustafa Kemal lui-même, père de la Turquie moderne, pour qualifier le génocide des Arméniens à partir de 1915 (un million de victimes). Pourtant, aujourd'hui encore, les historiens turcs ne peuvent travailler sereinement sur cette question, la contestation de la ligne officielle héritée de la fondation de la République étant passible de poursuites. L'exception est très certainement Taner Akçam, historien turc vivant en exil et spécialiste des archives ottomanes. Partant d'une analyse rigoureuse de documents militaires et judiciaires inédits, ainsi que des minutes des débats parlementaires, des correspondances privées et des comptes rendus de témoins oculaires, il clôt définitivement le débat sur la principale question : celle de la responsabilité. Akçam montre de manière irréfutable - puisque ce sont les documents ottomans qui parlent - que, loin de n'être qu'une conséquence aussi fâcheuse qu'involontaire de la Première Guerre mondiale, le génocide fut soigneusement planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l'époque, le comité Union et Progrès, plus connu sous le nom de «Jeunes-Turcs». Ce n'est pas le point de vue des victimes mais celui des assassins qui est décortiqué ici. Akçam éclaire par là même les mécanismes psychologiques profonds qui ont poussé les agents de l'Empire ottoman finissant à se transformer en bourreaux avec autant d'aisance. Il montre aussi comment la Turquie a réussi à éluder ses responsabilités en jouant sur les rivalités étrangères dans la région et l'échec à traduire en justice les responsables. Sans provocation ni militantisme, à l'heure où se pose la question de l'adhésion à l'Europe, Taner Akçam appelle les Turcs à tourner le dos au discours négationniste officiel et à affronter enfin, sans crainte, la réalité de l'histoire de leur pays.
3. De la Grande Guerre au totalitarisme : La brutalisation des sociétés européennes
George Lachmann Mosse
3.75★ (23)

En 1914, une génération s'engagea dans la guerre pour ce qu'elle croyait être une cause juste. Quatre ans de conflit entraînèrent la mort de dix millions d'hommes et ébranlèrent, en profondeur, les sociétés et les régimes européens Une fois la paix revenue, les formes de la commémoration occultèrent le souvenir du carnage ; en Allemagne comme dans les pays vainqueurs, afin d'exorciser le traumatisme, on préféra exalter le martyre des soldats en sacralisant leur combat. C'est cette sanctification qu'étudie George L. Mosse, à travers ce qu'il nomme le " mythe de la guerre " : la mémoire déformée du combat, le culte quasi religieux du soldat qu'évoquent les monuments aux morts ou les cartes postales. Le livre de George L. Mosse, désormais classique, participe ainsi pleinement de la réévaluation du rôle de la mobilisation générale, du déchaînement des nationalismes et de la tuerie de masse dans la genèse des totalitarismes et de la Seconde Guerre mondiale. (États-Unis - 1990)
4. Les Fosses du franquisme
Santiago Macias
3.33★ (14)

Les Fosses du franquisme est un document indispensable pour comprendre les soubresauts de la société espagnole d'aujourd'hui et réaliser une lecture plus juste de ce que fut la guerre civile d'Espagne. Emilio Silva et Santiago Mucius, les deux auteurs, trempent leur plume dans une plaie qui n'est pas encore cicatrisée, celle de l'extrême brutalité du travail d'éradication de républicains ordinaires auquel s'est livré le franquisme pendant la guerre et au-delà, tout au long de la dictature. Ce livre nous révèle que toute la géographie espagnole porte les stigmates d'une lutte cruelle qui a fait plus de morts pour raisons de conscience que pour faits de guerre. Plus de six cents charniers qui contiennent près de quarante mille corps parsèment encore les bas-côtés des routes, les collines, les puits, les précipices de la Péninsule, mais aussi des Baléares et des Canaries.
5. L'ivrogne et la marchande de fleurs : Autopsie d'un meurtre de masse, 1937-1938
Nicolas Werth
4.04★ (85)

Eté 1937 : les grandes purges de l’armée et des dirigeants politiques initiées par Staline battent leur plein en Union soviétique. Mais ces exécutions bien connues masquent en fait un événement bien plus considérable, que Staline a programmé dans le plus grand secret. Le 30 juillet 1937 s’ouvre une vague de terreur sans précédent qui fait 750 000 victimes en moins d’un an : ex-koulaks, nobles, prêtres, asociaux, étrangers, jusqu’aux « enfants de moins d’1 an socialement dangereux »… sont fusillés comme « ennemis du peuple ». Bientôt, la machine s’emballe et les exécuteurs zélés partent à la chasse aux victimes pour augmenter leurs chiffres. Nul n’y échappe, pas plus un simple ivrogne accusé d’avoir cassé une bouteille qu’une marchande de fleurs condamnée pour haute trahison. Tout en analysant les causes de cet incroyable meurtre de masse, véritable crime administratif, Werth brosse les portraits dramatiques des acteurs de la persécution et de leurs victimes anonymes. Et met au jour les rouages d’une répression de masse conçue avec l’implacable rigueur d’une entreprise d’ingénierie sociale. (France - 2009)
6. Le massacre de Nankin : 1937, le crime contre l'humanité de l'armée japonaise
Michaël Prazan
4.38★ (34)

Décembre 1937 : l'armée japonaise, lancée dans une guerre d'expansion coloniale en Chine, prend Nankin, capitale du régime nationaliste du Guomindang. Six semaines durant, la ville est livrée aux soldats nippons, qui se déchaînent dans un massacre d'une cruauté sans précédent. (France - 2007)
7. L'Armée de l'Empereur
Jean-Louis Margolin
3.30★ (31)

Massacres en masse de prisonniers de guerre, notamment à Nankin ; asservissement de millions d'Asiatiques et d'Occidentaux, entre camps de la faim et chantiers de la mort ; atmosphère de terreur à l'échelle d'un quasi-continent ; débauche de crimes sexuels et prostitution forcée ; utilisation de cobayes humains ; pillage généralisé ; intoxication par la drogue de populations entières. Cela dura huit ans et toucha 400 millions d'hommes. Ce terrifiant volet de la Seconde Guerre mondiale en Asie n'avait jamais fait l'objet jusqu'à présent d'une étude approfondie et globale. Les pratiques de guerre de l'Armée de l'Empereur du Japon sont minutieusement décrites afin d'en comprendre les mécanismes. Comment en arriva-t-on là ? Les explications, trop simples, par la culture ou le contexte ne tiennent pas. C'est la conquête d'une armée par l'ultranationalisme, puis la conquête d'un pays par son armée qui sont en cause. Au-delà, c'est l'ère du fascisme, des totalitarismes, du triomphe de la brutalité qui trouva au Japon un formidable point d'appui. Ces horreurs des années 1940 restent encore au cœur des mémoires des années 2000. Pour comprendre à la fois les totalitarismes d'hier et l'Asie d'aujourd'hui, il était indispensable de mettre en lumière ces violences massives et méconnues. (France - 2007)
8. Inferno. La dévastation de Hambourg, 1943
Keith Lowe
4.39★ (24)

Ce livre est le récit de la plus terrible opération aérienne de la Seconde Guerre mondiale en Europe. En quelques jours, à l'été 1943, Hambourg est réduit en cendre ; plus 40 000 civils trouvent la mort, les autres luttent pour survivre au milieu des ruines et des cadavres, dans une ville en flamme. Mais Keith Lowe, l'un des plus brillants historiens au monde, ne fait pas que raconter l'horreur. Comme dans L'Europe Barbare, il tente de comprendre pourquoi Anglais et Américains larguèrent un tel arsenal (y compris des bombes incendiaires) sur une cible majoritairement civile. Il interroge ainsi l'utilité et l'efficacité des bombardements massifs sur l'Allemagne, et explique leur conséquence sur la vie des individus (notamment par des sources " intimes " : journal, correspondance...). Inferno, c'est à la fois l'histoire d'une destruction humaine sans précédent, annonçant l'âge nucléaire, et une réflexion sur la capacité humaine à survivre à l'enfer. (Angleterre - 2007)
9. Notes de Hiroshima
Kenzaburo Oé
4.08★ (268)

En août 1963, Kenzaburô Oé, alors brillant écrivain de vingt-huit ans, part à Hiroshima faire un reportage sur la neuvième Conférence mondiale contre les armes nucléaires. Indifférent à la politique politicienne, il est immédiatement sensible aux témoignages des oubliés du 6 août 1945, écartelés entre le « devoir de mémoire » et le « droit de se taire » : vieillards condamnés à la solitude, femmes défigurées, responsables de la presse locale et, surtout, médecins luttant contre le syndrome des atomisés, dont la rencontre allait bouleverser son oeuvre et sa vie. Dans leur héroïsme quotidien, leur refus de succomber à la tentation du suicide, Oé voit l'image même de la dignité. Quel sens donner à une vie détruite ? Qu'avons-nous retenu de la catastrophe nucléaire ? « À moins d'adopter l'attitude de celui qui ne veut rien voir, rien dire et rien entendre, demande-t-il, qui d'entre nous pourra donc en finir avec cette part de Hiroshima que nous portons en nous-mêmes ? » A aucune de ces questions, toujours d'actualité, Oé n'apporte de réponse. Il s'interroge, nous interroge. Ainsi confère-t-il à son « reportage » la dimension d'un traité d'humanisme d'une portée universelle. (Japon - 1965)
10. L'Europe barbare 1945-1950
Keith Lowe
4.39★ (128)

La Deuxième Guerre mondiale s'est officiellement achevée en mai 1945, mais son déchaînement de violence perdura des années. Après plus de 35 millions de morts et nombre de villes rasées, les institutions que nous considérons aujourd'hui comme acquises - police, médias, transports, gouvernements nationaux et pouvoirs locaux - étaient à reconstruire. Le taux de criminalité montait en flèche, les économies s'effondraient et la population européenne survivait au bord de la famine. Dans ce livre au souffle épique, Keith Lowe décrit un continent secoué par la violence, où de vastes segments de la population répugnent encore à accepter que la guerre soit finie. Il met l'accent sur la morale pervertie et le désir insatiable de vengeance qui furent l'héritage de ce conflit. Il dresse, enfin, le tableau du nettoyage ethnique et des guerres civiles qui déchirèrent l'existence des gens ordinaires, de la mer Baltique à la mer Méditerranée, avant l'instauration chaotique d'un nouvel ordre mondial qui finit par apporter la stabilité à une génération brisée.
11. Le crime occidental
Viviane Forrester
3.80★ (17)

Un angle de vue neuf, tout à fait inattendu, sur la tragédie du Proche-Orient et ses prémisses permet d'en déplacer ici les responsabilités. Viviane Forrester démontre à quel point les Israéliens, les Palestiniens ne sont pas victimes les uns des autres, mais les uns et les autres d'une longue Histoire européenne, celle des crimes antisémites européens, dont les uns furent la proie et auxquels les autres n'eurent aucune part. Détournée au Proche-Orient, la dette leur échoit, néanmoins, de ce désastre occidental, qui taraude encore les consciences. Car si les Alliés menèrent une guerre classique, héroïque et victorieuse contre l'Allemagne expansionniste, la guerre contre le nazisme n'eut, en revanche, pas lieu. Une documentation précise, irréfutable, imprévue, révèle les dimensions tragiques de l'abandon conscient, délibéré, des Européens juifs par l'Occident tout au long du Troisième Reich. L'escamotage de ses origines fait paraître inextricable le drame israélo-palestinien. Or aujourd'hui, leur tragédie commune rend paradoxalement les Israéliens et les Palestiniens plus proches les uns des autres que des puissances occidentales qui prétendent au rôle d'arbitre. Quand ces deux peuples négocieront-ils enfin sans intermédiaires ? Quand passeront-ils du passionnel au politique ? Dans un grand souffle et avec émotion, une voie est ici tracée.
12. La guerre de 1948 en Palestine : Aux origines du conflit israélo-arabe
Ilan Pappé
4.00★ (16)

Cinquante ans après les événements, l'ouverture des archives sur la guerre de 1948 a permis à Ilan Pappé d'écrire une histoire qui remet en cause nombre de mythes. Il montre que la miraculeuse victoire d'Israël sur les armées coalisées de cinq pays arabes fut en fait la victoire logique du plus fort, du plus soutenu, du plus motivé. Il raconte l'exode des Palestiniens chassés de leurs terres et leur destin de réfugiés. Il redistribue les responsabilités de l'échec des négociations après la fin de la guerre. De ce livre, personne ne sort indemne, ni les Israéliens, ni les archaïques dirigeants palestiniens, ni les régimes arabes voisins, ni les grandes puissances. Un ouvrage indispensable pour comprendre l'actualité du conflit israélo-palestinien. (Israël)
13. La Guerre froide 1917-1991
André Fontaine
3.79★ (37)

La mondialisation n'est pas une idée neuve. La révolution d'Octobre se voulait tout aussi mondiale que la guerre dont elle était issue, et l'Amérique du président Wilson se croyait déjà chargée de convertir la terre entière à la démocratie et au capitalisme. Les ambitions des deux empires étaient trop universelles pour être conciliables. Lénine répétait : " Ce sera eux ou nous. " A la lumière des nombreuses révélations intervenues depuis la dislocation de l'URSS, ce livre raconte les origines et les grandes étapes de ce qui aura été en fin de compte la troisième guerre mondiale. Une guerre que l'on a appelée " froide ", parce que la crainte de l'apocalypse a permis, parfois à la dernière seconde, de trouver des portes de sortie à toutes les dramatiques " parties au bord du gouffre " qui l'ont jalonnée, mais qui n'en a pas moins fait plus de morts que toutes les autres guerres de l'histoire, à l'exception de celle de 39-45.
14. La guerre de Corée
Ivan Cadeau
3.85★ (60)

La guerre de Corée est surnommée la " guerre oubliée ". Ce conflit qui se déroule aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale et précède de quelques années la guerre du Vietnam reste largement méconnu, alors qu'il compte parmi les plus meurtriers du XXe siècle. Pour la première fois, Ivan Cadeau raconte sa genèse et son histoire en s'appuyant sur des archives inédites et sur une abondante bibliographie internationale. Après avoir présenté les fractures de la société coréenne et la division du pays à hauteur du 38e parallèle, il raconte l'invasion, le 25 juin 1950, de la Corée du Sud par sa voisine communiste du Nord. L'intervention de l'ONU sous l'égide de MacArthur transforme cette guerre civile en conflit international où s'affrontent directement les États-Unis, l'Union soviétique et la Chine communiste, menaçant le monde d'un nouveau cataclysme nucléaire. Oeuvre scientifique rigoureuse et récit vivant laissant la parole aux témoins, l'ouvrage éclaire cet affrontement emblématique de la guerre froide et qui dure encore dans les faits, la paix n'ayant jamais été signée entre les deux Corée. Aujourd'hui comme hier, leur rivalité fratricide menace la communauté internationale.
15. Eichmann à Jérusalem
Hannah Arendt
4.15★ (953)

Voici un texte qui, par la controverse qu'il suscita dès sa parution chez les historiens, eut le mérite essentiel de contraindre ceux-ci à entreprendre des recherches nouvelles sur le génocide des Juifs par les nazis. En effet, le reportage d'Hannah Arendt, envoyée spéciale du New Yorker au procès de Jérusalem, philosophe américaine d'origine juive allemande,auteur d'un ouvrage célèbre sur les origines du totalitarisme, fit scandale à New York et à Londres, en Allemagne comme en Israël. Dans son procès du procès, l'auteur - qui ne fait siens ni tous les motifs de l'accusation ni tous les attendus du jugement - est entraîné d'abord à faire apparaître un nouvel Eichmann, d'autant plus inquiétant qu'il est plus «banal» ; puis à reconsidérer tout l'historique des conditions dans lesquelles furent exterminés des millions de Juifs. Et à mettre en cause les coopérations, voire les «complicités», que le lieutenant-colonel S.S. a trouvées dans toutes les couches de la population allemande, dans la plupart des pays occupés, et surtout jusqu'au sein des communautés juives et auprès des dirigeants de leurs organisations. [Essai (États-Unis - 1963)]
16. Histoire de la guerre d'Algérie, 1954-1962
Bernard Droz
4.00★ (45)

Par son caractère relativement récent, le nombre élevé de ses victimes, la cruauté de ses affrontements et les passions qu'elle continue de déchaîner, la Guerre d'Algérie demeure un sujet sensible et peu étudié de l'histoire de la décolonisation française. Faut-il pour autant renoncer aux exigences de la critique historique face aux prises de position extrêmes? Ce n'est pas l'avis de Bernard Droz et d'Évelyne Lever qui prouvent magistralement qu'un bilan serein de la période 1954-1962 est possible. La clé de ce travail d'apaisement réside dans la mise en perspective historique du conflit. L'étude démontre en effet que par-delà les antagonismes des acteurs de la guerre, c'est largement dans la période antérieure de la colonisation algérienne que s'enracinent les éléments du drame final. Une lecture indispensable pour les jeunes générations qui désirent s'informer sur ce sujet encore peu traité, comme pour tous ceux qui ont connu les affres du conflit.
17. Les crimes de l'armée française
Pierre Vidal-Naquet
3.80★ (34)

Avec la fin de ce qu'on n'appelait pas encore la guerre d'Algérie, l'étouffoir d'une amnistie généralisée s'est abattu sur les terribles exactions commises par des militaires français au nom de la "pacification". Ce n'est que près de quarante ans plus tard qu'une longue série de polémiques a provoqué l'irruption dans le débat public d'une période aux trois-quarts enfouie dans l'inconscient collectif. La Découverte a opportunément réédité ce petit recueil, augmenté d'une nouvelle préface qui constitue à elle seule un véritable essai historiographique. On le doit à l'un des derniers grands intellectuels engagés encore vivants, qui livra précisément ses premiers combats contre la torture en Algérie.Il ne s'agit pas d'un livre de révélations, car ces textes émanant des autorités civiles ou militaires et ces témoignages de soldats ont tous été publiés à l'époque même de la guerre d'Algérie. Mais, sobrement commentés, ils constituent un ensemble de preuves accablantes et irréfutables, non seulement de l'existence de ces "méthodes", mais de leur caractère systématique et organisé
18. La question
Henri Alleg
4.42★ (273)

La première édition de La Question fut achevée d'imprimer le 12 février 1958. Des journaux qui avaient signalé l'importance du texte furent saisis. Quatre semaines plus tard, le jeudi 27 mars 1958 dans l'après-midi, les hommes du commissaire divisionnaire Mathieu, agissant sur commission rogatoire du commandant Giraud, juge d'instruction auprès du tribunal des forces armées de Paris, saisirent une partie de la septième réédition de La Question. Le récit d'Alleg a été perçu aussitôt comme emblématique par sa brièveté même, son style nu, sa sécheresse de procès-verbal qui dénonçait nommément les tortionnaires sous des initiales qui ne trompaient personne. Sa tension interne de cri maîtrisé a rendu celui-ci d'autant plus insupportable : l'horreur était dite sur le ton des classiques. La Question fut un météorite dont l'impact fit tressaillir des consciences bien au-delà des " chers professeurs ", des intellectuels et des militants. A l'instar de J'accuse, ce livre minuscule a cheminé longtemps.
19. Le choc des décolonisations
Pierre Vermeren
3.50★ (24)

Le temps semble loin où notre pays était un empire. Les territoires autrefois colonisés ont été rendus à eux-mêmes et sont désormais maîtres de leur histoire. C'est contre cette vision simpliste et historiquement fausse que s'insurge Pierre Vermeren : les révolutions arabes de 2011 et 2012 sont la conséquence directe, le dernier chapitre de l'histoire de la décolonisation. De guerre lasse, dans un mélange de bonne conscience et de culpabilité, l'Etat et les élites de France ont laissé leurs successeurs à la tête du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et des pays d'Afrique agir en toute impunité. Le silence et l'aveuglement de la France, mais aussi de l'Europe tout entière, ont permis dans ces anciennes colonies l'accaparement des richesses, la confiscation des libertés et la soumission des peuples. Pierre Vermeren apporte aux événements les plus récents, qu'il s'agisse des explosions de colère au Maghreb comme de la lutte contre le djihadisme, l'éclairage irremplaçable de l'histoire.
20. Les veines ouvertes de l'Amérique latine
Eduardo Galeano
4.29★ (512)

Voici l'histoire implacable du pillage d'un continent. Nous suivons, siècle après siècle, et dans le moindre détail, la honte du mécanisme qui a conduit à une dépossession ruinant les nations d'un des espaces les plus prometteurs de l'univers. On ne s'étonnera pas que les multinationales, monstres hybrides des temps modernes, opèrent avec cohésion en cet ensemble d'îles solitaires qu'est l'Amérique latine. Chaque pays plie sous le poids conjugué de ses divisions sociales, de l'échec politico-économique et une plus profonde misère. Des forces nouvelles se lèvent. Phénomène de grande conséquence, l'Église, longtemps oppressive, reprend la tradition évangélique des premiers âges et devient porteuse d'espérance : elle est résolument aux côtés des pauvres et des persécutés. Cet ouvrage essentiel sur l'exploitation de l'homme par l'homme est à l'échelle d'un continent. Ce livre, un grand classique, est lu et commenté dans les universités nord-américaines ; il dénonce le talon d'Achille des États-Unis : l'Amérique centrale et du Sud. [Essai (Uruguay - 1971)]
21. Le fourgon des fous
Carlos Liscano
3.93★ (124)

Plus qu'un témoignage, une réflexion sur l'homme et son inextinguible appétit de vivre, sur la nécessité de comprendre l'inimaginable. Sans cris, sans fureur, un plaidoyer vibrant pour le droit à la dignité, un récit pudique et bouleversant. Montevideo, 1972. Carlos Liscano est jeté en prison par le régime militaire à l'âge de vingt-trois ans. Il en sortira treize ans plus tard. Il aura connu la torture, les humiliations, la honte, les étranges relations qui lient victimes et bourreaux, l'absurdité d'un système qui veut lui faire avouer quelque chose qu'il ne sait pas. Mais il aura aussi connu la résistance envers et contre tout, l'amitié indéfectible qui se noue entre camarades d'infortune, l'urgence de l'ouverture au monde et, par-dessus tout, le pouvoir libérateur de l'écriture.Le 14 mai 1985, avec ses derniers compagnons, Carlos Liscano est embarqué dans un fourgon qui va le mener vers la liberté. Une liberté inquiétante. [Témoignage (Uruguay - 2001)]
22. Les années Condor : Comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents
John Dinges
4.08★ (44)

Les années Condor raconte l'histoire secrète des " sales guerres " conduites par les dictatures latino-américaines alliées des États-Unis, au cours des années 1970 et 1980. Pendant plus de dix ans, six gouvernements ont mené de concert des actions clandestines contre leurs opposants, enlevant et assassinant plus de 30 000 personnes. A l'initiative du président chilien Augusto Pinochet, et avec le soutien de la CIA, ils ont mis sur pied une organisation terroriste internationale, l'opération Condor, pour liquider les opposants qui s'étaient réfugiés dans d'autres pays latino-américains, en Europe ou aux États-Unis. Le journaliste américain John Dinges fait ici le récit de cette histoire effroyable, fruit d'une enquête de plusieurs années, nourrie de nombreux témoignages, de documents secrets américains déclassifiés et des archives des dictatures elles-mêmes. Il révèle l'ampleur de la complicité de Washington dans les crimes de dictateurs pour lesquels les États-Unis étaient le " leader ". D'anciens militants révolutionnaires, des agents secrets et de hauts responsables américains - dont plusieurs s'expriment ici pour la première fois - racontent la terrible bataille entre Condor et ses ennemis. Après des décennies d'impunité, les organisateurs du plan Condor ont été rattrapés par l'histoire et poursuivis par la justice de leur pays. Une évolution marquante pour le droit international, qui donne toute son importance à cette enquête historique sans précédent. (États-Unis - 2004)
23. A l'ombre des dictatures : La démocratie en Amérique latine
Alain Rouquié
4.25★ (9)

Après des décennies de gouvernement autoritaire, les pays d'Amérique latine ont progressivement rejoint le camp démocratique depuis les années 1980. Mais ces démocraties restaurées ne sont pas des régimes représentatifs connue les autres : elles sont les héritières des dictatures, quand elles n'en sont pas les prisonnières. Du coup, tantôt le pouvoir élu est tenté de s'affranchir des règles strictes de la démocratie libérale, le principe de majorité ouvrant la voie à la tentation plébiscitaire ; tantôt l'extrême inégalité des conditions, les défaillances de la puissance publique et la fragilité des institutions incitent certaines fractions de la population à souhaiter le retour à la solution autoritaire. D'un autre côté, si les régimes représentatifs sont objet de doutes, la demande de citoyenneté est toujours plus forte et témoigne de la consolidation de la démocratie. Cette ambivalence n'est pas propre à l'autre Amérique. Mais l'enjeu de la stabilité là-bas est avivé par une tradition représentative vieille de deux siècles, par la proximité du grand voisin du Nord et par l'attention permanente que porte l'Europe à son extension d'Extrême-Occident. Près de trente ans après avoir ausculté L'État militaire en Amérique latine, une somme devenue un classique, Alain Rouquié évalue, dans cet essai puissant et lumineux, la capacité de la démocratie à résister à ses démons. (France - 2010)
24. El vuelo : La guerre sale en Argentine
Horacio Verbitsky
4.00★ (7)

Pour la première fois, un militaire argentin avoue son rôle dans la guerre sale livrée par la dictature à la " subversion " entre 1976 et 1983, atroce répression jusqu'ici systématiquement niée par ses auteurs malgré son coût : de trente à soixante mille morts, selon les estimations. Cet ouvrage présente la transcription d'un dialogue tendu entre l'ancien capitaine de corvette Francisco Scilingo et le journaliste Horacio Verbitsky, qui aurait bien pu être sa victime. Dans ce document historique, Scilingo décrit les méthodes de l'extermination des prisonniers par l'École de mécanique de la Marine,où il était officier. El vuelo, le vol, était l'une de ces méthodes, que Scilingo a lui-même pratiquée. Elle consiste à précipiter les corps endormis, mais vivants, de subversifs à la mer depuis un avion. Il n'oubliera jamais. L'Argentine non plus. (Argentine - 1994)
25. Escadrons de la mort, l'école française
Marie-Monique Robin
4.21★ (33)

Dans les années 1970 et 1980, les dictatures militaires du Cône sud de l'Amérique latine ont férocement réprimé leurs opposants, utilisant à grande échelle les techniques de la guerre sale (rafles, torture, exécutions, escadrons de la mort...). C'est en enquêtant sur l'organisation transnationale dont s'étaient dotées ces dictatures - le fameux Plan Condor - que Marie Monique Robin a découvert le rôle majeur joué secrètement par des militaires français dans la formation à ces méthodes de leurs homologues latino-américains. Dès la fin des années 1950, les méthodes de la bataille d'Alger sont enseignées à l'École supérieure de guerre de Paris, puis en Argentine, où s'installe une mission militaire permanente française constituée d'anciens d'Algérie. De même, en 1960, des experts français en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, formeront les officiers américains aux techniques de la guerre moderne qu'ils appliqueront au Sud Vietnam. Des dessous encore méconnus des guerres françaises en Indochine et en Algérie, jusqu'à la collaboration politique secrète établie par le gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing avec les dictatures de Pinochet et de Videla, ce livre - fruit d'une enquête de deux ans, en Amérique latine et en Europe - dévoile une page occulte de l'histoire de France, où se croisent aussi des anciens de l'OAS, des fascistes européens ou des moines soldats agissant pour le compte de l'organisation intégriste la Cité catholique.
26. Chili, 11 septembre 1973 : La Démocratie assassinée
Eduardo Castillo
4.50★ (17)

En 1973 les troupes de Pinochet balayaient l'expérience démocratique entamée avec Salvador Allende. Eduardo Castillo, journaliste d'origine chilienne, recueille les textes de témoins de ces évènements.
27. La disparue de San Juan : Argentine, octobre 1976
Philippe Broussard
3.58★ (43)

Marie-Anne Erize avait 24 ans, un physique de mannequin, des utopies de rebelle. Un jour d'octobre 1976, des militaires en civil l'ont enlevée à San Juan, petite ville du nord-ouest de l'Argentine. Ses parents, ses amis, ses six frères et soeurs ne l'ont jamais revue. Depuis, elle fait partie des 30 000 disparus de l'époque de la dictature dont le souvenir hante à jamais ce pays à la mémoire lourde. Peu importe que cette histoire remonte à plus de trente ans. Philippe Broussard a voulu la raconter. Partir sur les traces de Marie-Anne. Retrouver des témoins. De Paris à Buenos Aires, il a interrogé des dizaines de personnes et tenté d'assembler le puzzle de sa vie. De ses vies, plutôt. Née dans une famille de « pionniers » français établis en Argentine, elle a grandi dans la jungle, fréquenté diverses écoles catholiques, défilé comme top-modèle, côtoyé de grands artistes (le chanteur Georges Moustaki, le guitariste Paco de Lucia) et vécu un temps à Paris. Son destin bascule en 1973, quand elle renonce au milieu de la mode, trop superficiel à ses yeux. Militante péroniste, aide sociale dans les bidonvilles, elle entre peu à peu dans la clandestinité au sein des Montoneros, une guérilla d'extrême gauche. Cette fuite en avant, sur fond de répression ultra-violente, s'achèvera à San Juan, un vendredi de 1976 ...
28. Le Livre Noir de l'ex-Yougoslavie - Purification ethnique et crimes de guerre
Tadeusz Mazowiecki
4.00★ (8)

Rassemble les rapports d'enquêtes sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité dans l'ex-Yougoslavie. Ces différents rapports émanent soit de commissions et d'institutions internationales officielles, soit d'organisations non gouvernementales
29. Dans le nu de la vie
Jean Hatzfeld
4.44★ (534)

Au cours de longs séjours dans une bourgade du Rwanda, Jean Hatzfeld a tissé des liens de confiance avec des rescapés Tutsis du génocide et les a convaincu de sortir de leur silence. Dans un langage simple, parfois poétique ou philosophique, ils ont accepté de raconter ce qu'ils ont vécus. Ces récits d'enfants, de femmes et d'hommes sont saisissants. Dans leur singularité, ils atteignent, à force d'authenticité, une portée universelle. On ne les oublie plus. (Témoignages [France - 2000)]
30. Complicité de génocide ?
François-Xavier Verschave
3.33★ (11)

Grâce à " l'opération Turquoise ", la France est apparue comme l'un des pays ayant agi le plus efficacement contre les conséquences du génocide rwandais. Ce faisant, elle est parvenue fort opportunément à faire passer au second plan ses responsabilités dans le mécanisme monstrueux qui a conduit à ce génocide. Or - c'est ce que démontre ce petit livre explosif - , ces responsabilités sont accablantes. (Cette édition numérique reprend, à l'identique, l'édition originale de 1994.) Grâce à " l'opération Turquoise ", la France est apparue comme l'un des pays ayant agi le plus efficacement contre les conséquences du génocide rwandais. Ce faisant, elle est parvenue fort opportunément à faire passer au second plan ses responsabilités dans le mécanisme monstrueux qui a conduit à ce génocide. Or - c'est ce que démontre ce petit livre explosif - , ces responsabilités sont accablantes. La France a financé, formé et armé ceux qui préparaient ces massacres, elle a soutenu un régime en pleine dérive de type nazi : sourdes aux avertissements, les autorités françaises se sont trouvées profondément impliquées dans l'engrenage du génocide, ne commençant à infléchir leur politique que lorsqu'il était trop tard. " Politique " est d'ailleurs un bien grand mot : l'intérêt majeur de ce livre est en effet de montrer l'incohérence de la France dans son pré-carré africain, où se chamaillent une bonne douzaine de clans et réseaux, politico-affairistes ou corporatistes. Le pouvoir exécutif apparaît dépassé par les groupes qu'il a utilisés ou laissés prospérer. Cette " politique " ressemble aujourd'hui à un canard sans tête, dont les membres incontrôlables sont capables de tous les dégâts. Ce livre voudrait contribuer à susciter un sursaut démocratique : nous devons aux victimes de ne pas enterrer les complaisances françaises au génocide rwandais aussi longtemps que l'ont été celles du régime de Vichy à la Shoah
31. Complices de l'Inavouable : La France au Rwanda
Patrick de Saint-Exupéry
4.05★ (24)

"C'est une politique secrète qui fut menée par Paris au Rwanda de 1990 à 1994. Elle fut décidée par quelques-uns, qui agirent hors de toute règle, hors de tout débat et au prix d'importantes entorses à la légalité républicaine. Voilà l'inavouable. Cette politique fut une erreur criminelle". Elle n'a été mise au jour qu'après le dernier génocide du siècle. Depuis, une trentaine de responsables se cachent derrière "la France". Bien à l'abri derrière ce paravent, ces hommes politiques et militaires, avec leurs porte-voix, n'hésitent pas à multiplier déclarations outrancières, procès d'intentions et écrans de fumée. Pour que, surtout, nul n'aille regarder de l'autre côté. C'est pour ces raisons que j'ai décidé de republier L'"Inavouable", "La France au Rwanda". Sorti en 2004, ce livre a été le fruit d'un travail de dix ans. Il a nourri la discussion et pas un de ses éléments n'a jamais été démenti. Le jeu de cache-cache n'a que trop duré. Cela fait quinze ans. Il est temps. "
32. La France contre l'Afrique : Retour au Cameroun
Mongo Beti
3.71★ (32)

Depuis le début des années 2000, l'empire post colonial de la France en Afrique n'en finit pas de se décomposer : concurrencée par d'autres puissances, contestée par une jeunesse révoltée, la " Françafrique ", semble bien avoir vécu. Mais son empreinte séculaire se fait toujours sentir, et les discours nostalgiques expliquant comment la France a perdu l'Afrique n'aident guère à comprendre les drames qui déchirent aujourd'hui le continent. Le cas du Cameroun, dirigé depuis 1982 par l'inamovible obligé de l'Élysée Paul Biya, est à cet égard exemplaire. D'où l'importance de lire ou relire ce livre du grand écrivain et militant des libertés Mongo Beti, initialement paru en 1993. Celui-ci n'a rien perdu de son actualité, comme l'explique dans une préface inédite sa veuve Odile Tobner, qui a poursuivi, à la tête de l'association Survie, le combat longtemps partagé avec son mari. Mongo Beti livre ici le récit de son retour dans son village natal, au sud du Cameroun, après plus de trente ans d'exil. Un récit concret, passionnant, qui part de la vie quotidienne des femmes et des enfants dans la brousse, se poursuit dans les grandes villes rongées par le chômage et la misère, et se termine par une mise en cause radicale de la corruption des élites trop longtemps tenues à bout de bras par l'État français pour maintenir son rêve de grande puissance.
33. Le Darfour : Un génocide ambigu
Gérard Prunier
4.12★ (10)

Depuis février 2003, le Darfour, province orientale du Soudan jouxtant le Tchad est le théâtre de massacres épouvantables suivis d'une famine largement programmée par l'action des autorités gouvernementales. Génocide ou pas? La communauté internationale s'interroge mais, en attendant, la population meurt. L'ouvrage de Gérard Prunier remonte dans le temps pour expliquer ce qu'a été le Darfour, pays indépendant du Soudan jusqu'en 1916. Il montre comment il a été marginalisé sur tous les plans tant pendant la période coloniale que du fait des gouvernements qui ont suivi l'indépendance en 1956. La révolte du Darfour et la violence de la répression qui a suivi ont fait exploser le mythe des guerres " religieuses " au Soudan puisqu'ici tout le monde, tueurs et victimes, est musulman. Pour l'auteur, il s'agit d'une guerre de races, d'autant plus paradoxale que les " Arabes " sont noirs et les Noirs souvent arabophones. Mais Khartoum espère garder le contrôle d'une périphérie qui lui fait désormais peur en dressant les unes contre les autres des tribus qui avaient jusque-là vécu dans des rapports parfois tendus mais jamais destructeurs. Génocide " ambigu ", la crise du Darfour est à l'image des déchirements de l'Afrique contemporaine, dans un pays qui est en train de devenir l'un des plus gros producteurs pétroliers du continent.
34. Anatomie d'un tyran : Mouammar Kadhafi
Alexandre Najjar
3.25★ (17)

Qui est Mouammar Kadhafi ? Enfant terrible du nationalisme arabe, “roi des rois d’Afrique”, sponsor officiel du terrorisme, bouffon ou psychopathe ? Que sait-on de ce personnage qui occupe la scène politique depuis quarante-deux ans ? Comment est-il arrivé au pouvoir ? Qui se cache derrière cet étrange “Guide de la révolution” qui se déguise volontiers et parade au milieu de ses amazones ? Comment, après les attentats dont il a été accusé, a-t-il pu regagner la confiance du monde occidental ? Et pourquoi, tout à coup, est-il redevenu un paria ? Cet essai biographique reconstitue l’itinéraire de Kadhafi depuis sa naissance sous une tente en Libye jusqu’à la répression sanglante de son propre peuple et l’opération “Aube de l’odyssée” avalisée par l’ONU. Il nous dévoile toutes les facettes de ce colonel aussi ubuesque que sanguinaire, et nous prouve à quel point le dictateur libyen ressemble à ses sinistres devanciers : Hitler, Mussolini ou Amin Dada… Il fallait tout le talent d’Alexandre Najjar pour bien camper ce personnage de roman qui défie la raison et dépasse l’imagination.
35. La face cachée des États-Unis
Patrick Pesnot
3.00★ (30)

Scandales politiques, syndicalisme gangrené par la mafia ou instrumentalisé par les services secrets, affaires d'espionnage, manipulations de la CIA, tels sont quelques-uns des thèmes développés dans ce nouvel opus des dossiers de Monsieur X. On y rencontre souvent un directeur du FBI indéboulonnable (J. Edgar Hoover), un syndicaliste corrompu (Jimmy Hoffa), sans doute tué par les siens, et l'on croise un étrange personnage (Irving Brown), acharné à combattre clandestinement le communisme, et qui se trouve à l'origine de la création en France de la CGT-Force ouvrière... L'auteur revient sur les assassinats aussi mystérieux que retentissants de Bob Kennedy ou de Martin Luther King avant de s'intéresser aux autorités américaines qui, sous prétexte de lutter contre le narcotrafic, se sont immiscées dans les affaires politiques des pays d'Amérique du Sud. Enfin, un chapitre est consacré au développement de plus en plus inquiétant des armées privées telles que Blackwater, mercenaires à la solde des Etats-Unis. Les grandes affaires du siècle pour découvrir la face cachée de la première puissance mondiale. Qui est Monsieur X ? Personne ne le sait. Mais depuis plus de dix ans, semaine après semaine, il livre ses secrets sur France Inter. Une véritable moisson de révélations et surtout une lecture inédite et toujours surprenante des événements contemporains les plus brûlants. Cette collection rassemble pour la première fois en volumes thématiques ses meilleures enquêtes, constituant ainsi une véritable encyclopédie de notre histoire secrète.
36. Dans l'enfer de Guantanamo
Murat Kurnaz
4.50★ (16)

Voici un livre événement, le premier témoignage d'un innocent, Murat Kurnaz, incarcéré pendant près de cinq années dans la prison de Guantánamo. Jamais personne auparavant n'avait décrit de manière aussi précise et détaillée les conditions de détention qui règnent dans ce camp administré par les États-Unis. Octobre 2001 : quelques jours avant l'offensive américaine en Afghanistan, Murat Kurnaz, un jeune Allemand d'origine turque, est arrêté à Peshawar (Pakistan) lors d'un simple contrôle routier et vendu par la police pakistanaise aux forces américaines pour la modique somme de 3 000 dollars. Emmené à Kandahar (Afghanistan), il y est maltraité pendant deux mois, avant d'être envoyé à Guantánamo. Là-bas, pendant plus de 1 600 jours, il vit l'enfer : enfermé dans une cage, il subit quotidiennement interrogatoires, tortures et privation de sommeil. Cinq années d'emprisonnement et de souffrances atroces que Kurnaz a dû endurer alors qu'il était innocent. Car son innocence a été reconnue par les services de renseignement allemands et américains dès 2002. Pourtant, il n'a été relâché qu'en août 2006. A sa libération, son témoignage a provoqué un immense scandale en faisant éclater la vérité : alors que, faute de preuves, les Américains envisageaient de libérer Kurnaz en 2002, les services de renseignement du gouvernement de Gerhard Schröder ont refusé de l'accueillir sur le sol allemand, préférant une extradition vers la Turquie, son pays d'origine. Ce récit choc est une véritable plongée au cœur du "système Guantánamo" et de ses pratiques illégales.
37. La guerre selon Bush. Comment l'Amérique traque le terrorisme islamiste depuis le 11 septembre
Ron Suskind
4.33★ (11)

Ron Suskind, célèbre journaliste américain lauréat du prix Pulitzer, raconte dans un récit stupéfiant le combat que mènent les Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001 contre le terrorisme islamiste. L'enjeu ? Rien moins que tuer ou être tué. Quel principe guide la nation la plus puissante du monde pour démasquer ses ennemis, tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger ? C'est la fameuse stratégie du 1 %, doctrine selon laquelle s'il n'existe que 1 % de possibilité qu'une quelconque menace pèse sur la sécurité de la nation, cette possibilité doit être considérée comme une certitude. Conçue par Dick Cheney, elle a conduit les États-Unis à porter la guerre en Afghanistan et en Irak afin d'éradiquer le mal islamiste. Ron Suskind démontre, à partir des conversations échangées dans le Bureau Ovale entre Bush, Cheney et Rumsfeld, comment les principaux acteurs de cette guerre se sont lancés dans la croisade la plus surprenante des temps modernes. Comment Condoleezza Rice et George Tenet, ministre de la Défense et ancien patron de la CIA, ont improvisé des plans de bataille destinés à anéantir une nouvelle espèce d'ennemis et engagé une course heure par heure contre un désastre prétendument annoncé. Les rivalités et les luttes intestines entre ces deux équipes permettent de comprendre la manière dont l'Amérique réagit face à la terreur. Avec cet ouvrage, immense best-seller aux États-Unis, Ron Suskind répond aux nombreuses questions qui empêchent les Américains de dormir, et éclaire d'un jour nouveau le cauchemar qu'ils sont en train de vivre.
38. La Russie selon Poutine
Anna Politkovskaïa
4.05★ (149)

" Pourquoi je n'aime pas Poutine ? " s'interroge Anna Politkovskaïa. La réponse est simple et nette : " Parce qu'il n'aime pas son peuple ! " Parce qu'il se comporte dans la plus pure tradition du KGB dont il est issu, avec un cynisme inégalable. A travers une succession de récits et de rencontres, en reprenant des dossiers tels que ceux des criminels de guerre, des " petits arrangements " qui lient mafia, police et justice, ou des tragédies de prises d'otages à Moscou ou à Beslan, la journaliste dresse un portrait douloureux de ses concitoyens et de son pays. Au fil des pages, c'est l'inhumanité du régime russe et de son premier dirigeant qui transpire. " Nous ne sommes rien, alors qu'il est tsar ou Dieu. "
39. Tchétchénie, le déshonneur russe
Anna Politkovskaïa
4.31★ (152)

Depuis août 1999, Anna Politkovskaïa, grand reporter du bihebdomadaire Novaïa Gazetta, s'est rendue plus d'une quarantaine de fois en Tchétchénie pour couvrir la guerre, la seconde, qui frappe cette petite République. Pour elle, c'est l'avenir même de la Russie et ses chances d'accéder à une véritable démocratie qui sont enjeu. Décrivant le calvaire de la population tchétchène, elle montre que la poursuite du conflit le rend de plus en plus incontrôlable. La violence absolue favorise la minorité tchétchène la plus extrême, au détriment de la majorité acquise aux idées occidentales, et déshumanise les combattants des deux camps. Les militaires russes pillent, violent et tuent en toute impunité, les combattants tchétchènes sombrent dans la délation et les règlements de compte, dévorés par le désir de vengeance d'un côté, et les exigences cyniques de la survie de l'autre, basculant parfois dans la criminalité pure et simple. Et finalement, ces pratiques finissent par gangrener moralement toute la société. Pour Anna Politkovskaïa, qui n'épargne pas l'actuel président russe Vladimir Poutine, cette spirale infernale trouve son origine dans la tradition d'un pouvoir qui a besoin d'un ennemi - bouc émissaire -, pour lui faire porter le poids des malheurs - réels - des Russes, dans la difficile période du postcommunisme.
40. Politique et crime : Neuf études
Hans Magnus Enzensberger
4.56★ (30)

En apparence,des récits divers : une balade dans une société cimentée par la terreur, la Chicago d'Al Capone ; le récit de noces de sang chez des Camorristes où, au milieu du banquet, un invité se lève et chante la mort annoncée du jeune époux et le veuvage assurée de sa promise ; ou bien encore les derniers jours de Trujillo à Saint-Domingue. Autant de motifs, parmi d'autres, qui aident à dégager l'image générale : que le crime est la politique continuée par d'autres moyens. On retrouvera ici l'immense talent narratif d'Enzensberger, qui tisse personnages et lieux en un scénario dont les grands acteurs sont l'espace et le temps. [Essai (Allemagne - 1964)]
41. Sortir du génocide : Témoigner pour réapprendre à vivre
Régine Waintrater
5.00★ (9)

De la Shoah au Cambodge, du Rwanda à l'ex-Yougoslavie, qu'est-ce que les témoins d'une catastrophe absolue peuvent transmettre ? Est-il d'ailleurs nécessaire de réveiller chez eux les souffrances endurées ? La réponse est à chercher non seulement auprès des témoins eux-mêmes, mais aussi auprès de ceux qui recueillent leurs récits, ces « témoins des témoins » dont on se demande parfois ce qui les pousse à aller sans relâche entendre ceux-ci. Sortir du génocide est le premier livre à traiter de la pratique du témoignage et à en dégager une technique. Que sait-on de ce que ressentent le témoin et son auditeur ou lecteur ? Quelle sorte de pacte se noue entre eux ? Comment faire parler quelqu'un qui a vécu un traumatisme extrême ? Comment recueillir son discours ? Quels sont les dangers d'une telle entreprise ? Est-il légitime que le lecteur ou l'auditeur de témoignages soient la proie de sentiments troubles, fascination pour l'horreur, dégoût, honte ? bref, autre chose que de la compassion ? (France - 2011)
42. Les exécuteurs. Des hommes normaux aux meurtriers de masse
Harald Welzer
3.86★ (26)

" Je ne suis pas le monstre qu'on fait de moi. Je suis victime d'une erreur de raisonnement ", déclare Adolf Eichmann à l'issue de son procès. Comme après lui tous les exécuteurs allemands, rwandais, serbes et croates, dont les cas sont étudiés dans ce livre, il récuse résolument l'idée qu'il aurait agi monstrueusement et en dehors des catégories morales de la communauté des hommes. Pourtant tous ont tué systématiquement ceux qu'eux et leurs semblables avaient exclus de l'humanité par définition. Qu'on puisse les qualifier de meurtriers est une idée restée jusqu'à ce jour étrangère aux exécuteurs dans leur immense majorité, car leur projet anti-humain avait bâti un système de responsabilité morale clans lequel le meurtre de niasse était une évidence. Dans un dispositif social, montre Harald Welzer, il suffit qu'une seule coordonnée, l'appartenance sociale ou ethnique, se décale pour que tout l'ensemble change et que s'établisse une réalité autre que l'antérieure. Ce décalage, observable dans le national-socialisme, où il est fondé scientifiquement sur une théorie des races, et dans l'ex-Yougoslavie et au Rwanda, où il est fondé ethniquement, consiste en une redéfinition radicale de qui fait partie ou non de l'univers d'obligation générale. La distinction inéluctable et absolue entre appartenants et non-appartenants est commune à ces sociétés meurtrières, par ailleurs extrêmement différentes.
43. Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides
Jacques Semelin
4.59★ (46)

Ce livre, en tout point exceptionnel, est le fruit de plusieurs années de travail dans le cadre d'un programme de recherche au CNRS. Il propose une approche résolument transdisciplinaire et comparative pour tenter de " penser " les processus de violence qui aboutissent aux massacres et aux génocides de l'époque moderne. Comment de tels crimes de masse sont-ils possibles ? Quelles manipulations du langage et des esprits interviennent pour préparer le " passage à l'acte ", notamment en élaborant, préalablement, un imaginaire et une justification ? Comment s'enclenche et s'affole la mécanique du meurtre ? L'auteur fonde principalement son enquête sur plusieurs exemples : la Shoah, les nettoyages ethniques de l'ex-Yougoslavie, le génocide des Tutsis au Rwanda et encore les génocides arménien et cambodgien. Par l'ampleur de la documentation utilisée, la richesse des références bibliographiques, l'exigence permanente de l'analyse, ce livre est à la fois vertigineux et sans équivalent. On ne s'était sans doute jamais approché d'aussi près de cette énigme insondable, de ce " trou noir " devant lequel vacille l'entendement humain.
44. Le pire des mondes possibles : De l'explosion urbaine au bidonville global
Mike Davis
3.92★ (77)

" Pour mortels et dangereux qu'ils soient, les bidonvilles ont devant eux un avenir resplendissant. " Des taudis de Lima aux collines d'ordures de Manille, des bidonvilles marécageux de Lagos à la Vieille Ville de Pékin, on assiste à l'extension exponentielle des mégalopoles du tiers monde, produits d'un exode rural mal maîtrisé. Le big bang de la pauvreté des années 1970 et 1980 - dopé par les thérapies de choc imposées par le FMI et la Banque mondiale - a ainsi transformé les bidonvilles traditionnels en "mégabidonvilles" tentaculaires, où domine le travail informel, "musée vivant de l'exploitation humaine". Un milliard de personnes survivent dans les bidonvilles du monde, lieux de reproduction de la misère, à laquelle les gouvernements n'apportent aucune réponse adaptée. Désormais, les habitants mettent en péril leur vie clans des zones dangereuses, instables ou polluées. Bien loin des villes de lumière imaginées par les urbanistes, le monde urbain du XXIe siècle ressemblera de plus en plus à celui du XIXe, avec ses quartiers sordides dépeints par Dickens, Zola ou Gorki. Le Pire des mondes possibles explore cette réalité urbaine méconnue et explosive, laissant entrevoir, à l'échelle planétaire, un avenir cauchemardesque. [Essai (États-Unis - 2006)]
45. Atteinte à la liberté : Les dérives de l'obsession sécuritaire
Juli Zeh
4.50★ (11)

La romancière et juriste Juli Zeh et l'écrivain Ilija Trojanow nous mettent en garde : depuis le 11 septembre 2001, aux Etats-Unis mais aussi en Europe, les droits fondamentaux pour lesquels nos ancêtres se sont battus ont souvent été bafoués, et l'arbitraire s'installe. Intrusions dans nos vies privées, contrôle de nos opinions, de nos correspondances, de nos déplacements... Les auteurs tirent la sonnette d'alarme et posent les questions cruciales : Pourquoi laissons-nous faire ? Et comment devons-nous nous défendre ? Dans cet essai richement documenté, Juli Zeh et Ilija Trojanow dressent un tableau stupéfiant des conséquences désastreuses d'une obsession sécuritaire dont les Français aussi font les frais.
46. Surveiller et punir
Michel Foucault
4.30★ (2034)

Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le XIXe siècle, lui, était fier des forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au cour des villes. Ces murs, ces verrous, ces cellules figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale. Ceux qui volent, on les emprisonne ; ceux qui violent, on les emprisonne ; ceux qui tuent, également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser, que portent avec eux les Codes pénaux de l'époque moderne ? Un vieil héritage des cachots du Moyen Âge ? Plutôt une technologie nouvelle : la mise au point, du XVIe au XIXe siècle, de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus, les rendre à la fois "dociles et utiles". Surveillance, exercices, manoeuvres, notations, rangs et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les ateliers : la discipline. La prison est à replacer dans la formation de cette société de surveillance. La pénalité moderne n'ose plus dire qu'elle punit des crimes ; elle prétend réadapter des délinquants. Peut-on faire la généalogie de la morale moderne à partir d'une histoire politique des corps ? (France - 1975)
47. Psychopolitique : Entretiens avec Trevor Cribben Merrill
Jean-Michel Oughourlian
4.00★ (9)

Pendant des millénaires, les chefs politiques avaient la tâche simple, nous explique, avec un brin de provocation, Jean-Michel Oughourlian : quand ils voulaient mobiliser leur population, il leur suffisait de trouver un ennemi contre qui unir le groupe. Aujourd'hui, la recherche de boucs émissaires ne cesse de perdre de son efficacité. Les puissances rechignent de plus en plus à faire la guerre à l'âge nucléaire ; par ailleurs l'individualisme croissant, au sein des sociétés, rend de moins en moins probables des phénomènes durables de polarisation sur une seule victime émissaire. C'est la décomposition de la politique traditionnelle que nous décrit l'auteur, en tirant ses exemples de l'actualité la plus récente : de la caricaturale tentative de George W. Bush à rassembler une coalition internationale pour se lancer dans la guerre contre l'Irak, à la débauche de communication dont font preuve les modernes élus du peuple, sans réussir à camoufler leur absence profonde d'objectifs. En fait, à la recherche de l'ennemi, on pourrait substituer une véritable recherche du contrat social; mais tout se passe comme si nos sociétés n'arrivaient pas à sortir d'un «entre-deux» où elles sont incapables d'inventer une manière non violente de faire de la politique, sans croire non plus vraiment à l'efficacité de la violence qu'elles continuent à mettre en oeuvre. C'est à un diagnostic sans complaisance sur nos pratiques politiques que nous invite Jean-Michel Oughourlian, dans le sillage des travaux de René Girard.
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