25.
Rose des vents
Philippe Soupault
3.00★
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En 1917, Soupault fera deux découvertes majeures. En juin, il tombe sur un ouvrage inconnu à l?époque, Les Chants de Maldoror, d?un certain Lautréamont, dont la lecture le bouleverse. Et en septembre, il lit quelques écrits d?un poète roumain, Tristan Tzara, qui vient de lancer à Zurich le mouvement « dada ».
En 1918, Breton lui présente Louis Aragon, jeune médecin auxiliaire, également poète. Ils ont tous les trois 20 ans, et ne croient plus à rien, dans ce monde dévasté, aux valeurs en ruine. À la mort d?Apollinaire, les trois amis se rapprochent de Reverdy, qui fait figure d?exemple. En mars 1919, ils lancent la revue « Littérature », financée par Soupault, et qui sera le laboratoire de l?expérimentation surréaliste. En avril, Soupault rencontre Eugène Grindel, alias Paul Éluard. Il est temps désormais de faire table rase, en suivant le conseil d?Apollinaire : « Perdre / Mais perdre vraiment / Pour laisser place à la trouvaille ».
S?inspirant de Lautréamont et de Freud, Soupault et Breton vont expérimenter l?écriture automatique. En juin 1919, durant deux semaines, à l?Hôtel des Grands Hommes, Place du Panthéon, ils écrivent jour et nuit, ensemble ou séparément, une ?uvre commune qu?ils intitulent Les Champs Magnétiques, en écho avec Les Chants de Maldoror. Et qu?ils qualifient de « surréaliste », en hommage à Apollinaire, disparu récemment. A son retour d?Allemagne, Aragon trouve le texte incomparable. Et Proust dira que c?est « un livre capital ».
Soupault désormais est heureux. L?écriture le libère de ses angoisses et de son désespoir. La poésie devient son élan vital. Après Aquarium, son premier recueil, daté de 1917, il publie, en août 1919, Rose des Vents, un recueil, dont Cendrars admire la nouveauté du ton. Voici le poème qu?il dédie à Tristan Tzara :
Tristan Tzara, arrivé à Paris en 1920, entraine la bande enthousiaste dans une série de manifestations culturelles provocantes, où règnent chahut, bagarres et scandales. Soupault s?en donne à c?ur joie. Mais le dadaïsme, cette entreprise de démolition systématique, qui servit de détonateur, n?eut pas d?avenir à Paris, à cause d?une querelle de pouvoir entre Tzara et Breton, qui tourna au profit de ce dernier. Soupault, resté fidèle à l?un comme à l?autre, en fut profondément attristé.