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Un peu de pudeur
Liste créée par Alzie le 22/05/2016
17 livres. Thèmes et genres : philosophie , pudeur , essai , entretiens , histoire de l'art

"La pudeur c'est l'esprit qui rougit du corps"

(Eric Fiat, La Pudeur, Plon, 2016, p. 33)



1. Pudeur: De l'usage de la feuille de vigne
Philippe Thiébaut
4.00★ (2)

Bien que le XVIe et le XVIIIe siècle aient connu des campagnes de pudeur, c'est au XIXe siècle que le débat atteint son apogée. La feuille de vigne s'impose alors comme le symbole de la décence, artistes ou censeurs s'attachant moins à la nudité du corps qu'à celle du sexe. A travers une cinquantaine d'oeuvres d'art, Philippe Thiébaut nous propose une lecture singulière de l'histoire du corps.
2. La Pudeur, un lieu de liberté
Monique Selz
La pudeur, dans notre société où le consumérisme est poussé à l'extrême, paraît frappée d'obsolescence. Développer le marché : tel est le mot d'ordre. Cela nécessite de tout montrer pour susciter chez le citoyen le désir de posséder et d'acquérir toujours plus. Une société, dont les individus seraient ainsi réduits à l'unique fonction de consommateurs ou d'usagers, peut-elle rester humaine ? La pudeur n'est-elle pas un des lieux par lesquels passe notre accès à la liberté ? La réflexion de Monique Selz, enracinée dans sa pratique psychanalytique, cerne les contours de la pudeur et met en évidence son rôle fondamental pour permettre à chacun de vivre sa singularité au sein de la collectivité. Lorsque les individus sont exposés au risque de la confusion par la perte de ce qui les différencie et par l'abolition de la distance, c'est l'être qui est en danger. Contre l'idéologie de la transparence, contre les discours de l'avoir et du "tout est possible", penser cette qualité fragile qu'est la pudeur, lui retrouver une place, est un des enjeux de l'avenir de notre civilisation.
3. Pudeurs féminines : Voilées, dévoilées, révélées
Jean-Claude Bologne
2.25★ (9)

Août 2009, le soleil rallume la guerre des piscines en interdisant le burkini, tenue couvrante qui se veut conforme aux règles de l'islam. Un demi-siècle plus tôt, le monokini aurait semblé aussi impudique qu'indécent. Pour un homme, la question ne se poserait pas : il ne peut exposer avec pudeur sa nudité. La pudeur est une affaire féminine. C'est donc en quelque sorte l'histoire du voile qui se dessine en même temps que celle de la pudeur. Non simplement celle du voile matériel mais celle du voile immatériel, chargé de cacher ce qui ne saurait se voir. Pour la mentalité occidentale, qui a sexualisé le vêtement en désérotisant la nudité, c?est le voile qui est impudique, car il rappelle que le corps de la femme est objet de désir, alors que toute notre culture a évolué vers la sexualisation du regard et non de la nudité. La femme est toujours recouverte d?un voile naturel qui masque sa nudité sans nier sa féminité, qui répond aux exigences humaines de décence et bienséance. La sexuation de la pudeur est indépendante de sa sexualisation : l'éclat de rire (qui choquait chez une femme), les larmes (ridicules chez un homme) constituent bien une sexuation de la pudeur, même s'ils n'ont rien de sexuel. Redessinée par le multiculturalisme et par le déplacement des frontières de l'intimité, l'histoire de la pudeur est presque aussi riche durant ces vingt dernières années que pendant les vingt premiers siècles.
4. Comment le voile est devenu musulman
Bruno Nassim Aboudrar
3.33★ (31)

Formes noires fantomatiques, sombres silhouettes drapées, visages de femmes mangés par le tissu : pourquoi de telles images, désormais familières, dérangent-elles ? Pourquoi le port du voile blesse-t-il à ce point le regard des Européens ? Loin des polémiques, Bruno Nassim Aboudrar renouvelle le débat et met au jour les malentendus qui entourent cette pratique millénaire. Le voile n'est pas spécifiquement musulman : il l'est devenu. Presque absente du Coran, c'est une prescription construite progressivement, au terme d'une histoire dont l'épisode colonial est un chapitre majeur. Si le port du voile nous choque, c'est moins en raison de l'outrage fait aux femmes ou de l'entorse à la laïcité que parce qu'il bouleverse un ordre visuel fondé sur la transparence, et lui oppose un provocant plaidoyer pour l'opaque, le caché, le secret, l'obscur. Et pour les musulmanes qui se voilent en Occident, n'est-ce pas un jeu de dupes, une impiété nichée au coeur d'une intention religieuse ? Car en montrant qu'elles se cachent, elles cachent en réalité qu'elles se montrent... Scrutant tour à tour la lettre du Coran, le voyeurisme de l'art orientaliste, les dévoilements spectaculaires orchestrés en Turquie ou au Maghreb, cette histoire croisée du regard, illustrée d'une trentaine de tableaux et de photos, délivre une lecture inédite des stratégies à l'oeuvre derrière le voile.Formes noires fantomatiques, sombres silhouettes drapées, visages de femmes mangés par le tissu : pourquoi de telles images, désormais familières, dérangent-elles ? Pourquoi le port du voile blesse-t-il à ce point le regard des Européens ? Loin des polémiques, Bruno Nassim Aboudrar renouvelle le débat et met au jour les malentendus qui entourent cette pratique millénaire. Le voile n'est pas spécifiquement musulman : il l'est devenu. Presque absente du Coran, c'est une prescription construite progressivement, au terme d'une histoire dont l'épisode colonial est un chapitre majeur. Si le port du voile nous choque, c'est moins en raison de l'outrage fait aux femmes ou de l'entorse à la laïcité que parce qu'il bouleverse un ordre visuel fondé sur la transparence, et lui oppose un provocant plaidoyer pour l'opaque, le caché, le secret, l'obscur. Et pour les musulmanes qui se voilent en Occident, n'est-ce pas un jeu de dupes, une impiété nichée au coeur d'une intention religieuse ? Car en montrant qu'elles se cachent, elles cachent en réalité qu'elles se montrent... Scrutant tour à tour la lettre du Coran, le voyeurisme de l'art orientaliste, les dévoilements spectaculaires orchestrés en Turquie ou au Maghreb, cette histoire croisée du regard, illustrée d'une trentaine de tableaux et de photos, délivre une lecture inédite des stratégies à l'oeuvre derrière le voile.
5. La pudeur
Eric Fiat
3.90★ (38)

Parce qu'elle est à la fois morale (la vertu de réserve) et érotique (« elle fait le charme de l'amour comme le prix des abandons », disait Louise de Vilmorin), la pudeur est sans doute la plus troublante des vertus. Deux philosophes s'emploient ici à en faire l'éloge, et pour cela sont conduits à s'interroger sur le sexe des anges et la vie amoureuse de Kant. Valeur désuète et même ringarde ? Loin de là : véritable piment du désir, infiniment plus charmante que ses soeurs la pruderie, la décence, la honte et l'escartefiguerie, la pudeur est sans doute le sentiment le plus propre à l'homme, être fragile oscillant à jamais entre l'ange et la bête.
6. Nudité et pudeur. Le mythe du processus de civilisation
Hans Peter Duerr
4.00★ (8)

La théorie de la civilisation communément admise de nos jours prétend que, comparés à nous, les hommes du Moyen Âge, mais aussi les membres des sociétés dites primitives, auraient moins réprimé et régulé leurs pulsions et leurs émotions. Hans Peter Duerr apporte aujourd'hui la preuve que cette théorie est erronée, qu?elle ne rend justice ni aux peuples étrangers à notre civilisation ni à notre passé. En analysant les représentations de la nudité, de la sexualité et des fonctions corporelles, l'auteur entreprend une réévaluation (en fait une réinterprétation) des sources qui fondent la théorie courante, notamment la notion du processus de civilisation de Norbert Elias. Ainsi, Hans Peter Duerr développe une histoire de la culture et une ethnologie de la pudeur sexuelle, englobant non seulement l'histoire occidentale depuis ses débuts, mais aussi celle des peuples ayant vécu à la périphérie des prétendues hautes civilisations.
7. La Pudeur. La Réserve et le trouble
Claude Habib
5.00★ (6)

S'il est une vertu que certains se vantent d'avoir perdue, c'est bien la pudeur. Manifestement, notre monde multiplie les images brutales et l'exhibition des corps. Pourtant, avant de conclure à la disparition de la pudeur, avant d'en déplorer la perte, méfions-nous des apparences. Il s'agit en effet d'une vertu discrète : alors que les phénomènes liés à la "libération des m?urs" sont visibles pour ne pas dire ostensibles, la pudeur, muette et secrète, par essence se dissimule. Ambivalente, elle est fondée sur une hésitation ; une oscillation entre les deux pôles de la puissance et de la faiblesse ; elle s'étend de la réserve délibérée à la réticence panique, du laconisme de l'émotion au malaise du mutisme. Commune aux hommes et aux femmes, la pudeur va de pair avec la vulnérabilité. Au-delà de la nudité des corps, qui est comme son centre de gravité, la dissimulation pudique s'étend à toute une série de désirs, de dégoûts, d'appétits ; de sentiments que l'être pudique cachera précisément parce qu'il y tient. Cette dissimulation pudique du corps, des attachements, des émotions, n'est pas une tromperie mais une sorte d'égard. Quelle vie psychique et sociale serait concevable sans cette disposition que Joubert appelait si justement "tact de l'âme" ?
8. Le Nouvel Obs [HS n° 39, janvier 2000] La Pudeur - Une histoire de la nudité
Max Armanet
2.00★ (5)

Les plus anciens dictionnaires et encyclopédies associent la notion de pudeur aux « choses relevant de la sexualité » (Littré). Ce serait seulement une gêne sincère ou feinte, une honte ou un malaise devant des choses qu'on ne devrait pas voir ou que l'on ne montre que contre son gré. Alors, évidemment, il y a toute une civilisation de la pudeur dans les rites des concubines en Chine, des geishas au Japon et dans le port du voile chez les filles de harem, civilisation dont nos libertins du xviiie siècle se sont enchantés ou, comme Restif de La Bretonne, qu'ils ont affecté de dénoncer. « La pudeur des femmes, écrit-il, n'est que leur politique, tout ce qu'elles cachent et déguisent n'est caché ou déguisé que pour en augmenter le prix quand elles le révèlent. » Autrement dit, c'est une hypocrisie séductrice, une coquetterie. C'est le trajet qui va des artifices de la dissimulation aux défis de l'indécence. Peut-être n'y a-t-il pas de sensualité vraie ni d'érotisme affiné sans une pudeur violée. Lorsque, dans « l'Ecole des femmes », Arnolphe se félicite de la niaiserie supposée d'Agnès, c'est sans doute pour se bercer de l'illusion qu'elle lui épargnera ce cocufiage qui obsédait Molière. Mais il la décrit soumise, dévote, ignorante, baissant les yeux, appelant à la protection et se déplaçant à petits pas feutrés dans le silence. Il l'infantilise pour mieux la désirer. Un certain érotisme n'est suscité que par l'innocence de la servitude offerte, la douce et sainte humilité de la victime. Il y a dans tout le comportement de l'être pudique un message signifiant qu'il serait heureux d'être traité en esclave à la condition que ce soit avec des égards. On donnera ici à ce qui précède un parfum de modernité antimachiste en soulignant que ces jeux et ces joutes de la dissimulation n'impliquent nullement un sexe particulier et que l'éloge de la servitude volontaire est souvent fait par des hommes pour des hommes. Il est également permis de glisser vers un autre sens de ce mot et de l'attitude qu'il est censé recouvrir. La pudeur, c'est en effet aussi la décence qui conduit à ne pas agresser pour séduire et à ne pas choquer l'être que l'on vénère ou, mieux encore, que l'on protège. C'est l'idée de ne pas encombrer par sa propre existence. C'est une timidité de l'être dans le fait même d'exister et le souci obsessionnel d'échapper à un regard sans indulgence. En somme, une comédie de l'inexistence, les mimiques de la discrétion, les masques de la réserve et de l'effacement, les manifestations du doute que l'on a sur soi, sur sa propre autonomie et sur les gestes qui pourraient brandir une liberté et oser une simple affirmation. Il y a quelque chose que l'on appelle en France « classique » et ailleurs « britannique » dans l'observance des règles de pudeur. Il va de soi qu'elles s'accompagnent d'une certaine économie de gestes et de silence. Elles impliquent l'understatement, le « Never explain, never complain », et ces règles professent qu'il n'est rien de plus haïssable que le moi. D'où le dédain pour un Sud qui passe pour être peu soucieux de pudeur : on y préfère les cris aux chuchotements et on ne craint pas de se produire. La représentation, le cabotinage, la complaisance narcissique sont bannis dans les sociétés de pudeur, mais on peut dire alors que sont dissimulées la sincérité, la spontanéité, la fraîcheur, l'exubérance, la truculence. Curieusement, c'est ce que pense un puritain comme Rousseau : « La pudeur n'est rien, elle n'est qu'une invention des lois sociales pour mettre à couvert les droits des pères et des époux et maintenir quelque ordre dans les familles. » Nous retrouvons là une dénonciation - chère à Alceste - de la pudeur comme hypocrisie sociale. Pourtant, la pudeur, ce peut être aussi l'acceptation de l'idée de ne pas tout dire parce que tout n'est pas à dire. C'est la protection du jardin secret des autres. Disons que notre époque - qui a remplacé l'art de la suggestion par celui de l'exhibition - est victime de son désir de transparence sans épaisseur et sans mystère. Elle ignore les tendres ambiguïtés de la pénombre et les savants secrets du clair-obscur. La détresse sexuelle qui fait l'étrange bonheur des metteurs en scène et des romanciers dont on loue l'audace et le résultat n'est que le produit d'une fin de siècle sans pudeur, qui donc s'éloigne de plus en plus des rivages prometteurs et enchantés de la sensualité.
10. Voiles
Leyla Belkaid
Périple autour d'une mer peuplé de costumes hétéroclites, VOILES révèle les voiles drapé, les voiles-manteaux, les voiles de tête et les voilettes de femmes juives, musulmanes et chrétiennes de Méditerranée à l'aube de XXe siècle.
11. Voile, corps et pudeur
Yasmina Foehr-Janssens
Le voile est présent parmi nous de multiples manières. Il hante nos modes vestimentaires, discrètement ou de manière ostensible. On peut en faire une prison ambulante, mais aussi un atour magnifique. Dans le même temps, on n?échappe pas non plus au fait que le voile a une histoire qui fait aussi partie de celle, quasiment universelle, de la domination masculine. Les femmes voilées que nous croisons dans la rue sont des actrices de la vie sociale comme les autres, elles ne sont pas l?emblème de la présence musulmane en Europe. Si elles adoptent telle ou telle tenue, ce n?est pas nécessairement le résultat d?une aliénation ou une insulte aux luttes féministes. Responsables de leurs parcours et de leurs choix de vie, elles essaient comme tout le monde de trouver leur chemin dans une jungle de signes vestimentaires globalisés, dans un monde où les femmes devraient en principe être « libérées », mais où elles restent prisonnières des stéréotypes de genre et des définitions coercitives de la décence et de l?indécence.
12. Esthétiques du voile
Dominique Clevenot
2.50★ (8)

Le terme latin velum, à l'origine du mot voile , provient d'une racine indoeuropénne indiquant l'action de tisser. Une seconde hypothèse étymologique le rattache à un mot sanskrit qui signifie couvrir . Héritier de ces diverses significations, le mot voile renvoie tout particulièrement à une fonction spécifique qui est de faire écran au regard. A ce titre le voile occupe un rôle déterminant dans ce que l'on pourra appeler la structure du regard : tout à la fois, il sépare et met en relation, ou en tension, le sujet qui regarde et l'objet de son regard. Le présent ouvrage vise à explorer et à analyser la notion de voile dans l'art, notamment ses occurrences dans l'art contemporain. Il s'agit de repérer la présence, sous ses divers aspects, du voile en tant que motif artistique et d'en dégager les enjeux et les significations sur le plan de la plasticité qu'il met en oeuvre, des phénomènes de perception qu'il induit ou des symboliques qu'il véhicule. Mais au-delà du motif artistique lui-même, la notion de voile engage une problématique du visible et de l'invisible qui permet de penser la question de la représentation ainsi que, plus largement, celle de la relation que l'art entretient avec le réel.
13. Quand la pudeur prend corps
José Morel Cinq-Mars
Qu'est-ce que la pudeur ? Comment se construit-elle ? A quel âge ? Que voile-t-elle : la nudité, les sentiments, autre chose ? Est-elle utile ? nécessaire ? honteuse ? S'oppose-t-elle au savoir ? à l'érotisme ? Autant de questions que l'auteur explore en prenant appui sur la psychanalyse et sur une pratique clinique dédiée aux nourrissons et aux jeunes enfants placée sous le signe de la " prévention ", y compris celle des violences sexuelles. Quand la pudeur prend corps propose au lecteur l'approche nouvelle d'un thème ancien, resté pourtant peu étudié jusqu'à présent. On y apprend comment se constitue chez le sujet humain un désir de voile qui viendra s'opposer à la tyrannie du désir de voir, le sien comme celui de l'autre. On y découvre aussi comment réhabiliter la pudeur pourrait être une voie possible pour prévenir les agressions sexuelles et le malheur qui s'ensuit. Un ouvrage éclairant et passionnant sur un sujet qui nous concerne tous, que l'on soit psychologue, psychanalyste, parent, éducateur ou... amoureux.
14. Par le trou de la serrure : Une histoire de la pudeur publique (XIXe-XXIe siècle)
Marcela Iacub
2.00★ (4)

En 1857, un groupe de jeunes gens s'abandonnant aux joies d'une partouze dans un hôtel particulier sont condamnés pour outrage public à la pudeur, parce qu'un curieux les épiait par le trou de la serrure. En 1893, les étudiants des Quatr'z Arts déclarent aux juges la guerre du nu. Dans les années 1960, les nudistes et les femmes en monokini provoquent des controverses passionnées. Chaque fois les mêmes questions se posent : où finit le public et où commence le privé ? Que peut-on montrer, que doit-on cacher ? A travers une enquête qui mêle le droit, l'architecture, la littérature et la psychiatrie, Marcela Iacub raconte l'histoire de la pudeur publique. On y découvre comment le droit a longtemps partagé le monde visible entre licite et illicite, substituant à l'espace réel un espace institutionnel et politique. Aujourd'hui, ce vieux mot de pudeur a disparu de nos codes pour être remplacé par celui de Sexe. Mais, loin de faire le récit épique d'une liberté durement conquise, Marcela Iacub analyse les transformations des techniques par lesquelles l'Etat s'est donné notre sexualité en spectacle au cours des deux derniers siècles, et a conditionné nos espaces, nos vêtements, nos pratiques et même certaines de nos maladies mentales. Elle invite ainsi à une histoire politique du regard. On retrouve dans Par le trou de la serrure les ingrédients qui ont fait le succès des précédents ouvrages de Marcela Iacub : un examen sans concession des illusions de notre prétendue libération sexuelle, et un art tout particulier de faire du droit une discipline totale, à la fois poétique et critique.
15. La vie vivante. Contre les nouveaux pudibonds
Jean-Claude Guillebaud
3.70★ (14)

Nous vivons un extraordinaire paradoxe. Les technoprophètes de la modernité tiennent le corps en horreur. Numérique, nanotechnologies, intelligence artificielle, posthumanisme, gender studies... Les nouveaux pudibonds veulent nous "libérer" de la chair et du réel. Au coeur de la mutation anthropologique, technologique et historique en cours, des logiques redoutables sont à l'oeuvre. Elles vont dans le sens d'une dématérialisation progressive de notre rapport au monde. Le biologique témoignerait d'une " infirmité" dont il faudrait s'émanciper au plus vite. Ainsi, sous couvert de "libération ", la nouvelle pudibonderie conforte étrangement ce qu'il y a de pire dans le puritanisme religieux hérité du XIXe siècle. Et pas seulement au sujet des moeurs. Dans le discours néolibéral, l'adjectif "performant" désigne le Bien suprême. Mais ni le "système" ni ses logiciels ne savent prendre en compte des choses aussi fondamentales que la confiance, la solidarité, l'empathie, la gratuité, la cohésion sociale. La Vie vivante, celle qu'il faut défendre bec et ongles, c'est celle qui échappe aux algorithmes des ordinateurs, à l'hégémonie des "experts" et des dominants, qui confondent "ce qui se compte" avec ce qui compte.
16. Histoire de la pudeur
Jean-Claude Bologne
3.21★ (64)

Quatrième de couverture - Si grande était la « pudicité » de l'empereur Maximilien qu'il se retirait seul sur sa chaise percée, « sans se servir de valets de chambre, ni de pages. » Si grande celle d'Isabelle de Castille, qu'elle mourut d'un ulcère qu'elle n'avait pas voulu montrer : il fallut même lui administrer l'extrême-onction sous les draps, puisqu'elle ne voulait pas laisser voir ses pieds. Et que dire d'Anne d'Autriche, qui fit détruire plus de cent mille francs de tableaux « indécents » ; de Louis XIII, qui barbouillait les fresques de sa chambre; de Mazarin, qui mutilait les statues ? À l'opposé, que dire de la baronne de Montreuil-Bellay, qui demandait à un de ses vassaux, quand elle se rendait chez lui, de la porter sur ses épaules là où lui-même allait à pied et de lui tendre, le moment venu, la mousse qui tenait lieu de papier ? Que dire d'un roi qui recevait ses courtisans sur sa chaise d'affaire, et qui demandait qu'au théâtre les sauvages fussent « habillés comme s'ils étoient presque nuds » ? Ces exemples nous invitent à étudier la pudeur dans une perspective qui n'a pas encore été exploitée : sa dimension historique. Elle permettra de fournir d'autres réponses aux éternelles questions : quels sont les rapports entre pudeur corporelle et pudeur des sentiments ? Y a-t-il une pudeur féminine et une pudeur masculine ? Pourquoi rougit-on de sa nudité ? Et d'abord, qu'est-ce que la pudeur ?
17. Equivoques de la pudeur
Dominique Brancher
« Qu?a fait l'action génitale aux hommes, si naturelle, si nécessaire, et si juste, pour n'en oser parler sans vergogne », s'indigne Montaigne qui ne se prive pas, quant à lui, de mettre la pudeur au service de l'économie sensuelle de son oeuvre. Car qui « n'y va que d?une fesse » y va tout de même. Aussi fallait-il dégager la pudeur d'une approche anthropologique naïve, pour souligner l'ambiguïté d?une passion où le retour de l'obscène le dispute sans cesse au refoulement vertueux. Mesurer également combien la Renaissance dut repenser cette ambivalence, en confrontant l?héritage antique et médiéval à ses propres découvertes. Du De verecundia de Salutati (1390) jusqu'à l'officialisation du mot au XVIIe siècle par Vaugelas, s'invente en effet, au fil d'un débat où se croisent médecine, morale et rhétorique, un usage retors de la pudeur, à la fois épistémologique et poétique. Son enjeu n'est rien moins que le rôle assumé par les écritures du corps dans l?élaboration d'un savoir sexuel où la production de vérités conjugue toujours art érotique et art de ne pas dire.
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