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EAN : 9782072638114
80 pages
Gallimard (15/10/2015)
3.28/5   224 notes
Résumé :
Lampedusa. Une nuit d'octobre 2013, une femme entend à la radio ce nom aux résonances multiples. Il fait rejaillir en elle la figure de Burt Lancaster- héros du Guépard de Visconti et du Swimmer de Frank Perry- puis, comme par ressac, la fin de règne de l'aristocratie sicilienne en écho à ce drame méditerranéen : Le naufrage d'un bateau de migrants. Ecrit à la première personne, cet intense récit sonde un nom propre et ravive, dans son sillage, un imaginaire travers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
3,28

sur 224 notes
Deux magiciens des mots
M'ont confié une pépite de littérature.

La vrai,
L'authentique,
Celle qui chavire,
Celle qui réveille,
Celle qui révèle,
Ces vies sacrifiées sur un frêle esquif
Juste avant d'atteindre ces rivages tant espérés !
Lampédusa.

Juste une nuit
A cueillir des pétales délicates
D'une divagation libre
Sur un mot qui la hante:
Lampédusa.

Le rêve et la réalité qui s'entremêle,
Dans ce petit appartement parisien.
Où la radio déverse ces nouvelles qui
Blessent ,
Interrogent,
Scandent
La fin de toutes ces vies qui se noient
Au abord d'un monde rêvé !
Lampédusa.

Maylis s'emporte,
Parle vite,
S'indigne,
Réfléchi,
S'interroge,
Tente de trouver un sens,
Un lien à l'inacceptable du
Naufrage de ces migrants sur les côtes italiennes.
Lampédusa.

A ce stade de la nuit
Je reste sans voix,
Ayant vécu
L' intensité d'une nuit
Sur la falaise d'instants
Qui se noient dans cette
Eternité qui m'a saisie
Aux tripes.
Lampédusa.
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74 pages... Ce livre est une friandise qui se glisse dans un moment de vacuité entre deux pavés de lecture. Une friandise que l'on savoure pour la beauté de l'écriture et pour ce sentiment palpable d'intimité que l'auteure crée avec son lecteur en lui faisant partager des réflexions nocturnes.

Maylis de Kerangal laisse vagabonder ses pensées vers ces noms insolites qui désignent des lieux. Lampedusa est cruellement présent dans notre actualité. C'est aussi le film de Visconti, Le Guépard, dont les images resurgissent instantanément et introduisent avec un subtilité le propos du livre. Et c'est encore le nom de l'auteur de l'ouvrage dont a été tiré le scénario du film.
Lampedusa restera peut être exclusivement pour d'autres le lieu indigne d'entassement de migrants ou de corps rejetés par la mer..

Insolite, ce questionnement sur l'origine des noms créés par les hommes, soit pour se désigner eux même, qu'ils soient conquistadores, indiens, nobles siciliens, soit pour cibler un paysage. Intrigante, la réflexion concernant les lieux que nous continuons à visiter en souvenir au fil de notre vie et vers lesquels on s'échappe quelqu'en soit l'actualité.

Les pensées musardent et voyagent d'iles en paysages, allumant des fugaces lumières dans la nuit du récit sur des ailleurs variés, animés ou immobiles.

Un petit texte concis et élégant de divagations et souvenirs d'escapades, qui interroge sur notre monde en décadence.

.
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En premier lieu je tiens à remercier Ambages qui m'a fait rencontrer ce livre.

A ce stade de la critique… je ne sais pas comment commencer...
"A ce stade de la nuit" est le genre de texte que j'aimerai écrire. Je dis texte car j'ai eu une impression de spontanéité, que les mots n'étaient pas travaillés, réfléchis, façonnés, maquillés, travestis. Les maux entraînent les mots en écriture automatique.
C'est le genre de texte que seule la nuit permet d'écrire, enfin c'est ce que j'aime croire.
C'est le genre de texte qui s'écrit d'une seule traite, dans l'ambiance et l'état d'esprit du moment et qui se lit de la même manière.

Maylis de Kerangal divague et quand elle dit vague…
Dix vagues, ça fait beaucoup quand on sait qu'une seule suffit à anéantir une frêle embarcation et engloutir des Hommes qui n'auront pas eu le temps d'entrevoir leur rêve de liberté, qui n'auront pas eu le temps d'avoir une petite lumière dans le regard, qui n'auront pas eu le temps de vivre. Ils n'auront croisé que la peur, la faim, l'humiliation et puis la terreur du dernier instant. Ils ne sont personne, juste quelques titres dans les journaux, quinze secondes chez Pujadas trop occupé à demander à Pierre Paul Jacques s'il se présentera en 2017 ou à faire un quart d'heure sur les croisières de luxe…

Vague à l'âme, la nuit, un flash à la radio. Vague à lame de fond qui nous entraine au fin fond des souvenirs de l'auteure. Association d'idées pour un voyage nocturne dont toutes les routes mènent à Lampedusa.

Lampedusa hier, Lesbos aujourd'hui, nous sommes de plus en plus nombreux, les ressources naturelles s'épuisent, les dieux sont tombés sur la tête, leurs disciples les plus tarés font régner la terreur et massacrent à tout-va. L'inquisition c'est très moderne comme concept…
Demain n'existe pas pour des millions (milliard?) de gens et n'existera jamais plus pour certains dont même l'espoir aura été… noyé. Je m'égare…

" A ce stade de la nuit " c'est… une culpabilité, un non lieu, une impuissance... un ressenti à mettre entre toutes les mains.
La vie est si… fragile…
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Cet essai est le fruit d'une commande pour la collection "paysages écrits".
Comment arriver à écrire un paysage, et quel paysage? Maylise de Kerangal se focalise sur celui de Lampedusa et sur cette nuit où, dans sa cuisine, elle écoute à la radio le récit du naufrage de 300 migrants au large des côtes italiennes.
Lampedusa. Ce nom lui évoque un film avec Burt Lancaster, le Guépard de Visconti, qui fait écho à Swimmer, autre film du même acteur.
Ainsi, chaque chapitre revient à cette nuit dans la cuisine et à l'actualité du naufrage, puis insensiblement reviennent par flots d'autres souvenirs, le transsibérien et le paysage nocturne, les îles italiennes, etc..., avant d'aboutir sur la tragédie finale, crue, violente de ces corps naufragés.
Le livre est court mais dense, chaque mot est pesé et Maylis de Kerangal nous entraîne dans les méandres de ses pensées, dont la première entraîne la suivante. Ces souvenirs sont entrecoupés par l'horreur de cette actualité qui fait que le passé est passé et qu'une nouvelles ère s'amorce.
J'aime l'écriture de cette auteure, profonde, mouvante et dont on entend la voix au cours de la lecture.
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Que j'aime la façon de penser de Maylis de Kerangal... A partir d'une information entendue à la radio (le naufrage d'un bateau de migrants à Lampedusa) elle nous dévoile ses sentiments et les associations d'idées qui lui viennent à la nuit tombée.
J'ai appris beaucoup, je me suis remémorée aussi des fragments d'histoires oubliées et je me suis laissée porter par son écriture très poétique.
Elle parle de la détresse, de la Sicile, des yeux bleus de Burt Lancaster « qui sondent l'envers du monde, cette zone intérieure de vacillemet et de trouble. » C'est ce même vacillement qui l'emporte vers cette Sicile et le naufrage de l'aristocratie décrite par Guiseppe Tomasi di Lampedusa, auteur du Guépard et mis en images par Visconti. Lampedusa comme trait d'union entre deux époques. Elle cherche à comprendre ce qui pousse les hommes à traverser les eaux. Ressurgit alors l'image de Burt en maillot de bains traversant les piscines des jardins américains pour rentrer chez lui (The Swimmer). Mais Burt est un migrant, lui aussi vient de loin. le rêve américain, comme île d'un autre temps, aujourd'hui les migrants trouvent malheureusement bien souvent l'Europe rêvée dans des eaux meurtrières. C'est alors que les mots de son père reprennent sens dans sa mémoire « la mer n'est pas un non-lieu, pas plus qu'elle est un espace indéterminé, une continuité fluide (...) en elle coexistent des zones diverses, de l'estran familier au gouffre de l'inconnu. »
à ce stade de la nuit, je me souviendrai longtemps de ce petit livre qui en dit beaucoup. « Ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé de regarder ; ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé d'exercer nos sens au sein d'un espace investi par le corps », je dirai que ce livre fera partie de mon paysage.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
J'ai visualisé les parcours innombrables qui s'entrecroisaient à la surface de la terre, ce maillage choral déployé sur tous les continents, instaurant des identités mouvantes comme des flux, et un rapport au monde conçu non plus en termes de possession mais en termes de mouvement, de déplacement, de trajectoire, autrement dit en termes d'expérience.
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Je me dis parfois qu'écrire, c'est instaurer un paysage. Les îles, et plus encore les îles désertes, sont pour cela des matériaux de haute volée, leur statut géologique amorçant déjà une écriture, portant un récit. Essaimées sur la mer, les îles surgissent comme des creusets à fictions, ou des aimants dispersés sur l'imaginaire. (...)j'ai pensé que les passagers avaient dû attendre, , espérer des secours, certains sachant que le droit de la mer impose de venir en aide aux bateaux en détresse quand d'autres au contraire avaient dû s'affoler, informés des dernières dispositions des Etats en lutte contre l'immigration illégale, avertis qu'en ce qui les concerne le droit n'existait plus, justement, ils étaient hors la loi 555) et sans doute que d'autres se demandaient jusqu'où on les laisserait se noyer ; j'ai pensé enfin que la plupart des passagers ne devaient pas savoir nager, ayant vu la mer deux jours auparavant pour la première fois. (...)
Et ceux de l'île [de Lampedusa], isolés et pauvres eux-mêmes, les avaient recueillis, une couverture sur les épaules, un abri, un repas : ils avaient hébergé ces étrangers, plus pauvres que pauvres, ces êtres qui n'avaient plus rien et ne pouvaient plus prononcer leur nom ; ils les avaient relevés et l'humanité entière avec eux. Hospitalité.
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J'ai entendu de nouveau les aboiements du chien préféré et le rire d'Angelica lors du dîner à la table du prince, ce rire de gorge, excessif et sexuel, d'une durée obscène, ce rire qui pulvérisait la bienséance d'une société pétrifiée, cassait l'ordre social comme un son trop aigu brise un verre de cristal, un rire en forme d'exécution.
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Je me dis parfois qu'écrire c'est instaurer un paysage. Les îles, et plus encore les îles désertes, sont pour cela des matériaux de haute volée, leur statut géologique amorçant déjà une écriture, portant un récit. Essaimées sur la mer, les îles surgissent comme des creusets à fictions, ou des aimants dispersés sur l'imaginaire.
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...ce rire de gorge, excessif et sexuel, d'une durée obscène, ce rire qui pulvérisait la bienséance d'une société pétrifiée, cassait l'ordre social comme un son trop aigu brise un verre de cristal, un rire en forme d'exécution.
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Vidéo de Maylis de Kerangal
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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