Allais est un véritable délice à lire.
Allais précède Cami, dans un certain délire.
Allais clôt le XIXe, entame le vingtième.
Allais me touche au vingt-et unième.
Allais reviens par le domaine publique,
Allais touche de nouveaux publics,
Allais se joue des cliques.
Allais toujours vivant
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Ce recueil de mini-nouvelles a vraiment été une punition à lire, du début à la fin. Je constate pourtant que ses critiques sont plutôt bonnes et que visiblement des personnes ont trouvé ça drôle... Je suppose donc que je suis complètement passée à côté de l'intérêt de ces histoires qui n'ont eu pour moi absolument ni queue ni tête.
Je n'ai pas ri une fois, peut être à peine vaguement souri de surprise lorsqu'une information me prenait à contre-pied, mais la plupart du temps c'est le côté ennuyeux de l'incongru perpétuellement répété qui a dominé.
À ré-essayer plus tard, j'imagine...
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A l'œil - Vitrail
..., une chose me charmait dans cette église, me charmait à ce point que je ne me rappelle pas avoir jamais éprouvé un sentiment aussi intense de charme et de séduction.
C’était un très vieux, très vieux vitrail représentant le martyre de sainte Christine, patronne de la paroisse d’Houlbec. Sainte Christine est là, sur un bûcher ardent qui semble une coulée de rubis en fusion, pendant qu’un cruel païen, vêtu d’un vert exorbitant, attise le feu avec un acharnement coupable. Sur le saphir délicieusement pâle du firmament s’enlève le front radieux de la martyre et de tout son beau visage émane une mansuétude tendre et résignée qui excitait en moi la plus intime émotion.
Tout de suite, je ne sais pourquoi, je m’étais pris pour sainte Christine d’une affection violente et presque maladive, au point d’attendre fiévreusement le dimanche et de rêver une vengeance éclatante contre l’affreux homme vert qui brûlait ma pauvre aimée.
Sous le vitrail, c’était l’orgue.
Ils habitaient tous les deux, elle et son père, une sorte de petite masure, juchée tout en haut de la falaise. L’aspect de cette demeure n’éveillait aucune idée d’opulence, mais pourtant on devinait que ceux qui habitaient là n’étaient pas les premiers venus.
Nous sûmes bientôt par les gens du pays l’histoire approximative de ces deux personnes.
Le père, un gros vieux débraillé, à longs favoris mal entretenus, ancien médecin de marine, mangeait là sa maigre retraite en compagnie de sa fille, une fille qu’il avait eue quelque part dans les parages des pays chauds, au hasard de ses amours créoles.
Il faisait un peu de clientèle, pas beaucoup, car les paysans se défiaient d’un docteur qui restait dans une petite maison couverte de tuiles et tout enclématitée, comme une cabane de douanier.
Pour une fille naturelle, la fille était surnaturellement jolie, belle, et même très gentille.
Aussi, au premier bain qu’elle prit, quand on la vit sortir de l’eau, la splendeur de son torse, moulée dans la flanelle ruisselante ; quand, la gorge renversée, elle dénoua la forêt noire de ses cheveux mouillés qui dégringolèrent jusque très bas, ce ne fut qu’un cri parmi les plagiaires[1].
— Mâtin !… La belle fille !…
Quelques-uns murmurèrent seulement : Mâtin !
D’autres enfin ne dirent rien, mais ils n’en pincèrent pas moins pour la belle fille.
Et ce spectacle se renouvela chaque jour à l’heure du bain.
Toutes les dames trouvaient que cette jeune fille n’avait pas l’air de grand’chose de propre ; mais tous les hommes, sauf moi, en étaient tombés amoureux comme des brutes.
Un matin, mon ami Jack Footer, poète anglais, vigoureux et flegmatique, vint me trouver dans ma chambre et me dit, en ce français dont il a seul le secret :
— Cette fille, mon cher garçon, m’excite à un degré que nul verbe humain ne saurait exprimer… J’ai conçu l’ardent désir de la posséder à brève échéance… Que m’avisez-vous d’agir.
— Ne vous gênez donc pas !
— C’est bien ce que je pensais. Merci.
Et, le lendemain, je rencontrai Footer, radieux.
— Puis-je faire fond sur votre discrétion ! dit-il.
— Auprès de moi, feu Sépulchre était un intarissable babillard.
— Eh bien ! Carmen, car c’est Carmen qui est son nom chrétien, Carmen s’est abandonnée à mes plus formelles caresses.
— Ah !… Comme ça ?
— Oui, mon cher garçon, comme ça ! Elle n’a mis qu’une condition. Drôle de fille ! Au moment suprême, elle m’a demandé : « Êtes-vous pour encore longtemps sur ce littoral ? — Jusque fin octobre, ai-je répondu. — Eh bien ! promettez-moi, si vous tombez malade ici, de vous faire soigner par mon père ; c’est un très bon médecin. » J’ai promis ce qu’elle a voulu. Drôle de fille !
La semaine suivante, je me trouvais à la buvette de la plage quand advint Footer.
— Un verre de pale ale, Footer ?
— Merci, pas de pale ale… Ce tavernier du diable aura changé de fournisseur, car son pale ale de maintenant ressemble à l’urine de phacochère plutôt qu’à une honnête cervoise quelconque.
En disant ces mots, Footer avait rougi imperceptiblement.
Je pensai : « Toi, mon vieux !… » mais je gardai ma réflexion pour moi.
— Et Carmen ? fis-je tout bas.
— Carmen est une jolie fille qui aime beaucoup son père.
Quelques amis, des peintres, entrèrent à ce moment et je n’insistai pas, mais fatalement la conversation tomba sur la damnante Carmen.
Footer en parla avec un enthousiasme débordant, et, comme un jeune homme évoquait à cette occasion le souvenir de la Femme de feu de Belot, Footer l’interrompit brutalement.
— Taisez-vous, avec votre Belot, la Femme de feu de ce littérateur n’est, auprès de Carmen, qu’un pâle iceberg.
Ah ! les chemins de fer sont une belle
invention ! S’ils n’ont point le pittoresque des
diligences de nos pères, quel confortable ne
représentent-ils point ! Et quand ils n’auraient
que le mérite de raccourcir les distances ? Est-ce
vraiment à dédaigner ?
Et dire que ces chemins de fer qui causent
notre plus vive admiration seront peut-être un
jour l’objet des railleries de nos petits-neveux !
Car, tenez-le pour certain, ce serait une folie
téméraire d’assigner des limites au progrès.
La chimère d’hier est la réalité d’aujourd’hui
et la vieillerie de demain.
Nous étions assis à côté l'un de l'autre, sur un divan.
- A quoi penses-tu ? fit-elle brusquement.
- Je suis en train de calculer la surface approximative de ton joli corps, et, divisant mentalement cette superficie par celle d'un baiser, je calcule combien de fois je pourrais t'embrasser sans t'embrasser à la même place.
- Et ça fait combien ?
- C'est effrayant...Tu ne le croirais pas.
AVIS AU LECTEUR :
En dehors du plaisir que j'éprouve à embêter les mânes de Schopenhauer, je publie ce volume dans le but exclusif de me procurer quelques ressources.
Je serai donc reconnaissant aux Gens, non seulement d'acheter "A l’œil" mais encore d'en conseiller l'acquisition à leurs amis et connaissances.
L'AUTEUR.
CHAPITRES :
0:00 - Titre
F :
0:06 - FLATTERIE - Madame de Sévigné
0:15 - FOU - Delphine Gay
0:25 - FOULE - George Sand
G :
0:34 - GAIETÉ - Robert Poulet
0:46 - GOUVERNEMENT - Marmontel
H :
0:58 - HABITUDE - Pierre-Adrien Decourcelle
1:09 - HOMME - Victor Hugo
1:19 - HOMME ET FEMME - Alphonse Karr
1:32 - HONNÊTES GENS - Anatole France
1:46 - HORLOGE - Alphonse Allais
1:56 - HUMOUR - Louis Scutenaire
I :
2:06 - IDÉAL - Marcel Pagnol
2:17 - IDÉE - Anne Barratin
2:29 - IGNORANCE - Charles Duclos
2:42 - IMBÉCILE - Louis-Ferdinand Céline
2:55 - IMMORTEL - Jean Richepin
3:05 - INJURE - Vauvenargues
3:14 - INTELLECTUEL - Alexandre Breffort
3:25 - INTELLIGENCE - Alain
3:35 - INTÉRÊT - Albert Willemetz
J :
3:46 - JEUNES ET VIEUX - Decoly
3:56 - JEUNESSE - Jean-Bernard
4:09 - JOIE - Martin Lemesle
4:22 - JOUISSANCE - John Petit-Senn
L :
4:33 - LARME - Georges Courteline
4:46 - LIBERTÉ - Henri Jeanson
4:57 - LIT - Paul Éluard
M :
5:05 - MALADIE - Boris Vian
5:18 - MARIAGE - Édouard Pailleron
5:31 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE :
Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION :
Madame de Sévigné : https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775498-madame-de-sevigne-biographie-courte-dates-citations/
Delphine Gay : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Delphine_de_Girardin_1853_side.jpg
George Sand : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/09/George_Sand_%281804-1876%29_M.jpg
Robert Poulet : https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/poulet-robert.html
Jean-François Marmontel : https://www.posterazzi.com/jean-francois-marmontel-n-1723-1799-french-writer-stipple-engraving-french-c1800-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0085347/
Pierre-Adrien Decourcelle : https://www.mediastorehouse.co.uk/fine-art-finder/artists/henri-la-blanchere/adrien-decourcelle-1821-1892-39-boulevard-des-25144380.html
Victor Hugo : https://www.maxicours.com/se/cours/les-funerailles-nationales-de-victor-hugo/
Alphonse Karr : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9c/Personnalités_des_arts_et_des_lettres_-_Alphonse_Karr_%28Nadar%29.jpg
Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jp
Alphonse Allais : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/alphonse-allais-faits-divers.html
Louis Scutenaire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Scutenaire#/media/Fichier:Louis_Scutenaire,_rue_de_la_Luzerze.jpg
Marcel Pagnol : https://www.aubagne.fr/actualites-109/marcel-pagnol-celebre-dans-sa-ville-natale-2243.html?cHash=50a5923217d5e6fe7d35d35f1ce29d72#gallery-id-4994
Anne Barratin : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Barratin/302855
Charles Pinot Duclos
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