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U.S.A. tome 1 sur 3
EAN : 9782070376940
512 pages
Gallimard (31/01/1986)
4.08/5   197 notes
Résumé :
« Cette œuvre immense qui domine la production littéraire de sa décade », écrit le critique américain John Brown. John Dos Passos, dans 42e Parallèle, invente un genre romanesque nouveau. Prodigieux tableau des débuts du XXe siècle aux U.S.A., il fait vivre des personnages de toutes les classes sociales, introduit des actualités, des portraits au vitriol des célébrités du jour, des collages, des textes lyriques. Ainsi surgit la « comédie inhumaine » d'un monde colle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
4,08

sur 197 notes
Glorieuse jeunesse!
Mais que de travers…

John Dos Passos était le fils illégitime d'un avocat d'affaires, très lié aux trusts américains de la fin du XIXème siècle, et d'une dame de bonne famille, dans cette Virginie qui avait été si Sudiste lors de la Guerre de Sécession. Enfant, il voyage en Europe avec sa mère, qui épouse le père de John après son veuvage. Même si celui-ci tarde à reconnaître son fils… Adolescent, John étudie à Harvard - où l'on le trouve “ d'apparence si peu américaine”- puis s'engage, comme Hemingway, en tant qu'ambulancier dans les armées alliées en Italie, et commence à écrire. Ses sympathies de gauche s'amenuisent au fur et à mesure que l'expérience soviétique vire au stalinisme, et John finira homme de droite modéré, allant même jusqu'à soutenir Nixon à la fin de sa vie. Ce “42ème parallèle “, écrit en 1930, appartient à une période où il entame ce long virage.

Le roman se compose d'un corps principal, constitué de (petits) chapitres décrivant la vie d'une demie douzaine de personnages principaux, séparés par des vignettes anecdotiques donnant un autre regard sur les événements contemporains, elles-mêmes interrompues par des manchettes de journaux (“Le Titanic coule !”). Procédé audacieux pour l'époque ! le langage employé est simple, fluide, conversationnel.

On peut lire ce roman comme une série de récits biographiques, ou comme une dénonciation des vices du capitalisme outrancier, mais j'y ai plutôt vu une saga, celle de l'éclosion de la puissance américaine en ce début du vingtième siècle. Une nation, nouvelle, découvre sa puissance agricole et industrielle, reconnaît le caractère paradoxal d'une puissance fondée sur la coexistence de la richesse et de la misère, mais est emportée par sa fougue, sa jeunesse, son élan. Nous assistons aux débuts d'une percée vers le futur, qui fera une embardée lors des années trente, mais qui se ressaisira pour faire naître une superpuissance, avant d'être minée par les inégalités, les dissensions et, finalement, la surextension impériale et la bêtise .

Une lecture intéressante à notre époque, où la puissance américaine est sur le déclin et où d'autres nations se disputent l'espace qui se libère.


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Voilà un livre qui trainait dans ma bibliothèque depuis plusieurs dizaines d'années et qui avait résisté à mes nombreuses tentatives de lecture. Mais voilà j'y suis arrivée, au prix d'un acharnement qui est l'apanage de l'âge 😉 et dont je suis très fière.

Pourquoi tant de résistance ? Plusieurs raisons. D'abord l'histoire en elle-même : il s'agit plus d'un témoignage journalistique que d'une histoire purement inventée et romancée. le texte est très factuel. Dos Passos nous décrit plusieurs destins de façon séquentielle, ce qui nécessite une certaine dose de concentration pour s'y retrouver, d'autant plus que ces destins convergent dans une sorte d'apothéose. Car oui, contrairement aux parallèles, et la 42ème n'échappe pas à la règle, les destins convergent … enfin dans les romans.

Il y a aussi la forme du livre : la narration principale est entrecoupée de coupures de journaux, qui reprennent aussi bien des faits divers que des actualités politiques et internationales majeures, et de portraits de quidam et de célébrités. La forme de ce roman est donc tout à fait originale et précurseur.

Dos Passos nous plonge dans l'Amérique du début du XXème siècle et dresse un portrait sans concession de son pays et de ses compatriotes. Bien sûr, on retrouve un pays raciste mais aussi progressiste. Ainsi la réflexion d'une des héroïnes : « je suis contre la peine capitale comme toutes les femmes à l'esprit équilibrée. La pensée qu'une femme puisse assister à une pendaison me fait horreur. C'est une chose terrible pour l'Etat que de commettre un meurtre ». Dos Passos fait d'ailleurs la part belle à ces femmes du début du XXème siècle qui se libèrent peu à peu du carcan patriarcal.

J'ai découvert une Amérique où les pauvres rêvaient d'une révolution socialiste, où les escrocs faisaient gonfler des bulles spéculatives sur l'immobilier, où la grogne des ouvriers et des syndicats était manipulée par des lobbyistes et sapée par d'habiles campagnes de communication …. Eh oui, notre époque n'a rien inventé !
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Décidément, la littérature américaine, même la plus vantée, n'est pas ma tasse de thé. Sauf de rares exceptions, je n'arrive pas à entrer dans l'univers proposé et c'est indubitablement le cas avec John Dos Passos et le premier tome de sa trilogie, qui se veut une formidable fresque débutant dans la période précédant la seconde guerre mondiale. Mais, justement, à mes yeux, l'auteur a voulu en faire trop.

Trois types de récits se mêlent. D'abord, les présentations, de manière successive, de différents personnages qui seront, annonce l'introduction, réutilisés dans les deux autres tomes. Tous sont issus de basses classes sociales et ont en commun de peiner à s'en sortir dans ce monde capitaliste. Puis, il y a des titres d'actualités qui s'enchaînent sans ponctuation et s'entremêlent. Et enfin de courtes pages intitulées "chambre noire", qui contiennent ce que j'ai compris être des extraits d'histoires singulières tout à fait autres par rapport à l'histoire des protagonistes qui nous sont présentés.

Le seul intérêt que j'ai trouvé à lire ce livre est la comparaison que le lecteur opère inévitablement entre cette période de libéralisme à tout crin, qui oeuvrait aux dépens des travailleurs et des minorités ethniques et l'ultra libéralisme actuel. Certaines phrases sonnent et résonnent de manière très actuelle.

Toutefois, cela ne me suffit pas et je ne me plongerai pas dans les suites de cette oeuvre. Dommage.
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Quel livre!!! Quel auteur!! et surtout quel pays!!!. Dos Passos est le premier auteur américain que j'ai lu, et sans savoir pourquoi, j'ai tout de suite senti qu'il y avait quelque chose de particulier dans son écriture (et comment, vous me direz émoticône smile ): du génie, tout simplement, et surtout, de la maîtrise. Car comment arriver à embrasser cette immensité qu'est l'Amérique? je dirais même plus: cette immensité qu'est l'Amérique du début du 20ème siècle? Dans 42ème parallèle, ce n'est pas un ou deux personnages que l'on suit, ce ne sont pas que des anonymes, ou des personnages fictifs, ce n'est pas une vie, ce n'est pas une bourgade, une ville ou un Etat, mais toute l'Amérique et tous les américains. Et surtout ce n'est pas un style d'écriture, mais des styles, car il en faut pour pouvoir rendre justice à ce qu'a été ( et l'est encore peut être) une formidable machine de survie , de conquête, et de réussite. Et justement, tout au long de la lecture, je n'ai cessé de me demander ce qui fascinait tant chez les USA? ce n'est pas le seul pays a avoir eu une histoire mouvementé? des hommes et des femmes brillants? des tragédies et l'énergie pour s'en sortir? Et pourtant, qu'on le veuille ou non, nos regards sont -soit franchement, soit du coin de l'oeil- toujours tournés vers cet immense pays, à l'affût. Et la seule réponse que j'ai eue pour le moment, c'est que tout est une question de représentation, littéraire dans le cas présent. Et tout le talent de Dos Passos s'exprime dans le fait qu'il nous livre son pays tel qu'il est, sans chichi ni jérémiades, sans admiration ou exclamation, juste honnêtement, et c'est alors qu'à la fin de la lecture, il reste une impression de tristesse, devant ses destins, qui , tout en étant individuels -fruits de simples instincts de survie, et de lutte acharnée pour s'en sortir et améliorer son sort, tout en bradant d'un côté ses idéaux, ou au contraire de s'en servir comme énergie motrice - ont en quelque sorte, façonné le monde entier.
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Un vaste roman ou l'auteur façonne aussi bien plusieurs unvivers qui évoluent en parallèle et nous émeuvent par leur nature très concise et très dense à la fois. Des les premières pages, on sent qu'il va falloir s'accrocher au style qui se déploie, comme dans une espèce de rage, avec 42e parallèle.. A travers la vie quotidienne, jonchée de combat, et de lutte pour la survie et la réussite de six personnages, John Dos Passos dresse le portrait d'une Amérique du début du XXe siècle où le rude combat entre le capitalisme et le socialisme se déporte sur une farouche lutte des classes....
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Andrew Carnegie naquit à Dunfermline en Ecosse,
vint aux Etats-Unis sur un bateau
d'immigrants fut employé au bobinage dans une filature
fut chauffagiste
travailla comme commis dans une filature à deux dollars cinquante par semaine
fit le tour de Philadelphie comme porteur de télégrammes à la Western Union
apprit le Morse fut télégraphiste sur les lignes de Pennsylvanie
fut télégraphiste militaire pendant la guerre civile et
économisait toujours sa paie
dès qu'il avait un dollar il le placait
Andrew Carnegie achetait à la baisse ds actions Adams Express et Pullman;
il avait cofiance dans les communications
il avait confiance dans les transports
il croyait au fer
Andrew Carnegie croyait au fer, construisait des ponts des usines Bessemer des hauts-fourneaux des laminoirs;
Andrew Carnegie croyait au pétrole;
Andrew Carnegie croyait à l'acier;
économisait toujours son argent
dès qu'il avait un million de dollars il le placait.
Andrew Carnegie devint l'homme le plus riche du monde et mourut.

(p.310)

Quand Edison arriva à New York, il était complètement à sec et avait des dettes à Boston et à Rochester.(...) Un homme nommé Law monta un tableau électrique (invention de Calahan) donnant le cours de l'or dans les bureaux des agents de change. Edison, à la recherche d'un emploi, fauché et ne sachant où aller, tournait autour du bureau central et passait son temps avec les opérateurs lorsqu'un jour le standard général s'arrêta soudain avec un craquement au moment où les affaires étaient les plus fiévreuses; tout le monde au bureau perdit la tête. Edison monta, remit la machine en marche et décrocha un emploi de 300 dollars par mois.
En 69, l'année du Vendredi Noir, il fonda une maison de machines électriques avec un nommé Pope.
Désormais, il était établi à son propre compte. Il inventa un téléscripteur destiné aux cours de la Bourse qui se vendit. Il eut un aterlier et un laboratoire; chaque fois qu'il avait une idée il l'expérimentait. Il gagna 40.000 dollars avec le Téléscripteur Universel.

(p.349)

Thomas Edison, à quatre-vingt-deux ans, travaillait seize heures par jour.

(p.351)

Steinmetz était un bossu, fils d'un lithographe bossu.
Il naquit à Breslau en 1865, sortit à dix-sept ans du lycée de Breslau
muni de son diplôme avec tous les prix d'excellence, étudia les mathématiques à l'université de Breslau;
pour Steinmetz, les mathématiques tenaient lieu de force musculaire, de longues promenades sur les collines, des baisers d'une fille amoureuse, de soirées passées à siroter de la bière avec des amis
(
P.379)

En compagnie d'un ami danois il s'embarqua pour l'Amérique comme passager de pont sur un vieux bateau de la Compagnie transatlantique La Champagne,
vécut tout d'abord à Brooklyn et chaque jour allait à Yonkers où il avait un emploi à douze dollars la semaine chez Rudolph Eichemeyer , un exilé allemand de 48, inventeur, électricien et propriétaire d'une usine où il fabriquait des machines pour chapeliers et des générateurs électriques.
(...)
En 92, quand Eichemeyer vendit son affaire à la société qui allait devenir la General Electric, Steinmetz figurait au contrat parmi d'autres appareils de valeur. Toute sa vie, Steinmetz fut une espèce d'appareil appartenant à la General Electric.

(p.380)

Steinmetz gribouillait une formule sur sa manche, et le lendemain matin mille nouvelles usines d'énergie électrique jaillissaient et les dynamos chantaient le chant des dollars...

(p.381)

Quand il pensait à sa propre vie il se faisait pas mal de soucis. Voilà qu'il faisait le même travail jour après jour, sans espoir de gagner davantage d'argent, de s'instruire ou de voir du pays. Quand l'hiver vint, il n'y tint plus. Il avait sauvé un vieux cabriolet Ford qu'on allait mettre à la casse et l'avait rafistolé avec des pièces détachées mises à la ferraille . Il persuada Grand de partir à la Nouvelle-Orléans avec lui.

(p.458)

"La liberté de travailler pour que les patrons puissent s'enrichir ? ... la liberté de mourir de faim quand vous êtes mis à pied ? "

(p.477)
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"Dites donc, je vioudrais bien acheter un livre.
-Quel genre de livre? demanda Fainy en baillant et en se relevant.
- Vous savez, un de ces livres sur les chorus girls et les esclaves blanches et des histoires de ce genre.
- Combien voulez-vous y mettre, mon fils ? dit Doc Bingham de dessous la couverture. Nous avons un grand nombre de livres très intéressants qui exposent les faits de la vie sans rien farder et en toute liberté et décrivent les moeurs dissolues et déplorable des grandes villes, à des prix variant entre 1 et 5 dollars. "Toute la sexologie en un volume" du docteur Burnside vaut 6,5 dollars.

(pp.61-62)
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Dans le temps, en 1849, Don Enrique alla à San Francisco entraîné par la ruée vers l'or. Il n'alla pas prospecter sur les collines, il ne mourut pas de soif à force de passer au tamis la poussière d'alcali dans la Vallée de la Mort. Il vendait des équipements à d'autres gars. Il resta à San Francisco, se lança dans la politique et la haute finance, mais à la fin il s'embourba et dût s'embarquer en toute hâte.
Le bateau l'amena au Chili, il sentait qu'il y avait de l'argent au Chili.
Il était le capitalista yanqui. Il construisait le chemin de fer de Santiago à Valparaiso. Il y avait du guano dans les iles de Chincha. Meiggs sentait qu'il y avait de l'argent dans le guano. Il tira une fortune du guano, devint une puissance de la côte Ouest, il jongla avec les chiffres, les chemins de fer, les armées, la politique des caciques et des politicos locaux; ils étaient tous des jetons dans un énorme jeu de poker.

(p.285)
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En allant avec Fred Hoff prendre son petit déjeuner à la boîte chinoise il essaya de lui dire qu'il allait retourner à San Francisco pour se marier.
"Mac, tu ne peux pas faire ca; nous avons besoin de toi ici ." "Mais je reviendrai, je t'en donne ma parole Fred." " Il n'y a pas de devoir qui passe avant la classe ouvrière" dit Fred Hoff.
"Dès que le gosse sera né et qu'elle pourra reprendre le travail je reviendrai. Mais tu sais ce que c'est, Fred, je ne peux pas payer les frais d'hôpital avec 17,5 dollars par semaine.
-Fallait être plus prudent.
- Mais Fred je ne suis pas de marbre, je suis comme tout le monde. Qu'est-ce qu'il te faut, que nous soyons des saints de plâtre alors ?
-Un membre des IWW ne doit avoir ni femme ni enfants, pas avant la révolution.

(pp.125-126)
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Mrs.Robinson était une petite femme aux cheveux gris et à la poitrine plate, dont la voix avait l'accent perçant du Kentucky et Janey la comparait à une voix de perroquet. Elle était exigeante, et toutes les règles de la politesse étaient observées dans son bureau. "Mrs.Williams, criaillait-elle, se renversant sur sa chaise, il faut que le manuscrit du juge Roberts soit terminé aujourd'hui à tout prix...Ma chère, nous avons donné notre parole et nous la tiendrons quand bien même cela devrait nous obliger à rester ici jusqu'à minuit. Noblesse oblige, ma chère" et les machines à écrire tintaient et dansaient, et les doigts de toutes les jeunes filles s'affolaient ...

(p.177)
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Videos de John Dos Passos (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Dos Passos
Paru en 1929, grand succès de librairie, aussitôt traduit en plusieurs langues et adapté à la radio et au cinéma, Berlin Alexanderplatz d'Alfred Döblin est un monument de la littérature allemande au temps de la République de Weimar. Visiblement inscrit dans le sillage d'Ulysse de Joyce (1922) ou de Manhattan Transfer de Dos Passos (1925), même si l'auteur a contesté s' être inspiré d'eux, il participe du renouvellement moderniste du genre romanesque et le procédé du « montage », à l'époque tour à tour exalté et décrié, semble y servir une exploration nouvelle du monde urbain. Pourtant, écrivain prolixe et passionné de questions philosophiques, Döblin n'en était pas en 1929 à son coup d'essai et l'intérêt de Berlin Alexanderplatz dépasse peut-être aujourd'hui celui d'un grand « roman de la ville ».
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, le dossier "Berlin Alexanderplatz, portraits d'une ville" en lien avec la rencontre : https://balises.bpi.fr/dossier/berlin-alexanderplatz/
Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou
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