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EAN : 9782021084399
471 pages
Seuil (18/04/2013)
  Existe en édition audio
3.76/5   731 notes
Résumé :
Adolescent, Bill est troublé par ses béguins contre nature pour son beau-père, ses Camarades de classe, et pour des femmes adultes aux petits seins juvéniles. Plus tard, il assumera son statut de suspect sexuel, et sa vie entière sera marquée par des amours inassouvies pour les hommes, les femmes et ceux ou celles qu'on appellera bientôt transgenres. Dans ce roman drôle et touchant, jubilatoire et tragique, John Irving nous parle du désir, de la dissimulation et des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (137) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 731 notes
« Le plus difficile dans l'ouverture d'esprit c'est la gestion des courants d'air »
Me revient en tête cette réflexion de... je ne sais pas qui, mais fort à propos car ce dernier roman d'Irving fait précisément dans la turbulence en matière de largeur d'idées.

Bisexualité, homosexualité, transgenre... avis de grand frais sur l'Amérique bien-pensante des années cinquante où ces thèmes inconvenants soulevaient – soulèvent encore – intolérance et sectarisme saumâtres.

« A moi seul bien des personnages », une fiction à tiroirs emmenée par ce titre habilement emprunté (pour la version française) au théâtre de Shakespeare, omniprésent au long des aventures de cet autre William qui en sera le narrateur. A lui seul, en effet, bien des personnages, bien des histoires d'amour et bien des introspections.

N'allons pas réduire néanmoins ce roman à un éloge primaire de la diversité sexuelle. Car Irving ici ne glorifie pas plus qu'il ne juge ou s'apitoie. Il raconte, simplement, avec humour et justesse. Il dit les sentiments, les désirs, le sexe, et les tourments universels qu'ils induisent. Ainsi, quelles que soient les ambiguïtés de ses personnages, c'est d'abord la quête d'identité, de tolérance et d'amour qui constitue à mon sens le coeur de cette oeuvre infiniment attachante et le point commun des âmes complexes qui escorteront l'ami William sur plusieurs décennies captivantes.

Alors à ceux qui nient la réalité des différences et la fatalité des émotions, ça ne peut pas faire de mal, essayez donc ce roman.

A ceux qui ont déjà tout compris... raison de plus, lisez-le aussi.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Quel plaisir de retrouver le grand Irving, celui du 'Monde selon Garp' ou de 'L'Hôtel New Hampshire', après ses derniers romans qui m'avaient paru un peu fades... Fade, 'À moi seul bien des personnages' ne l'est pas du tout, mais plutôt irrévérencieux, politiquement incorrect et pour tout dire assez barré. Et génial, en tout cas à mes yeux.

Comme quoi, Irving a le talent de transformer n'importe quoi en grand livre, y compris une vie de gentil n'importe quoi comme celle de Billy Abbott ou un texte de grand n'importe quoi comme celui-ci, avec sans arrêt des digressions, des sauts dans le temps et des analyses littéraires de Shakespeare ou Ibsen...

'A moi seul bien des personnages' est à la fois un roman d'apprentissage classique, celui du narrateur Billy, et un roman sur les différences sexuelles : homosexualité, bisexualité, travestissement, transsexualité. Car Billy est bisexuel, d'une part, et d'autre part côtoie toute sa vie des gens sexuellement hors norme, de sa famille totalement improbable à ses élèves 'en devenir', sans oublier ses amis, ses partenaires et ses mentors...

L'idée n'est évidemment pas de faire un catalogue des particularités sexuelles de chacun, mais de raconter l'amitié, l'humour, l'amour, le désir, les belles rencontres, les moments tragiques, les doutes, les souffrances. La vie comme elle est, en somme, même quand on est 'bêtement' hétéro comme moi, mais avec en prime une tranquille exhortation au respect et à la tolérance.

Un livre à lire pour tout ça, donc, mais aussi pour le plaisir d'apprendre à faire un duck-under comme les lutteurs, pour se rappeler qu'il faut penser 'préservatif' dans certaines circonstances, pour découvrir qu'on peut rencontrer l'amour de sa vie en lisant 'Madame Bovary' aux toilettes, pour savoir ce que devient le canard chez Ibsen, et pour rencontrer pêle-mêle Elaine, le grand-père, Miss Frost, Kitteredge, Larry, Tom, Donna, Gee, Richard et Muriel-de-quoi-j'me-mêle.
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Billy a quinze ans lorsque le récit de son histoire commence. Il voit bien qu'il n'est pas attiré par le même type de personne que ses camarades. La Nature s'est jouée des conventions et lui a attribué des goûts que la société réprouve, « le terrible fléau de la morale publique », comme il le lira plus tard dans le roman « La chambre de Giovanni » de James Baldwin.
Il y a pourtant Miss Frost, la bibliothécaire, femme à la quarantaine énigmatique avec sa poitrine prépubère et ses épaules carrées dont il est secrètement amoureux. Elle pourrait être la parade à ses déviances même si elle est une femme d'âge mur, et l'aider à réaliser sa vocation : devenir écrivain.
Son père a fui le foyer dès son plus jeune âge pour des raisons que seul un « honteux » secret de famille saurait justifier. le jeune Bill évolue dans une famille de théâtreux. Sa mère est souffleuse, pendant que son grand-père se travestit sur scène pour endosser les rôles des héroïnes des pièces qu'ils jouent.
John Irving narre avec toute l'humanité et la vraisemblance, les errances sentimentales et libidineuses d'un jeune homme.
Il est cet auteur dont la particularité est de commencer l'écriture de son manuscrit par la dernière phrase :
« Ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître ! C'était ce qu'elle m'avait dit, et je ne l'avais jamais oublié. Faut-il s'étonner que je l'aie répété à mon tour au jeune Kittredge de toutes les certitudes, fils de mon ancien bourreau du coeur et amour interdit ? »
Phrase qui annonce bien toute la thématique de ce remarquable opus de l'oeuvre de cet auteur.
Architecte des mots, John Irving battit cette histoire comme une cathédrale dédiée à la souffrance morale et au calvaire intérieur que vivent bien des personnes égarées par le propre de leur nature tourmentée. Comme tout lieu saint, le roman-sanctuaire de John Irving invite au calme du recueillement, à la réflexion et à l'introspection. Au loin s'entendent les cris de ces païens, étrangers à cette scandaleuse religion, sans jamais troubler, perturber les convictions de ces âmes perdues pour la société impie et moralisatrice.
« A moi seul bien des personnages » est un roman qui, sans jamais tomber dans l'écueil du drame, avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance, transcende la notion de liberté individuelle. C'est un hymne au droit de chacun de disposer de sa vie comme bon lui semble et un camouflet aux hordes de hyènes « bien-pensantes », à cette couarde foule, cette meute de furies à la condamnation facile, cette horde d'individus sclérosés par leurs frustrations, cette ignorance mère de toutes les abjectes bêtises.
John Irving délivre un message de paix et d'apaisement face aux tensions qui agitent trop souvent une société qui ne tolère pas la cohabitation des différences.
La richesse d'une société comme d'une vie est dans sa diversité (dixit votre dévoué).
Traduction de Josée Kamoun et Olivier Grenot.
Editions du Seuil « Points », 590 pages.
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Autant vous l'avouer même si j'en ai honte : j'ai frôlé la catastrophe. Un roman de John Irving, avec un si joli titre, et pourtant…j'ai bien failli m'y ennuyer. Je me suis demandé si j'allais le terminer, j'ai cru me perdre dans cette concentration invraisemblable de personnages sexuellement ambigus.
Heureusement, juste avant que je me résigne à chausser mes souliers de plomb pour aller au bout de ce pavé, la magie a opéré et je ne l'ai plus lâché.

Et donc, sous les auspices de Shakespeare et d'Ibsen, de Flaubert et Dickens, le rideau se lève sur le narrateur, Billy, jeune adolescent qui se cherche une identité sexuelle. Précisons que nous sommes au fond du Vermont, dans l'Amérique des années 60. La quête de Billy est donc par définition discrète et délicate, à une époque où l'homosexualité est encore considérée comme une maladie qu'il faut soigner. Déjà pas aidé par le contexte austère, Billy ne peut guère compter sur des repères familiaux solides : un père très vite volatilisé après sa naissance, une mère fragile voire hystérique, un grand-père jouant exclusivement des rôles féminins dans la troupe de théâtre amateur locale, une grand-mère et une tante (et même une cousine) castratrices.
Troublé par les « béguins » qu'il éprouve à la fois pour son beau-père, Miss Frost la bibliothécaire, et Kittredge, le lutteur-vedette du lycée, le jeune Billy ne sait plus à quel sein (non, ce n'est pas une erreur) se vouer.
Chronique d'une vie passée à se chercher, se cacher (années 60), s'affirmer (années 70), justifier ses orientations sexuelles (années 80), s'excuser presque de ne pas être mort du sida (années 90), puis enfin à s'épanouir (années 2000), A moi seul… déroute au début en zigzagant sans cesse entre les époques et les digressions.
C'est souvent cru, rarement vulgaire. Même si on trouve quasiment à toutes les pages le mot « sexuel » avec sa panoplie de préfixes (hétéro-, homo-, bi-, trans-), sans oublier la catégorie « travesti » et le sens nouveau (pour moi) des mots « actif » et « passif », on reste dans le grand style d'un grand écrivain.
Avec le théâtre pour thème secondaire, ce roman ne pouvait qu'osciller constamment entre comédie et tragédie : personnages et situations cocasses, chapitre bouleversant mais sobre sur le drame du sida.
Moins drôle que le Monde selon Garp, carrément triste si on le compare à L'épopée du buveur d'eau, on retrouve cependant une férocité de ton quand Irving flingue l'intolérance de l'Amérique puritaine.
Ce n'est peut-être pas le meilleur Irving, mais à ce niveau-là, on est de toute façon bien au-dessus de la moyenne…
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De son père, William Abbott n'a gardé que très peu de souvenirs. Pourtant, très jeune, il s'interroge sur ce qu'a pu lui transmettre celui que sa mère a surpris ''embrassant une autre personne''. Ce n'est certainement pas de cet homme sorti très vite de sa vie et qualifié par sa grand-mère et sa tante Muriel de coureur de jupons qu'il tient ses ''béguins contre nature'', celui par exemple pour Richard Abbott, jeune professeur à la First River academy, talentueux metteur en scène de la troupe de théâtre de l'école. de son grand-père Harry alors ? Lui qui a fait les beaux jours du théâtre municipal en y interprétant merveilleusement les plus beaux rôles de femmes, à la tête d'une scierie à la ville, dans ses corsets de taffetas à la scène. Mais son penchant coupable pour Richard disparait quand celui-ci épouse sa mère et lui donne son nom, mettant définitivement hors-jeu le coureur de jupons. Installée dans un logement de fonction au sein de l'école, la nouvelle famille se lie avec les Hadley. Elaine devient sa meilleure amie, tandis qu'il fantasme sur sa mère. Ses béguins se font divers et variés, les plus remarquables étant Miss Frost, la bibliothécaire, femme mûre aux seins d'adolescente et Jacques Kittredge, le capitaine macho de l'équipe de lutte dont Elaine s'éprend également. Malgré un contexte hostile, William grandit et se construit dans la bisexualité, passant d'hommes en femmes, certaines même transgenres. Des années 50 aux années 2000, il déroule sa vie, du Vermont à Vienne, de New-York à Madrid, se refusant à choisir entre ses préférences sexuelles.



Comme à son habitude, John Irving a mis un peu, beaucoup, de lui dans son dernier roman. On y retrouve ses thèmes de prédilection, puisé dans sa propre biographie. William Abbott est donc un écrivain en devenir, élevé sans son père, éduqué dans une école de garçons où la lutte est le sport en vue et qui séjournera à Vienne pendant ses études. Mais bien sûr le jeune Billy n'est pas John Irving dont il diffère par sa sexualité problématique à ses débuts puis de plus en plus assumée. Ces ''béguins contre nature'', ces ''erreurs d'aiguillage amoureux'' sont le prétexte à une critique de l'Amérique bien-pensante où l'homosexualité est une déviance, une maladie mentale que l'on doit soigner. En Europe, son héros se libère de ses entraves morales mais son cas est toujours difficile à gérer; le bisexuel est mal vu par les hétéros comme par les homos. Mais au-delà des problèmes, A moi seul bien des personnages est surtout un hymne à la liberté et à la tolérance. Sans parti pris, ni jugement, Irving raconte une communauté qui a beaucoup souffert. Ses pages sur les années sida, fortes et pudiques, sont à la hauteur du Philadelphia de Jonathan Demme. Son Billy Abbott nous promène dans un monde et des pratiques parfois inconnus, mais sans militantisme ou revendications. Homosexuels, actifs et passifs, bisexuels, mais aussi transgenres prennent une réalité que certains voudraient ignorer dans le meilleur des cas, éradiquer dans le pire.
Un roman où il est difficile d'entrer à moins d'être féru du théâtre de Shakespeare ou d'Ibsen, puis, petit à petit, la magie d'Irving opère. Billy Abbott devient un intime, un ami et l'on s'immerge dans la petite communauté de First Sister, Vermont, et tous ses habitants deviennent des familiers que l'on peine à quitter. Encore une fois, John Irving signe un livre essentiel pour faire réfléchir, rire et s'émouvoir. Une réussite de plus pour celui qui depuis toujours prône la liberté de pensée, le droit à la différence, la tolérance. A lire !
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critiques presse (16)
Chatelaine
26 octobre 2013
Malgré un début de roman ardu – il y est beaucoup question de théâtre et de Shakespeare, ce qui peut rebuter, l’histoire finit par happer, car l’auteur sait s’y prendre pour maintenir l’intérêt.
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Actualitte
08 juillet 2013
Chez Irving, les personnages pittoresques abondent, comme si un même village avait miraculeusement concentré la moitié des marginaux de la planète. [...] Ce roman au style alerte dépasse largement la galerie de portraits animés de même qu'un militantisme libertaire et humaniste.
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LePoint
05 juillet 2013
Un sujet difficile, qui déjoue les certitudes et les idéaux politiquement corrects ou incorrects, mais traité avec un brio extrême. Mais ce n'est ni un essai sur la sexualité en Amérique au cours des quarante dernières années ni un plaidoyer pour le polymorphisme sexuel. Une célébration de la littérature. Un roman, foisonnant, tragique, comique.
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Telerama
26 juin 2013
Il avait perdu sa magie. Avec ces personnages-là, déraisonnables, John Irving renoue avec l'épique dans un hymne tonitruant au désir et à la tolérance.
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LaPresse
27 mai 2013
À moi seul bien des personnages, a le pouvoir d'évocation et le souffle épique de son célèbre Monde selon Garp, façon XXIe siècle. Diversité sexuelle, LGBT, sida mais aussi tous les motifs récurrents de l'oeuvre d'Irving figurent dans cette vie de Billy Abbott, racontée à la première personne du singulier.
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Bibliobs
13 mai 2013
Le grand écrivain américain publie un formidable roman qui retrace, depuis les années 1950, une autre histoire de la sexualité et de l'homosexualité aux Etats-Unis. Rencontre en pleine actualité du mariage pour tous.
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Lexpress
02 mai 2013
Dans le foisonnant A moi seul bien des personnages, John Irving évoque cette fois le destin d'un homme bisexuel, des années 1950 à 2010, en proie aux doutes et à l'intolérance de son époque. Un livre qui trouve un écho certain avec l'actualité récente, mais qui confirme surtout la maestria d'un romancier encore passablement énervé.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
29 avril 2013
Dans la tradition du "Monde selon Garp", John Irving plaide pour la diversité sexuelle et l’acceptation de la loi du désir. C’est aussi un hymne à Shakespeare et au roman.
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LeMonde
22 avril 2013
A moi seul bien des personnages fait naître, comment dire ?, une joyeuse impression de retrouvailles [...] Ironie ravageuse, provocation tranquille, obsessions burlesques, débauches priapiques, sexe et névroses à tous les étages... : c'est bien du meilleur Irving qui nous parvient aujourd'hui.
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Liberation
22 avril 2013
Du désir, beaucoup. Mais souvent difficile à assouvir. Du secret comme seules les familles savent en forger. Du tourment. Celui que ressentent les sexuellement différents. Et puis de la lutte, toujours. La vraie, celle qui fait suer les corps qui s’affrontent à pleines mains. En sous-texte, du Shakespeare, du Dickens, et du Flaubert...
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Culturebox
19 avril 2013
John Irving a écrit treize romans. Le dernier, "A moi seul bien des personnages" (Seuil), concentre toutes ses obsessions d'écrivain depuis les années 70. Au fil d'une œuvre magistrale, John Irving est à lui seul bien des personnages, en voici une liste non exhaustive.
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Culturebox
19 avril 2013
"A moi seul bien des personnages" est un roman politique et humaniste, qui défend une certaine idée de la tolérance, dans un monde où chacun doit pouvoir trouver sa place et jouer sa partition.
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LeFigaro
19 avril 2013
On termine cet éloge de la différence et de la tolérance avec la curieuse sensation d'un grand vide. Et la furieuse envie de se replonger dans Le Monde selon Garp et Une prière pour Owen. Ou alors de relire De grandes espérances et ­Madame Bovary, dont Irving souligne, à juste titre, que la découverte peut changer une vie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
17 avril 2013
Le roman, lui, ambitieux, intelligent et bourré d'humour, satisfait. Et au-delà. Avant de se jeter à l'eau, prendre une longue inspiration : c'est dense...
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
11 avril 2013
Dans ce livre baroque, bavard, bravache, John Irving a beau distiller à nouveau de nombreux éléments autobiographiques, Bill n'est pas son double. C'est l'évocation poignante, alternant humour et gravité, de la solitude d'un individu bisexuel qui s'efforce de devenir "quelqu'un de bien".
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
21 janvier 2013
John Irving revient sur l'épidémie de sida qui a touché les États-Unis et sur le silence des gouvernants de l'époque, faisant sûrement de son treizième roman son livre le plus politique depuis Une Prière pour Owen, en 1989. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à son humour.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (131) Voir plus Ajouter une citation
- C'est quoi, des soutiens-gorge d'entraînement, Richard? lui demandai-je apparemment de but en blanc.
(...)
- Ecoute, je ne suis pas expert en la matière, commença Richard, mais je pense que ce sont des soutiens-gorge conçus pour les très jeunes filles, leur premier soutien, en quelque sorte.
- Mais pourquoi d'"entraînement"?
- Eh bien, Bill, voilà comment ça marche, selon moi: quand une fille voit ses seins pointer, elle leur met un soutien-gorge d'entraînement, le temps qu'ils comprennent à quoi ça sert.
J'étais sidéré. Littéralement. (...) L'idée que les seins aient quelque chose à comprendre était tout aussi nouvelle et perturbante pour moi. Et pourtant mon amour obsessionnel pour Miss Frost m'avait révélé que mon pénis pouvait lui aussi avoir des pensées parfaitement autonomes. Alors si les sexes pensaient, j'étais prêt à admettre que les seins puissent avoir eux aussi une opinion personnelle.
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Prends ton temps, William. Savoure, au lieu de bâfrer. Et quand tu aimes un livre, prends une de ses plus belles phrases - celle que tu préfères - et apprends-la par cœur. De cette façon, tu n'oublieras pas le style de l'histoire qui t'a ému aux larmes.
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- Ecoute, tu as envie de faire l'amour, ou pas ? J'ai envie d'essayer le rapport vaginal, Billy : je te le demande, pour l'amour de Dieu ! J'ai envie de savoir ce que ça fait !
- Soit.
Bien entendu, je mis un préservatif ; j'en aurais mis deux, si elle me l'avait demandé. […]
- Oh putain ! s'écria Esmeralda, c'était prodigieux !
J'étais moi-même épaté -et soulagé. J'avais aimé ça, c'est peu de le dire, j'avais adoré ! Etait-ce aussi bien - ou mieux- que le rapport anal ? Eh bien, c'était différent. Pour être diplomate, quand on me le demande, je dis toujours que j'aime autant l'un que l'autre. Mes appréhensions autours du vagin étaient infondées.
Mais, hélas, je fus un peu lent à réagir au "putain !" d'Esmeralda et à son "c'était prodigieux !". J'étais en train de penser combien ça m'avait plu, mais je n'en disais rien.
- Billy ? demanda Esmeralda. C'était comment pour toi ? Tu as aimé ?
Notre problème, à nous romanciers, c'est que, plus encore que le commun des mortels, quand nous suivons une idée, même si nous n'en disons rien, nous n'arrivons pas à nous interrompre.
- Ca n'a rien d'un hall de gare, résumai-je simplement pour la pauvre Esmeralda, au terme d'une journée pareille.
- Ca n'a rien d'un quoi ?
- Euh, c'est une expression vermontoise, bredouillai-je, c'est une manière de parler.
- Mais pourquoi dire quelque chose de négatif ? me demanda Esmeralda. " N'a rien d'un machin-chose", c'est négatif. Ca m'a tout l'air d'exprimer une déception monumentale.
- Alors là, pas du tout. J'ai adoré ton vagin ! m'écriai-je. (...)
- Je ne suis pas un hall de gare, pourquoi pas un gymnase, une cuisine, pendant que tu y es ?
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Je commencerais bien par vous parler de Miss Frost. Certes, je raconte à tout le monde que je suis devenu écrivain pour avoir lu un roman de Charles Dickens à quinze ans, âge de toutes les formations, mais, à la vérité, j'étais plus jeune encore lorsque j'ai fait la connaissance de Miss Frost et me suis imaginé coucher avec elle. Car cet éveil soudain de ma sexualité a également marqué la naissance tumultueuse de ma vocation littéraire. Nos désirs nous façonnent : il ne m'a pas fallu plus d'une minute de tension libidinale secrète pour désirer à la fois devenir écrivain et coucher avec Miss Frost - pas forcément dans cet ordre, d'ailleurs.
La première fois que j'ai vu Miss Frost, c'était dans une bibliothèque. J'aime bien les bibliothèques, même si j'éprouve quelques difficultés à prononcer le vocable. J'ai comme ça du mal à articuler certains mots : des noms, en général - de personnes, de lieux, de choses qui me plongent dans une excitation anormale, un conflit insoluble ou une panique absolue. Enfin, c'est ce que disent les orthophonistes, logopédistes et autres psychanalystes qui se sont penchés sur mon cas - hélas sans succès. En primaire, on m'a fait redoubler une année en raison de mes "troubles sévères du langage", diagnostic très excessif. J'ai aujourd'hui largement passé la soixantaine, je vais sur mes soixante-dix ans, et comprendre la cause de mon défaut de prononciation est le cadet de mes soucis. Pour faire court, l'étiologie, je m'en contrefous.
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La mémoire est un monstre ; on oublie, pas elle. Elle archive ; elle tient à disposition ou bien elle dissimule. Et puis elle nous rappelle avec une volonté qui lui est propre. On croit avoir de la mémoire, on se fait avoir par elle. » Là encore, je persiste et signe.
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