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Patrick Bouthinon (Traducteur)Martine Passelaigue (Traducteur)
EAN : 9783822861653
95 pages
Taschen (10/04/2000)
4.1/5   25 notes
Résumé :
Amedeo Modigliani le scandaleux, cible ou coqueluche de la presse populaire

Amedeo Modigliani était pour ses contemporains l'exemple même de la vie de bohème parisienne, à la fois cible et coqueluche de la presse populaire, sujet d'inspiration pour de nombreux romans, pièces ou films.

Modigliani le scandaleux s'est surtout fait un nom en tant qu'artiste grâce à ses fameux portraits de femmes aux yeux en amande, aux cous et aux corps al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
MODIGLIANI… Ses modèles finissent par tous se ressembler, les nobles et les gueux, la gitane et le zouave, le paysan et le collectionneur : les cous allongés, les nez lancéolés, les visages efflanqués, les corps étirés, les yeux réduits à leur contour. L'exigence de la pureté, de la beauté antique, l'auto-restriction, la linéarité des formes aux pourtours légèrement arqués, l'abstraction, l'asymétrie, ces caractéristiques de Modigliani sont son image de marque et le rendent reconnaissable entre mille.
J'ai trouvé le livre de Doris Krystof, ayant pour un deuxième titre « La poésie du regard », il y a trois ans, dans une petite pile de livres abandonnés, sur mon chemin habituel au sport, et, curieusement, à l'emplacement d'un peuplier géant, alors récemment coupé à mon regret brûlant. Tout neuf, il avait la vocation de combler ma lacune. Jusque-là j'aimais Modigliani sans vocabulaire, sans le support raffiné des historiens de l'art.
Contente, j'ai feuilleté mon acquisition sur-le-champ, mais distraitement. Je ne me suis pas jetée sur l'étude de l'ouvrage, on ne sait pas pourquoi, sceptique sur la possibilité de distinguer l'artiste de l'homme, puis le vrai Modigliani de la figure romanesque, enfin Modigliani de Gérard Philipe dans « Montparnasse 19 ». Car il incarne par excellence la séduction, l'infortune, l'inclination à l'alcool et la drogue, les folles passions, jusqu'à la défenestration de son amoureuse à sa mort précoce, qui ont inspiré tant de cinéastes… D'innombrables anecdotes et légendes cachent sûrement une parcelle de vérité. Puis le temps est venu de lire l'analyse que nous offre le travail de Doris Krystof.
La peinture, selon un mythe antique, est un moyen de ressusciter le passé, de retrouver l'absent, procurer la consolation, elle est fruit de l'amour, mais en même temps, un tableau est « essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées », d'après la célèbre définition de Maurice Denis (1870-1943). Chaque créateur possède sa façon d'harmoniser ces deux dimensions de l'oeuvre peinte, et l'expérience de Modigliani, à travers le portrait, se révèle hautement intéressante.
Ce livre est riche tout en étant assez fin du point de vue de la quantité de pages. Ses illustrations rutilantes sont très nombreuses. Il est parfait pour découvrir les étapes de l'oeuvre de Modigliani sans être destiné aux experts en la matière.
Il contient cinq chapitres aux intitulés parlants. Dans « Un germe fécond », l'auteure nous rappelle l'héritage de la peinture italienne, Sandro Botticelli, entre autres, qui a ébloui Amedeo l'enfant, et qui a continué à le motiver au long de sa création. Il a, au moins, deux surnoms, Dedo, lorsqu'il est très jeune, puisant auprès de sa mère, remarquablement cultivée, le goût des arts et, qui sait, peut-être, la force promotrice, puis Modi, comme une évocation du peintre maudit, disparu en plein essor artistique.

Dans « Les piliers de la tendresse » est développé le côté sculpteur de l'artiste peu après son arrivée à Paris, la « Ville des Lumières », en 1906. On apprend, par exemple, qu'il avait eu recours à l'éclairage aux bougies pour exposer son « ensemble décoratif » et non ses oeuvres isolées. Ces pierres dans une pénombre vacillante impressionnent comme une scène d'exorcisme.
Dans le 3ème chapitre, « C'était un aristocrate », est brossé le profil de l'artiste qui se démarque parmi les « -ismes » prédominants (fauvisme, cubisme, futurisme, orphisme, dadaïsme) en tant qu'un marginal. Il abandonne son temps pour un idéal iconique. Dans cette partie de l'ouvrage, on peut voir plusieurs portraits que Modigliani a réalisés de ses contemporains renommés, amis et collègues : Max Jacob, Pablo Picasso, Moïse Kisling, Chaïm Soutine, Jacques Lipchitz, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Beatrice Hastings.
Le 4ème chapitre, « le deuxième temple de la beauté », est dédié aux nus et leur nudité érotique frappante, tout à fait exempte de l'académisme.
Le dernier chapitre, « Un oui muet à la vie », expose la période passée dans le Midi de la France à partir de 1918 alors que les Allemands bombardent Paris. Ici son inspirateur est Cézanne. Modigliani restera pour nous un peintre qui lit, des poètes, Dante, Baudelaire, mais aussi le philosophe Henri Bergson dont il traduit en peinture l' « attente créatrice » et la vision optimiste de l'homme. Modigliani s'essaye également au paysage et peindra au moins 25 fois Jeanne Hébuterne, sa nouvelle compagne, la mère de son enfant et son éternelle fiancée.
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Une belle monographie de Modigliani par Doris Krystof, lue pour préparer ma visite de l'exposition consacrée au peintre, à Villeneuve d'Ascq.
L'iconographie est magnifique avec de belles reproductions, l'analyse de sa démarche artistique est bien documentée pour permettre de mieux comprendre son œuvre. Modigliani recherche une représentation spirituelle de ses modèles et construira des archétypes, dénués de tout anecdotisme , privilégiant une esthétique reposant sur les lignes, l'absence de fond qui pourrait distraire le regard, des formes allongées qui s'inscrivent pleinement dans les représentations archaïques et dans l'art africain, avec toujours en ligne de mire une très grande connaissance de l'histoire de l'art. Un artiste marginal, cérébral qui a construit une esthétique très reconnaissable mais qui ne s'est toutefois jamais intégré dans l'un des nombreux mouvements artistiques des années 20.
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Le livre présente la personnalité et de l'histoire de l'artiste, mi-biographie, mi-description des tableaux de son oeuvre.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
[Le philosophe Henri Bergson] , comptait parmi les lectures préférées de Modigliani. Dans son œuvre majeure, il oppose à la vision rationaliste et déterministe de la vie, le concept vitaliste et dynamique de l’ « élan vital » qui, et c’est une première dans l’histoire de la philosophie, repose non sur des catégories objectives prédéterminées, mais sur l’expérience subjective de l’homme. Dans sa vision optimiste, le bergsonisme proclame que l’homme est l’artisan de sa propre vie. L’expérience du moi au cours du temps surpasse toutes les prémisses de la raison. Cette philosophe engendra une approche totalement inédite de l’être humain et de l’existence, qui exerça sur de nombreux artistes une influence considérable. Et le concept bergsonien de la durée, qui fonde la perception humaines du temps sur les théories mathématiques traditionnelles, ou son exposé sur l’ « attente créatrice », durant laquelle l’évolution du moi s’accomplit, n’ont, semble-t-il, pas épargné Modigliani non plus. « L’instinctif », qui s’appose chez Bergson à la conscience rationnelle, et le « oui muet à la vie », que Modigliani mentionne en présence de Soutine, constituent ici un premier indice. Il se manifeste dans ses figures supra-individuelles à travers la dissolution de toutes catégories ou actions extérieures. Leur activité même ne peut mieux se définir que par le mot « attente ». Ses personnages assis, retournés sur eux-mêmes, les mains croisées sur les genoux, le regard incliné vers la droite ou la gauche, ont le temps avec eux, incarnent la durée et sont entièrement avec eux-mêmes.
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Berthe Weill* fut convoquée au commissariat. « J’ai traversé la rue sous les applaudissements et les plaisanteries de la foule, et escaladais ainsi les marches du commissariat », relata plus tard Jeanine Warnod dans son livre « La Ruche et Montparnasse ». « Le bureau du commissaire est plein de clochards […] Je lui demande : Vous m’avez fait demander ? — Oui ! Et je vous ordonne de décrocher toute cette camelote ! Je hasarde une remarque : Certains connaisseurs sont d’un autre avis […] Mais qu’est-ce qu’ils ont fait de mal ces nus ? — Ces nus ! […] Ils ont des poils pubiens ! Et il se rengorge, encouragé par les rires approbateurs des pauvres diables qui sont parqués là, poursuivant : Si vous ne vous exécutez pas immédiatement, je fais tout confisquer par mes hommes ! Vous imaginez le tableau […] : chaque policier avec un des beaux nus de Modigliani dans les bras […] J’ai fermé la galerie sur-le-champ, et mes invités m’ont aidée à décrocher les tableaux. »
La censure de l’unique exposition individuelle a un arrière-goût bizarre dans la biographie de Modigliani. Il est tout de même curieux que ce soit lui, qui poursuivait inlassablement une beauté et une idéalité héritées de la Renaissance et se tenait à l’écart des excès provocateurs de l’avant-garde, qui soit à l’origine d’un éclat qui, par ailleurs, semble taillé sur mesure pour s’intégrer dans le maquis des légendes collant à la personne de Modigliani.

* La propriétaire de la galerie rue Taitbout, près de l’Opéra, et marchande de tableaux assez engagée.
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Au milieu de la décennie 1880, elle [Eugénie Modigliani] met au monde son quatrième et dernier enfant, Amedeo ; c’est alors que l’entreprise familiale — un négoce de bois et charbon—, frappée de plein fouet par la crise économique qui sévit en Italie, est déclarée en faillite. Eugénie Modigliani se lance dans la traduction de poèmes de Gabriele d’Annunzio, publie sous un pseudonyme des critiques littéraires et donne des cours particuliers, assurant ainsi à la famille un revenu salutaire. C’est à elle aussi, à son ouverture d’esprit, à son étonnante culture que Modigliani doit d’accéder très tôt au monde de l’art et de la littérature.
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Il existe une différence fondamentale entre une plastique où l’on procède par rajouts de matériau, et celle au contraire, où l’on en soustrait, à partir d’un bloc de pierre ou de bois.
[…] Lorsque Modigliani, qui n’avait suivi aucune formation pour cela, opte pour la sculpture sur pierre, plus ardue, et refuse délibérément de travailler le plâtre, la terre ou l’argile — comme le faisait Rodin — , […] il est tout de même étonnant de voir comment ce néophyte réussit d’emblée à créer une unité stylistique. Chaque tête est immédiatement identifiable comme étant de Modigliani.
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Il était obnubilé par la sculpture. […] Il se fit apporter un bloc de grès devant son atelier et se mit au travail directement dessus. De même qu’il pouvait se laisser aller à la paresse, à l’oisiveté la plus totale, de même il se lança à corps perdu dans le travail. Dès les premières lueurs matinales, le métal cliquetait entre ses doigts. Il a taillé toutes ses sculptures directement dans la pierre. Il n’a jamais touché ni la terre, ni le plâtre. Il se sentait une vocation pour la sculpture et à certaines périodes, la pulsion se réveillait. Il rangeait alors son attirail de peintre et empoignait le marteau.

(page 25, témoignage du peintre Curt Stoermer)
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