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Joseph Vebret (Éditeur scientifique)
EAN : 9782290014967
92 pages
Librio (25/11/2009)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Connaissez-vous vraiment Ronsard, La Fontaine ou Zola ?

L'histoire de la littérature érotique est intimement imbriquée dans celle de l'humanité. Elle caresse les dogmes et les interdits, taquine la liberté et la morale, pénètre sous le manteau ou se livre à nu en plein jour. Certains auteurs s'en revendiquent ; d'autres se drapent dans une dignité de vierge effarouchée, tel le " divin marquis " qui niera jusqu'à son dernier souffle être le géniteur d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
" Connaissez-vous vraiment Ronsard, La Fontaine ou Zola ?"

Belle formule choisie par l'éditeur pour interpeller le lecteur curieux : une petite (ré) exploration de la littérature française de la Renaissance (avec Louise Labbé pour l'ouverture) et la Belle Epoque (et c'est Pierre Loüys qui clôt le début du 20° siècle).
On passe d'auteurs très connus à d'autres tombés dans l'oubli. Chaque texte étant précédé d'une note explicative sur l'auteur, et la part d'érotisme dans son œuvre. Bien entendu, comme toute anthologie - ou recueil de poèmes - tous les textes ne se valent pas, mais cela m'a permis de voir certains auteurs autrement, ou confirmer mes goûts.

Toutefois, si je ne devais utiliser qu'un mot pour résumer cette lecture, ce serait : étonnement. J'ai été très étonner de constater :

* la qualité littéraire de certains textes !! (comparée aux grosses daubes dites ultra chaudes d'aujourd'hui, qui sont en faites mal écrites et d'une banalité affligeante)
Cette qualité apparaît surtout dans les textes où l'érotisme fait partie intégrante du jeu de séduction, et permet donc d'avoir un discours sur l'amour beaucoup moins "lisse" ;
* en fin de compte, dans la majorité des textes, l'érotisme n'est "qu ' "un élément subversif qui permet de dénoncer ou de se moquer de ce qui est trop bien pensant dans notre belle société française (quelle que soit l'époque) ;
* plus on avance dans le temps et plus les auteurs sont "sages" dans les descriptions. Cela se sent très nettement à partir du 19° siècle. Pourquoi ? La faute aux discours amoureux et les "élans du cœur et des passions" en vogue chez les Romantiques auraient rendu obsolètes les règles rigidissimes qu'il y avait par exemple sous l'Ancien Régime ? Allez savoir.
Comme quoi, plus les "normes" sont strictes, plus les imaginations se débrident !

Chacun peut donc y trouver son compte, que l'on soit amateur du genre ou non (à mon humble avis), car tout y est :
- dénonciations politiques ou sociales (entre royauté, normes bourgeoises, faux-semblant et règles de bienséance trop rigides pour être honnêtes) ;
- simples moqueries, dénigrements ou juste pour rire (Rimbaud) ;
- plaisir d'esthète (Baudelaire) ;
- misogynie (hé oui!) avec l'archétype de la femme soumise, un poil écervelée et malicieuse (frères Goncourt) ;
- féminisme : certaines femmes utilisent ces procédés pour affirmer leur supériorité dans le domaine "privé" et ainsi revendiquer leur droit à être considérées comme des citoyennes à part entière.
Même si, à ce niveau-là, je regrette que Joseph Vebret n'aient pas mis plus de textes de femmes.

Bref il y en a vraiment pour tous les goûts !


Et pour ma part, je ne résiste pas à l'envie de conclure ce billet avec ces vers du "Godemiché royal" , un texte qui circulait sous le manteau en 1789 pour discréditer Louis XVI et Marie-Antoinette (qui prennent ici les traits de Jupiter et Junon). Et ici l'auteur parodie les fameux vers de Corneille (dans Le Cid) en faisant se lamenter Junon, délaissée par son époux :

" Ô rage ! ô désespoir ! chère motte ma mie,
Du membre de Jupin vous n'êtes plus chérie,
Oisivement placée au bas de mon nombril,
Vous n'avez pour espoir qu'un insensible outil. "
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Anthologie érotique de la littérature française du 16e (Louise Labbé) au début du 20e siècle (Pierre Louÿs): le panorama temporel est donc assez large, contrairement à l'aspect territorial plus restreint. Les textes, et surtout leurs auteurs, sont toujours présentés brièvement par Joseph Vebret qui les situe dans le contexte de leur époque. C'est l'occasion de découvrir une autre littérature classique: des auteurs qu'on ne connaissait pas ou des oeuvres moins connues d'auteurs comme Ronsard, Étienne Jodelle, Musset, Th. Gautier ou Maupassant.
Je conseille cette anthologie autant aux "connaisseurs" qu'à ceux qui souhaitent découvrir la littérature érotique française.
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Livre acheté par curiosité, il s'est découvert vraiment très bien réalisé et donne une bon aperçu de c'est qu'est la littérature érotique. A mettre en parrallèle avec l'autre livre de l'auteur édité également chez Librio "100 romans érotiques incontournables"
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Une femme, quand elle est jeune, est plus sensible au plaisir d'inspirer des passions, qu'à celui d'en prendre. Ce qu'elle appelle tendresse n'est le plus souvent qu'un goût vif, qui la détermine plus promptement que l'amour même, l'amuse pendant quelque temps, et s'éteint sans qu'elle le sente ou le regrette. Le mérite de s'attacher un amant pour toujours ne vaut pas à ses yeux celui d'en enchaîner plusieurs. Plutôt suspendue que fixée, toujours livrée au caprice, elle songe moins à l'objet qui la possède qu'à celui qu'elle voudrait qui la possédât. Elle attend toujours le plaisir, et n'en jouit jamais : elle se donne un amant, moins parce qu'elle le trouve aimable, que pour prouver qu'elle l'est. Souvent elle ne connaît pas mieux celui qu'elle quitte que celui qui lui succède. Peut-être si elle avait pu le garder plus longtemps, l'aurait-elle aimé mais est-ce sa faute si elle est infidèle ? Une jolie femme dépend bien moins d'elle-même que des circonstances ; et par malheur il s'en trouve tant, de si peu prévues, de si pressantes, qu'il n'y a point à s'étonner si, après plusieurs aventures, elle n'a connu ni l'amour, ni son cœur.


(Claude Prosper Jolyot de Crébillon , 1707-1777)
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Est-elle parvenue à cet âge où ses charmes commencent à décroître, où les hommes indifférents pour elle lui annoncent par leur froideur que bientôt ils ne la verront qu'avec dégoût, elle songe à prévenir la solitude qui l'attend. Sûre autrefois qu'en changeant d'amants elle ne changeait que de plaisirs ; trop heureuse alors de conserver le seul qu'elle possède, ce que lui a coûté sa conquête la lui rend précieuse. Constante par la perte qu'elle ferait à ne l'être pas, son cœur peu à peu s'accoutume au sentiment. Forcée par la bienséance d'éviter tout ce qui aidait à la dissiper et à la corrompre, elle a besoin pour ne pas tomber dans la langueur de se livrer tout entière à l'amour, qui, n'étant dans sa vie passée qu'une occupation momentanée et confondue avec mille autres, devient alors son unique ressource : elle s'y attache avec fureur ; et ce qu'on croit la dernière fantaisie d'une femme est bien souvent sa première passion.


(Claude Prosper Jolyot de Crébillon - 1707-1777)
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La lune se couchait, et le dernier de ses rayons emporta bientôt le voile d'une pudeur qui, je crois, devenait importune. Tout se confondit dans les ténèbres. La main qui voulait me repousser sentait battre mon coeur. On voulait me fuir, on retombait plus attendrie. Nos âmes se rencontraient, se multipliaient : il en naissait une de chacun de nos baisers.
Devenue moins tumultueuse, l'ivresse de nos sens ne nous laissait cependant point encore l'usage de la voix. Nous nous entretenions dans le silence par le langage de la pensée.


("Promenade avec madame T...", Baron Denon Dominique Vivant)
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Quand au temple nous serons
Agenouillez, nous ferons
Les dévots selon la guise
De ceux qui, pour louer Dieu,
Humbles se courbent au lieu
Le plus secret de l'Eglise.

Mais quand au lict nous serons
Entrelassez, nous ferons
Les lassifs selon les guises
Des amans qui librement
Pratiquent folastrement
Dans les draps cent mignardises.

[...]

Donque, tandis que tu vis,
Change, maistresse, d'avis,
Et ne m'épargne ta bouche :
Incontinent tu mourras,
Lors tu te reprentiras
De m'avoir esté farouche.

Ah ! Je meurs ! Ah ! Baise-moy !
Ah ! Maistresse, approhe-toy !
Tu fuis comme un fan qui tremble :
Au moins souffre que ma main
S'esbate un peu dans ton sein,
Ou plus bas, si bon te semble.


(Pierre de Ronsard, "Pour Cassandre" , 1555)
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Jean de La Fontaine (1621-1695) - Le fabuliste a occulté le conteur. Et pourtant, celui dont les enfants apprennent par coeur les fables anthropomorphiques s'est adonné au plaisir peu solitaire du conte licencieux. En 1693, croyant mourir, il renie ses contes devant une délégation de l'Académie et reçoit le viatique.
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