"Aria" du belge
Michel Weyland créée en 1979, est une BD Fantasy aussi vénérable et aussi honorable que "Thorgal "de
Jean van Hamme et
Grzegorz Rosinski (mais je dois signaler qu'à ses débuts la série Aria est graphiquement plus aboutie que la série Thorgal). de loin il ne faut pas se fier aux apparences d'une Natasha heroic fantasy, et de plus près il ne faut pas non plus se fier aux apparences de grande soeur de Zorya, Marlysa, ou Atalante… Car avec son héroïne fille du vent et de l'aventure, sans peur et sans reproche le Women's Lib fait son irruption dans la Fantasy à la
Jack Vance et à la
Michael Moorcock ! (Barbarella, Laureline, Yoko Tsuno, Aria mêmes combats !!! ^^)
L'auteur est issu de l'Ecole de Bruxelles, ou Ecole
Hergé, donc graphiquement c'est forcément agréable à l'oeil (d'autant qu'il est assisté aux couleurs de son épouse). Mais l'Âge d'Or du "Journal de Tintin" est passée, et les dessins ressemblent à un croisement entre Moebius et les meilleurs auteurs de l'écurie Vaillant qui nous offert cette inoubliable "Histoire de France en BD" qui n'a toujours pas été remplacée…
L'univers d'Aria associe initialement une narration à la va-comme-je-te-pousse à des thématiques adultes caractéristiques de la new wave SFFF : avec l'héroïne tantôt orgueilleuse et révolutionnaire, tantôt altruiste et émancipatrice nous sommes donc entre Sword & Planet, Science-Fantasy, Planet Opera et post-apocalyptique… Mais dans tous les cas de figure je suis resté dans le plaisir vintage entre humour, action et tendresse !
Dans ce tome 2, intitulé "
La Montagne aux sorciers" (on dirait un titre de LDVELH ^^) et sorti en album en 1982, je ne suis pas du tout fan de raconté plusieurs récits en 48 pages…
* Dans un 1er temps, Aria intervient dans une guerre civile et fratricide dans lequel les soldats de Vinken ne peuvent rien contre les sorciers d'Alkaïr, et elle parvient à trouver une issue humaniste où il est plus gratifiant de construire et guérir que de détruire et conquérir (ceci était un message à caractère informatif pour les connards impérialistes)…
* Dans un 2e temps, Aria arrive dans un village où la petite mère des peuples Elfa a utilisé la magie noire et les poupées de cire d'un sosie de
François Cavanna pour contrôler de bas en haut toute la population. Les deux femmes rebelles se battent l'une contre l'autre, et en passant du cauchemar communiste à l'enfer aristocratique l'humanité n'en sort pas grandie…
* Dans un 3e temps, Aria neutralise la bande des pirates à mains nues en délivrant leur arme secrète de sa servitude, car il s'agit d'un yogi qui n'a plus toute sa tête mais qui maîtrise à merveille la puissance du son et de l'esprit… Une nouvelle fois un beau message humaniste : pourquoi détruire quand on peut construire ?
* Dans un 4e temps, nous sommes entre le conte de fée et la fable philosophique (remember l'existentialisme de
Michael Moorcock) car Aria part en quête d'un dragon et du fabuleux trésor dont il a la garde… Mais après avoir vaincu le gardien Aria abandonne un trésor dont elle n'a que faire !
Car l'immortalité n'est pas un bienfait pour l'humanité : la vie n'a de sens que parce que la mort existe, et éternel/éternelles les hommes et les femmes n'aurait plus que l'éternité pour se morfondre…