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Wladimir Troubetzkoy (Traducteur)
EAN : 9782080710550
299 pages
Flammarion (18/01/2000)
3.74/5   86 notes
Résumé :
On trouvera dans le théâtre de Pouchkine, de Boris Godounov (1825) aux Scènes du temps des chevaliers (1835), l'expression la plus élevée de la pensée du poète russe : la grandeur humaine a pour compagnon obligé le malheur ; la vie, la beauté, le génie ne sont pas concevables sans l'envie, la laideur et le crime, Mozart sans Salieri, le tsar Boris Godounov sans Grichka l'usurpateur. La vie est double, donc, véritable festin entouré de ténèbres ; et c'est cette dimen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ce volume regroupe tout le théâtre d'Alexandre Pouchkine, à savoir essentiellement sa tragédie historique intitulée Boris Godounov ainsi que plusieurs très courtes pièces ou fragments, parfois même seulement une scène.

Je considère Pouchkine comme un très grand écrivain mais assurément pas comme un grand dramaturge. J'aime son verbe, j'aime sa verve, j'aime son élégance, tout ceci convenant très bien pour la poésie. C'est ce Pouchkine-là que j'aime ; mais pour ce qui est du rythme, du scénario, des enchainements je suis beaucoup plus dubitative.

Je vais garder le gros-oeuvre, Boris Godounov, pour la fin et vous parler en premier lieu d'Une Scène de Faust, qui, comme son nom l'indique est une scène de Faust. Trois pages à peine, où l'auteur fait parler Faust et Méphistophélès du fait que rien dans la vie ne peut soutenir notre intérêt bien longtemps et que si l'on est en attente, alors on est forcément déçu.

Vient ensuite le Chevalier Avare, suite de trois scènes s'inscrivant dans la pièce homonyme de l'Anglais William Shenstone. L'on y voit un fils, au temps des chevaliers, incapable de tenir son rang car son père lui restreint tellement les vivres qu'il est dans un dénuement total. Pouchkine insiste sur le fait qu'un tel comportement borné vis-à-vis de l'argent de peut conduire qu'à détériorer les relations entre père et fils, voire, faire germer des idées malsaines dans la tête de ce dernier. La morale semble en être que la passion exagérée pour l'argent, loin d'apporter la richesse conduit à la ruine (morale ou matérielle).

Après vient une très courte pièces en deux scènes intitulée Mozart Et Salieri. J'y vois les bases du scénario du film de Miloš Forman, Amadeus. On y voit un Salieri à la fois admiratif et envieux à l'extrême à l'endroit d'un Mozart totalement insouciant et au génie facile.

Dans l'ordre du livre, on tombe ensuite sur le Convive de Pierre, réécriture partielle de Don Juan, on pourrait de même que précédemment intituler cette courte pièce : scènes de Don Juan. Cet épisode offre une version très différente de l'original de Tirso de Molina.

Dans la première version espagnole, si Don Juan est bien l'assassin du vieux commandeur, c'est pour avoir voulu ternir l'honneur de sa fille que le vieillard avait pris l'épée. L'amour entre la fille et le commandeur était donc d'ordre filial et la différence d'âge, entre les deux belligérants, importante.

Ici, rien de tout cela puisque le commandeur devait avoir sensiblement le même âge que Don Juan et s'il a perdu la vie, c'est en défendant l'honneur de sa femme.

La nuance est d'importance. Ce qui était une dénonciation de l'abaissement moral de l'aristocratie chez Tirso de Molina, devient du pur romantisme chez Pouchkine. Car il aime son Don Juan au point de rendre la veuve du commandeur, enfoncée dans un deuil sans fin, non insensible aux galanteries de l'assassin de son mari. Vous m'avouerez que la morale y perd un peu au change.

Et, malgré la brièveté de la pièce, l'auteur trouve le moyen de rendre plus ambiguë encore la position de Doña Anna, en lui prêtant des sentiments très mesurés à l'égard du défunt commandeur. Nous sommes donc en plein dans le drame romantique et Don Juan, loin d'être le suppôt du démon pervertissant ces dames, est en quelque sorte l'expression du rejet de la gent féminine pour les mariages imposés et dénués d'amour...

Toujours selon l'ordre du livre, on trouve après un fragment intitulé le Festin Pendant La Sieste, qui reprend un passage de la tragédie de l'écrivain écossais John Wilson, The City Of The Plague. On y voit les habitants d'un village décimé par la peste au Moyen-Âge se livrer à une manière de grand repas festif, essentiellement destiné à oublier et conjurer l'ignominie qu'ils viennent de vivre. Cependant, un prêtre souligne l'indécence de cette pratique, si près tant dans le temps que dans l'espace de tous les morts qu'ils pleurent.

Vient ensuite La Roussalka, pièce inachevée qui fait référence à une mythologie slave ayant inspiré plusieurs auteurs au cours du XIXème siècle. le plus vibrant avatar en est très certainement le superbe opéra d'Antonín Dvořák (je conseille à quiconque le fameux air de la Chanson de la Lune que Renée Fleming sait si bien restituer).

Les roussalkas sont des sortes d'équivalents de sirènes, au sens homérique du terme, mais officiant dans les fleuves ou les rivières. Elles sont supposées être les réminiscences de jeunes femmes trépassées dans les eaux. Elles ont la réputation d'attirer vers la noyade tous ceux qui s'abandonneraient à leur prêter attention.

Toujours aussi romantique, Pouchkine nous narre l'amour candide d'une fille de meunier pour un beau prince de l'aristocratie. ELLE, veut croire en l'amour, tandis que LUI, ne la considère, vous vous doutez bien, que comme une passade, qui doit prendre fin dès lors qu'il se mariera avec une femme de son rang.

Voilà quelques jours qu'ils ne se sont vus ; ELLE, a cette émouvante nouvelle à lui apprendre sur ce qui gît en son ventre, et LUI cherche ses phrases pour lui annoncer qu'il va la quitter à jamais. La rencontre est glaciale et d'ailleurs de courte durée. le beau prince s'en va, comme il était arrivé, sur son beau cheval, dont on entend le pas s'éloigner.

ELLE, tellement folle de chagrin et se jette dans le Dniepr et... je vous laisse découvrir la suite...

Enfin, dernière des petites pièces de l'ouvrage, Scènes Au Temps Des Chevaliers reprend un peu l'esprit du Chevalier Avare. On y suit Frantz, fils d'un riche Bourgeois nommé Martin, mais qui ne rêve que d'une chose : devenir chevalier et atteindre à la noblesse.

Son père menace de le déshériter s'il n'abandonne pas ses chimère et s'il s'évertue à poursuivre sa vie dispendieuse. Mais l'or est la dernière motivation de Frantz, seuls comptent pour lui les attraits d'une belle de noble sang et le pouvoir de l'épée. Est-ce s'exposer à d'amères désillusions ?...

Toutes ces petites pièces font, je l'avoue, pâle figure et ce même au XIXème siècle. C'est pourquoi j'ai gardé le meilleur pour la fin, à savoir, Boris Godounov. Alexandre Pouchkine avait probablement l'ambition avec cette tragédie historique relatant un moment clé de l'histoire russe de se positionner en pendant slave de William Shakespeare. Mais selon moi, il s'en faut tout de même de beaucoup pour faire de ce Boris Godounov une tragédie shakespearienne. Si les ingrédients et la recette sont les mêmes, le cuisinier est différent.

Certes, Pouchkine, avec le talent qu'on lui connaît sait manier sa plume avec agilité, passant d'un registre à l'autre, du tragique au comique, sans altérer jamais l'équilibre de l'ensemble, qui se veut plutôt tragique.

Tout comme son illustre prédécesseur britannique, l'auteur a su choisir un moment crucial et ténébreux de l'histoire russe, à savoir la période incroyablement troublée qui sépare la fin de la dynastie des Riourikides (avec Fédor Ier, fils d'Ivan le Terrible) du début de celle des Romanov (Michel Ier), soit 15 années, grosso-modo situées pendant le règne d'Henri IV en France et, comme par un fait exprès, durant la période fertile de Shakespeare en Grande-Bretagne.

Pendant ces quinze années, vont se succéder au Kremlin pas moins de cinq tsars, issus de quatre lignées différentes, plus une sixième si l'on considère l'exercice du pouvoir de la soeur de Boris Godounov avant l'intronisation de celui-ci.

Boris Godounov étant celui qui exerça le plus longuement le pouvoir durant cette période, celui dont les motifs étaient troubles, celui dont la mort est la plus mystérieuse, celui dont le successeur est le plus rocambolesque, celui, donc, auquel il était opportun de dédier une tragédie historique, ce que Pouchkine, le premier des grands écrivains russes, fit.

Godounov, homme de main et beau-frère du précédent tsar Fédor Ier, complote de faire trucider proprement le tsarévitch Dimitri, fils de Fédor et héritier légitime du trône. À la mort de Fédor, faute d'héritier et en sa qualité de grand chambellan, de beau-frère et commandant de la garde du palais du tsar, il se voit élire et prier de bien vouloir prendre le pouvoir. Feignant le désintéressement et redoutant que sa manoeuvre d'usurpation du pouvoir par l'assassinat du tsarévitch n'apparaisse trop grossière, notre brave Boris refuse une première fois le pouvoir.

Se faisant prier longuement et souhaitant une légitimité populaire, il finit, après plusieurs exhortations, par accepter de devenir tsar de Russie. Cependant, l'assassinat du tsarévitch, cet enfant de huit ans, continue de hanter les nuits de Boris Godounov.

Et la mauvaise conscience ne serait encore rien s'il n'était un certain Grégoire Otrepiev, jeune homme né la même année que le tsarévitch assassiné, issu d'une famille au service des Romanov (tiens, ce nom me dit quelque chose). Lors de la prise de pouvoir de Boris Godounov, celui-ci fait persécuter les " grands " du royaume, ceux qui pourraient vouloir lui contester son élection. C'est à cette occasion que le jeune Otrepiev prend la fuite et se réfugie dans un monastère où, muni d'un froc réglementaire, tout le monde le prend pour un jeune moine.

Instruit de l'assassinat du tsarévitch Dimitri dans des conditions nébuleuses et fort de son année de naissance, Grégoire Otrepiev a l'idée géniale de se faire passer pour Dimitri, l'héritier légitime du trône que tout le monde croit mort depuis des lustres. Qui pourrait croire une chose pareille ? Quelles pourraient être les conséquences ? C'est que je vous laisse le loisir de découvrir...

Cette pièce a eu le mérite de m'inciter à aller creuser un peu l'histoire ancienne de la Russie qui m'était presque totalement inconnue. Je ne peux pas dire que j'aie vécu un quelconque déplaisir à la lecture, mais, et c'est plus grave, je ne peux pas non plus prétendre le contraire. Il m'a manqué une alchimie, une poudre subtile qui rend le drame profond et l'écriture magique, comme Shakespeare sait parfois les peindre.

Voilà pourquoi mon impression reste mitigée, mon enthousiasme mesuré et mes recommandations tièdes pour cette pièce aux multiples décors, peut-être un peu trop à mon goût, engendrant de nombreuses discontinuités qui me semblent nuire à la tension dramatique qu'une telle tragédie historique serait censée créer. Aux dires de ceux qui l'on vue (ce qui n'est pas mon cas), la version opéra de cette pièce avec Modeste Moussorgski à la musique est vraiment très bien. Peut-être aurais-je donc tendance à vous orienter, en première approche, vers cette version avant de découvrir l'oeuvre de Pouchkine.

Donc, en conclusion, un Pouchkine dramaturge beaucoup moins à l'aise et plaisant que le Pouchkine poète, mais ceci n'est bien sûr que mon avis, semé là, par un coup de vent, dans le sillon inexorable de l'histoire, par nature peu soucieuse des critiques, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Tsar Académie.
Pour être roi, personne n'a encore trouvé mieux que le piston pour traverser les époques. Que des fils à papa et le droit du sang bleu. Pour être tsar en Russie, on trouve aussi le droit du sang, mais de préférence, celui des autres.
Pouchkine, pendant un exil peu glorieux de 6 ans, passa son ennui dans l'écriture de ses oeuvres majeures. Son ambition, avec Boris Godounov, c'était d'enfiler une chapka sur une tragédie historique Shakespearienne. Il faut dire que côté régicides, usurpations, empoisonnements, trahisons et assassinats, l'histoire de la Russie et de feu son empire en feu, ne manquent pas de références et de têtes d'affiche.
Boris Godounov succéda au 16ème siècle, à Fiodor le pas génial, fils ainé d'Ivan le terrible. Boris le comploteur n'était que le beau-frère, mais le trépas naturel fort opportun… par égorgement du second fils d'Ivan, Dimitri le refroidi, lui dégage une voie royale par un chemin de traverse. le grand chambellan se fait un peu prier pour accepter le poste et espère acquérir une légitimité populaire. Les tyrans sont de grands timides au fond.
Grégori Otrepiev, un jeune ambitieux, après un bref passage chez les moines, décide de se faire passer pour Dimitri, le petit Tsarevitch que tout le monde croit mort depuis dix ans. Non, mais où va le monde messieurs dames, si un usurpateur ne peut plus se prévaloir de ses propres turpitudes ? C'est l'arroseur arrosé, le comploteur compoté, le dictateur renversé, l'écrivain plagié et le plagiste en janvier.
Plus que la question de l'illégitimité du pouvoir, ce qui m'a passionné dans cette pièce de théâtre c'est le rôle, à minima fataliste, au pire complice, du peuple russe qui se range toujours sagement du côté du camp le plus fort, dupe de rien mais revenu de tout. Les boyards, qui ne sont pas les habitants costumés du Fort, mais les nobles russes de l'époque, courbent également l'échine et retournent leur caftan (Polaires de l'époque) en fonction du sens du vent et de l'histoire.
J'ai trouvé la construction de la pièce trop hachée. Des personnages passionnants ne font que de courtes apparitions et le tsar Boris ne me semble pas assez incarné. Certains Romanov, Lénine, Staline ou Poutine pourraient tenir le rôle sans avoir à trop répéter tant le texte est une allégorie sur le pouvoir en Russie mais je trouve que la pièce ne s'attarde pas assez sur cette docilité populaire.
Autant je suis un inconditionnel d'Eugène Onéguine, ce roman en vers des occasions manquées, autant je pense que Boris Godounov doit une partie de sa gloire à l'opéra de Moussorgski (1869-1872) dont il existe autant de versions que de marques de vodka en raison de la censure.
J'ai d'ailleurs lu cette pièce car je voulais assister à une représentation de cet Opéra sans comprendre le Russe mais comme pour les restaurants étoilés (où il convient désormais de réserver un an avant d'avoir faim), il va bientôt falloir réserver une place de spectacle du vivant des compositeurs pour avoir une chance de ne pas finir sur un strapontin dans le Paradis, cet enfer des myopes qui ont le vertige. le client n'est pas tsar. Les places sont chères et chères. Tant pis pour moi et je ne peux même pas incriminer le temps de lecture de la pièce qui n'a pas plus duré qu'un long entracte.
Pour la petite histoire de la grande histoire, il semble acquis pour les historiens sobres que Boris Godounov n'a pas tué le jeune Dimitri mais bon, je n'allais pas provoquer en duel Pouchkine pour ce petit détournement de la vérité. Son beau-frère s'en chargea en 1837 pour un motif moins noble : Georges d'Anthès draguouillait un peu trop Madame Pouchkine. Une fin de poète.
Rideau.
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Mon ami de Babelio Philippe, passionné d'opéra, m'a récemment fait cadeau d'un enregistrement du Boris Godounov de Moussorgski. C'est ainsi que pour mieux comprendre l'oeuvre, j'ai fait des recherches sur l'histoire de la Russie à cette période et pour la première fois de ma vie ouvert un livre de Pouchkine. A ma grande honte, je peux même vous avouer que c‘est la première fois tout court que je me lance dans la littérature russe. Et donc au moment de vous donner mon avis, l'exercice s'avère bien périlleux car sans aucun point de référence. le ressenti est bien mitigé, à certains moments cette pièce m'a franchement ennuyée au point où je ne me souvenais même plus de ce que j'avais lu trois pages avant. Heureusement la présentation de l'oeuvre et les très nombreuses notes de Wladimir Troubetzkoy aident grandement à la compréhension de la pièce et du contexte. En toute honnêteté, je n'ai pas poursuivi avec les six autres pièces que comporte cette édition. Par contre, dans un registre différent, j'apprécie beaucoup la version opéra de cette pièce.
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Pouchkine nous partage ici des moments sombres du règne de Boris Godounov. Il y a une guerre qui se livre entre Dmitri et lui alors qu'ils sont tous les deux imposteurs pour prétendre au trône du tzar. Mais les évènements vont se dérouler de façon inattendue qu'on ne sait pas sur quel pied les choses marchent. Bien que Boris soit le Tsar, et qu'il ait employé des moyens les plus sadiques pour hériter du trône, alors qu'il n'est que le beau frère du feu tsar, mais cela lui enlève la paix, il ne goutte pas au plaisir de ce pouvoir qu'il avait tant convoité...et Dmitri, le véritable héritier, il est certain de l'avoir expédié dans l'autre monde, sans résistance, étant encore qu'un enfant...mais d'ou vient qu'il se soir ressuscité 20 ans après...

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XVIème siècle. Dans une Russie encore médiévale, le tsar Ivan le Terrible est mort et son dernier fils survivant, le petit Dimitri, vient d'être assassiné. le conseil des boyards décide de proclamer tsar Boris Godounov, ancien conseiller et régent. Mais quelques années après, des rumeurs commencent à circuler. C'est sur l'ordre de Boris que le tsarévitch aurait été assassiné...

Elle parvient aux oreilles d'un jeune moine, qui s'ennuie dans son monastère. Il en conçoit une idée. Quelque temps plus tard, une fabuleuse rumeur commence à circuler : Dimitri ne serait pas mort ; il aurait survécu miraculeusement et préparerait son retour...

Pouchkine s'inspire d'un événement réel de l'histoire russe. Conformément à la vision de l'époque (aujourd'hui remise en cause) il accepte totalement la thèse de la culpabilité de Boris, qui dans sa pièce est décrit comme un assassin rongé par le remord, terrifié par le miraculeux retour de celui qu'il croyait avoir fait tuer pour prendre son trône. Et à contrario il le présente comme un père aimant, plein de tendresse pour son fils et sa fille adolescents.

De sa plume sublime, il peint également un peuple russe haut en couleur et plein de gouaille, où se côtoient paysans et moines ivrognes, mais aisément manipulable, se laissant berner par un usurpateur.

Modest Mussorgsky, le Dostoïevski de la musique classique, posa dessus un opéra somptueux qui eut les honneurs des plus grands chanteurs russes.

Nastasia-B a fait une critique plus détaillée et excellente de cette pièce, ainsi que des autres oeuvres théâtrales de Pouchkine. Mais l'édition dont je souhaitais parler est celle illustrée par l'artiste russe Boris Vasilyevich Zworykine.

Réfugié en France après la révolution communiste, il fut l'un des fondateurs d'un mouvement culturel pour la renaissance de l'art russe. Il devint célèbre pour ses illustrations de compte populaires, notamment L'oiseau de feu, puis sombra dans l'oubli total avant d'être redécouvert dans les années 80.

Ses magnifiques dessins au style détaillé et flamboyant aident à mieux rentrer dans cette pièce, et cette époque de la Russie qui nous est bien souvent inconnue. Les boyards en caftan devant la cathédrale, les rues animées de la ville en bois qu'était Moscou, les costumes populaires... A défaut de représentations (rares), ils permettent de mieux visualiser le récit.

Pour ceux qui aimeraient découvrir l'opéra, on en trouve des versions tout à fait correctes sur Youtube, notamment une dirigée par le grand chef d'orchestre Claudio Abbado.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
BASMANOV : Il a raison, il a raison, la trahison gagne de tous côtés : que ferai-je, moi ? Dois-je donc attendre que les révoltés me ligotent et me livrent à Otrépiev ? Ne vaudrait-il pas mieux prévenir la tempête, et... aller moi-même... Mais trahir son serment ! Déshonorer sa famille aux yeux de la postérité ! Payer la confiance du jeune souverain par une atroce perfidie ! Pour un exilé d'État, il est facile d'être homme de parti et de conspirer ; mais moi, le favori du souverain, moi... mais la mort... mais mon pouvoir... mais les malheurs du peuple...

Scène 21.
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PIMÈNE : Le peuple courut sur les traces des rois assassins en fuite, on s'empara des scélérats qui s'étaient cachés, et on les amena devant le corps encore chaud de l'enfant, et, quel miracle ! — tout à coup le mort frémit. " Repentez-vous ! " leur cria le peuple : et les scélérats épouvantés nommèrent sous la hache — Boris.
GRÉGOIRE : Quel âge avait l'infortuné tsarévitch ?
PIMÈNE : Mais, sept ans ; il aurait à présent — il y a déjà dix ans... non, plus... douze ans —, il serait de ton âge et il régnerait ; mais Dieu en a décidé autrement. Par ce récit lamentable je finirai ma chronique ; car, depuis lors, j'ai prêté peu attention aux affaires de ce monde. Frère Grégoire, tu as éclairé ton esprit par l'érudition, je te remettrai mon travail. Aux heures libres des occupations monacales, tu décriras sans subtilité tout ce dont tu auras été témoin dans ta vie : la guerre et la paix, la justice rendue par les souverains, les divins miracles des saints, les prophéties et les signes célestes.

Scène 5.
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(*passage entièrement en français et allemand dans le texte original.)
MARGERET : Qu'est-ce à dire " pravoslavni " ?... Sacrés gueux, maudite canaille ! Mordieu, mein Herr, j'enrage : on dirait que ça n'a pas des bras pour frapper, ça n'a que des jambes pour foutre le camp.
ROSEN : Es ist Schaude.
MARGERET : Ventre-saint-gris ! Je ne bouge plus d'un pas — puisque le vin est tiré, il faut le boire. Qu'en dites-vous, mein Herr ?
ROSEN : Sie haben Recht.
MARGERET : Tudieu, il y fait chaud ! Ce diable de samozvanetz, comme ils l'appellent, est un bougre qui a du poil au cul. Qu'en pensez-vous, mein Herr ?

BORIS GODOUNOV, Scène 16.
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LE TSAR : Rien ne peut adoucir nos chagrins ici-bas ; rien, rien... si ce n'est peut-être la conscience seule. Oui, pure, elle triomphera de la malice et de l'obscure médisance : mais si une seule tache, une seule y pénètre par hasard, alors malheur à nous : notre âme est brûlée comme d'une peste, notre cœur s'inonde de poison, le reproche bat comme un marteau dans les oreilles.

Scène 7.
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MÉPHISTOPHÉLÈS : C'est une loi commune à vous tous, et personne ne peut s'en affranchir. Tout animal raisonnable s'ennuie : l'un de la paresse, l'autre des affaires ; celui-ci a la foi, celui-là l'a perdue ; cet autre n'a pas trouvé le temps de jouir, un autre a joui outre mesure ; chacun bâille, et pourtant tout le monde vit, et le cercueil béant vous attend tous.

UNE SCÈNE DE FAUST.
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