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EAN : 9782203370074
76 pages
Casterman (17/03/2008)
3.22/5   29 notes
Résumé :
Breakdowns, album mythique, rassemble les premiers travaux de celui qui a modifié le regard que nous portons sur les bandes dessinées en changeant radicalement la façon de les aborder : art spiegelman, l'auteur de Maus (prix Pulitzer). Paru en 1978, très en avance sur son temps, cet album novateur, sérieux, drôle, est pour la première fois publié en langue française, intégralement, avec une introduction, presque aussi longue que l'album lui-même, un récit aussi auto... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Breakdowns est le mal-aimé d'Art Spiegelman. Après avoir hésité à trimballer sur soi, de la bibliothèque ou de la librairie jusqu'à son domicile, cet album de grand format, on apprend ainsi qu'il s'agit du fruit le plus embarrassant des travaux graphiques de l'auteur. Art Spiegelman s'excuse : s'il a finalement réussi à faire publier ses recherches dessinées, ce n'est pas faute d'avoir essayé d'échouer en proposant par exemple ses planches à l'hebdomadaire « East Village Other », si pourri qu'Art Spiegelman était donc « certain d'avoir toutes [ses] chances ». Et le travail de dépréciation continue. En quelques planches autobiographiques centrées sur son enfance, Art réussit presque à nous apitoyer sur le sort d'un gamin gauche, maladroit et inadapté au monde social, qui ne trouve d'autre remède à sa marginalité que la lecture de comics et de romans fantastiques, l'écriture et le dessin. Il réussit presque à se forger une image pitoyable et s'il n'y parvient pas totalement c'est qu'à son habitude, il raconte avec la distanciation qui fera plus tard l'horreur sans pathétique de Maüs, ajoutant encore une belle dose d'autodérision personnelle et familiale. L'humour, chez Art Spiegelman, n'adoucit jamais son propos et ne transforme pas ses planches en bluettes banales. « L'humour est, pour l'essentiel, une forme raffinée d'agressivité et de haine ».


Pourtant, Art Spiegelman semble commettre une fois le crime d'abandonner cet humour en chemin. Après des planches autobiographiques et des réflexions théoriques sur la bande dessinée, on parvient à ce point de Breakdowns où la narration et le dessin s'envolent dans l'expérimental. On avait commencé à soupçonner l'amorce de ce tournant lorsque Art Spiegelman imitait les dessins caoutchouteux de ses comics préférés –reflets d'une réalité grotesque qui auraient été encore tordus, étirés, grossis, rendus flexibles et sirupeux à la manière des personnages les plus inquiétants d'un Robert Crumb, par exemple. Mais l'expérimentation ne se contente pas de l'imitation et Art Spiegelman va plus loin lorsqu'il rajoute des sérigraphies héritées du pop art, des essais de cubisme à l'arrache, un puzzle narratif et d'autres expérimentations temporelles. Si tous ces essais se lisent avec curiosité, ils ne sont toutefois pas bouleversants et ne permettent pas de crier au génie. Il s'agit peut-être encore d'une nouvelle forme d'humour singeant les conventions artistiques de la bande dessinée et de l'art pictural pour faire valoir l'agressivité d'un ego spiegelmanien qui se cherche.


Art Spiegelman ne cherche pas à faire passer des vessies pour des lanternes et avoue ses ambitions presque mégalomaniaques dans une postface à la manière joycienne. Autodérision –encore ! Portrait de l'artiste en jeune %@S*! est la preuve que cet album résulte surtout d'une pose artistique de l'auteur –ce qui ne lui enlève aucun mérite- et qu'elle consiste en une étape cruciale de son développement jusqu'à ses oeuvres de maturité. Celles-ci, enfin, n'auront plus besoin de perdre leur lecteur en chemin dans des expérimentations pas si géniales que ça pour captiver leur attention et susciter leur admiration.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Planches publiées entre 2002 et 2003 dans différents journaux (Die Zeit, le Courrier International, The Independent). La BD ne vit le jour en tant qu'album grand format (34,8 × 24,5 cm) qu'en 2004. Il s'agit d'une réflexion, très originale à mon sens, sur les attentats du 11 septembre 2001 et l'impact qu'ils ont eu sur le comportement des Américains, l'artiste compris. «Je voulais refaire de la B.D. Après tout, ma muse s'appelle Désastre», dit-il en insistant sur le «Dropping the other shoe», expression idiomatique américaine utilisée pour exprimer l'attente d'un événement prévisible et théoriquement inéluctable. Après le gant de Kant (heureusement que j'ai corrigé : le logiciel de reconnaissance vocale avait mis Cantona) le chaussure (seconde) du «vaudeville étymologique». Lui qui n'aurait jamais porté un T-shirt I ♥ NY éprouva soudain de la tendresse pour ses rues familières et vulnérables qui ont trouvé la force de se reconstruire.
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Art Spiegelman est internationalement connu pour sa bande dessinée Maus, qui transpose la Shoah dans un univers peuplé de souris (les juifs), de chats (les nazis) et de cochons (les Polonais) tout en racontant ses relations difficiles avec son père, rescapé de l'extermination. Mais, une grande partie de la carrière artistique de Spiegelman s'est déroulée dans la presse underground new-yorkaise des années 70-80.
Breakdowns est un recueil de bandes dessinées de ces années-là, abondamment commentées par l'auteur, une sorte d'hommage aux comic strips américains à la Dick Tracy ou aux histoires surréalistes du Little Nemo de McCay, sans oublier les clins d'oeil à Picasso et Cézanne. Des premières pages tournées vers l'autobiographie aux recherches formelles sur le dessin, en passant par la genèse de Maus, la sursaturation des pages en dessins, en couleurs, en encre noire, en annotations en tous genres a fini par peser sur mon regard et me submerger sous un tsunami graphique. C'est trash, noir, violent, parfois empreint d'une mélancolie surannée : un foutoir indescriptible. Désarçonnée par ce grand bric-à-brac, je n'ai pas réussi à l'apprécier.
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Des planches détonnantes !
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BD riche en réf. et en bio.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Forgé à coup d’humiliations et de traumas : on ne naît pas dessinateur de BD, on le devient. Le jeune inadapté doit s’évader dans le fantasme et/ou avoir un humour bien rare pour survivre. Dans les années 50, le base-ball n’était pas optionnel et être inapte vous classait plus bas que les filles dans la hiérarchie sociale. […] Je me planquais à la bibliothèque pour éviter d’autres humiliations et découvrir que Kafka aussi, devait être nul au baseball.
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Suis allé au Musée d’Art Moderne. Vu des photos agrandies de mégots de cigarettes. Pas rencontré de femme.
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A l’heure où la BD tendait encore vers l’épure et le minimalisme, ces dessins réinventaient sur le mode parodique un style de BD bas de gamme alors disparu, tout en formes caoutchouteuses, velues et ondoyantes. Ces pages semblaient exhumées du subconscient mais on ne pouvait les qualifier à la légère de « surréalistes ». Elles étaient à la fois plus-que-vraies, urgentes, existentielles, angoissantes et hilarantes, tout en se concluant rarement par quelque chose d’aussi conventionnel qu’une chute.
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Breakdowns a été publié en 1978 (quand j’avais 30 ans), envers et contre tout. Personne ne voulait d’une édition de luxe et en grand format rassemblant mes quelques planches autobiographiques et structurellement expérimentales, sauf moi.

Art Spiegelman (1948, -)
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[...] Certains verront peut-être "Breakdowns" comme un simple artefact de son époque. Mais pour moi, c'est un manifeste, un journal personnel, une lettre de suicide froissée, et une lettre d'amour toujours valable à un mode d'expression que j'adore.
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Videos de Art Spiegelman (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Art Spiegelman
À l'occasion de l'exposition consacrée à l'oeuvre de Chris Ware, la Bpi propose une rencontre qui évoquera le travail de l'artiste et ses sources d'inspiration dans l'histoire de la bande dessinée. Si Chris Ware a une connaissance fine de l'histoire de la bande dessinée, de Rodolphe Töpffer – qu'il considère comme l'inventeur de la BD au milieu du XIXe siècle -, à Charles Schulz, Art Spiegelman ou Robert Crumb, il observe aussi avec attention la jeune création contemporaine.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, les dossiers en lien avec la rencontre : https://balises.bpi.fr/dossier/chris-ware/ https://balises.bpi.fr/dossier/chris-ware-architecte/
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