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François Mathieu (Traducteur)
EAN : 9782702135839
187 pages
Calmann-Lévy (01/08/2005)
3.96/5   14 notes
Résumé :

Hermann Hesse a vécu près de la nature toute sa vie. Grand marcheur, il consignait par écrit, au retour de ses promenades, ses observations et ses expériences. Ces notes sont le terreau d'une partie importante de son œuvre et ont inspiré ses plus belles pages. Mais Hesse était également un jardinier passionné. Nul mieux que lui ne sait décrire l'éclosion de la végétation au printemps, le vol d'un papillon dans la langueur d'un après-midi d'été, le plaisi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai découvert cet ouvrage un peu par hasard, dans une librairie de Nevers, et puis il a attendu quelques temps sur une étagère avant que je ne décide à le lire. Bien m'en a pris.
Hermann Hesse a le don de transformer un simple jardin en un lieu poétique propre à susciter le respect et la joie la plus profonde. Car sous la plume de ce formidable écrivain, le jardin devient un lieu de vie à part entière, nécessaire à la paix de l'esprit et à la subsistance de l'homme. Hesse a consacré de longues années à ses jardins, apprenant la patience et l'humilité, et trouvant la paix à laquelle il aspirait lorsque la vie quotidienne devenait trop pesante.

Entre conseils de jardinage bio (dites donc, c'était un précurseur !) et rêveries solitaires, Hesse nous dévoile un aspect très attachant de sa personnalité.

Le plaisir de cette lecture fut d'autant plus grand que je possède moi-même un jardin, un joyeux fouillis d'arbres et d'herbes sauvages qui inclus un potager. Au fond, une petite surface est laissée en jachère, pour le plaisir de croiser abeilles et papillons, et pour m'amuser à identifier toutes les fleurs qui ont colonisé les lieux. D'une année sur l'autre, ce ne sont pas les mêmes fleurs qui y poussent.
Mon jardin me nourrit, me permet de rêver, de méditer, d'apprendre. Il y a, je crois, une sympathie instinctive entre jardiniers amateurs. Elle s'éveille aussi pour des écrivains qui ont le culte du jardin.
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Une autre façon d'entrer dans les écrits d'Hermann Hesse par sa passion pour le jardinage, la nature. C'est au travers de vingt-deux textes qu'ils soient des articles, des essais...que nous sommes invités dans l'univers de Hesse à contempler, apprendre la langue de la nature, sa diversité au fil des saisons, des époques.
Ce livre en trois parties -enfance- joies et peines au jardin - les saisons, sont introduites par une petite biographie qui nous éclaire sur sa vie.
Une autre facette de cet auteur dont on y découvre son intimité avec toujours autant de poésie, de discernement, c'est un vrai plaisir de lecture et je ne me lasse pas d'explorer son oeuvre.
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J'aime les romans et récits d'Hermann Hesse et plus encore sans doute ses textes autobiographiques. A ce titre, je viens de terminer « Brèves nouvelles de mon jardin ». Il s'agit d'un recueil de textes publiés chez Calman-Lévy et présentés – fort bien – par leur traducteur François Mathieu.

On y découvre –ou redécouvre » - la passion de Hesse pour les jardins et plus largement sa conception « océanique » de la nature qui débouche sur une curiosité universelle, une volonté de ressentir la vie dans ses potentialités les plus diverses, à son plus haut degré d'ouverture : « qui n'est pas capable de s'approprier un paysage inconnu, d'avoir chaud dans un pays étranger d'avoir une sorte de nostalgie d'une contrée à peine entrevue , manque quelque chose au plus profond de lui-même ». La nature est belle partout ou nulle part : plus je me restreins, plus vastes sont les domaines de la vie qui me demeurent indifférents et « plus il en est ainsi, plus bas je me situe ».

Au gré des notations de Hesse, se dévoile une véritable ascèse du jardinage qui n'exclut pas un sentiment de servitude parfois pesant. Mais cette servitude elle-même s'ouvre sur une conception de la liberté que n'aurait pas désavouée Spinoza : « au bout du compte, en dépit de toutes vos envies et de votre imagination, il faut vouloir ce que la nature veut ». N'est-ce pas là toute une philosophie ?
Le plus passionnant dans la lecture de ces très beaux textes est sans doute la manière dont l'âme de Hesse s'y révèle profondément ancrée dans la culture allemande.

On y reconnaît un esprit torturé, écartelé par l'ambivalence de toutes choses, sujet à l'exaltation la plus dionysiaque et à la mélancolie la plus sombre. Témoin ce passage où Hesse évoque la transition entre les derniers feux de l'été et l'arrivée de l'automne : « Malgré la chaleur oppressante de ces journées, je suis beaucoup dehors. Je sais trop bien comme cette beauté est passagère, comme elle fait vite ses adieux, comme sa douce maturité peut soudain devenir mort et dessèchement ».

Cette constante antithèse à laquelle l'homme fait face est particulièrement mise en (ombre et ) lumière dans le texte splendide intitulé « le Faucheur » . Nous sommes en plein été. Par un après-midi brûlant, Hesse flâne sur une route de campagne. Un paysan de ses voisins le rattrape : la faux sur l'épaule, l'homme s'en va faucher son champ. Les deux hommes échangent quelques mots. Hesse envie la force tranquille du paysan, sa nuque large, son pas énergique et sa connivence naturelle avec l'existence. Sonnent cinq heures. Hesse s'en retourne. Sur le chemin, il dépasse une charrette : un homme y est allongé, un foulard rouge sur le visage, les mollets ballant hors du charroi ; il semble dormir. C'est le faucheur de l'après-midi. Il est mort, terrassé par une crise cardiaque.

J'ai beaucoup aimé ce recueil : par la magie de son écriture, Hesse m'a transporté dans un univers que j'affectionne, celui des lieder de Schubert ou encore de certaines cantates de Bach dans lesquelles s'entrelacent de manière si poignante l'affliction et la consolation.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Il ne faut pas chercher mais trouver; il ne faut pas juger mais regarder, comprendre, respirer et utiliser l'acquis. Par tous nos sens, la forêt et la prairie en automne, le glacier et le champs d'épis dorés doivent faire couler en nous la vie, la force, l'esprit, la joie, les valeurs. La marche dans un paysage doit favoriser en nous l'extrême, l'harmonie avec l'univers, sans être ni un sport ni une volupté. Il ne faut pas regarder et expertiser la montagne, le lac et le ciel avec un quelconque intérêt, mais, tous sens ouverts, nous mouvoir et nous sentir chez nous parmi ces éléments qui sont d'emblée les parties d'un tout et les formes phénoménales d'une idée, chacun d'entre nous avec ses propres capacités et les moyens afférents à sa culture, l'un étant artiste, l'autre scientifique, le troisième philosophe. Il faut sentir notre être, et pas seulement la partie corporelle alliée et intégrée à la totalité. C'est alors seulement que nous entretiendrons des rapports réels avec la nature.
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Petit garçon, je possédais un livre d'images, dans lequel étaient reproduis des montagnes et des fleuves, des champs de blé et des alpages aux couleurs si fraîches, si nourries, si belles que je me demandais si l'on pouvait vraiment trouver sur terre des régions aussi riantes. Longtemps je pensais très sérieusement que mon livre était plus beau que la réalité. jusqu'à ce que, par une chaude journée de printemps où le foehn soufflait, mon père m'emmenât en excursion. Il arriva ce jour-là que mes yeux s'ouvrirent ; je vis des montagnes et la forêt plus lumineuses et plus somptueuses que sur les plus belles images et, pour la première fois, j'éprouvai un amour tendre, étonné pour la terre, qui ne revint que des années plus tard et qui, depuis, m'a repris souvent, avec la nostalgie irrésistible de la randonnée.

Le livre d'images
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Grande maison grave, revêche avec sa porte à clochette d'orphelinat, son entrée cochère à gris verrou de geôle ancienne, maison qui ne souriait que d'un côté. Son revers, invisible au passant, doré par le soleil, portait manteau de glycine et de bignonier mêlés, lourds à l'armature de fer fatigué, creusée en son milieu comme un hamac, qui ombrageait une petite terrasse dallée et le seuil du salon... Le reste vaut-il que je le peigne, à l'aide de pauvres mots ?
Je n'aiderai personne à contempler ce qui s'attache de splendeur, dans mon souvenir, aux cordons rouges d'une vigne d'automne que ruinait son propre poids, cramponnée, au cours de sa chute, à quelque bras de pin. Ces lilas massifs dont la fleur compacte, bleue dans l'ombre, pourpre au soleil, pourrissait tôt, étouffée par sa propre exubérance, ces lilas morts depuis longtemps ne remonteront pas grâce à moi vers la lumière, ni le terrifiant clair de lune, - argent, plomb gris, mercure, facettes d'améthystes coupantes, blessants saphirs aigus, - qui dépendait de certaine vitre bleue, dans le kiosque au fond du jardin.
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Pendant une dizaine d’années au moins, à Gaienhofen et à Berne, j’ai cultivé moi-même mes légumes et mes fleurs, engraissé et arrosé mes massifs, désherbé les allées, scié et fendu les quantités de bois de chauffage. C’était beau et enrichissant, mais cela finit par se transformer en un pénible esclavage. Tant que c’était un jeu, j’aimais jouer au paysan, mais le jeu devenant une habitude et un devoir, le plaisir procuré disparut ... (page 74)
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Et si tu arrivais, un jour d'été, dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais, et tu t'assoirais là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie.
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Après "Bienvenue au club", le CNL en partenariat avec Public Sénat, met en avant les conseils des lecteurs en leur donnant la parole dans l'émission #LivresetVous. Une nouvelle chronique à ne pas manquer tous les vendredi à 17h30.
Que peut nous apprendre la philosophie au quotidien?Pour répondre à cette question Guillaume Erner est accompagné de Géraldine Mosna-Savoye et d'Emmanuel Kessler. Cette semaine, David, étudiant et membre du club de lecture de l'université d'Orléans, répond au thème de l'émission en convoquant « Siddharta » de Hermann Hesse, et «l'insoutenable légèrté de l'être » de Milan Kundera.
Une émission présentée par Guillaume Erner, en partenariat avec France Culture.
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