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André Pieyre de Mandiargues (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070300952
256 pages
Gallimard (04/03/1966)
4.16/5   920 notes
Résumé :
Voici un recueil de poèmes des plus révélateurs du talent de ce poète engagé. Cet ouvrage a d'ailleurs été réalisé au cours d'un voyage singulier où Paul Eluard combattait ses démons.
C'est un triptyque poétique dans lequel sont successivement évoquées les trois phases d'une crise: genèse, paroxysme et résolution.
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
4,16

sur 920 notes

" L'art d'être malheureux" était le titre premier. Puis ce sera l'énigmatique et saisissant " Capitale de la douleur"...

La douleur première, c'est celle de l'amour blessé, de l'amour qui s'enfuit, celui de Gala, qui lui préfère Max Ernst et s'en ira avec Salvatore Dali...

Mais une douleur transfigurée par la lumière durable de sa flamme à lui, et son désir de toujours, quoi qu'il arrive, célébrer celle qu'il aime " Je fête l'essentiel, je fête ta présence...."Eluard est vraiment le chantre de l'amour et de la femme.

Ce recueil est un concentré pur d'émotions, à travers des mots simples, des images incandescentes, une apparente facilité niée par la complexité des symboles,des références picturales comme dans " Max Ernst", un univers onirique propre aux surréalistes mais qui prend ici une dimension plus personnelle, la nuit comme refuge contre la douleur " Et quand tu n'es pas là, je rêve que je dors, Je rêve que je rêve..."

Certains textes ont pris un aspect tellement universel qu'ils s'impriment en nous, nous bercent et nous enchantent.Je ne résiste pas à l'envie de vous citer quelques vers , parmi ceux que je préfère, je les connais par coeur, ils m'inspirent et glissent avec délice en moi...

" Voyage du silence
de mes mains à tes yeux"

" le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin"

Et ce sublime " La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur"....

Chaleur du regard du poète, générosité de son coeur pourtant ensanglanté.Un recueil inestimable.Un cri d'amour à la Femme.Au-delà de la douleur.
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Paul Eluard écrivit ce recueil en 1924 alors qu'il traversait une période de doute et de crise personnelle.
Ces poèmes ont été pour partie construits sur la douleur et le mal-être de leur auteur.
Pour autant, les mots, s'ils peuvent paraître hermétiques au premier abord, sont d'une fluidité remarquable qui transporte le lecteur.
Quel voyage nous offre ainsi Eluard. On explore un univers qui va de la douceur à la douleur, on est subjugué par des passages d'une rare beauté et nul ne peut y être indifférent.
Un livre à prendre et à reprendre. Souvent.
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Survol trop rapide entre simplicité des mots et mystère du sens, le sentiment de beauté naît de l'amour, des yeux dont la courbe fait le tour du coeur, des paupières qui se referment sur un rêve profond, sur un sommeil lourd, sur un miroir, sur une présence, sur une absence, sur un nouveau mystère. le mots simples se mêlent de bizarres pierreries, entre nature vivante, oiseaux de malheur, corps entrevus ou aveugles pensées. Poésie dont il faudrait s'imprégner, qu'il faudrait relire à haute voix, chaque miniature seule, polie comme un diamant, à lire et à relire pour que le sens, caché et simple, touche au coeur l'intime lien de l'amour, de la poésie et de la douleur.
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« Capitale de la douleur » témoigne de la crise morale du poète survenue, en 1924.
Ce recueil qui est une interrogation angoissée sur la situation de l'homme face à lui-même et à autrui, souligne fortement la dualité entre « sens et sensibilité » qui ne cesse de déchirer le poète.
La crise morale est douloureuse certes, car la douleur est érosive, sourde et aveugle. Mais, les forces de la vie finissent par triompher, par l'emporter !
Poète de l'Amour qui le « crée », il en attend une communication (avec le monde) qui doit passer par les sens, car « toute caresse, toute confiance se survivent », et non par les mots.
Par l'amour et la poésie, le poète veut conquérir un univers où les choses et les êtres ne seront plus isolés dans leurs catégories respectives mais dans un univers où ils pourront se découvrir dans leur unité essentielle.
Eluard est le poète de l'image obscure (peut-être) et de la forme surtout (il y a dans ce recueil une étonnante richesse formelle : se succèdent et se chevauchent sonnets, vers blancs, des motifs dada et surréalistes émergent, se mêlent ; et cependant la hantise du décasyllabe et de l'alexandrin transparaît partout).
Même si sa poésie peut souffrir de quelque emphase rhétorique ; elle montre qu'Eluard poète engagé n'est en aucun cas un poète aliéné.
C'est un poète de l'amour et non du combat, difficile et pourtant familier.
Paul Eluard est à mes yeux l'un des lyriques les plus purs de la poésie française.
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Capitale de la douleur… Quelle douleur ? Celle de se rendre compte qu'on reste totalement insensible à la forme d'expression qui se voudrait la plus personnelle –la poésie ?
Un livre peut-il séparer du sentiment de ses semblables lorsque, en le refermant après l'avoir trouvé négligeable, on découvre qu'il figure au 60e rang des 100 meilleurs livres du 20e siècle ? Qui a établi ce classement ? D'après quels critères ? Pour en apprécier la lecture, faut-il avoir vécu sous une période bien précise ? Faut-il avoir connu des expériences historiques et politiques spécifiques ? Faut-il disposer des références adéquates, sans lesquelles le sens caché d'un texte ne peut être révélé ?


Dernière question –dont la réponse déterminera celles de toutes les questions précédentes : un texte nécessitant tant de ces dispositions exactes pour être apprécié est-il vraiment absolument génial ? Je ne crois pas.


Avant de lire Capitale de la douleur, je n'ai pas fait la démarche de me renseigner sur l'intention de signification qu'a cherché à lui donner Paul Eluard. Je ne pensais pas que ce recueil serait composé de textes liés par un fil conceptuel. Après recherches, je m'aperçois que si : Paul Eluard décrit le voyage d'un homme en crise et la révolution de trois étapes décisives de son existence : genèse, paroxysme, résolution. Si on ne le sait pas avant de commencer la lecture, on ne le sait toujours pas une fois qu'elle est terminée… à moins d'être Paul Eluard. La limpidité n'est pas une caractéristique de son écriture, à croire qu'il a écrit en se disant : « Plus le lecteur restera éloigné de mes idées, mieux ce sera. Plus le lecteur devra faire d'efforts pour comprendre mes expressions inutilement alambiquées, ridiculement mystiques et symboliques, plus je pourrais revendiquer le caractère poétique et profond de mes poèmes ».


Mais après tout, certains lecteurs trouvent-ils vraiment une résonnance à leurs pensées à la lecture de ce recueil ? Pour ma part, les images convoquées par la poésie de Paul Eluard m'ont laissée totalement impassible. Deux figures de cas : l'indifférence neutre des expressions que le hasard semble avoir forgées –alignements de noms qui n'ont rien à faire les uns à côté des autres, et que même l'effort d'imagination ne suffit pas à rendre attrayants-, et l'agacement des expressions où le romantisme naïf cherche à se donner l'apparat d'une symbiose entre l'homme et la femme –la femme étant toujours une créature muette et mystérieuse, parée d'atours au symbolisme désuet.


La poésie de Paul Eluard a peut-être plu par ses velléités contestataires, à une période de l'histoire où la soumission à l'ordre était particulièrement prégnante ? Ma vision actuelle me fait surtout considérer ces tentatives de dissipation morales comme d'innocentes provocations adolescentes, l'envie de faire un pied-de-nez aux personnes « sérieuses » en hurlant au monde entier que soi-même on vaut mieux que les autres –prétention qui traduit une vision du monde réduite à peau de chagrin. Paul Eluard évoque la mort à travers ses squelettes et ses corbeaux noirs ; l'amour en invoquant les sirènes des territoires orientaux, les yeux bleus immenses, les corps frémissants ; et c'est à peu près tout. Freud dirait : pulsion de vie, pulsion de mort. La dualité éternelle se retrouve en grandes pompes, il n'y a finalement rien de se profondément bouleversant dans la poésie de Paul Eluard.


Capitale de la douleur est le livre de l'expérience zéro. A la limite aura-t-il seulement contribué à me désolidariser de ces mystérieux juges qui ont placé le recueil dans les meilleurs livres du 20e siècle –sentiment dont je me serais bien passée, et qui contribue une fois encore à augmenter ma déception.


Lien : http://colimasson.over-blog...
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Citations et extraits (323) Voir plus Ajouter une citation
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin,
Ciel dont j’ai dépassé la nuit,
Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes,
Dans leur double horizon inerte indifférent.
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin,
Je te cherche par delà l’attente, par delà moi-même.
Et je ne sais plus tant je t’aime, lequel de nous deux est absent.


.
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Mon amour pour avoir figuré mes désirs
Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre
Tes baisers dans la nuit vivante
Et le sillage de tes bras autour de moi
Comme une flamme en signe de conquête
Mes rêves sont au monde
Clairs et perpétuels.

Et quand tu n’es pas là
Je rêve que je dors je rêve que je rêve.
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Je te l’ai dit pour les nuages
Je te l’ai dit pour l’arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l’œil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l’ai dit pour tes pensées pour tes paroles

Toute caresse toute confiance se survivent.
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Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

- Capitale De La Douleur - Mourir De Ne Pas Mourir - 'L'amoureuse' -
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Si je vous dis : « j’ai tout abandonné »
C’est qu’elle n’est pas celle de mon corps,
Je ne m’en suis jamais vanté,
Ce n’est pas vrai
Et la brume de fond où je me meus
Ne sait jamais si j’ai passé.

L’éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux,
Je suis le seul à en parler,
Je suis le seul qui soit cerné
Par ce miroir si nul où l’air circule à travers moi
Et l’air a un visage, un visage aimé,
Un visage aimant, ton visage,
À toi qui n’as pas de nom et que les autres ignorent,
La mer te dit : sur moi, le ciel te dit : sur moi,
Les astres te devinent, les nuages t’imaginent
Et le sang répandu aux meilleurs moments,
Le sang de la générosité
Te porte avec délices.

Je chante la grande joie de te chanter,
La grande joie de t’avoir ou de ne pas t’avoir,
La candeur de t’attendre, l’innocence de te connaitre,
Ô toi qui supprimes l’oubli, l’espoir et l’ignorance,
Qui supprimes l’absence et qui me mets au monde,
Je chante pour chanter, je t’aime pour chanter
Le mystère où l’amour me crée et se délivre.

Tu es pure, tu es encore plus pure que moi-même.
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Savez-vous quel recueil de poèmes aurait pu s'intituler « L'art d'être amoureux » ? Par l'un des plus grands poètes français…
« Capitale de la douleur » de Paul Eluard, c'est à lire en poche chez Poésie/Gallimard.
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