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Erika Abrams (Traducteur)
EAN : 9782264036094
592 pages
10-18 (21/08/2003)
4.14/5   323 notes
Résumé :
Le récit initiatique et sentimentalo-saphique d’une jeune écailleuse d’huîtres du sud de l’Angleterre. Plongée dans cette Angleterre qui condamna Oscar Wilde, dans les coulisses des salons mondains et du beau monde saphique, Caresser le velours nous offre, sous un éclairage inédit, une vision insolite et fascinante de cette fin de siècle qui préluda à la Belle Époque. Caresser le velours est devenu très vite un livre culte dans les milieux homo à Londres avant d’êtr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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C'est surhumain de ne pas cacher un tel amour en 1889. Un amour entre deux femmes. Un amour entre Nancy, l'écaillère naïve de Whitstable et de Kitty, l'artiste de music-hall qui arpente les planches en plastronnant dans son costume d'homme…
C'est terrible de dissimuler une telle passion dévorante à des parents aimants qui, décidemment, ne comprennent rien ; de la vivre cachée sous des draps froissés, comme de petites souris craintives…
La tête et le coeur plein de Kitty, Nancy va la suivre à Londres, la ville la plus immense et la plus enfumée et la plus effrayante qu'elle n'aurait cru possible. Elle aussi, le temps d'un soupir, le temps d'un rêve interrompu, fera la bateleuse dans son costume de capitaine de la garde… Elle va « devenir un garçon tout de bon, avec une ceinture de garçon et une braguette à boutons. »
Mais les histoires d'amour, même saphiques, finissent mal en général…
Esseulée, le coeur brisé et noir, Nancy va s'enfoncer dans la grisaille de Londres, avec l'espoir de s'y perdre à jamais. Descente aux enfers ou bien la rage de vivre ses folies et ses rêves jusqu'au bout, allez savoir ? Nancy sera persilleuse, puis « vraie gougnotte impudique », puis la toquade, le mets exotique de l'ogresse Diana…
Il faudra toute la tendresse de Florence pour la sortir de ce marécage. Avec derrière elles le poids de mille vies, elles avanceront main dans la main.
Et cette dernière image poignante quand Nancy apprend que ses parents ont affronté Londres pour arracher de ses griffes leur petite fille, et, la mort dans l'âme, s'en sont retournés bredouilles. Si elle leur disait une bonne fois pour toute ?
Quel récit ! Est-il besoin de vous dire à quel point j'ai aimé ce livre ?


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Cela fait plusieurs années que ce roman dort dans ma PAL. Il s'y était retrouvé car j'avais lu pas mal d'avis positifs à son sujet mais j'étais réticente à me lancer dans cette lecture. Il faut dire que « Caresser le velours » compte pas loin de 600 pages, un sacré pavé. Finalement, cette brique se lit très facilement. C'était une lecture plaisante qui a indéniablement des qualités mais qui a aussi des défauts importants. Mon enthousiasme sera donc très modéré.

Dans ce roman historique, on suit le parcours sentimental de Nancy, une jeune écaillère d'huîtres qui va suivre une artiste de music-hall à Londres.
Le roman est découpé en 3 parties. A chaque partie correspond une femme et un milieu. Dans la 1ère partie, Nancy tombe sous le charme de Kitty, une artiste de cabaret, la suit à Londres en tant qu'habilleuse. Cette partie est la plus réussie du roman. J'ai beaucoup aimé être plongée dans le monde du music-hall londonien de la fin du 19ème siècle. J'ai eu le sentiment que cet aspect était plutôt crédible et documenté. J'ai également aimé l'évocation de la découverte du sentiment amoureux du personnage principal. J'ai trouvé la peinture de cet amour naissant et la découverte de son attirance pour les femmes assez subtile et joliment sensuelle.
La partie suivante emmène le lecteur dans un tout autre milieu. Après avoir vécu de la prostitution, Nancy vit maintenant avec Diana, une femme de la haute société qui fait de la jeune héroïne une femme entretenue qui n'est finalement rien d'autre qu'une servante à sa disposition. Si je trouve intéressant de pointer du doigt l'attitude de la haute société vis-à-vis des classes populaires, Diana considère Nancy et ses autres servantes comme sa propriété, quasiment comme des objets, je n'ai pas aimé cette partie du récit. J'ai trouvé que la critique manquait de finesse, le propos est un peu lourd et surtout cette partie est longue et assez ennuyeuse. de plus, je trouve que l'auteure ne parvient pas rendre crédible l'emprise de Diana sur Nancy.
Enfin, la dernière partie va faire découvrir à Nancy le monde ouvrier et les luttes sociales à travers le personnage de Florence, une militante très engagée politiquement. Cette dernière partie est plaisante, notamment dans l'évocation des luttes sociales de l'époque et je trouve qu'il est toujours nécessaire de rappeler les très dures conditions de vie et de travail des petites gens du monde ouvrier.

Mis à part au cours de la 2ème partie, je ne me suis pas ennuyée au cours de ma lecture. le roman est globalement plaisant. L'aspect historique est plutôt bien rendu et le côté romance se lit avec une certaine impatience de voir ce qu'il va advenir. C'est fluide, ça coule tout seul. Mais, j'ai vu un défaut majeur dans ce roman qui m'a empêchée de m'y immerger pour de bon. Je n'ai jamais cru aux personnages et tout particulièrement à celui de Nancy. A aucun moment, je n'ai eu l'impression que Nancy existait, je n'ai jamais perdu de vue que j'étais en train de lire une histoire, jamais Nancy n'a pris vie à mes yeux de lectrice. du coup, il y a eu tout au long de ma lecture une sorte de distance entre le roman et moi, ce qui m'a interdit toute véritable implication émotionnelle. J'avais envie de savoir ce qui allait arriver à Nancy, Sarah Waters a un talent de conteuse certain, mais peu m'importait que ce soient de bonnes ou de mauvaises choses, elle m'indifférait, je n'étais pas attachée à elle car elle ne me semblait pas réelle. du coup, la voir sombrer dans le sordide de la prostitution ne m'a pas été pénible, ce n'était qu'une péripétie parmi d'autres, je n'avais pas de ressenti particulier à cet égard.

Pour moi, se sentir impliqué émotionnellement est primordial dans la lecture d'un roman. Je veux m'attacher profondément au personnage principal ou bien le détester intensément en lui souhaitant le pire, je ne veux surtout pas ressentir de l'indifférence. Or, ici ça a été le cas. Je ressors donc très mitigée de ma lecture malgré les qualités du roman et de son auteure.
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Écaillère d'huître dans un petit village du Kent, Nancy tombe un soir follement amoureuse de Kitty, chanteuse de music-hall, travestie en dandy. Une amitié se lie entre les deux jeunes femmes, et Kitty propose à Nancy de l'accompagner à Londres comme habilleuse. Proposition acceptée sans la moindre hésitation. À l'abri des regards, l'amitié se change en complicité, puis en amour.

Mais à l'abri des regards seulement : car si Nancy vit cet amour de manière insouciante, pour Kitty, le regard des autres et les on-dit comptent beaucoup : il est impensable d'accepter l'étiquette de « gougnotte ». S'ensuit une inévitable trahison qui brisera le coeur de Nancy, désormais à la rue.

Dans l'incapacité de retourner dans sa famille, il lui faudra se débrouiller pour survivre : d'abord dans les milieux homosexuels masculins grâce à sa maîtrise du travestissement, puis comme putain de luxe d'une aristocrate qui aime le scandale et la débauche.

Plongée palpitante dans le monde lesbien de la fin du 19ème siècle, sur le point d'être bouleversé par l'arrivée du socialisme et du féminisme, et finalement pas si différent de notre époque. Pas de faux-semblants, pas de pudibonderie, aucun cliché idiot, ce qui est appréciable (et rare). Même si j'ai lu quelques critiques négatives sur la traduction, j'ai pour ma part trouvé l'écriture très agréable et j'ai avalé les 600 pages avec avidité.
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J'ai ouvert ce livre sur les recommandations d'une vendredilectrice…. Attention, il est préférable d'avoir l'esprit ouvert pour s'y aventurer, parfois cru, toujours anticonformiste, c'est surtout un roman initiatique agréable à lire dans lequel on se laisse prendre jusqu'à la dernière ligne.
L'histoire est celle d'une jeune anglaise au 18ème siècle qui tombe sous le charme d'une chanteuse de music-hall et qui quittera tout pour la suivre sans savoir si elle peut espérer être aimée de retour.
Le personnage de Nancy est celui d'une jeune fille naïve qui se découvre attirée par une femme. Elle se laissera guider par celle qu'elle aime et vivra dans le besoin de cacher cette relation désapprouvée par la société. La première partie du livre présente une vie cachée mais douce. Un premier amour qui s'épanouit doucement. Hélas la vie rattrape les deux femmes et la séparation les guette.
Nan évoluera dans la suite de l'histoire, rencontrera d'autres femmes, des hommes aussi, d'amitiés en amours, de la rue aux maisons bourgeoises, de chanteuse travestie au métier de prostituée, des restaurants d'huitres aux meetings socialistes... elle découvre la vie sous ses aspects les plus glauques parfois. Tour à tour sombre, tendre, révoltée, discrète, nous la suivrons jusqu'à ce qu'elle trouve enfin la vie qui lui convient.
Nous sommes plongés dans un monde assez mal connu, celui du lesbianisme. Placé dans une société aux moeurs rigoristes, on y rencontre trois types de femmes ayant choisi de vivre leurs relations de trois façons différentes : en dissimulant, en choquant ou sans se soucier des autres. Mais est-ce réellement différent des relations actuelles ? Personnellement je n'ai pas ressenti une si grande influence de l'époque, les relations modernes ne me semblent pas plus simples malgré tout. Ce serait plus un roman prétexte pour aborder un sujet dérangeant.
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Fin XIXe. Nancy Astley est une jeune fille de presque 18 ans, qui vit avec sa famille dans le Kent à Whistable, le pays des huîtres. Elle partage sa vie entre sa famille, son travail d'écaillère, et son petit ami. Son grand plaisir est d'aller au music hall, voir les numéros des artistes.
Un jour, un nouveau numéro est à l'affiche : celui de Kitty Butler, travestie en jeune dandy. C'est une révélation pour Nancy. Les deux jeunes filles finissent par se lier d'amitié, Nancy tombe amoureuse. Elle devient l'habilleuse de Kitty, et quand celle-ci a l'opportunité de partir à Londres pour sa carrière, Nancy la suit.
Caresser le velours est clairement un roman d'apprentissage. Nancy est une jeune fille d'abord très innocente, mais volontaire. Dès le début, elle est à l'écoute de ses sentiments et de ses aspirations. Petit à petit, elle s'ouvre à la vie, et aux tentations de Londres. La découverte va crescendo, comme l'écriture. D'un style d'abord pudique pour les scènes sensuelles, l'auteur décrit de plus en plus précisément et de plus en plus crûment les plaisirs de Nancy, comme une affirmation de sa liberté à vivre pleinement sa sexualité et son homosexualité, que ce soit dans l'amour, dans la luxure, ou dans le profit.
Etre une femme à la fin du 19e siècle, voila aussi à quoi s'attache le roman : la condition féminine des femmes riches, femmes pauvres, femmes seules, femmes mariées, l'émergence des syndicats et du socialisme, le contexte est foisonnant et intéressant.
Une jolie lecture, j'ai cependant une préférence pour un autre roman de sarah Waters, du bout des doigts, pour son petit penchant gothique.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
" Quand je la vois, c'est comme... Je ne sais pas comment te le décrire. Comme si j'ouvrais les yeux pour la première fois. Je me sens comblée, comme un verre de vin qui se remplit. Je regarde les autres, avant, mais ce n'est rien, de la poussière. Alors, quand elle fait son entrée... Elle est tellement jolie, et son costume est tellement coquet, et elle a une voix si tendre... Je souris malgré moi, et en même temps j'ai envie de pleurer. Quand je la vois, ça me fait mal, là... "
Je mis la main sur ma poitrine, entre les seins. Ma voix n'était plus qu'un murmure tremblotant qui finit par me manquer tout à fait.
" Je n'ai jamais vu une fille pareille. Je ne savais même pas qu'il y avait des filles comme elle... "
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" Que diriez-vous d'une tunique de policier ? Où d'une vareuse de matelot ? Vous voyez-vous en pantalon à la hussarde, en veston à bouton de nacre ? Pensez-y, mademoiselle Astley, toutes ces belles nippes qui languissent en cet instant même au fond des malles des costumiers, cette mode, ces modes masculines qui attendent comme le Messie Kitty Butler, qui viendra s'en revêtir et leur prêter vie ! Pensez à tous ces tissus magnifiques - les florentines et les soies gaufrées, les velours et les gabardines, vieil ivoire, garance, zinzolin - pensez-y, sous les ciseaux du tailleur et l'aiguille de la petite cousette, pensez au succès qu'elle aura dans ses beaux habits de soldat ou de marchand de quatre-saisons... "
Il s'arrêta enfin pour reprendre haleine, et Kitty sourit.
" Comme vous y allez, monsieur Bliss ! Je crois bien que vous pourriez persuader un manchot de se faire jongleur. "
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Elle ressemblait, si l'on veut, à un très joli garçon, avec l'ovale parfait de son visage, ses grands yeux longs cillés, ses lèvres roses et pleines. Ses formes étaient minces, garçonnières, mais les rondeurs à la poitrine, sur le ventre et aux hanches, même discrètes, ne laissaient pas de doute - elle était bien femme. Elle portait d'ailleurs, comme je le remarquai au bout d'un moment, des talons de cinq centimètres. Avec cela, elle bougeait comme un garçon en marchant, puis en se campant tout au bord de la rampe, les jambes écartées, les mains dans les poches de son veston, la tête inclinée avec un petit air arrogant. Sa voix aussi, lorsqu'elle chanta, était celle d'un garçon - suave et terriblement vraie.
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En dépit de ce qu'il pourrait sembler, il n'y avait pas si loin du dandy que j'avais joué sur la scène au petit jeune homme qui faisait son persil. Le monde des acteurs et des artistes de music-hall et celui de la pédérastie, où je travaillais désormais, se ressemblaient à plus d'un égard. L'un et l'autre ont la ville de Londres pour patrie et le West End pour capitale. L'un et l'autre sont un pot-pourri de magie et d'indigence, de paillettes et de sueur. L'un et l'autre ont les mêmes types : ingénues et grandes dames, étoiles qui montent et qui descendent, têtes d'affiche et tâcherons...
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Je savais que je ne remballerais pas mes affaires, que je ne dirais pas adieu à Kitty dès le lendemain matin. Je m'étais trop avancée, je ne pouvais plus revenir en arrière. Je resterais avec elle, mais il faudrait que notre vie commune s'ordonne comme elle le voulait. Il faudrait ravaler les drôles de désirs qui me mettaient sur des charbons ardents, la regarder simplement comme une « sœur ». Être une sœur pour Kitty, ce serait toujours mieux que d'être rien, de ne pas exister pour elle. Si ma tête et mon cœur et la flamme qui se tordait au plus intime de moi-même, si tout mon être protestait et criait au scandale, tant pis. Il me faudrait apprendre à me taire. J'avais le choix ou d'aimer Kitty comme elle m'aimait, moi, ou de renoncer à jamais pouvoir lui donner mon amour.

Or, je le savais. Ne pas pouvoir l'aimer, ce serait terrible.
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