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EAN : 9782226312389
200 pages
Albin Michel (29/10/2014)
3.8/5   42 notes
Résumé :
« J'ai voulu me taire... Parfois ce n'est pas la réponse la moins dangereuse. Rien n'irrite autant l'autorité qu'un silence qui la nie. »

Longtemps présumé perdu avant d'être retrouvé et de paraître en 2013 à Budapest, Ce que j'ai voulu taire constitue le dernier volet inédit des Confessions d'un bourgeois. Le récit se construit autour de deux dates : le 12 mars 1938, lorsque l'Allemagne nazie annexe l'Autriche, et le 31 août 1948, lorsque l'écrivain ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Témoignage, confession, mea culpa, analyse politique, "ce que j'ai voulu taire" rassemble tous ces concepts.
En livrant une analyse en profondeur de la société hongroise après la première guerre mondiale, Sandor Marai prend conscience des errements individuels et collectifs des politiciens et intellectuels qui ont conduit le pays à sympathiser avec le nazisme pour ensuite s'engouffrer dans le bolchévisme. Il en éprouve un extrême sentiment de culpabilité qu'il exprime dans ce récit de façon répétitive, obsessionnelle.
J'ai appris lors de cette lecture que ce petit pays à forte identité nationale a subi le joug de l'occupation turque pendant 150 ans, supporté 400 ans de domination Habsbourg, même si Elizabeth d'Autriche soutenait le désir d'indépendance des Hongrois.(le côté le moins guimauve de Sissi, souvenez-vous).
Il déclare :"je suis hongrois, parce que je suis né hongrois, que le hongrois est ma langue maternelle et que tous mes sentiments et mon sort individuel me lient au destin du peuple hongrois".
Impossible de ne pas rappeler les points communs avec Zweig : tous deux appartiennent à la grande bourgeoisie possédante d'Europe centrale, sont des intellectuels engagés, humanistes, bouleversés par les tragédies historiques de leur époque qu'il appellent "les mouvements tectoniques de l'Histoire", et choisissant leur mort au terme de leur exil.
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Ce livre n'est pas un roman. Il est un témoignage, un récit, un vécu de la part d'un intellectuel, un écrivain, Sandor Marai, hongrois, et qui livre son ressenti mais aussi son analyse politique, sociale, de ce qu'a été la Hongrie dans la première moitié du XXème siècle.
Ce qu'il appelle la Hongrie de Trianon. Référence au traité du Trianon de 1920 qui enlève à la Hongrie (royaume) une quantité incroyable de territoires et donc de populations.
Marai a cette vision étonnante et humaine de ne jamais disjoncter les territoires des peuples qui les habitent et qui les cultivent. Ce que diplomates et politiques ont eu souvent tendance à faire.
Sandor Marai explore ainsi ce que l'on nommera le nationalisme hongrois. Il explique aussi l'origine de cette Hongrie entièrement liée au peuplement Magyar et à cette langue exceptionnelle en Europe. Et j'ai alors mieux compris les souffrances d'écrivains privés de leur langue car contraints à un exil et à l'oubli de leur langue donc de leur terre, ainsi Agota Kristof.
Il livre une réflexion politique sur les abandons, les lâchetés, les reconquêtes, les soumissions, les marchandages qui ont fait l'histoire de son pays qu'il aime, on le comprend, passionnément.
Lire ce récit aujourd'hui est très particulier, car il amène forcément des liens avec les choix actuels de la Hongrie (actuels, je veux dire depuis les années 1990 et sa libération du soviétisme). Il éclaire sur la particularité hongroise, magyare, qu'en Europe on oublie, facilement.
Il rappelle justement que l'Europe centrale et orientale a été et est encore une mosaïque de peuples, de langues, de cultures, de traditions, et que sans respecter toutes ces spécificités, on aboutit soit à une agressivité expansive soit à un repli, et dans les deux cas, à une explosion destructrice.
Un livre très intelligent (je ne peux pas en aborder tous les aspects), qui écrit il y a largement plus d'un demi-siècle, apporte toujours de la lumière sur ce qu'est l'Europe aujourd'hui.

On en apprend un peu plus sur la vie de Sandor Marai, quelques pages sont totalement autobiographiques (sa manière d'écrire, la mort de son enfant...)
Et en plus, bien sûr, il écrit magistralement.
Une lecture passionnante et enrichissante.




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Comment vous expliquer que plus je découvre cet auteur et plus je tombe sous le charme de sa plume. L'intelligence qui ressort de ce texte m'emporte, me parle et m'apprend énormément. Une énorme découverte que ce témoignage. Un texte que je recommande vivement à tous les passionnés d'histoire qui souhaiteraient lire un écrit d'un point de vue différent sur la bien triste période de la seconde Guerre Mondiale.

Ici c'est un constat que l'auteur nous livre. Entre 1938 et 1948, il prend le temps de nous raconter son point de vue, en tant que hongrois appartenant à la bourgeoisie, face à l'arrivée de Hitler à Vienne. Ce texte est très prenant car il nous livre un témoignage vu de l'intérieur. On entre directement dans l'intimité de l'auteur et narrateur de ce texte, en nous projetant dans cette période bien trop difficile à imaginer. Sandor Marai est un remarquable écrivain certes, mais il est également un homme brillant et engagé qui dénonce une société qu'il ne comprend plus.

De son point de vue de bourgeois, il traite du sujet avec beaucoup de recul et de profondeur. On est complètement submergé par l'intelligence qu'il use face à la montée du nazisme. de part son rang, il aurait pu comme beaucoup se ranger du côté de Hitler et vivre cette guerre d'une manière complètement différente. La Hongrie a connu bien des invasions avant même l'arrivée de Hitler, mais cette guerre marqua un tournant dans l'avenir du pays. Indexé, forcé à changer de nom, on en apprend énormément sur le pays, la période et toute la société qui a suivit aveuglément ou consentement cet homme bien trop dangereux.

La montée de l'Allemagne nazi est un sujet prédominant dans notre histoire et dans les textes, mais peu de livre nous présente ce point de vue. La haine des juifs et de ce qu'ils représentaient, comme la haine des bourgeois nous est expliquée, avec beaucoup de justesse. Ce texte très bien écrit se lit tout seul malgré l'intensité du sujet. On parcourt cette vie et on est impressionné par cette détermination et ce savoir. Sandor Marai m'éblouit de plus en plus. Autant par cette vive intelligence que par le recul qu'il use dans ses réflexions. Il nous donne sa vision des causes de l'extension du nazisme en Europe. Avec l'avantage de pouvoir nous dresser un portrait complet du côté des allemands, des hongrois ou bien encore des Russes. Ce texte est donc un précieux témoignage qu'il serait important de diffuser pour faire comprendre que l'histoire n'est qu'un éternel recommencement.
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Ce livre est le troisième volet de l'autobiographie de l'auteur. Ce volume-ci a été retrouvé de manière posthume alors qu'on le croyait perdu. Je n'ai pas lu les deux premiers tomes, mais cela n'a en rien handicapé ma lecture.

L'auteur, qui vit à Budapest, retrace ses sentiments durant les dix ans qui ont suivi l'Anchluss. Il décrit la passivité d'une certaine intelligentsia hongroise, dont il fait partie comme écrivain reconnu, et l'anéantissement de la classe bourgesoise déjà sous le nazisme puis sous l'empire soviétique. Il fuira d'ailleurs son pays en 1949 pour rejoindre les Etats-Unis où il se suicidera en 1989.

C'est un intéressant pan de l'histoire, que je croyais connaître, mais vu d'un tout autre bout de la lorgnette et je me suis rendue compte comme je connaissais mal finalement l'histoire de ces pays dits de l'est, pourtant si proches.
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J'ai trouvé ce livre dans ma librairie préférée, bradé pour un euro. Je me suis dit que c'était peut-être l'occasion d'aller à la rencontre de cet auteur hongrois dont j'avais entendu souvent le nom sans jamais avoir eu l'occasion de le lire. Je ne connais quasiment rien de la Hongrie et de sa littérature. Mais un voyage récent à Budapest que je qualifierai de pathologique, m'a fait découvrir deux poètes essentiels à mon âme : Attila Jozsef et Tibor Zalan, dont les recueils m'ont accompagné dans mes errances. C'est donc avec une grande curiosité que j'ai abordé Sandor Marai. Dernier volet des « Confessions d'un bourgeois », ce livre retrace l'histoire de la Hongrie entre l'arrivée des nazis à Vienne et l'installation des Soviétiques à Budapest. Dix ans d'histoire chaotique pour ce pays. L'auteur entrecroise L Histoire factuelle avec son ressenti subjectif. C'est très intéressant. Pour autant, je trouve l'écriture sèche, rugueuse. Il manque un peu de distanciation par rapport aux faits. Mais est-ce possible ? Marai dénonce, à juste titre les exactions et les pensées liées à ces régimes autoritaires que le pays à subi et le manque de réaction de ses concitoyens face à ces invasions. Il fait référence à des événements, des lieux, des personnages qui n'ont eu que peu d'échos au-delà des frontières. Pas grand-chose à quoi raccrocher mon intérêt. C'est ce qui, au fils des pages m'a peu à peu éloigné du livre. Me sentant étranger à ces faits. La lecture en diagonale s'est de plus en plus relâchée au fils des pages pour finalement s'arrêter à peu près au tiers du livre. C'est dommage car c'était le moyen d'en apprendre un peu plus sur ce pays. Mais ce n'est peut-être pas le bon moment pour moi.
C'est en compagnie d'une charmante hôtesse que je me suis retrouvé, achevant mon errance au fond d'une cave à bières, près d'une des deux gares internationales, goûtant mes derniers instants hongrois. J'ai bien failli rater le train de nuit pour Zurich...
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critiques presse (1)
Telerama
17 décembre 2014
Un texte puissant, dans lequel Sándor Márai décortique la mort programmée d'une philosophie humaniste broyée par les nazis puis par le régime stalinien.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
La mort, l'homme n'y croit pas vraiment (…) : il la craint, l'expérience nous montre qu'elle est inévitable mais, jusqu'à la dernière minute, nous espérons, au fond de notre coeur et de notre subconscient, que nous serons l'exception, que l'on découvrira un remède miracle qui allongera indéfiniment la vie humaine et que, personnellement, nous ne mourrons pas. (…) dans les moments où nous cessons de nous leurrer, où nous avons la certitude absolue que tout se transformera en néant en l'espace d'une seconde et sans espoir de retour, la nébuleuse conscience de la mort émerge des grottes sombres de l'âme et alors, c'est la panique.
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Nous parlions littérature et je fus surpris de voir à quel point cet homme savait précisément de quoi il parle. Il savait que Somerset Maugham était "presque" un bon écrivain mais qu'en fin de compte il affûtait ses histoires à l'excès et qu'il calculait ses effets, donc il n'était pas vraiment bon, alors que Virginia Woolf, qui n'était pas facile à lire, était vraiment un bon écrivain parce le lecteur trouvait dans ses écrits cette totalité qu'est la littérature.
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Quand on donne au peuple le droit d'exprimer, sans aucune preuve, sur de simples allégations et proscriptions, l'accusation formulée de façon générale selon laquelle telle personne serait «antidémocratique» ou «ennemie du peuple», quand, en pratique, cette accusation implique pour la personne incriminée des conséquences immédiates et quand celui dont on a condamné le nom (simplement en le faisant tourner sur le cylindre d'une imprimerie) est envoyé, sans aucun jugement légal, dans la prison que constituent l'impuissance et l'exil social et économique, le peuple use volontiers de ce droit parce que ce jeu impersonnel n'engage aucune responsabilité individuelle et déclenche chez les anonymes sans aucun pouvoir une grande satisfaction, une sorte d'euphorie. (P. 154)
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L'écrivain privé de l'atmosphère de sa langue maternelle est un être bégayant, estropié et impotent ! - tant que je vivrai et que j'écrirai, je ne pourrai abandonner l'esprit national hongrois. C'est primordial pour moi.
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"J'ai voulu me taire. Mais le temps m'a interpellé et j'ai su que c'était impossible. Plus tard encore, j'ai compris que le fait de se taire était une réponse en soi, à l'instar de la parole et de l'écrit. Parfois se taire n'est pas la réponse la moins dangereuse. Rien n'irrite autant l'autorité qu'un silence qui la nie."
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Avez-vous déjà vécu cette expérience terrible : quand l'amour entre en conflit avec l'amitié ? Mais savez-vous qu'il existe un roman formidable qui nous dit lequel de ces deux sentiments finit toujours par l'emporter ?
« Les braises », de Sandor Marai, c'est à lire au Livre de poche.
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