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EAN : 9782752905772
256 pages
Libretto (05/04/2012)
3.59/5   92 notes
Résumé :
Nous sommes à Rathmoye, petite ville d'Irlande, dans les années 1950. Lors des obsèques de la vieille et riche Mrs Connulty, Ellie, seconde épouse du fermier Dillahan, rencontre Florian Kilderry. Il photographie les endeuillés, les femmes, le cimetière, la ville.
L'amour s'empare d'eux. Ellie croit qu'elle va rompre avec la monotonie de sa vie, avec la tendresse sans relief et pourtant sincère de son époux. Mais Florian, jeune homme depuis peu orphelin, ne s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 92 notes
Fuir l'été actuel et se plonger dans l'un des années cinquante, quelque part sur le sol irlandais. S'immiscer dans la moindre petite parcelle du quotidien, à priori bien banal, de certains habitants de ce petit coin d'Irlande. Mais la banalité de la vie d'une bourgade existe-t-elle vraiment ? Chaque âme qui l'habite a un passé et un présent où se bousculent des impressions, des sentiments, des blessures, des pertes, des sensations et même des envies de protection d'une vague connaissance. Des personnes se croisent, s'observent, s'attirent alors que les gestes du quotidien continuent de se dérouler, tâche après tâche.
C'est un début d'été, un bel été dont les habitants se réjouissent dans ce bourg de Rathmoye. Avec ses commerces, son dépôt de charbon, ses pubs, ses deux églises… rien de particulier le distingue des autres petites villes irlandaises. Ce jour de juin, un jeune homme étranger au bourg prend des clichés des funérailles de Mrs Connulty. Ellie, la femme d'un fermier du coin, s'interroge sur cet homme venu à vélo et qui demande le chemin du cinéma brûlé lors d'un incendie survenu des années auparavant. Qui peut-il être et pour quelle raison est-il là ?

Lentement, très lentement, en s'attachant à tous les petits détails qui composent ces vies dites ordinaires, William Trevor nous les fait vivre de l'intérieur, avec un partage qui s'installe à notre insu, graduellement mais de manière diablement efficace. On se laisse aisément, presque hypnotiquement entraîner vers ces quotidiens scrupuleusement décrits. Ils laissent place parfois à des évènements plus ou moins dramatiques qui composent les existences des uns et des autres.

L'auteur nous fait rentrer au numéro 4 de la Grand-Place, la demeure de la défunte Mrs Connulty. Pas de chagrin chez sa fille qui n'était pas appréciée par sa mère. de cruels souvenirs remontent de l'enfance à la vue des bijoux qui sont désormais les siens. Avec son frère, elle partage maintenant cette pension à l'atmosphère morne. Frère et soeur n'ont pas grand-chose à se dire.
On se glissera à la ferme de Dillahan, l'époux d'Ellie, pour la suivre dans ses moindres mouvements ; nettoyer la laiterie, désherber le potager, ramasser les oeufs… l'accent porté minutieusement sur chaque geste, même les plus anodins comme ouvrir la fenêtre, raccrocher la balayette, donne l'impression très nette de partager la pièce, les déplacements, de suivre ce rythme lent synonyme de monotonie des jours. Chaque vendredi elle va livrer ses oeufs au bourg à quelques kilomètres qu'elle parcourt à bicyclette.
Florian, notre inconnu photographe, vit dans une gentilhommière, héritée de ses parents avec les créances qu'il ne peut honorer. Une vente et un exil sont ses uniques projets. Passif, sans aucun allant lié à son jeune âge, il vit doucement, au jour le jour. Les successives descriptions de cette demeure délabrée qui se vide peu à peu sont magnifiques. J'ai visualisé ce qu'elle fût, ce qu'elle est.
Il y aussi le vieux Orpen Wren qui n'a plus toute sa tête, qui attend chaque jour le train dans la gare désaffectée et discourt sur une ancienne demeure désormais rasée et ses habitants morts ou exilés.

Une autre rencontre d'Ellie et Florian se fera au cash and carry. Dans les habitudes d'un bourg à l'apparence tranquille, un homme arrivant à vélo se remarque.

Alors que la banalité des gestes de chaque jour emplit les pages, l'auteur y glisse subrepticement les échanges qui ont lieu entre Ellie et Florian. C'est un sourire qui ravit, une envie de rire étouffé. Dans les faits et gestes d'Ellie, ses pensées s'égarent vers le photographe et lui font parfois perdre le fil d'une conversation. Tout est dit sous couvert, modestement, et paradoxalement j'ai été saisie par la force de ce récit éthéré. Les songes de la jeune femme s'immiscent dans le texte comme ils s'immiscent dans son quotidien, la transformant et la faisant se sentir coupable sans pouvoir s'opposer à de telles pensées.
La construction est lente et minutieuse, même si on sent une accélération dans la seconde moitié. Cette trame intéressante insère aussi les personnages avec qui nous avons lié connaissance car les blessures des uns agissent et interfèrent dans l'histoire à venir. Elle nous fait également appréhender le temps qui file, au rythme des travaux des champs et des signes climatiques annonçant la fin d'une saison.

Ce roman est une perle mélancolique. Il dépeint à merveille la fugacité d'un été, des relations, mais aussi la fausse banalité de la vie lorsque l'on creuse dans les sentiments et le passé de chacun. J'ai aimé toute la sensibilité humaine qui se dégage de cette lecture simple et envoûtante, dans laquelle on entre à pas comptés, presque précautionneusement pour ne pas perturber le magnifique fil de cette histoire où les sentiments émergent et se démarquent des petits détails qui emplissent le quotidien.
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Nous sommes à Rathemoye, une petite ville Irlandaise,dans les années 50 où il ne se passe rien mais où la plupart des habitants continuaient à y vivre, les jeunes partaient pour l'Angleterre,parfois pour l'Amérique, beaucoup revenaient.Il était peut - être exagéré de dire qu'il ne s'y passait rien......
Lors des obséques de la riche madame Connulty, Ellie, une jeune femme , issue d'une institution, enfant du besoin et de l'humilité, née sans rien, n'attendant rien,mariée à un fermier veuf plus par devoir que par amour,croise Florian kilderry, et tombe éperdument amoureuse de lui, lui qui prenait des photos du lieu,du cimetière, du cortége....il loge dans un hôtel spartiate avant de vendre sa maison et de partir en Scandinavie...son passeport est prêt....
L'auteur décrit le quotidien d'une petite ville , raconte la vie des gens simplement, sans fioritures, il observe sans complaisance les personnages qui entourent le couple, le pasteur qui guidait les fidéles et posait les principes spirituels,miss Connulty , jalouse , cancaniére ,qui dirigeait une pension de famille, son frère Joseph Paul ne manquant aucune messe,un certain Orpen Wren, esprit dérangé racontant n'importe quoi à tout le monde dans la rue, le mari d'Ellie, homme honnête, respecté et sobre mais si ennuyeux au fond,....les gens s'épient , se scrutent,chacun a quelque chose à se faire pardonner, une faute passée, un accident oublié....on découvre décrite à petites touches la vie et les secrets de gens ordinaires ..tout en subtilités comme une photo oubliée en noir et blanc....
"Cet été là" scintille d'un amour fugitif, caché, glandestin et déchirant,l'amour qu'Ellie porte à Florian et réciproquement.
Cet amour illumine soudain son existence terne, mélancolique et routiniére...elle se prend à rêver que Florian va l'arracher à son statut d' épouse liée à un quotidien monotone auprés d'un mari qu'elle n'a pas choisi même s'il la traite bien.
L'écriture est délicate et pudique, le style est lent, riche de détails,subtil, l'auteur tisse autour du couple des histoires et des secrets ordinaires enveloppant cet d'amour d'été bref, lumineux et grave à la fois, un émerveillement passager, provisoire...
A la sincérité, à l'élan, à la loyauté d'Ellie répond la désinvolture, la puérilité, la distraction de Florian....partira t- il ailleurs?se construire une autre vie?
Leur relation durera où sera t- elle celle des espoirs déçus?
Il espérait qu'il lui serait difficile d'oublier Ellie, qu'au moins , il y aurait cela?
N'est - il que de passage?un roman irlandais tendre et nostalgique....à l'émotion contenue....
Un amour ...d'été...


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Nous sommes à Rathmoy, une petite ville irlandaise dans les années 50. La vie y semble paisible, immuable, même si le livre commence par un enterrement, celui d'une femme relativement riche, un personnage dans sa ville. Mais cette vie, où tout le monde connaît tout le monde, fait à peu près la même chose tous les jours, toutes les semaines, où l'on vit devant les yeux de la communauté, où rien n'échappe aux regards vigilants, est aussi étouffante, voire mortifère pour certains. Pour les enfants de Mrs Connulty, la femme morte, qui n'arrivent pas à sortir des rôles assignés par leur mère. Pour la jeune Ellie, mariée à un fermier bien plus âgé qu'elle, et qui a vécu un drame traumatisant avant de la rencontrer. Ellie rencontre un jeune homme, sur le point de quitter la région, et en tombe amoureuse, éprouvant enfin des sensations dont elle ignorait l'existence jusqu'ici. Mais Florian a vendu sa maison et il partira à la fin de l'été.

Comme à son habitude, William Trevor trace tout en finesse des portraits doux-amers de personnages attachants. Rien n'est asséné, tout est suggéré, pas grand-chose ne se passe, mais il y a une grande intensité dans les petits riens du quotidien. Il y a les souffrances enfouies, dissimulées dans des habitudes et routines qui permettent de faire comme si de rien n'était, la nostalgie de ce qui aurait pu être et qui ne sera pas, faute d'audace ou de chance, ou des deux. Et aussi des renoncements assumés, qui ne sont pas forcément que des abdications, des espoirs qui perdurent, entre raison et folie.

Un très beau livre, doux et violent à la fois. L'univers de William Trevor me touche une fois encore, et me donne envie de découvrir tous ses livres.
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Il s'agit d'une histoire d'amour interdite dans l' Irlande pudibonde des années 50 soumise aux diktats du clergé, aux rumeurs et aux cancanages .


Ellie se marie, presque malgré elle au fermier Dillahan, plus âgé et veuf. Il est gentil Dillahan mais il traîne un fardeau bien plus lourd que le travail de la ferme. Un drame le ronge. Ce fardeau s'appelle culpabilité. Et l'auteur nous raconte son histoire. Il gère" sa tonte, son enclos, son amas de vieilles barrières" en tentant vaille que vaille d'échapper à ses idées sombres.
Ellie croise Florian qui vient dans la région régler ses affaires et vendre la maison de ses parents décédés.

Nous vivons, le temps d'un roman, leur amour naissant, puis foudroyant et enfin douloureux mais de toute façon interdit. "Elle lutte contre son fantasme et s'agrippe à la réalité" Florian lui rappelle que" le temps ne pourrait que mettre à nu, ajoutant la blessure à la blessure, la douleur à la douleur et la honte à la honte".

Les personnages sont bien campés dans le décor verdoyant et unique de la campagne irlandaise. Il y a le curé qui accueille ses pélerins au confessionnal. Les soeurs de Cloonhill qui ne manquent pas d'influencer d'éventuels futurs adeptes et Miss Connlty "tranchante comme un rasoir" et qui, finalement se révèle bien différente et plus humaine.

Très beau texte. Très belle histoire qui ne peut s'articuler que dans le contexte auquel elle s'apparente. le style est concis, précis, les caractères parfois suggérés.
Ce livre on ne peut l'oublier, on peut par contre le conseiller.

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Florian vend la maison familiale trop grande pour lui. Son projet est de partir mais en attendant il trie les affaires de ses parents décédés et se promène à vélo pour faire des photos dans les villages voisins.



Il arrive à Rahtmoye, petit village irlandais, en plein enterrement d'une femme pieuse et renommée. Les villageois sont présents pour lui rendre un dernier hommage. Florian prend des photos du cimetière, des gens, et se fait beaucoup remarquer.



Parmi les villageois se trouve une jeune femme, Ellie, mariée avec un fermier. Elle aussi remarque Florian.

Leurs sentiments comme l'été, prennent un peu de temps pour se mettre en place. Puis, comme une évidence, c'est l'amour fou, les rencontres cachées puisqu'Ellie est mariée, l'espoir d'une nouvelle vie pour elle, un bel été pour lui.



Autour d'eux, certains villageois se posent des questions, s'inquiètent pour Ellie. Puis cet été si beau, si lent ne fait rien pour arranger les choses. Ellie se pose beaucoup de questions sur sa condition de femme mariée, son mari, gentil bonhomme traînant ses propres failles, le fait de ne pas avoir d'enfant. Ellie se met à rêver. le rêve de Florian est de quitter l'Irlande, seul.


C'est l'amour d'un bel été dans les années 50, une pause agréable dans ce monde.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
13 juin 2012
Tout en subtilité, en dégradés sépias, en délicatesse et sensibilité, "Cet été-là" demeurera inoubliable.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
31 mai 2012
Sur cette tragédie silencieuse, l'auteur d'En lisant Tourgueniev dépose le linceul d'une écriture aussi dépouillée que les landes de son pays: une merveille de pudeur et d'émotion retenue. Trevor, ou la littérature au violoncelle.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
16 mai 2012
C'est toute une communauté humaine qui prend vie et s'anime dans les pages de Cet été-là, une assemblée d'hommes et de femmes sur laquelle le regard de Trevor est d'une justesse et d'une empathie proprement saisissantes.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
02 mai 2012
Sans jamais s’appesantir, sans prolonger la visite plus qu’il ne faut, [William Trevor] passe d’un personnage à l’autre, adopte donc chaque fois un point de vue différent, revient à Ellie (son héroïne), rejoint Florian, s’en va planter des piquets avec Dillahan.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeSoir
02 mai 2012
Lumineux et grave à la fois, le roman raconte un émerveillement provisoire, un engagement qui n'est pas vraiment partagé entre les deux protagonistes.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il allait partir et l’idée qu’il ne serait plus là serait sa première pensée chaque matin, tout comme sa première pensée en cet instant était qu’il se trouvait bien là. Elle ouvrirait les yeux et verrait les murs badigeonnés de rose tels qu’elle les voyait maintenant, l’image sacrée au-dessus de l’âtre vide, ses vêtements sur la chaise devant la fenêtre. Il serait parti comme les morts sont partis, et cette notion serait présente toute la journée, à la cuisine et dans la cour, lorsqu’elle rentrerait l’anthracite pour le Rayburn, lorsqu’elle ébouillanterait les bidons de lait, pendant qu’elle nourrirait les poules et empilerait la tourbe. Elle serait présente dans les champs et l’accompagnerait quand elle attendrait avec ses œufs devant la porte d’entrée du presbytère, et aussi pendant que Miss Connulty compterait ses pièces et que l’homme au sonotone irait chercher de l’isolant ou des protège-mamelles. Elle serait présente pendant qu’elle s’allongerait aux côtés du mari qu’elle avait épousé, et pendant qu’elle lui préparerait son repas et lui couperait son pain, et pendant que la radio diffuserait les airs d’autrefois.
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Les derniére images de l'Irlande lui sont soustraites: ses rochers, ses ajoncs. ses petits ports, le phare lointain.
Il regarde jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de terre, seulement la lumiére du soleil dansant sur les flots.
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Les stores des maisons particulières, baissées lors du passage du cercueil, furent relevés aussitôt après. Les boutiques qui avaient fermé rouvrirent leur porte. Les hommes qui s'étaient découverts remirent leur casquette ou leur chapeau, les enfants qui avaient cessé de s'amuser dans Hurley Street purent reprendre leurs jeux sans gêne. Les employés des pompes funèbres descendirent les marches de l'église. La messe du lendemain verrait la venue d'un évêque ; jusqu'au bout, il serait rendu à Mrs Connulty ce qui lui était dû.
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Le souvenir des événements de cette journée ne s'était pas estompé, pour Miss Connulty, et elle le préservait par sa cruauté envers la défunte : le temps de la souffrance était révolu, et pourtant elle aurait voulu qu'il n'en fût rien, elle aurait voulu qu'il en restât toujours une trace - une grimace de douleur, un frisson, une partie de sa colère non encore assouvie.
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Lorsqu’elle recommença sur une nouvelle page, elle ne trouva pas d’autres mots, pas d’autre manière d’exprimer, sans trop se dévoiler, le désespoir qu’elle éprouvait. Et même le peu qu’elle dévoilait risquait de déconcerter et d’alarmer.
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Video de William Trevor (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Trevor
Diana Reich interviewe William Trevor Podcast traduit en français ( sous-titres) Diana Reich, directrice artistique de Small Wonder, interviewe William Trevor, le récipiendaire du premier prix Charleston - Chichester pour l'excellence d'une vie dans la fiction courte.
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