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EAN : 9782081380479
128 pages
Flammarion (19/04/2017)
4.02/5   29 notes
Résumé :
Ceux qui avaient choisi est une des premières pièces de théâtre de Charlotte Delbo, écrite en 1967, et restée longtemps inédite peut-être par une sorte de pudeur, parce qu'elle s'y livrait trop, et aussi à cause d'une sensibilité politique exacerbée. Ceux qui avaient choisi est d'abord un acte de mémoire et de fidélité à une lutte, celle de la Résistance (la vraie résistance, disait Malraux) avec sa passion politique pour un peuple et pour la liberté : la pièce est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Charlotte Delbo, l'auteure de cette courte pièce de théâtre écrite en 1967, est née en 1913 et décédée en 1985. Elle est une femme de lettres qui avec son mari s'engage dans la résistance dès le début de la seconde guerre mondiale. Son époux est fusillé au Mont Valérien et elle est déportée à Auschwitz et Ravensbruck.
Une grande partie de son oeuvre littéraire témoigne et raconte ce qu'elle a vu et vécu dans les camps de la mort.
« Ceux qui avaient choisi » a un caractère autobiographique, elle met en scène trois personnages principaux : Françoise (le double de Charlotte), Werner, un ancien officier allemand et en rétrospective Paul, le mari fusillé de Françoise.
Françoise raconte la guerre et ses horreurs, elle française, résistante, communiste et déportée. Lui est un ancien officier allemand, 50 ans, universitaire qui écrit des livres sur la culture grecque.
La question finalement de cette pièce est : peut-on se parler vingt ans après de telles épreuves, peut-on pardonner, du moins accepter l'autre dans ce qu'il a vécu, dans ce qu'il a fait, ou pas fait. La culpabilité, la maladresse de Werner, hérisse Françoise. Elle ne pardonne pas, mais elle ne veut plus haïr.
Dans son esprit, c'est Paul son défunt mari qui prend toute la place. Tout son amour est pour lui. Au fil de la conversation, ils se confient tous deux, Werner voudrait continuer la relation, Françoise ne le veut pas.
Une pièce très percutante, qui émeut, touche au plus profond de soi. Les sentiments sont mis à nus. Françoise est d'une grande dignité mais elle souffre encore très profondément de tous ces évènements. Werner dans son désir d'exprimer son repentir, sa culpabilité se montre finalement très maladroit. Il réveille les souvenirs de Françoise. Ce sont deux écorchés vifs qui ont du mal à se reconstruire.
Ce fut vraiment très émouvant à lire, ça prend au coeur et à l'esprit. Les mots touchent, on ressent leur mal être à tous deux. Une a choisi d'agir, l'autre non….
J'aime beaucoup lire un petit classique de cette collection de temps en temps. En parallèle du texte original, on y trouve une biographie de l'auteure, une chronologie historique et de nombreux extraits de textes relatifs à l'époque.
A mettre entre toutes les mains pour ne pas oublier...


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J'ai abordé l'oeuvre de Charlotte Delbo avec cette courte pièce et j'en ai été bouleversée. Très autobiographique, le sujet de la pièce est la rencontre, à Athènes, de Françoise, une rescapée des camps de concentration nazis dont le mari, résistant, est mort, avec Werner, un ancien officier allemand s'étant occupé d'affaires culturelles durant la guerre et prenant sur lui la culpabilité de la période hitlérienne ; lui aussi a perdu son épouse pendant la guerre.
Ces deux-là se ressemblent et seraient tombés amoureux en d'autres temps mais leurs expériences les séparent. Comme son mari, Françoise a choisi de combattre la dictature alors que Werner, sans avoir voulu être complice du nazisme, a détourné son regard des horreurs de ce temps en se plongeant dans la culture grecque. Cette différence les sépare irrémédiablement.
Les deux personnages de la pièce sont extrêmement émouvants et d'une touchante pudeur. Françoise, fière et calme dans la fidélité à son mari. Werner, pétri de regrets pour avoir laissé faire, l'âme ruinée d'avoir appartenu à la barbarie. Werner, qui pense, qui espère que leurs déchirures pourraient se guérir ensemble. Il y a un troisième personnage, Paul, le mari de Françoise, qui apparaît dans une analepse à la fin du premier acte (il y a deux actes) alors que celle-ci raconte à Werner leur dernière rencontre en prison. Paul, c'est la figure du résistant et du mari, la figure du sacrifice.
Alors que Werner et son fils ont peu de rapport, l'absence d'enfant issu de Paul et Françoise, sépare un peu plus la Française et l'Allemand.
Je crois savoir que l'édition de ce texte a été tardive mais que la pièce a déjà été montée et je brûle d'envie de la voir car la mise en scène peut certainement sublimer ce magnifique dialogue. Un texte qui, je pense, est adapté aussi aux adolescents pour l'étude de cette période.
A lire absolument !
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J'ai lu cette pièce dans une édition spéciale pour lycéens, et le paratexte a influencé mon jugement... L'intrigue est improbable : à la terrasse d'un café, un homme abordé une femme, pour initier un jeu de séduction semble-t-il. C'est une déportée, lui un Allemand - mais pas le pire, pas un nazi, juste un soldat.
J'ai eu l'impression que Charlotte delbo voulait raconter les horreurs de la guerre et des camps, témoigner des crimes de guerre, et que le théâtre n'est qu'un moyen, un outil, et non une fin en soi.
J'ai en effet trouvé cette pièce très - et même trop - didactique : comme si l'important était d'expliquer, d'expliciter même. L'émotion et l'intriguent comptent moins que l'exposé par les personnages de leurs idées, de leurs souvenirs.
D'ailleurs, d'un point de vue dramaturgique, il n'y a pas de véritable dialogue, chacun raconte son expérience traumatique de la guerre, les personnages échangent peu, ils monologuent chacun de leur côté. La communication est impossible, entre deux personnes ayant été dans des camps opposés. Pour moi, ce procédé empêche néanmoins l'émotion, je n' ai pas lu des personnages sensibles, mais des récitants froids - la distance peut néanmoins se comprendre comme un moyen pour surmonter le traumatisme. Seul le tableau où Françoise dit adieu à son mari résistant qui va être fusillé apporte de l'émotion.
Finalement, malgré un récit en partie autobiographique, j'ai plus cru lire la Banalité du mal en dialogue qu'une pièce de théâtre, un exposé philosophique sur le libre-arbitre, le poids de l'histoire, la culpabilité... plus qu'un texte pour la scène. L'émotion ressortirait davantage en spectacle qu'en lecture. Et cela ne va pas m'empêcher de chercher d'autres oeuvres de Charlotte Delbo.
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Une pièce de Charlotte Delbo dans un petit ouvrage pédagogique très bien fait.
Cela se passe à Athènes, dans les années soixante: une rencontre en terrasse, Françoise rescapée des camps lit. Werner la cinquantaine, allemand, ex officier est coauteur de cet ouvrage, prétexte pour entrer en conversation. Difficile et délicat dialogue entre deux personnes qui semblent s'apprécier mais que tout sépare. Françoise est fidèle à son mari Paul dont elle évoque la dernière rencontre avant d'être fusillé, et à sa lutte contre toute dictature. Werner se défend et s'accuse en même temps; il a honte devant cette femme qui a connu Auschwitz et Ravensbrück, lui qui est resté à l'écart des faits, passivement investi dans la Grèce antique. Françoise est caustique et quitte Werner sur un adieu définitif alors que lui voudrait la revoir; elle lui rappelle Hilde, son épouse disparue dans un camp lors d'une rafle de juifs qu'elle avait hébergé.
Lecture émouvante; depuis que j'ai découvert Charlotte Delbo, j'apprécie beaucoup son écriture et son témoignage; elle a continué sa lutte contre les dictatures et les violences notamment la guerre d'Algérie.
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Une pièce de théâtre courte (80pages) que je conseille dès la troisième, une vraie émotion un beau message de la dramaturge Charlotte DELBO. LUne pièce avec un retour en arrière dans le temps (-20ans) . Nous écoutons les protagonistes: Françoise et Werner.R tous deux des rescapés de la guerre. Ils échangent sur leur passé, sur la mort de leur compagnons. Une pièce touchante et bien écrite...
Je recommande chaudement !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
WERNER - Et vous, madame, connaissez-vous l'Allemagne ? Y êtes-vous allée ?

FRANÇOISE (dans un mouvement d'humeur, dégage brusquement son bras gauche en rejetant le manteau posé sur ses épaules pour montrer le numéro d'Auschwitz tatoué sur son avant-bras). - Oui, à Auschwitz.

WERNER - Vous étiez à Auschwitz, madame ... Oh ! Madame ! Auschwitz ! Et vous me parlez, à moi, un Allemand !
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PAUL. - Quel goût aurait la vie si on ne faisait qu'y séjourner en s'y ennuyant ou en s'en distrayant ? Quel sens l'amour si on ne vivait que pour le garder à tout prix, bien protégé, hors d'atteinte, hors de la réalité, comme une espèce de plante fragile qui craint l'air, qui ne vit pas ?

(extrait de l'Acte I - Deuxième tableau) - p. 51
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Quand on moissonne l’homme comme l’épi
L’épi en sa saison le grain mûr
L’homme en sa saison
À l’été de la révolte
Quand on couche l’homme comme l’épi
Le regard en face de l’acier
Poitrine offerte
Poitrine crevée cœur troué
Ceux qui avaient choisi.
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De petite lâcheté en petit renoncement, on laisse s'instaurer la brutalité, l'injustice puis la tyrannie et le crime. On se fait esclave.
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Nous sommes deux écorchés, chacun couvrant ses écorchures aussi dignement que possible. Nous ne pouvons pas échanger trois phrases sans nous demander pardon.
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Videos de Charlotte Delbo (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlotte Delbo
Charlotte Delbo : Spectres, mes compagnons - Lettre à Louis Jouvet (France Culture / Théâtre et Cie). Texte présenté par Geneviève Brisac. Réalisation : Marguerite Gateau, avec des archives INA. En partenariat avec l’association “Les Amis de Charlotte Delbo”. http://www.charlottedelbo.org/. Conseillère littéraire : Céline Geoffroy. Enregistré au Festival d’Avignon le 18 Juillet 2013. Diffusion sur France Culture le 2 octobre 2016. Texte lu par Emmanuelle Riva. Photographie : Charlotte Delbo, via le site internet de “L'association des amis de Charlotte” • Crédits : @copyright Schwab. « Charlotte Delbo fut l’assistante de Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée avant d’entrer dans la Résistance. Elle est arrêtée avec son mari Georges Dudach le 2 mars 1942. Le 23 avril 1945, après vingt-sept mois de captivité dans les camps d’Auschwitz-Birkenau et de Ravensbrück, elle fut libérée par la Croix-Rouge et internée en Suède. Elle n’avait pas encore trente-deux ans. Des deux cent trente prisonnières de son convoi, elles n’étaient plus que quarante-neuf. Et Charlotte Delbo se préparait à consacrer le restant de ses jours à trouver les mots justes, à écrire des livres et des pièces de théâtre pour faire vivre la mémoire et les mots de ses amies assassinées, et de son mari fusillé. La première chose qu’elle fit, le 17 mai 1945, ce fut d’écrire une lettre. On peut imaginer dans quel état de faiblesse elle se trouvait. C’était une lettre à Louis Jouvet, qui disait : « Je reviens pour entendre votre voix. » Il y eut d’autres lettres, jusqu’à cette dernière qu’Emmanuelle Riva lira, une lettre non envoyée, non terminée, non reçue, interrompue par la mort de Louis Jouvet, en 1951. Une lettre comme un testament politique et littéraire, où le courage, la peur, le rêve et la pitié pèsent leur juste poids. » Geneviève Brisac Cette lecture de « Spectres, mes compagnons » est agrémentée d'extraits de la Radioscopie consacrée à Charlotte Delbo, produit par Jacques Chancel et diffusée le 2 avril 1974. Remerciements à Claude-Alice Peyrottes, présidente d'honneur de “L'association des amis de Charlotte”. Source : France Culture
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