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EAN : 9782246353225
226 pages
Grasset (14/03/1990)
3.63/5   19 notes
Résumé :
« Pour la première fois, Jean Guéhenno ose regarder en face, et nous montrer, l'enfant et l'adolescent qu'il fut. En des pages d'une vigueur et d'une sobriété magistrales nous le voyons grandir, cerné par la pauvreté, s'éveiller à la vie de l'esprit, en même temps qu'au désir forcené d'en sortir, de « changer la vie » : la sienne, et celle des hommes, dont il a, dès le berceau, connu la peine. »
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ouvrage de souvenirs d'enfance et d'adolescence qui est un prétexte pour l'auteur à repenser sa vie d'homme.
Issu du milieu ouvrier, il explique toutes les difficultés rencontrées pour accéder jusqu'au bachot (on dit maintenant le bac) et occuper plus tard un poste de professeur.
Les ouvriers lui reprochent sa trahison (de classe) et son orgueil (vouloir devenir un Monsieur). Pour les bourgeois il ne restera toujours pour eux qu'un fils d'ouvrier.
Malgré tous ces obstacles, Jean Guéhenno garde sa foi dans le genre humain. Son livre, rempli d'humanisme et d'espoir est un réel plaisir de lecture. Ouvrage d'introduction pour tous les lecteurs qui voudraient faire connaissance avec cet écrivain.
Son dernier conseil, écoutons-le : " On ne change pas sa vie à soi seul et qu'il faut, pour la changer, changer aussi la vie des autres ".
Cette phrase est retranscrite à l'encre bleue sur la page de garde de mon exemplaire. En dessous, comme un hommage, une trentaine d'amis ont apposé leur signature.
Ce livre fut un cadeau pour Maurice (qui est-il ?) un 10 juillet 1962.
Septième tirage de l'édition originale de chez Grasset, une reliure, avec un dos en cuir blond, l'habille.
Maurice avait fait le bien autour de lui et ses amis avaient voulu lui dire merci.
Mais les années passent...
L'été dernier j'ai acheté cet ouvrage, dans un vide grenier, pour une somme dérisoire.
Maurice est mort, ses amis aussi.
Personne n'a songé à garder un souvenir de lui.
Parfois je me prends à penser à Maurice.
Parfois je me surprends à pleurer sur tous ces livres abandonnés.
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Jean Guéhenno raconte son enfance auprès de son père, cordonnier, compagnon du tour de France, et de sa mère qui tiendra un temps un café, tout en travaillant à la maison pour les fabriques de chaussure de Fougères. Jean va au collège, travaille d'arrache-pied pour ne pas démériter devant les fils de bourgeois qui fréquentent l'école. La maladie de son père, puis sa mort, l'oblige à quitter l'école. Il devient employé aux écritures à l'usine, passe son deuxième baccalauréat au moment de la grande grève de la chaussure de 1906, ce qui lui permettra – boursier – de poursuivre ses études au lycée Lakanal à Sceaux.
Chronique de la vie ouvrière au tournant du vingtième siècle, Jean Guéhenno peint la condition des petites gens qui vivent dans la hantise de la maladie et de la misère. Pourtant, son récit n'est jamais misérabiliste car il montre le courage des ouvriers, leur dignité, leur pudeur à dévoiler les difficultés du quotidien. le père de Jean Guéhenno appartenait à l'aristocratie ouvrière, les compagnons, il avait un engagement politique et syndical, il deviendra même voyageur de commerce. C'est un homme debout jusqu'à ce que la maladie l'emporte. Sa mère, croyante, craintive, épouvantée parfois par le malheur qui peut s'abattre à tout moment sur la famille et réduire à néant son précaire équilibre économique – c'est d'ailleurs ce qui se produira – est une travailleuse acharnée. Elle refusera toujours de s'arrêter de travailler, même quand Jean pourra subvenir à ses besoins. L'existence des Guéhenno est dure, mais pas exempte de joies et l'un des loisirs préférés de la famille est le chant.
J'ai aimé ce livre car j'y ai souvent retrouvé, au détour d'une page, des souvenirs qui auraient pu appartenir à ma famille, aux miens (ah ! l'orange de Noël dont me parlait mon père). Changer la vie, c'est ce que nos parents ont voulu pour nous, avec le même espoir qui souffle dans le récit de Guéhenno.
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Jean Guéhenno est un écrivain, un humaniste injustement oublié. Né en 1890 à Fougères dans un milieu ouvrier, il est parvenu à devenir grâce à la culture qui "change la vie", un brillant universitaire. Dans ce livre, il raconte son parcours difficile, son enfance, sa jeunesse, ses études qu'il doit interrompre pour travailler en usine, les grèves ouvrières du début du XX°siècle, ses difficultés financières, son décalage avec ses camarades étudiants issus des milieux bourgeois.
Il évoque les craintes de trahir son milieu et en même temps sa volonté de participer à changer le monde, La foi en l'homme qu'il conserve jusqu'au bout est un message d'espoir.
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Jean Guéhenno, homme de lettres issu d'une modeste famille d'ouvriers, retrace son enfance et son adolescence. A travers ce récit, se dessine le portrait d'un jeune homme déchiré entre ses racines ouvrières et "le monde de la culture" dont il aimerait faire partie. Comment "changer la vie" sans toutefois trahir son passé ?
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Choisi dans une boite à livres de Fougères parce qu'il est un auteur originaire de cette ville mais j'ai eu comme l'impression qu'il a écrit ce livre dans le seul intérêt d'écrire. Avec les quelques dizaines d'années qui nous séparent, je me rends compte que cela peut-être un excellent témoignage sur sa condition de vie. Malheureusement, je n'y trouve pas d'autres intérêts. Légèrement ennuyante cette lecture...
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
"Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien et ne nous laissez pas succomber à la tentation", disait la vieille prière de tout l'Occident. En effet les choses étaient ainsi liées, le pain et les tentations. Il y avait d'abord le pain, la source de la vie, le moyen d'apaiser sa faim, le principe de toutes les forces, de toutes les puissances et de toutes les joies. Et puis il y avait toutes les manigances pour s'en emparer, toutes les vertus à l'oeuvre mais aussi tous les vices pour en avoir un peu plus à grignoter, le travail et le vol, l'économie et l'avarice, toutes les violences, toutes les ruses, tous les règlements hypocrites de répartition, toutes les lois, toutes les philosophies, le droit naturel du gros à manger davantage, mais celui des plus maigres à s'engraisser un peu, l'injustice des rassasiés fixant la tradition, mais la justice des affamés déchainant les révolutions, la lourde main des forts posée sur la miche qu'ils ont peur de perdre, mais aussi l'acharnement des faibles, leur fourmillement autour des miettes tombées à terre.
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Quand je fus à l'usine, je me pris pour les livres d'une véritable passion. Depuis elle ne m'a guère quitté : je n'ai plus cessé d'en acquérir et n'ai jamais pu me décider à en revendre un seul, si inutile, si mauvais qu'il soit, mais enfin désormais je les déteste ou les adore, je sais un peu ce qu'ils valent, de quelle comédie, de quelle foire ils peuvent être l'enchère et l'occasion pour ceux qui les écrivent et pour ceux qui les lisent ; surtout je sais que les vrais livres sont rares.
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"Demander de l'augmentation", comme on disait, était une grande épreuve.
On supputait longtemps quand il vaudrait mieux la tenter. Dans le coup de feu de Pâques, peut-être ? Le patron n'oserait pas refuser, risquer l'interruption du travail, la fermeture de l'usine au plein de la saison. On consultait son visage, comme un paysan les phases de la lune. Enfin on décidait de ne plus attendre. Il avait l'air de bonne humeur. Il était dans ses bons jours. On lui envoyait une délégation, on lui portait une pétition. Tous les intéressés la signaient, mais en prenant une précaution curieuse : la suite des signatures formait un cercle, afin qu'on ne pût pas distinguer l'initiateur, le premier signataire.
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Mais quelquefois, les soirs d'été, quand le travail ne pressait pas (l'industrie de la chaussure est saisonnière et les mois d'août et de septembre sont des mois vides), je faisais à ma mère et ma tante Madeleine des lectures des derniers beaux livres que j'avais rencontrés. On faisait place nette sur la table de la cuisine, on frottait avec soin la toile cirée et j'ouvrais mon livre comme une bible. Une fois, je me souviens, je lus des fragments d'un petit livre de Charles-Louis Philippe qui venait de paraître : La Mère et l'Enfant. C'étaient les passages sur le pain. Il me fallut les relire plusieurs soirs. "On était, me dit ma tante Madeleine, comme à la messe." Elles pleuraient toutes deux, et moi, les mots me restaient dans la gorge. Elles ne comprenaient pas qu'avec ce qu'elles vivaient tous les jours on pût faire quelque chose de si beau. Elles voyaient leur vie comme elles ne l'avaient jamais vue. Leur surprise me réconfortait, me rassurait. Peut-être les livres et les hommes de livres n'étaient-ils pas, après tout, si inutiles.
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Pourtant, je l'affirme, c'était quelque chose de grand qu'une grève ouvrière en 1906. On n'en a guère idée aujourd'hui que la guerre entre les classes s'est en quelque sorte normalisée, réglementée. C'était une affaire de pain, bien sûr, mais autant une affaire d'honneur, un dur combat. On savait qu'on aurait faim. On prenait un effroyable risque. Fût on vainqueur, quelque chose serait perdu : des journées de travail et de paye qu'il ne serait pas question de retrouver. Personne n'y eût même pensé, car cette perte et la souffrance qui en résulterait devaient être le prix même de la victoire.
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Littérature
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