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Édouard Jimenez (Traducteur)Jacques Rémy-Zéphir (Traducteur)
EAN : 9782070379477
256 pages
Gallimard (26/02/2009)
3.83/5   395 notes
Résumé :
Dans le Mexique du début du siècle, en pleine tempête révolutionnaire, Tita, éperdument éprise de Pedro, brave les interdits pour vivre une impossible passion.
À cette intrigue empruntée à la littérature sentimentale, Laura Esquivel mêle des recettes de cuisine. Car Tita possède d'étranges talents culinaires : ses cailles aux pétales de roses ont un effet aphrodisiaque, ses gâteaux un pouvoir destructeur. L'amour de la vie est exalté dans ces pages d'un styl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (110) Voir plus Ajouter une critique
3,83

sur 395 notes
Il y a de ces livres qui constituent de belles surprises, qui font du bien et Chocolat amer en fait partie. Je dois admettre d'emblée que ce n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais. Je ne sais pourquoi mais j'imaginais de jolies et sympathiques aventures autour d'un fourneau, un groupe de mères et grand-mères (des matriarches) en train de popoter autour du fourneau, réalisant des recettes transmises de génération en génération, voire des secrets de famille. Il y a de ça, oui, mais l'intrigue est remplie de zones d'ombres- heureusement !

Dans un Mexique du début du XXe siècle, troublé par les révolutions, l'autoritaire Mama Elena tient sa ferme et dirige ses trois filles d'une poigne de fer. L'aînée s'enfuit avec un général et Tita, la touchante cadette, tombe amoureuse de Pedro. Toutefois, tradition oblige, il faut marier Rosaura la seconde d'abord et, puisque Pedro est libre… La pauvre Tita se retrouve confinée à la cuisine à popoter avec la servante Nacha, qui connaît mille recettes. Évidemment, une telle situation familiale ne peut que finir par exploser…

L'histoire est un peu plus complexe, il suffit de dire que les personnages passent des moments durs, tristes et violents. Mais ils sont balancés par d'autres, délectables et jouissifs. Et que dire de cette finale, grandiose, explosive. Et ce message universel : l'amour vainc tout…

Ceci dit, ce n'est pas tant cette histoire qui est marquante mais l'atmosphère qui s'en dégage. Et c'est là tout le génie de Laura Esquivel. Les recettes et l'importance accordée à la nourriture, aux plats, n'y est pas étrangère. En fait, le roman est divisé en douze chapitres, un pour chaque mois de l'année, et mettant à profit les talents culinaires de Tita. Par exemple, en janvier, des petits pains pour Noël, en février, un gâteau Chabela, en mars, des cailles aux pétales de roses, etc. J'ai salivé à plus d'un moment. Surtout que plusieurs des recettes sont des plats typiquement mexicains donc, à mes yeux, exotiques.

L'idée d'associer un plat à un événement de la vie des personnages (et pas de façon superficiel, le plat fait partie de la vie de tous les jours et même des célébrations) était originale. Ça m'a un peu déboussolé car ça m'a donné l'impression que l'histoire ne se déroulait que sur une année mais on se rend compte assez vite que, parfois, un an au complet s'est passé entre chaque chapitre. Mais, au final, ça donne une lecture délicieuse et épicée.
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LES PÂTES AU PARMESAN

INGRÉDIENTS :
- de l'eau
- Des pâtes
- du sel gros
- de l'huile
- du beurre
- du parmesan à la coupe

RECETTE :
Remplissez un faitout ou une grande casserole avec deux bons litres d'eau et ajoutez une grosse pincée de sel gros et une cuillerée à soupe d'hule. Chauffez jusqu'à ébullition.

J'ai décidé de me faire à manger pendant cette critique. Pourquoi pas, après tout ? Mais parce que la cuisine et moi, ce n'est pas le grand amour, je vais me cantonner à un basique que je maîtrise, les pâtes. Avec du parmesan, tout de même. Et surtout pas de parmesan en sachet, par pitié ! Un morceau à la coupe, il n'y a que ça de vrai. Ce fromage peut se conserver des mois dans du film alimentaire, au fond du bac à légume du frigo. Alors, amis celibataires, n'hésitez pas à en acheter un bon morceau, ce n'est pas si cher et c'est tellement bon.
Pendant que l'eau chauffe, parlons un peu de ce roman de Laura Esquivel : Chocolat amer.

Le titre complet est : Chocolat amer, roman-feuilleton où l'on trouvera des recettes, des histoires d'amour et des remèdes de bonne femme. Je trouve que c'est un très bon résumé.
Tita, cadette de la famille, vit au Mexique avec sa mère et ses deux soeurs. Elle a deux passions : la cuisine et Pedro. Ce dernier aime Tita, mais elle ne peut l'épouser, à cause d'une mère autoritaire et d'une tradition familiale rétrograde. Alors Pedro décide d'épouser une des soeurs de Tita, Rosaura. Il ne l'aime pas, mais c'est le seul moyen de rester proche de l'élue de son coeur.

Quand l'eau bout, ajoutez les pâtes et baissez le gaz. Continuez la cuisson à feu doux en remuant régulièrement avec une cuillère en bois. Si vous avez choisi des spaghetti ou des taglliatelle, touillez avec une fourchette à deux dents, mais faites bien attention à ne pas rayer le fond de la casserole.
Pendant la cuisson des pâtes, râpez une bonne quantité de parmesan dans un bol.

J'adore le parmesan. Quand j'ai finit de le râper, mon petit plaisir est de lécher le bout de mon doigt pour coller les petits grains de fromages qui sont tombés sur la nappe. C'est trop bon !
J'aime nettement moins l'eau de rose que le parmesan. Autant dire que les déboires sentimentaux de Tita et Pedro m'ont paru assez ennuyeuses. Malgré la brièveté du texte, il y a des longueurs. Pour parler franchement, les derniers chapitres m'ont gonflés... comme les pâtes en fin de cuisson.

Quand les pâtes commencent à gonfler et blanchir, c'est signe qu'elles sont bientôt cuites. Goûtez-en une de temps en temps. Quand la cuisson est à votre convenance, égouttez et versez les pâtes dans un plat. Ajoutez quelques grosses noisettes de beurres et la moitié du parmesan râpé. Mélangez bien et servez tant que c'est chaud.
Mettez le bol contenant le reste du parmesan sur la table pour saupoudrer vos assiettes pendant le service.

Le roman est truffé de recettes, présentées comme dans cette critique. Des paragraphes qu'on dirait sortis tout droit d'un livre de cuisine et qu'on pourrait extraire du roman sans que le texte n'en soit changé. C'est original, mais assez bizarre et franchement, je ne sais pas si j'aime ou pas. Par contre, je dois reconnaitre que les recettes sont appétissantes et autrement plus élaborées que mes pâtes au parmesan.

Si j'étais un bon cuisinier, j'aurais également donné la recette d'une bonne sauce d'accompagnement. C'est malheureusement au delà de mes compétences. Les seuls autres plats que je sais faire se réchauffent au micro-onde. du moins, tant que la durée est indiquée sur le paquet.

J'ai trouvé dans Chocolat amer un livre de recette à la présentation originale, une romance ennuyeuse et même, ce qui n'est pas pour me déplaire, quelques touches de fantastique. Mais tous ces ingrédients ont donné un plat à la saveur trop étrange pour que je l'apprécie vraiment.

Finalement, je crois que la cuisine mexicaine est un peu trop compliquée à mon goût. Je vais plutôt me dépêcher de manger mes pâtes avant qu'elles ne refroidissent.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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« Elle sortit son mouchoir et tenta d'effacer, avec la sueur, ces coupables pensées.
Peine perdue, il se passait quelque chose de bizarre. Elle chercha de l'aide auprès de Tita mais cette dernière était absente. Son corps était bien sur la chaise, très correctement assis, mais il n'y avait dans ses yeux aucun signe de vie. C'était comme si, par une extraordinaires réaction chimique, son être s'était dissous dans la sauce des roses, dans la chair des cailles, dans le vin et dans chacun des effluves du repas. Tita s'insinuait dans le corps de Pedro, voluptueuse, aromatique, chaude sensuelle. »

Amoureux de rationalité, fervents défenseurs des bonnes moeurs et des histoires vraisemblables, passez votre chemin ! Ce n'est pas à la ferme de Mamá Elena que vous trouverez de quoi vous plaire.

Pourtant, depuis qu'elle est veuve, ses filles, elle les élève à la dure, Mamá Elena. le sens du devoir n'est pas un vain mot ici. Celui des convenances et de la décence non plus. Rosaura, l'ainée, Gertrudis et Tita, la grand-mère de la narratrice, passent leur journée dans l'obéissance et les corvées qu'occasionne une grande maisonnée à la campagne. Nous sommes au Mexique, au début du 20e siècle, pour ne rien arranger, la révolution fait rage. Vous verrez donc, entre deux dindons à plumer, des troupes de guérilleros dépenaillés, suant et diablement virils, des armées à nourrir, de grands dangers.

Mais vous comprendrez très vite que ce n'est pas dans les luttes intestines que réside le plus grand péril. C'est dans l'amour que Pedro voue à Tita et que celle-ci lui rend bien.

La plus jeune des trois filles est quasiment née dans la cuisine, elle y exerce depuis ses charmes redoutables. C'est bien simple, depuis qu'il a posé les yeux sur elle, Pedro sait qu'elle lui appartient. Mamá Elena aura beau lui promettre Rosaura en mariage, s'opposer à ce que ces deux là s'approchent, se frôlent, se respirent, c'est peine perdue ! Dans les vapeurs des plats dont les recettes nous sont contées au fur et à mesure des chapitres, grandissent la passion amoureuse et les invraisemblables intrigues qui lui font obstacle et constituent le sel de ce roman.

Vous y trouverez, outre des dizaines de piments, des amandes, du sésame et du chocolat, des cailles, des étreintes torrides, une douche artisanale, des dindons, du cacao et de la queue de boeuf, un enfant mort, une possible et adultère grossesse, une enthousiaste prostituée adepte des bacchanales, encore des piments, de l'ail, des oignons, du filet de porc pour les chorizo, poivre, cumin, vinaigre de pomme, des incendies, des allumettes qui auront pu être mouillées et puis plus. Enlacés à l'intrigue, ainsi. Dans un pêle-mêle indécent de recettes et d'aventures. Il faut au moins ça pour lutter contre le malheur guindé, les convenances cruelles et l'appétit des soldats.

C'est un roman qui m'a rappelé le coeur cousu, voluptueux et fou dont on imagine les scènes dans le contraste un peu outré des illustrés de mauvaise qualité ou le crépitement d'une radio captant mal les voix gouailleuses d'une telenovela sirupeuse. Un roman qui se joue de ces codes pour peindre des passions sublimes et interdites, des destins absurdes et grandioses dans un premier degré plein d'autodérision. Comme le gâteau Chabela (175 g de sucre, 300 g de fleur de farine, 17 oeufs et le zeste d'un citron, 800 g de sucre glace et 600 gouttes de citron pour le fondant), on n'en mangerait pas tous les jours. D'ailleurs ça nourrit moins que ça ne vous laisse vaguement écoeuré, presque honteux de tant de débauche sucrée, mais de temps en temps, alors que la pluie cogne sur les carreaux et que la vie paraît aussi banale que tristoune, oh que c'est bon !
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, j'avance dans le challenge Multi-Défis avec l'item « livre dans ta PAL depuis cinq ans » avec un bouquin prévu depuis 1995. Ca va, j'ai un peu de marge, ça devrait passer fastoche.

-1995 ? Sérieusement ? Tu es capable de te souvenir d'un titre entraperçu il y a plus de vingt ans ?

-Non, je n'en suis pas capable. Je suis capable de me souvenir d'un seul titre pendant une vingtaine d'années et c'est celui-ci : depuis que j'ai vu Les épices de la passion sur une chaîne cryptée, film adapté du roman Chocolat amer, de Laura Esquivel.

Or donc Tita, benjamine d'une sororie* de trois, est vouée au célibat : une tradition familiale oblige la plus jeune fille à rester au service de la mère toute sa vie. Hélas, Tita est amoureuse de Pedro, et réciproquement. Pedro épouse alors Rosaura, l'aînée, pour rester auprès de son amante. Tita pleure beaucoup. Dès la première page, d'ailleurs. Et cuisine. Enormément. Bref, passionnant !

-Attends. Tu es en train de me dire que l'histoire de l'amour malheureux et frustré d'une jeune fille qui verse des hectolitres de larmes en remuant des casseroles, c'est passionnant ?

-Absolument. Et j'irai même plus loin : la famille de Tita est hautement toxique et prend soin de la rendre malheureuse.

-Mais quelle horreur ! je lis pas ça, moi !

-Tu as tort pour deux raisons : le drame est très fortement atténué par une narration légère, pleine d'un humour tendre pour elle et amer pour qui la tourmente. Et Tita résiste, comme elle peut, parfois sans le vouloir grâce à sa cuisine, elle n'est pas qu'une victime passive, elle se révolte avec ses moyens.

Quant à la deuxième raison, la voici : Laura Esquivel signe une chronique familiale, certes, mais sans le réalisme qui d'habitude assaisonne l'exercice. le roman est fortement empreint de fantastique. La cuisine de Tita est magique : quiconque la goûte subira les effets de son humeur ou les conséquences de ses souhaits. Elle-même n'en semble pas complètement consciente, d'ailleurs.

-Ah bon. C'est un roman fantastique.

-Oui… et non… disons que la magie s'invite dans la vie quotidienne. C'est aussi un roman culinaire et historique : de nombreuses recettes ponctuent l'action. Quand je dis « historique », ce n'est pas seulement à cause de la révolution en toile de fond, mais aussi à cause de tout l'aspect documentaire de la vie quotidienne de l'époque. J'ai adoré découvrir le travail d'une ferme mexicaine, les trucs et astuces de conservation en l'absence de réfrigérateur…

-Les recettes, c'est un peu casse-pieds, non ?

-Non. ‘Fin, je n'ai pas trouvé. Je n'aime pas beaucoup la cuisine qui pique, le piment ne me fait donc pas rêver, mais j'ai éprouvé une grande satisfaction à apprendre des mots, des recettes et des plats inconnus. J'ai admiré le travail éreintant, épuisant que représente la cuisine traditionnelle.

Et en dernier lieu, il reste quelque chose de fascinant dans ce texte : le temps.

L'histoire est découpée en chapitres : un pour chaque mois de l'année. L'on pourrait donc supposer que l'intrigue dure un an. Illusion littéraire, en réalité. La narration oscille sans cesse entre passé et présent, et le présent ne se passe pas forcément quand on le croit…

Roman triste, roman drôle, sensuel, dénonçant l'hypocrisie de règles absurdes, Chocolat amer ne m'a pas déçue, loin de là. Je regrette à vrai dire de ne pas l'avoir lu plus tôt et le relirai pour mieux m'en approprier les mots. »

*Sororie : équivalent féminin de fratrie.
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Surprise, surprise, tout est surprise dans Chocolat amer de Laura Esquivel ! Un récit épicé haut en couleurs, parfums et saveurs aux premiers jours du XXème siècle dans un Mexique en pleine guerre civile . A chaque mois de l'année son plat . Tita la dernière fille de Maria Elena est destinée à rester vieille fille pour s'occuper de sa mère , la tradition et la mère l'exige . Cette enfant mal aimée par une mère veuve et tyrannique se voit donc séparée de Pedro , son amoureux ,au bénéfice de sa soeur . Seule échappatoire pour Tita la cuisine .....
Un chapitre par mois de l'année, une recette pour chaque occasion et toujours la magie des épices, des saveurs, des parfums , des couleurs. Magie des amours , magie des pleurs, magie des baisers, et magie de l'étincelle finale !
Laura Esquivel nous invite au voyage dans son beau pays . l'écriture est fluide agréable , les papilles et les yeux sollicités à chaque page . Une belle aventure littéraire .
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critiques presse (1)
Actualitte
31 mai 2019
Se mêlent inventions culinaires, histoires d’amour, de chagrin et de famille, tout cela dans un style tendre et magique
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
- Je ne suis pas d'accord, dona Elena. Vous avez besoin d'un homme à la maison pour vous défendre.
- Je n'en ai jamais eu besoin, je me suis toujours débrouillée seule avec la ferme et mes filles. Les hommes ne sont pas si indispensables, mon père, insista-t-elle. Et la révolution pas aussi dangereuse qu'on le prétend. C'est bien pire de manquer de piments ou d'eau!
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Elle se leva, courut chercher l'énorme couvre-lit tissé pendant ses nuits de solitude et d'insomnie et le tira sur elle, recouvrant en même temps les trois hectares et demi de la ferme. Elle prit la boîte d'alumettes offertes par John dans le tiroir de sa table de nuit. Son corps avait besoin de beaucoup de phosphore. Elle commença à manger les alumettes une par une. Tout en mastiquant, elle fermait les yeux très forts et s'efforçait de retrouver ses souvenirs les plus émouvants avec Pedro. Le premier regard échangé, le premier frôlement de leurs mains, le premier bouquer de rose, le premier baiser, la première caresse, la première relation intime. Et elle parvint à ses fins. Lorsque le phoshore entrait en contact, dans sa bouche, avec cette image lumineuse, il prenait feu. Sa vision s'éclaircit et le tunnel réapparut. A l'entrée se tenait la resplandissante silhouette de Pedro; il l'attendait. Tita n'hésita pas. Elle se laissa aspirer et tous deux se fondirent dans une longue étreinte. Atteignant un nouvel orgasme, isl partirent ensemble vers l'eden perdu. Ils ne seraient plus jamais séparés.
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Quand Esperanza avoua à Tita que le regard d'Alex sur son corps lui avait fait le même effet que l'huile bouillante au contact d'une pâte à beignets, Tita en déduisit que rien ne pourrait les séparer.
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Tita était née en pleurant. Peut-être qu’elle se doutait que son sort était fixé, que, dans cette vie, le mariage lui serait refusé. Voilà comment Nacha racontait l’irruption de Tita sur terre : elle fut projetée par un torrent de larmes formidable qui inonda le sol de la cuisine.
L’après-midi, la frayeur était passée et l’eau évaporée par les rayons de soleil. Nacha ramassa le résidu de larmes sur le carrelage rouge. Avec ce sel, elle remplit un sac de cinq kilos qu’on utilisa longtemps pour cuisiner.
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Soudain, une idée lui traversa l’esprit. Elle se leva pour aller regarder le ciel étoilé. Pour l’avoir ressenti dans sa propre chair, elle savait quelle chaleur peut communiquer le feu d’un regard.
Il est capable d’enflammer le soleil lui-même. Que se passerait-il si Gertrudis regardait une étoile ? La chaleur de son corps, embrasé par l’amour, traverserait l’espace infini sans perdre de son énergie, jusqu’à se fondre dans le scintillement d’une étoile. Ces grands astres n’ont pu survivre des millions d’années qu’en évitant d’absorber les rayons ardents que les amants du monde entier leur lancent nuit après nuit. Sinon, ils concentreraient tant de chaleur qu’ils finiraient par exploser en mille morceaux. Dès qu’ils captent un regard, ils le rejettent aussitôt, et le reflètent vers la Terre, comme un jeu de miroir. Tita chercha à découvrir, parmi toutes les étoiles du firmament, celle que Gertrudis contemplait à cet instant ; elle espérait recevoir un peu de cette chaleur dont regorgeait sa sœur.
Son espoir fut déçu : elle eut beau observer une à une toutes les étoiles du ciel, elle ne ressentit pas la moindre chaleur, au contraire. C’est en frissonnant qu’elle retourna se coucher, en se disant que Gertrudis dormait tranquillement, les yeux bien fermés, d’où l’échec de cette expérience.
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Como agua para chocolate - Laura Esquivel - Trailer
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