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EAN : 9782707312983
125 pages
Editions de Minuit (01/01/1990)
3.86/5   125 notes
Résumé :
Une pièce montée en 1983 par Patrice Chéreau au Théâtre des Amandiers et qui valut à l'auteur le prix Ibsen en 1984. Trois êtres humains se retrouvent isolés dans un certain lieu du monde qui leur est étranger, entourés de gardiens énigmatiques.
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Je n'avais, jusqu'à présent, entendu que du bien de cette pièce et de son auteur, et par plein de gens différentes, situées à divers endroits du temps et de l'espace (ce qui revient au même d'après Einstein, mais pas pour moi). J'y allais, par conséquent, absolument confiante et puis… et puis… je me suis rendue compte, chemin faisant, que le mot « confiante », pouvait parfois s'avérer trompeur, car, sous des atours volontiers positifs et affriolants, il était, mine de rien, composé de deux autres mots qui, pris séparément, ne le sont plus autant, l'un qualifiant manifestement mon optimisme, et l'autre… enfin bon, je vous laisse en penser ce que vous voudrez.

Tout d'abord, je vais essayer de m'en tenir aux faits, d'un point de vue purement physique, pour continuer de faire plaisir au sieur Einstein : voici une pièce, mesurant pile cent pages format poche, écrit assez gros, avec beaucoup de blancs autour. Je me disais, par devers moi : « Ça ne va pas être trop long à avaler, cette chose-là. » Mais, aïe, aïe, aïe, peuchère ! Sitôt que j'ai eu mis le nez là-dedans, si j'arrivais à lire un grand maximum de cinq pages d'affilée à chaque tentative, je m'estimais heureuse et même assez vaillante pour arriver à une telle performance, tant il me fallait braver héroïquement l'ennui — au moins de l'acabit d'un Saint Michel en armure luttant face au dragon, pas en-dessous comme calibre, vous voyez le genre !

Moralité, j'ai mis un temps prodigieux à lire ce livre pourtant ridiculement petit, trop petit sans doute, voilà pourquoi il me tombait des mains, très certainement. Ça déjà, quand un texte vous scotche autant que cela, c'est un premier indice, pas hyper favorable, convenons-en. Toutefois, à l'issue de mon époustouflante victoire — que dis-je victoire, TRIOMPHE ! — face au redoutable ennui griffu, j'ai décidé — encore une idée lumineuse de ma part, ça, tiens ! — de laisser décanter un peu le machin, histoire de voir si le texte me laissait des traces, des impressions nouvelles ou autres avec le temps, s'il faisait naître postérieurement un quelconque je-ne-sais-quoi…

Et oh là, là ! Misère ! Non seulement rien n'est apparu mais c'est même tout le contraire, je me rends compte après seulement une semaine de décantation qu'il faut vite, vite que je me dépêche d'écrire quelque chose avant que mon cerveau n'ait fait son nettoyage et avant que d'avoir totalement oublié de quoi pouvait bien parler ce fichu texte. Pfff ! Ce n'est pas brillant, comme recension, vous noterez, je me débats, prise en étau entre les affres de l'ennui, d'une part, et les ravages de l'oubli, de l'autre, qui se tirent une bourre à qui mieux mieux.

Bon alors, sur le versant positif, l'adret de mes sensations, si je puis dire, j'ai trouvé que le titre possédait une belle énergie, un caractère bien féroce, qui donne envie au lecteur d'aller y voir, et puis… bah… hormis ça, je ne vois rien d'autre sur ce versant, me concernant.

Sur l'ubac, qu'on pourrait aussi appeler le versant sombre de mon déplaisir, il y a tout le reste. Des personnages pas attachants, creux, factices, translucides, caricaturaux, qui n'interagissent quasiment pas entre eux, et quand ils interagissent en face à face, ce sont des répliques qui durent trois pages, histoire de rendre le dialogue assez crédible, n'est-ce pas, et, qui plus est, pour ne rien dire le plus souvent, sans oublier des aberrations psychologiques en veux-tu en voilà, un fond de propos qui tient dans l'extrême culot d'un dé à coudre, des scènes par moments où les personnages parlent qui en wolof, qui en allemand (non traduit, évidemment, sans quoi ce n'est pas drôle), bref, une nouvelle fois : Pfff ! Pour moi, entre lire ça, la notice en quatre langue de mon poêle à granulés ou la rubrique nécrologique du canard local dans les toilettes, mon coeur balance.

Est-ce que j'ai envie de vous expliquer qui sont les quatre brillants personnages de cette brûlante pièce ? Bof… Est-ce que j'ai envie de vous parler de l'intrigue — si intrigue il y a ? Re-bof… Est-ce que j'ai envie de passer dare-dare à une autre lecture ? OUAIS ! YES ! TOUT DE SUITE ! JE SUIS PARTANTE !

Franchement, ce qu'en dit la fiche de présentation de Babelio me paraît déjà très hautement détaillé pour ce qu'il y a à en dire : « Trois êtres humains se retrouvent isolés dans un certain lieu du monde qui leur est étranger, entourés de gardiens énigmatiques. » Une phrase, ça suffit, ça me semble très bien, très complet. Si on tient absolument à faire dans le chirurgical, dans l'ultra précis, je veux bien encore me fendre d'aller vous recopier le résumé Wikipédia, qui dit ceci :

« En Afrique de l'ouest, un chantier de travaux publics, clos par une barrière gardée, est dirigé par deux expatriés français blancs que tout oppose : le responsable est âgé, sans diplômes mais expérimenté, son adjoint est un jeune ingénieur. le responsable a fait venir sa future épouse de Paris. Un homme noir vient réclamer le corps de son frère, ouvrier du chantier, victime d'un prétendu accident du travail. »

Et je vous jure que, chez Wikipédia, ils sont allés récurer tout ce qu'il y avait sur la scène, gratter tout partout dans les rainures, le moindre petit truc incrusté, pour en faire un gros bilan de 4 phrases, c'est dire si c'était dense et consistant cette affaire-là. (Même si, je ne suis pas exactement d'accord avec eux : le chantier n'est pas dirigé par les 2 en question, puisque l'un est le chef de l'autre et que le chef a lui-même des chefs au-dessus de lui, le type noir n'est pas du tout le frère du décédé, et la femme ne sera visiblement jamais l'épouse de l'autre, mais ça, vous comprenez, on s'en fiche éperdument, n'est-ce pas, vu que ça n'a aucune incidence, ni aucune importance dans cette pièce.)

Donc, pour conclure : crédibilité, brio, profondeur, le triplé gagnant. Si un jour, d'ici trois semaines environ, quelqu'un me demande ce que je pense de cette pièce, il est fort probable que je répondrai à ce moment-là, en toute sincérité, que je ne l'ai jamais lue, puisque je n'en aurai assurément rien retenu. Alors excusez-moi Bernard-Marie Koltès, et rassurez-vous, ça n'est que mon avis, un combat de nègre ennui et de chiens d'oublis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Une critique Babelio récente, captée au fil de publication, m'a incité à rouvrir ce petit livre de poche. C'est une pièce de théâtre (dont l'éditeur n'a pas encore pris l'option de changer le titre) ; écrite par l'auteur martiniquais Bernard-Marie Koltès, publiée et mise en scène à plusieurs reprises dans les années 80.

J'en avais un souvenir (version papier) plutôt positif avec l'exploration des dynamiques de pouvoir, les tensions entre les différents personnages, les rapports de force, bref tout ce qui influence les interactions humaines.
Le souvenir d'un langage expressif, imagé, voire réellement poétique.
Ma relecture s'est avérée plus sévère dans son appréciation, je comprends qu'elle puisse déconcerter les lecteurs, au vu de sa densité, de la complexité des interactions, du décodage mal aisé des motivations des personnages.

Peut-être plus facile à recevoir, jouée sur une scène, comme encore récemment au Théâtre de la Bastille je crois. Je n'ai pas eu cette chance.

Elle reste cependant une pièce émotionnellement riche, qui aborde des sujets dont on parle : le colonialisme, la marginalisation, les tensions entre les cultures, au-delà des grands thèmes de la trahison, de la manipulation et de la violence.
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On connait surtout le dramaturge Bernard Marie Koltès à travers ses deux oeuvres emblématiques que sont “ La solitude dans les camps de coton” et “Retour au désert”

Créée en 1983 par Patrice Chéreau, "Combat de nègre et de chiens" reste toutefois autre de ses pièces formidables : un drame délocalisé en un lieu où la notion de bourgeoisie n'a pas court avec quatre comédiens qui portent avec brio le tragique de Koltès.

Un chantier, quelque part en Afrique, un pont en construction, un chantier qui ne sera jamais terminé...Un ouvrier noir est mort, son frère vient réclamer son corps au chef de chantier.
Trois hommes, une femme, chronique de l'incommunicabilité annoncée. Un chantier en Afrique, des expats.., un monde clos, un endroit pour les blancs, symbole du monde colonial ou l'africanité est bannie.
Mais “Combat de nègre et de chiens” est beaucoup plus qu'une pièce sur la Françafrique, c'est surtout un regard sur la triste impossibilité de se comprendre entre les hommes et les femmes, les chefs et les ouvriers, les pères et les fils et les blancs et les noirs.
Bernard-Marie Koltès , auteur hypersensible pose un regard humaniste sur le chaos du monde.

Ses héros, bons ou mauvais, donnent l'impression d'affronter le monde comme des hémophiles dans une usine de rasoirs, sa pièce à fleur de peau, portée par des acteurs brulants donne un spectacle incontournable.

Ce Combat de nègre et de chiens est un sacré texte fort , intelligent et résolument contemporain alors qu'elle date du début des années 80, la marque des grands dramaturges, évidemment.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Texte très dur sur le racisme, le colonialisme et l'impérialisme économique des pays développés dans les pays qui le sont moins, même si Koltès indique ne pas avoir voulu faire un livre sur ces thèmes.

Tout dépend de la mise en scène et du jeu des acteurs, bien sûr, mais la pièce offre beaucoup de possibilités.

A découvrir en tout cas. C'est du très bon théâtre.
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Bernard-Marie Koltès a abondamment mis en garde le lecteur/spectateur sur sa pièce. Elle n'est pas bâtie sur les thèmes du néo-colonialisme, du racisme, ou de l'impérialisme... Et pourtant, placer "nègre" dans le titre en l'accolant à chiens... c'est très parlant, déjà. le nègre, c'est Alboury, il vient chercher le corps d'un homme de sa tribu. On apprend vite que celui-ci est mort, abattu par Cal. Cal travaille sur un chantier, mené par une multinationale (qu'on devine française). Il a peur des noirs. Il les déteste, mais par peur. Par défiance. Il a abattu l'homme parce qu'il ne respectait pas les règles et qu'il en avait peur. Ensuite, il a cherché à cacher le corps, à s'en débarrasser par tous les moyens.

Horn, le patron de Cal, est plus pragmatique dans son rapport aux noirs. Il utilise l'alcool, les dollars, les paroles enjôleuses, les contrats tacites. Il parlemente, mais au final le résultat est assez semblable à celui obtenu par Cal.

Arrive Léone, une française qui envisage de se marier avec Horn. Elle ne sait pas trop pourquoi. Mais elle est là, à baragouiner l'allemand à Alboury qui lui répond en Ouolof. Léone a une attitude encore différente vis-à-vis des noirs. Elle s'émerveille de tout. Elle est dans un rapport de séduction, à la limite du raisonnable.

Par ces 3 attitudes "blanches", Koltès joue clairement, même s'il s'en défend, sur le plan du néo-colonialisme et du racisme. Mais on peut percevoir que c'est secondaire dans le propos de Koltès. Cal déteste Horn dès l'instant où il pense que celui-ci va le lâcher. Cal veut posséder Léone. Elle n'accorde à Horn qu'une attention assez faible. Et dès l'instant où il ne peut lui faire entendre raison, Horn remballe Léone en France.

L'essentiel, dès lors, ce sont les rapports humains. L'incompréhension mutuelle. Et la lutte des classes. Koltès ne renie pas un instant son passé de militant communiste et il vient greffer sur les antagonismes des 4 protagonistes une bonne couche de lutte sociale.

Par certains côtés, la pièce m'a fait penser à Coup de Torchon (et au livre de Thompson dont le film est tiré). On retrouve aussi la lenteur pesante, dont le rôle équivaut à celui d'un acteur, d'En Attendant Godot. Les dialogues qui sonnent comme un combat sont très bien réglés. Par contre, j'ai moins accroché aux longs monologues qui ralentissent souvent l'action et font retomber la tension. Un texte qui m'a fortement donné envie de voir la pièce. Savoir que Chéreau a souvent oeuvré pour Koltès fait également partie de cette envie.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
HORN (regardant les dés). – C’est moi qui prends. (Silence ; les appels de la garde.)
CAL (bas). – Il grince des dents.
HORN. – Quoi ?
CAL. – Là, derrière l’arbre, le nègre, dis-lui de partir, Horn. (Silence. Aboiements au loin ; Cal sursaute) Toubab ! Je l’entends. Il traîne près de l’égout ; qu’il y tombe, je ne bougerai pas. (Ils misent.) Saloperie ; il traîne et quand je l’appelle, il ne répond pas, il fait celui qui réfléchit. C’est lui ? Oui. Réfléchis, vieux cabot ; je n’irai pas te repêcher. Il a dû sentir l’odeur d’une bête inconnue ; qu’il se débrouille ; il ne devrait pas tomber ; et s’il tombe, je bouge pas. (Ils regardent les dés. Cal ramasse ; bas : ) Le gars, Horn, je peux te le dire, ce n’était même pas un vrai ouvrier ; un simple journalier ; personne ne le connaît, personne n’en parlera. Alors il veut partir ; moi je dis : non, tu ne partiras pas. Quitter le chantier une heure avant ; c’est important, une heure ; si on laisse prendre une heure, il y a l’exemple que cela fait. Comme je te le dis, je dis donc : non. Alors il me crache aux pieds et il part. Il m’a craché aux pieds et à deux centimètres d’était sur la chaussure. (Ils misent.) Donc j’appelle les autres gars, je leur dis : vous le voyez, le gars ? (Imitant l’accent nègre : ) – Oui, patron on le voit – il traverse le chantier sans attendre l’arrêt ? – oui patron oui patron sans attendre l’arrêt – sans casque, les gars, est-ce qu’il a un casque ? – non patron on voit bien il ne porte pas son casque. Moi je dis : souvenez-vous en : il est bien parti sans que je l’autorise – oui patron oh oui patron sans que tu l’autorises. Alors il est tombé ; le camion arrivait et je demande encore : mais qui conduit le camion ? mais à quelle vitesse il fonce ? il n’a pas vu le nègre ? Et alors, hop ! (Cal ramasse.)
HORN. – Tout le monde t’a vu tirer. Imbécile, tu ne supportes même pas ta foutue colère.
CAL. – C’est comme je te le dis : ce n’est pas moi, c’est une chute.
HORN. – Un coup de feu. Et tout le monde t’a vu monter dans le camion.
CAL. – Le coup de feu c’est l’orage ; et le camion, c’est la pluie qui aveuglait tout.
HORN. – Je n’ai peut-être pas été à l’école, mais toutes les conneries que tu diras, je les connais d’avance. Tu verras ce qu’elles valent ; pour moi, salut, tu es un imbécile et ce n’est pas mon affaire. Je mets cent francs.
CAL. – Je suis.
HORN (tapant sur la table). – Pourquoi tu y as touché, bon Dieu ? Celui qui touche à un cadavre tombé à terre est responsable du crime, c’est comme cela dans ce foutu pays. Si personne n’y avait touché, il n’y aurait pas eu de responsable, c’était un crime sans responsable, un crime femelle, un accident. L’affaire était simple. Mais les femmes sont venues pour chercher le corps et elles n’ont rien trouvé, rien. Imbécile. Elles n’ont rien trouvé. (Il tape sur la table.) Débrouille-toi. (Il fait tourner les dés.)
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Je crois que c'est seulement après beaucoup de vies d'homme, ridicules et bornées, brutales et braillardes comme sont les vies des hommes, que peut naître une femme. Et seulement, oui seulement après beaucoup de vies de femmes, beaucoup d'aventures inutiles, beaucoup de rêves irréalisés, beaucoup de petites morts, alors seulement, alors peut naître un nègre, dans le sang duquel coulent plus de vies et plus de morts, plus de brutalités et d'échecs, plus de larmes que dans aucun autre sang.
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Combat de nègre et de chiens ne parle pas, en tout cas, de l’Afrique et des Noirs – je ne suis pas un auteur africain -, elle ne raconte ni le néocolonialisme ni la question raciale. Elle n’émet certainement aucun avis.
Elle parle simplement d’un lieu du monde. On rencontre parfois des lieux qui sont des sortes de métaphores, de la vie ou d’un aspect de la vie, ou de quelque chose qui me paraît grave et évident, comme chez Conrad par exemple les rivières qui remontent dans la jungle… J’avais été pendant un mois en Afrique sur un chantier de travaux publics, voir des amis. Imaginez, en pleine brousse, une petite cité de cinq, six maisons, entourée de barbelés, avec des miradors ; et, à l’intérieur, une dizaine de Blancs qui vivent, plus ou moins terrorisés par l’extérieur, avec des gardiens noirs, armés, tout autour. C’était peu de temps après la guerre du Biafra, et des bandes de pillards sillonnaient la région. Les gardes, la nuit, pour ne pas s’endormir, s’appelaient avec des bruits très bizarres qu’ils faisaient avec la gorge… Et ça tournait tout le temps. C’est ça qui m’avait décidé à écrire cette pièce, le cri des gardes. Et à l’intérieur de ce cercle se déroulaient des drames petits-bourgeois comme il aurait pu s’en dérouler dans le seizième arrondissement : le chef de chantier qui couchait avec la femme du contremaître, des choses comme ça…
Ma pièce parle peut-être un peu de la France et des Blancs : une chose vue de loin, déplacée, devient parfois plus déchiffrable. Elle parle surtout de trois êtres humains isolés dans un lieu du monde qui leur est étranger, entourés de gardiens énigmatiques. J’ai cru – et je crois encore – que raconter le cri de ces gardes entendu au fond de l’Afrique, le territoire d’inquiétude et de solitude qu’il délimite, c’était un sujet qui avait son importance.
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j'ai toujours pensé que, si on regarde longtemps et soigneusement les gens quand ils parlent, on comprend tout.
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p. 105 : Quand reverrai-je une femme au fond de ce trou ? Je perds ma vie, au fond de ce trou ; je perds ce qui, ailleurs, seraient les meilleures années. A être seul, toujours seul, on finit par ne plus savoir son âge ; alors de te voir, je me suis souvenu du mien. Il va falloir que je l'oublie de nouveau. Et qu'est-ce que je suis, ici, qu'est-ce que je continue à être ? rien. Tout cela pour l'argent, bébé ; l'argent nous prend tout, même le souvenir de notre âge. Regarde cela. (Il montre ses mains.) Est-ce qu'on dirait encore des mains d'homme jeune ? Est-ce que tu as déjà vu des mains d'ingénieur, en France ? Mais, sans argent, à quoi ça nous servirait, d'être jeune, hein ? Finalement, je me demande, pourquoi, oui, pourquoi je vis.
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Videos de Bernard-Marie Koltès (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard-Marie Koltès
Au théâtre Nanterre-Amandiers, le metteur en scène Ludovic Lagarde se saisit du "Quai Ouest" de l'écrivain Bernard-Marie Koltès, cette pièce troublante écrite au tournant des années 80, qui rassemble marginaux et bourgeois désabusés dans un hangar désaffecté : lumière sur une société déclinante.
Comme souvent dans les pièces de Koltès, tout part d'un lieu : dans "Quai Ouest", il s'agit de ce grand hangar désaffecté plongé dans l'obscurité. Pour Ludovic Lagarde, ce hangar est « un décor-personnage. le lieu est le départ de la pièce. » Par les failles et les trous de cet endroit, se faufilera bientôt la lumière de l'aube, mais avant cela a lieu une rencontre entre un bourgeois suicidaire chaperonné par sa secrétaire et la communauté de marginaux exilés qui habite le hangar. Arrivé en jaguar, Maurice Koch perturbe l'équilibre de la communauté en leur offrant une opportunité de fuite. Les désirs des uns et des autres germent, s'entrechoquent puis s'annulent.
C'est toute une époque qui vient s'échouer sur le "Quai Ouest" : les utopies et les rêves exprimés dans les marges s'effritent sous une menaçante vague de néolibéralisme et de financiarisation. Pour Koltès, ce lieu est l'occasion de rencontres improbables et de faire survivre la poésie dans un monde où elle s'érode. Un monde avec de nombreuses résonances avec le nôtre : la question du bouc émissaire lorsque Cécile, émigrée frustrée libère sa haine face à Abad, mais aussi « la colonisation et la _décolonisation_. À la fin de la pièce, Cécile parle en quechua, le langage de ses origines qu'elle ne connait pas elle-même. Cette décolonisation de la personne est intéressante vis-à-vis des débats qui font rage aujourd'hui en France. L'extrême droite en France vient sur un terrain colonial, au moment où le mouvement de décolonisation et la déconstruction de ces dominations interviennent. » analyse Ludovic Lagarde.
Olivia Gesbert invite à sa table le metteur en scène Ludovic Lagarde pour nous présenter cette nouvelle pièce.
#Théâtre #QuaiOuest _____________
Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture, ici https://www.youtube.com/watch?v=P3e3n1f0N4E&list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT&index=5&t=3s&ab_channel=FranceCulture ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie
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