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EAN : 9782070137619
240 pages
Gallimard (03/10/2016)
2.8/5   5 notes
Résumé :
La Guerre du Goût se poursuit plus que jamais avec ce volume. Mais pourquoi l'avoir intitulé Complots ?Le mot n'a pas bonne réputation, et implique toujours un sens négatif. C'est ainsi qu'on parle de « complot contre la sûreté de l'État ».Tel semble être le dessein secret de l'auteur, puisqu'il dit se trouver en état d'urgence. L'étonnant c'est qu'il tient à affirmer que des complots positifs, très différents les uns des autres, convergent tous, à travers le temps,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Et si « Complots », le titre du livre de Philippe Sollers perdait son sens premier ?
Et si « Complots » s'avérait être un sens mystérieux de beautés cachées ?
Et si « Complots » était le fait de comploteurs bénéfiques nous emmenant au faîte du Beau et d'une liberté dans la pensée et les cinq sens ? (sens-les sens-essence).
Ces comploteurs que Philippe Sollers nous invite à entendre, réentendre sont tous différents.
Ils contribuent, chacun à leur manière, à ce que l'homme puisse grandir, sans espace ni temps.
Nous côtoyons le divin le Nôtre, les « équations rigoureuses » de Madame de la Fayette, la dimension oubliée De Lamartine, la provocation destructrice de dada, le mystère shakespearien, l'énigme Goethe, un Flaubert massacré, un Stendhal aimé, une Colette pétrie de sève puissante et d'autres encore.
Un long chapitre rimbaldien et d'analyse ouvre différemment notre regard sur le poète dont le mythe dissimule trop souvent l'essentiel.
Des interviews (notamment l'évocation ironique et percutante de « Tel quel ») terminent le livre.
Et puis la langue ! L'amour de la langue ! Sa richesse, ses multitudes permettant la pensée !
Dans ce livre, on y trouve non seulement l'amour mais aussi des phrases magnifiques, des tournures qui bousculent, des mots qui font mouche.
« Anciens » tournant en dérision une contemporéanité sans innovations, intérêt de s'arrêter, de constater : « c'est cela notre monde ? ».
Basculement. Lucidité remuante.
Suivre les analyses de Philippe Sollers n'est pas toujours aisé pour le non-initié (je pense au chapitre consacré au poème de Parménide et à son analyse) mais il y a au moins le mérite d'essayer en effectuant quelques recherches.
L'homme reste l'homme. Tout fut dit, tout est dit.
Retourner aux lumières et autres penseurs ou philosophes constitue le meilleur des « complots ».
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Les portraits en situation, tout est là. Voyez Mirabeau :
«Son éloquence, impérative comme la loi, n’est plus que le
talent de passionner la raison. Sa parole allume et éclaire
tout. Presque seul dès ce moment, il eut le courage de rester seul.» Danton : «Les vices de Danton étaient héroïques,
son intelligence touchait au génie. Tout était moyen pour
lui. C’était l’homme d’État des circonstances, jouant avec
le mouvement sans autre but que ce jeu terrible, sans
autre enjeu que sa vie, et sans autre responsabilité que le
hasard. » Marat : «Sa logique violente et atroce aboutissait
toujours au meurtre. Tous ses principes demandaient du
sang. Sa société ne pouvait se fonder que sur des cadavres
et sur les ruines de tout ce qui existait. Il poursuivait son
idéal à travers le carnage, et pour lui le seul crime était de
s’arrêter devant le crime. »
Marat a encore ses partisans, qui se recueillent devant
le tableau de David le représentant assassiné par Charlotte Corday dans sa baignoire. Charlotte Corday, Manon
Roland, Olympe de Gouges, voilà les femmes du parti
girondin qui devraient rentrer au Panthéon sans attendre.
Mais d’où viennent ces Girondins qui vont tous être guillotinés pendant la Terreur ? Voici leur chef, Vergniaud :
«La facilité, cette grâce du génie, assouplissait tout en
lui, talent, caractère, attitude.
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Que la France et l’Allemagne s’égorgent et se gazent ? Qui sont ces déserteurs et ces réfractaires, dont personne, aujourd’hui, en pleine commémoration morbide, ne songe à prononcer le nom ? Des fous, des agités, des étrangers apatrides, qui ont choisi le nom de leur mouvement contre l’art et la société, au hasard, dans un dictionnaire. « Dada » ! A-t-on idée ? Écoutez cet autre cinglé du nom de Tzara : « Il nous faut des œuvres fortes, droites, précises, à jamais incomprises. » Vous n’allez pas me dire que ces manifestants déterminés et absurdes vont connaître un retentissement mondial ? Et pourtant, si, la Terre tourne autrement depuis cette époque, des cassures importantes s’étaient déjà produites partout.
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Il est stupéfiant que le grand roi des jardins français,
André Le Nôtre (1613-1700), n’ait pas eu droit jusqu’ici à
une biographie. Mieux vaut tard que jamais, et, enfin, la
voici
. Commençons par sa mort, le 15 septembre 1700, et
le rare hommage que lui rend Saint-Simon l’implacable :
«Le Nôtre mourut après avoir vécu quatre-vingt-huit ans
dans une santé parfaite, sa tête et toute la justesse de sa
capacité ; illustre pour avoir donné le premier les divers
dessins de ces beaux jardins qui décorent la France. […]
Il avait une probité, une exactitude et une droiture qui
le faisaient estimer et aimer de tout le monde. […] Il fut
toujours désintéressé. […] Il travaillait pour les particuliers comme pour le roi, et avec la même application, ne
cherchait qu’à aider la nature, et à réduire le vrai beau
aux moins de frais qu’il pouvait. Il avait une naïveté et
une vérité charmante. Le pape pria le roi de le lui prêter
pour quelques mois; en entrant dans la chambre du pape,
au lieu de se mettre à genoux, il courut à lui : “Eh! bonjour, lui dit-il, mon révérend père, en lui sautant au col,
et l’embrassant et le baisant des deux côtés; eh! que vous
avez bon visage, et que je suis aise de vous voir en si bonne
santé !” »

Ça n’a l’air de rien, mais pour l’époque, et encore
aujourd’hui, c’est énorme. Ce fils de jardinier, né aux
Tuileries et mort aux Tuileries, est partout chez lui. Il est
modeste, effacé, mais il sait que le pouvoir n’est rien si on
ne sait pas orchestrer la nature. Il embrasse le pape, le roi,
monte au-dessus d’eux, dans la géométrie et les arbres.
Il est protégé par Colbert et Louvois, son coup d’œil et
troublante, lui parle en tête à tête, le nomme contrôleur
général des bâtiments, habite chez lui, respire chez lui,
se prend pour un dieu grâce à lui. Sans le soleil réfléchi
et canalisé, vaste, ombragé, mathématique, charmé, pas
d’Apollon dans les clairières ou la galerie des Glaces. Le
roi est ravi, le pape, nullement choqué, est ravi.
son esprit sont indispensables. Louis XIV l’aime de façon
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Tout le monde veut Le Nôtre : il est à Saint-Cloud, Fontainebleau, Chantilly, et, surtout, chez Fouquet, à Vaux-leVicomte. Louis XIV est furieusement jaloux des fêtes et
des dépenses de Fouquet ? Tant mieux, ce sera Versailles,
et, en 1664, les Plaisirs de l’Île enchantée. Là, c’est une
folie et une féerie d’une semaine, avec des faunes dans
les branches donnant des concerts de musique. Le Nôtre
est jardinier, architecte, hydraulicien, metteur en scène,
il travaille du matin au soir, c’est une armée à lui seul.
Les acteurs du temps s’appellent, excusez du peu, Poussin,
Bernin, La Fontaine, Molière, Delalande, Lully, Sévigné.
La planète, pour Le Nôtre, est une île enchantée, gouvernée par la raison, nouveau miracle grec. Il faut des
perspectives, des angles, des bassins, des échappées. L’intense variété des fleurs est musicalement prévue : tulipes,
anémones, jonquilles, iris, jacinthes, pivoines, avec, en
contrepoint, des arbrisseaux, chèvrefeuilles, romarin, lilas,
rosiers, giroflées. À Versailles, rêve incessant, il faut s’occuper de tout. Le roi se mêle des moindres détails, il rectifie, accentue, fait la gueule, exige un peu d’« enfance »,
approuve, dépense sans compter. Voyez ces axes, ces terrasses, ces canaux, ces réservoirs, ces machines, ces pièces
d’eau, ces parterres, ces bosquets. Le Nôtre, dans un de
ses rares propos, appelle ça « élever ses pensées ». Vous ne
vous en doutiez pas, mais la nature pense et il suffit de la dégager, de l’aider. On travaille ici pour les siècles : Apollon réfléchit et observe, il se promène, invisible, dans son
royaume. À son retour d’Italie, avec une rare audace, Le
Nôtre demande à visiter Fouquet, emprisonné à Pignerol,
légende vivante, « soleil offusqué » (Morand). Louis XIV
laisse faire : Le Nôtre est fidèle en amitié. On ne sait rien
de cette conversation qui mériterait un livre. Vaux-leVicomte en prison, on croit rêver.
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Une Princesse de rêve
Mme de La Fayette vous prévient : une femme, au
xviie siècle, n’a d’existence qu’au couvent, ou entre un
mari et une mère. Les mariages sont arrangés, les maris
plus ou moins jaloux, les mères font la morale. Toutes
ces contraintes sont idéales pour le développement de
l’amour. Le personnage de l’Amant devient décisif. Il
s’agit de Dieu pour les religieuses (combien de spasmes
mystiques dans les cloîtres!), et de l’irrésistible tombeur de femmes pour les épouses, pourvu qu’elles soient
belles et s’ennuient. Elles ressentent alors de l’inclination
pour un virtuose de la galanterie. Le duc de Guise, par
exemple, conduira la Princesse de Montpensier (1662)
à la mort. «Magnificence », «galanterie », voilà la France
d’Henri II, lui-même amoureux de Diane de Poitiers,
duchesse de Valentinois. Tout n’est que fêtes et intrigues.
Pour être estimé, un homme doit être «beau, de bonne
mine, vaillant, hardi, libéral ». Mais voyez Nemours, destin de la Princesse de Clèves (1678) : «C’était un chef d’œuvre de la nature. Ce qu’il avait de moins admirable,
c’était d’être l’homme du monde le mieux fait et le plus
beau. […] Il avait un enjouement qui plaisait également
aux hommes et aux femmes […] et enfin un air dans toute sa personne, qui faisait qu’on ne pouvait regarder que lui
dans tous les lieux où il paraissait. » On comprend que
l’ex-président Sarkozy ait été furieux qu’une femme ait pu
écrire ce genre de livre : du coup, il en a ressuscité le succès. Vous pouvez ainsi découvrir que la France, avant de
sombrer dans le lourd cauchemar démocratique, était un
royaume excitant et cruel de conte de fées.
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Vidéo de Philippe Sollers
Dialogue autour de l'oeuvre de Philippe Sollers (1936-2023). Pour lire des extraits et se procurer l'essai SOLLERS EN SPIRALE : https://laggg2020.wordpress.com/sollers-en-spirale/ 00:04:45 Début
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