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EAN : 9782246784876
304 pages
Grasset (12/03/2014)
3.67/5   26 notes
Résumé :
Suite à une conversation dans un taxi new-yorkais avec un chauffeur pakistanais qui ne comprend pas qu’un pays puisse exister sans ennemis, Umberto Eco s’interroge. Après avoir constaté les ravages d’idéologies totalitaires telles que le nazisme ou le fascisme, la société actuelle ressent-elle la nécessité de se définir par rapport à un ennemi et de le diaboliser ? Les Etats renonceraient-ils, aujourd’hui, à l’opportunité de créer de nouveaux boucs émissaires pour r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comme à son habitude, Monsieur Eco brille par son érudition, son savoir qui me semble une montagne incommensurable et qui pourtant m'aspire comme un gouffre, et un esprit d'analyse qui dépasse le sens commun.
Il ne décrit pas SA vérité, ni LA vérité, mais dissèque des moments de vie à la manière d'un psychanalyste. Et tout cela sans oublier de nous amuser.
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De belles miscellanées ! Umberto Eco nous livre dans cet ouvrage un condensé de son érudition, de son analyse fine, de son maniement de la langue, sans oublier sa touche d'humour toute personnelle !

L'ensemble est toutefois assez hétéroclite et à ce titre, parfois inégal, selon l'intérêt plus ou moins important porté par le lecteur aux thèmes abordés. Mention spéciale aux articles "Construire l'ennemi" et "Iles" que j'ai beaucoup appréciés !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Si les Etats continuent à confier leur communication et leurs archives confidentielles à Internet ou d’autres formes de mémoire électronique, aucun gouvernement au monde ne pourra plus nourrir des zones de secret, et pas seulement les États-Unis, mais même pas la République de Saint-Marin ou la principauté de Monaco (peut être que seule Andorre sera épargnée).

Essayons de saisir la portée du phénomène. Jadis, au temps d’Orwell, on pouvait concevoir le Pouvoir comme un Big Brother qui contrôlerait chaque mouvement de ses sujets, même et surtout si personne ne s’en rendait compte. […] Mais ce qui, à l’époque d’Orwell, n’était qu’une prophétie s’est avéré. En effet, le Pouvoir peut contrôler chaque mouvement de ses sujets par leur téléphone portable, chaque transaction, chaque hôtel fréquenté, chaque autoroute parcourue grâce aux cartes de crédit, chaque présence dans un supermarché grâce aux télévisions en circuit fermé, etc. Ainsi, le citoyen est devenu la victime totale de l’œil d’un immense Big Brother.

C’est du moins ce que nous pensions jusqu’à hier. Mais aujourd’hui, il est prouvé que même les secrets les plus impénétrables du Pouvoir ne peuvent échapper au contrôle d’un hacker, si bien que le rapport de contrôle cesse d’être unidirectionnel et devient circulaire. Le Pouvoir contrôle chaque citoyen, mais chaque citoyen, ou du moins le hacker, élu comme vengeur du citoyen, peut connaître tous les secrets du Pouvoir.

Et même si la grande masse des citoyens n’est pas en mesure d’examiner et d’évaluer la quantité de matériel que le hacker capture et diffuse, la presse joue désormais un nouveau rôle (elle a déjà commencé à l’interpréter) : au lieu de relayer les nouvelles vraiment importantes – jadis, c’étaient les gouvernements qui décidaient des nouvelles vraiment importantes, en déclarant une guerre, en dévaluant une monnaie, en signant une alliance –, aujourd’hui, c’est elle qui décide en toute autonomie des nouvelles qui doivent devenir importantes et de celles qui peuvent être passées sous silence, allant jusqu’à pactiser (cela est arrivé) avec le pouvoir politique pour savoir quels « secrets » dévoilés il convenait de révéler et ceux qu’il fallait taire.

[…]

Il est évident que, dans le futur, les États ne pourront plus mettre en ligne aucune information réservée – cela reviendrait à la publier sur une affiche collée au coin de la rue. Mais il est tout aussi évident qu’avec les technologies actuelles d’écoutes téléphoniques, il est absurde de s’attendre à entretenir des rapports confidentiels par téléphone. Rien de plus facile, en outre, de découvrir si et quand un chef d’État s’est déplacé en avion et a contacté l’un de ses collègues, sans parler de cette foire populaire pour contestataires que sont devenus les G8.

« Réflexions sur WikiLeaks », in. Umberto ECO, Construire l’ennemi et autres écrits occasionnels, 2014
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Aux dents de la crémaillère pendait le chaudron noir. La marmite sur trois pieds s'avançait dans la cendre chaude. Soufflant à grosses joues dans le tuyau d'acier, ma grand-mère rallumait les flammes endormies. Tout cuisait à la fois : les pommes de terre pour les cochons, les pommes de terre plus fines pour la famille. Pour moi, un œuf frais cuisait sous la cendre. Le feu ne se mesure pas au sablier : l'œuf était cuit quand une goutte d'eau, souvent une goutte de salive, s'évaporait sur la coquille. Je fus bien surpris quand je lus dernièrement que Denis Papin surveillait sa marmite en employant le procédé de ma grand-mère. Avant l'œuf, j'étais condamné à la panade. [...] Mais les jours de ma gentillesse, on apportait le gaufrier. Il écrasait de son ' rectangle le feu d'épines, rouge comme le dard des glaïeuls.
Et déjà la gaufre était dans mon tablier, plus chaude aux doigts qu'aux lèvres. Alors oui, je mangeais du feu, je man¬geais son or, son odeur et jusqu'à son pétillement tandis que la gaufre brûlante craquait sous mes dents. Et c'est toujours ainsi, par une sorte de plaisir de luxe, comme dessert, que le feu prouve son humanité1.
*• Gaston Bachelard, La Psychanalyse du feu, Paris, Gallimard, 1949, PP. 37-38.
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La règle selon laquelle les dossiers secrets ne doivent être composés que d'informations déjà connues est essentielle à la dynamique des services secrets, et pas seulement aujourd'hui. Par exemple : dans une librairie consacrée à l'ésotérisme, on s'aperçoit que chaque nouvel ouvrage redit (sur le Graal, le mystère de Rennes-le-Château, les Templiers ou les Rosé-Croix) exactement ce qui figurait dans les livres précédents. Et ce n'est pas que l'auteur de textes occultistes s'interdise de faire des recherches inédites (ou ignore comment chercher des informations sur l'inexistant), mais parce que les occultistes ne croient qu'à ce qu'ils savent déjà, et qui reconfirme ce qu'ils avaient déjà appris. C'est d'ailleurs là le mécanisme du succès de Dan Brown.
Idem pour les dossiers secrets. L'informateur est paresseux tout comme est paresseux, ou d'esprit limité, le chef des services secrets, qui ne croit que ce qu'il reconnaît.
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Donc, il est possible qu'il n'existe pas un Absolu, ou que, s'il existe, il ne soit ni pensable ni atteignable, mais qu'il existe des forces naturelles qui soutiennent ou défient nos interprétations. Si j'interprète une porte ouverte peinte en trompe-l'œil comme une porte véri¬table et que je fonce dedans pour la passer, le fait que le mur est impénétrable délégitimera mon interprétation.
Il doit y avoir une façon dont les choses sont ou vont - et la preuve est non seulement que tous les hommes sont mortels mais aussi que, si je tente de passer à tra¬vers un mur, je me brise le nez. La mort ou ce mur sont l'unique forme d'Absolu dont nous ne pouvons pas douter.
L'évidence de ce mur, qui nous dit « non » quand nous voulons l'interpréter comme s'il n'existait pas, est peut-être un critère de vérité très modeste pour les gardiens de l'Absolu, mais, pour paraphraser Keats, « c'est tout ce que vous savez sur terre et c'est tout ce qu'il vous faut savoir ».
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Le grotesque est l’autre face du sublime, l’ombre de la lumière, le grotesque est la source la plus riche que la nature puisse offrir à l’art. La beauté universelle, que l’Antiquité répandait solennellement sur toute chose, n’était pas dépourvue de monotonie et cette impression peut devenir de l’ennui à force d’être réitérée. La beauté n’a qu’un type, la laideur en a mille. Le sublime accolé au sublime peine à faire contraste, et il faut faire une pause pour tout, même pour la beauté. La salamandre fait ressortir l’ondine ; le gnome rend plus beau l’éphèbe.
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