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EAN : 9782743625856
560 pages
Payot et Rivages (21/08/2013)
3.76/5   192 notes
Résumé :
Dans les Appalaches, au cœur de la forêt, Dellarobia Turnbow aperçoit une lumière aveuglante. La vallée semble en feu. Mais ces reflets rougeoyants n'ont rien à voir avec des flammes. Ce sont les ailes de centaines de papillons qui recouvrent le feuillage des arbres.

Cette étrange apparition devient un enjeu collectif : la communauté religieuse de la ville croit reconnaître un signe de Dieu et certains scientifiques invoquent une anomalie climatique. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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Dellarobia n'a pas une vie de rêve, ça non !
Coincée avec ses 2 enfants de 5 ans et 18 mois dans une ferme des Appalaches, dans une région pauvre, quasi sinistrée, avec un mari qu'elle n'aime plus, apathique - « Que fallait-il donc pour bouger un homme qui, lorsqu'il était à bout de souffle, et il n'en avait guère au départ, ressemblait à une montagne ? » - , qu'elle n'aurait jamais dû épouser, et à côté de beaux-parents indifférents...quel tableau, allez-vous me dire !
Et je continue : il pleut depuis des mois ; tout ce qu'elle possède, ce sont des objets « soit incassables soit cassés » ; le commerce de la laine de leurs moutons ne rapporte plus rien ; elle ne sort jamais de chez elle et ne voit quasi jamais d'adultes, à part ceux que je viens de citer, et heureusement, sa meilleure (et seule) amie Dovey, la délurée.
Je continue ? Non, car Dellarobia, malgré tout, est une femme de caractère, qui assume : « Les gens font des erreurs. Les erreurs fichent ta vie en l'air. Mais c'est à cause d'elles qu'on a ce qu'on a. Ca forme un tout. Un jour où on s'occupait des moutons, Hester a dit que ça sert à rien de se plaindre de son troupeau, parce qu'il représente la somme de tous les choix passés ».

Elle assume, donc. Enfin, presque...Car au début du roman, elle est prête à partir, elle s'en va, elle monte la colline...Et puis là, il lui arrive quelque chose d'extraordinaire :
« Une beauté surnaturelle lui était apparue, une vision de gloire qui l'avait clouée sur place. Pour elle seule ces branches orange se soulevaient, ces longues ombres se changeaient en une levée de lumière. On aurait dit l'intérieur de la joie » : des centaines de milliers de papillons ont élu domicile dans les arbres derrière chez elle.
Cette découverte déclenche chez elle un sursaut d'espoir : « J'étais tellement focalisée sur ma petite vie. Ma petite personne. Et j'étais face à quelque chose de tellement plus grand. J'étais forcée de revenir et de mener une vie différente. »

Et là, on peut dire qu'elle change, sa vie : des médias (ceux qui veulent faire à tout prix de l'audience, qui filment et coupent au montage, qui font semblant d'écouter mais qui ne veulent que du sensationnel) aux scientifiques (les vrais, ceux qui testent, qui apportent tout le matériel, qui sont payés par l'Université, qui squattent le bout de sa prairie pour faire leurs analyses au millimètre près), elle doit s'adapter. Elle doit changer. Et elle entraine sa famille dans son sillage, son amie, son village.

Barbara Kingsolver aborde sans ambages le thème de la science et du changement climatique, crucial, auquel les gens accordent encore si peu d'importance. Elle traite de la pauvreté, également, sans honte ni langage de bois. Mais elle reste malgré tout profondément humaine et proche de la sensibilité féminine de l'héroïne, ce qui nous la rend attachante.
Pas de morale, ici, rien que du concret. Face aux papillons, des actions, des explications. Et la remise en cause d'une femme, une toute petite femme.
Roman peut-être un brin bavard, mais quel engagement, quelle vérité !
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Depuis l'âge de dix-sept ans, la vie de Dellarobia est confinée dans cette ferme du Tennessee, dans cette maison, partagée entre son mari et ses deux enfants. Insatisfaite de sa vie, elle étouffe, a soif d'autre chose et ne se sent plus la force de suivre sa raison. Pourtant bien consciente de son erreur et des dégâts qui vont en découler, elle se dirige vers la petite cabane de chasse, vers une aventure extraconjugale.
Cet automne des plus pluvieux a détrempé les lieux mais elle grimpe la piste raide et rocailleuse. Même les arbres couchés à cause de ce sol imbibé qui ne les retient plus ne l'arrêteront pas.
C'est en premier lieu une petite tache orange qui capte son attention dans la forêt de sapins puis, comme suspendus aux conifères, une multitude d'amas brunâtres, « telles d'énormes grappes de raisin » tremblant dans la canopée. À la percée d'un rayon de soleil, l'embrasement des arbres avec une couleur orange crépitant de toute part la cloue sur place et s'envole alors l'envie de l'adultère qui allait être commis.

Dellarobia revient dans son foyer et ne peut annoncer la nouvelle car il faudrait expliquer sa présence là-haut dans la forêt.
La famille vit sur les terres des parents de Cub, son mari. Dellarobia vit au rythme de ses deux enfants, allège sa routine monotone en se confiant à son amie Dovey. Ses tâches, en dehors du foyer, se résument à débarrasser des impuretés la toison fraîchement tondue des moutons. Ses plus proches voisins sont ses beaux-parents qui prennent toutes les décisions et son mari l'exaspère souvent par sa soumission envers eux. Hester, la belle-mère est sèche et fière, autoritaire, et pour elle toutes choses se rapportent à Dieu.
La ferme ne rapporte plus, enfin pas assez. Les emprunts contractés asphyxient la famille et l'unique remède financier est le déboisement de la forêt. Dellarobia va insister pour que Cub se rende sur place avant de concéder à la vente du bois afin qu'il constate la présence des papillons qui s'avèreront être des monarques. Ceux-ci on décidé de passer l'hiver dans le sud des Appalaches au lieu du Mexique en raison de catastrophiques glissements de terrain qui ont tout ravagé sur leur lieu de repli hivernal.
Cub, et par ricochet toute la congrégation, pensent qu'elle a été touchée par la grâce puisqu'elle a « senti » que quelque chose d'extraordinaire, de miraculeux, avait eu lieu sur leur petit bout de montagne. Cela donne lieu un chapitre entier, long comme un sermon, sur la lourde influence de la religion dans ces contrées.
La nouvelle de la présence des papillons attire une équipe de scientifiques qui s'installent sur la propriété. Dellarobia se passionne pour ces monarques et sa soif de connaissances lui permet de côtoyer un monde auquel elle aurait pu avoir accès si elle n'avait pas dû interrompre ses études en raison de sa première grossesse qui s'était pourtant terminée trop prématurément. Elle comprend que la vie de famille est trop étriquée pour elle. Elle va s'épanouir lorsqu'ils lui confieront certaines tâches. Son fils de sept ans sera aussi de la partie, avec sa maman, et il aura un comportement magnifique de maturité, un sacré petit bonhomme curieux du monde qui l'entoure !

Fatalement, nous aurons le cliché des évènements extraordinaires qui ameutent leur lot de curieux et de journalistes voyant là le prétexte à un scoop de plus en passant à côté de l'alerte climatique de cet évènement inhabituel.

Mon enthousiasme pour ce roman est sans bornes. J'y ai trouvé l'exhaustivité des sujets qui me passionnent. On sent vraiment l'attachement de Barbara Kingsolver à la nature, au vivant, quand elle parle des ces papillons. Chaque évocation est féérique.
Le quotidien de Dellarobia est décrit longuement et précisément si bien que j'ai eu le sentiment d'être à ses côtés presque physiquement. Cette proximité en a fait une amie le temps du roman. Son complexe d'infériorité face aux étudiants et aux scientifiques m'a particulièrement émue.
On est vraiment dans le concret lorsque l'auteure aborde les préoccupations du monde agricole impacté économiquement par le climat et pris en tenaille par les banquiers et d'un autre côté le monde scientifique qui voit l'écosystème en péril et essaie de tirer l'alarme. Ils dénoncent une évidence exponentielle : «un monde qui se désagrège dans le feu et l'eau ». Même les saisons sont diluées.
Tous les passages liés aux monarques ont nourri mon intérêt pour la biologie dont l'extraction de leurs lipides, source énergétique pour leur survie face aux températures qui chutent. Quel prodigieux travail de documentation !

Pour terminer, le « pacte de durabilité » proposé par un sensibilisateur montre bien le décalage entre les propositions des gens bien-pensants et la réalité du quotidien des foyers modestes. Celui-ci cherche à expliquer à Dellorobia qui n'a pas un sou, ne sort jamais de sa ferme, comment maîtriser son empreinte carbone : « moins » d'avion ? Elle ne l'a jamais pris. Moins de voiture neuve ? Ils ont changé déjà deux fois le moteur de la leur pour la faire durer. Acheter d'occasion ? Elle ne fait que ça. Changer l'électroménager pour des moins énergivores ? Elle n'a pas du tout les moyens… Tout est dit : elle n'a pas les moyens de contribuer activement au dérèglement climatique ! Ce luxe destructeur est plutôt réservé à tous ceux qui gagnent trop d'argent.
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Une sympathique écofiction, qui chante la splendeur des monarques, une espèce de papillon menacée par la déforestation et les dérèglements climatiques.
Le fond est intéressant bien sûr, mais Barbara Kingsolver m'ayant habitué à des mariages beaucoup plus réussis entre le côté militant de son écriture et sa capacité à offrir au lecteur un vrai plaisir de lecture, j'ai été déçue. En fait, ça marche assez bien quand elle parle de fracture sociale, quand elle évoque le mur d'incompréhension qui peut séparer le scientifique, l'universitaire, d'une communauté rurale frappée par la crise. Mais pour ce qui est d'alerter sur la cata écologique, sa forte motivation et son louable désir de provoquer une prise de conscience semble lui faire parfois un peu oublier de puiser dans tout son talent romanesque.
J'aime bien les personnages, surtout Dellarobia qui, enceinte à 17 ans, se retrouve coincée dans une vie qui ne lui convient pas vraiment, qui grâce aux papillons va sortir de sa chrysalide et prendre son envol. Mais niveau rythme, ce n'est pas ça. L'intrigue aurait eu besoin d'être sérieusement enrichie. Je me suis un peu ennuyée alors que je m'attendais à une histoire prenante.
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J'aime beaucoup Barbara Kingsolver, ses personnages sont consistants et leur psychologie n'est pas le fruit du hasard, ils ont toujours un passé qui explique ce qu'ils sont aujourd'hui. Ensuite, ses jolies histoires s'entremêlent avec des problèmes environnementaux pas fantaisiste (Etant biologiste de formation on peut compter sur elle pour ne pas dire de bêtises).

C'est à nouveau le cas ici, avec d'un coté, Dellarobia, une jeune mère de famille qui s'interroge sur le sens de sa vie, les événements plus ou moins dramatiques du passé l'ayant coincée dans une vie pas folichonne. D'un autre coté, les monarques, ces papillons qui s'installent dans leurs montagnes des Appalaches pour la première fois (fait fictionnel), alors qu'habituellement ils passent l'hiver au Mexique. le réchauffement climatique serait à l'origine de ce déplacement aussi merveilleux qu'inquiétant. Ils sont des millions, survivront-ils à l'hiver beaucoup plus rigoureux que celui du Mexique ? Toute l'espèce est menacée, il ne semble pas qu'il y ait une autre issue que la fin des monarques.
Le personnage de Dellarobia évolue en parallèle avec les phases de l'hivernation des papillons. Collaborant avec un scientifique venu étudier ce phénomène, elle se révèle et s'affirme. Aura-t-elle une vie plus consistante ? Ou, comme pour les papillons, est-il trop tard ?

On en apprend beaucoup sur les monarques et on prend conscience du fragile équilibre qui régit notre monde, combien il est menacé... tout ceci sans ennui, ni leçon de morale.

J'ai pris un très grand plaisir à cette lecture et peut-être, ai-je aussi récupéré une once de la sagesse de l'auteure.
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Coup de coeur! C'st magnifique. Un thème captivant, des personnages d'emblée sympathiques une écriture toujours aussi remarquable, tout est au rendez vous pour quelques heures de pur bonheur pour le lecteur.

Nous sommes en plein coeur de l'Amérique profonde, dans les Appalaches. C'est moins la crise que le climat devenu fou qui pèse sur les épaules de ces paysans. La pluie incessante pourrit tout. Il pleut aussi dans la vie de Dellarobia, mariée à 17 ans pour « réparer » la faute. Isolée au sein d'une belle famille hostile, affublée d'un benêt de mari soumis à ses parents, ce sont ses enfants, son amie de toujours et ses rêves lui évitent de perdre pied.

C'est un papillon qui va changer le cours de son existence, ou plutôt des millions de papillons : les monarques, cette année se sont arrêtés avant le Mexique, et leur couleur a embrasé la vallée. le trou perdu sort de l'anonymat. Médias, militants, gourous mais aussi scientifiques accourent. Et Dellarobia se retrouve au coeur de la farandole qui va bouleverser son destin.

J'ai frissonné sous les trombes d'eau, écarquillé les yeux devant la beauté des myriades de papillons, trépigné avec Dellarobia face à l'obstination de ses proches, rit aux réparties de son amie et admiré la précocité de son fils.


Le thème du dérèglement climatique n'est pas abordé à la légère. Barbara Kingsolver sait de quoi elle parle, le sujet n'est pas traité par une groupie de la dernière heure. de même qu'elle connait bien le terrain : diplômée en écologie et biologie, elle vit dans sa ferme des Appalaches. C'est certainement ce qui confère à ce roman son authenticité et sa crédibilité.

Un immense merci aux éditions Rivages et à Price Minister pour ce partenariat.
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critiques presse (2)
LeDevoir
03 mars 2014
Il serait injuste toutefois de ne pas signaler la peinture vivante d’un monde pour moi inconnu, les dialogues fort efficaces et convaincants, pourvu qu’ils n’aboutissent pas en sermons à l’usage des bien-pensants méritants mais néanmoins redoutables.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LActualite
29 janvier 2014
S’il y a un écrivain américain associé à la cause environnementale, c’est bien Barbara Kingsolver. Fille spirituelle du poète naturaliste Henry David Thoreau, cette ex-biologiste met ses talents de conteuse à défendre la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes.
Lire la critique sur le site : LActualite
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
.. c'est une liste de choses que vous promettez de faire pour diminuer votre bilan carbone. ...

"Grand un : Apportez votre propre Tupperware avec vous au restaurant pour récupérer les restes, aussi souvent que possible.
- j'ai pas mangé au restaurant depuis au moins deux ans.
...
"Bon, grand deux, reprit Mr Atkins. Essayez d'apporter votre propre tasse quand vous prenez un thé ou un café. Ça ne vous concerne pas, je suppose. Ayez toujours sur vous vos couverts, n'utilisez pas d'ustensiles en plastique, idem, idem. Ah, écoutez ça. Apportez votre bouteille Nalgene au lieu d'acheter de l'eau en bouteille.
- L'eau de notre puits est bonne. On irait pas acheter dans un magasin.
- Bon, poursuivit-il. Essayez de réduire votre consommation de viande rouge.
- Vous êtes fou ou quoi ? J'essaie "d'augmenter" notre consommation de viande rouge.
- Et pourquoi ?
- Parce que le gratin de macaronis ça vous tient pas bien longtemps, voilà pourquoi. Nous avons de l'agneau, nous en produisons dans notre ferme. Mais je n'ai pas de congélateur. Faut que j'aille le chercher chez mes beaux-parents."
Mr Atkins se tut. Ses yeux sombres flottaient comme des têtards derrière ses lunettes.
"C'est tout ? demanda-t-elle.
- Non. Il y a cinq autres catégories.
- Allons-y.
- Vous n'êtes pas obligée.
- Non, vraiment. Vous êtes venu de loin. Pour nous convaincre d'adhérer.
- OK, dit-il, un peu nerveux. Passons directement aux besoins quotidiens. Faites votre possible pour acheter du recyclé. Allez sur Craigslist.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, même si elle s'en doutait un peu.
- Craigslist, sur internet.
- J'ai pas d'ordinateur. "
Mr Atkins accéléra pour ne pas perdre le contrôle de la situation. "Ou trouvez les magasins de produits recyclés à proximité."
Trouver, s'étonna-t-elle.
"Planifier vos trajets de façon à faire moins de kilomètres quand vous faites vos courses !" Voilà qu'il prenait un ton belliqueux.
"Qui ne le ferait pas ? avec ce que coûte l'essence ? "
Il se tut à nouveau.
"Qu'elle sont les autres catégories ? demanda-t-elle.
- Maison-bureau-voyages-finances. Nous ne sommes pas obligés de continuer."
...
"Allons-y pour les finances."
Mr Atkins lut d'un ton monocorde et précipité. "Transférez vos actions et vos fonds communs de placement dans des investissements socialement responsables, passons, passons. Ah, maison/buureau. Veillez à recyclez vos vieux ordinateurs. Éteignez votre écran quand vous ne l'utilisez pas. Je crois que nous avons là beaucoup de chose qui ne vous concernent pas." Il lui adressa un regard craintif. " La maison ?
- Bonne question, fit-elle. J'ai une maison.
- Passez aux lampes fluo-compactes. Adoptez les appareils éco-énergétiques."
...
"Désolée, dit-elle. Si ça veut dire qu'il faut acheter quelque chose, inscrivez-moi dans la colonne des mauvais élèves.
- Mais les économies valent la peine.
- J'en suis sûre.
- Bien. Réglez votre thermostat deux degrés plus bas en hiver et plus haut en été.
- Que quoi ?
- Qu'il ne l'est actuellement.
- C'est techniquement impossible. On n'arrêterait plus de le baisser."
...
"Bon, la dernière, dit-il. Prenez moins l'avion.
- Prenez "moins" l'avion ", répéta-t-elle.
Il regarda son papier comme s'il recevait des ordres d'une autorité supérieure. "Fin de l'histoire. Prenez moins l'avion."


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Tout s'en va. "On dit que c'est juste des cycles, dit-elle au bout d'un moment. Les choses reviennent périodiquement."
Il émit un petit sifflement entre ses dents, qui l'effraya. "Bon. Pendant le pléistocène la majeure partie de ce continent était sous la glace, et le reste était le désert arctique. À d'autres périodes, la calotte glaciaire fondit, et l'endroit où nous nous trouvons était sous l'océan. Donc oui, des cycles. Avec des millions d'années entre chacun de ces événements, mon amie. Pas des décennies."
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La seule chose plus ou moins pour enfants qu'elle possède est ce seul DVD qu'ils passent en boucle, probablement pour se venger. C'est cette espèce de muppet à la voix aigüe avec des cheveux roux emmêlés.
- Tu veux que je te dise ? C'est à cause de cette bestiole que j'ai pas d'enfants. Cette voix a été inventé par les groupes pharmaceutiques pour que tous les parents se mettent sous Xanax.
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Le sommet des arbres et les ravins apparaissaient dans un étrange relief, exposés comme par magie en tant que quantité visible. Un air rempli de lumière frémissante, une lumière de papillons. L'espace entre les arbres scintillait, plus réels et vivants que les arbres eux mêmes. La forêt rugueuse était toujours chargée du même fardeau bulbeux qu'elle avait vu auparavant, en plus grosse quantité même si c'était possible. Les branches ployaient sous le poids jusqu'au point de rupture. Le poids des papillons. La vérité de cette chose lui coupa le souffle. Un million de fois rien ne pesait rien.
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Elle avait été au bord du précipice. Elle était effarée des proportions que sa folie avait atteintes : un ramassis de rêves et de pensées, sans charpente ni structure. Qui pouvait être aplati tel un chapiteau de cirque.
Elle était seule ici, les yeux rivés sur des arbres embrasés. La fascination s’enroula autour de sa peur. Ce qu’elle voyait n’était pas un feu de forêt. Elle était aspirée vers la confiante allégresse de la fuite, et elle restait, et elle voyait au plus profond d’elle-même dans la solitude. Elle n’avait pas souvenir d’avoir jamais eu tant de place pour être.
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