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Soula Aghion (Traducteur)
EAN : 9782867463402
352 pages
Liana Lévi (05/09/2003)
3.53/5   17 notes
Résumé :
En toile de fond, les années 20 et la montée du fascisme. Au premier plan, les vies croisées des Balmarin, Tolotta Pelz et Bialevski, vieilles familles vénitiennes qui habitent le même palais sur les Zattere. Au centre de ce microcosme, la jeune Giovanna Balmarin, lumineuse et lancinante présence, qui occupe une place spéciale dans le cœur du narrateur Giorgio Partibon, spectateur indulgent et implacable. Le récit se déroule entre 1928 et les années 80 dans un entre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Grosse déception et abandon à la page 48 (sur 462) de ce roman qui pourtant s'avérait prometteur selon la quatrième de couverture, "En toile de fond, les années 20 et la montée du fascisme". Pléthore de personnages dont l'auteur détaille une partie de l'arbre généalogique de façon très brouillonne, passant d'une famille à l'autre, sans repère chronologique, un chapitre entier sur les gencives et les dents (l'un des protagonistes est dentiste), un style qui se veut littéraire mais tourne en rond, c'est confus avec beaucoup de retour sur des évènements déjà évoqués, bref un roman qui promettait et qui a fait plouf dans le Grand Canal de Venise.
Ciao Venezia....
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Dans ce roman situé à Venise à la fin des années 1920, très exactement dans le quartier de Dorsoduro - qui donne son nom au livre en italien - Pasinetti fait oeuvre de mémorialiste, à travers le regard aigu d'un enfant "précoce compliqué", le narrateur Giorgio, mais surtout pour fixer par la magie de la littérature, d'une façon quasi proustienne, toute une galerie de personnages des familles bourgeoises et patriciennes de Venise, tout un "entre-soi" représenté essentiellement par les habitants du palazzo Bialevski, un Vénitien d'adoption, parmi lesquels la famille d'Alvise Balmarin, le dentiste cultivé aux idées larges, et celle de Silvio Tolotta Pelz, son ami d'enfance plus attiré par l'idéologie dominante, mais aussi plus largement tout un ensemble de familles "benestanti", où les rapports entre adultes et adolescents, entre amis et parents, ne sont jamais dramatiques, mais marqués d'une complicité et d'une compréhension nées de la proximité géographique, historique et sociale.
Le roman tourne autour de la figure lumineuse de l'adolescente Giovanna, de ses treize à ses seize ans, et de tous les jeunes, garçons et filles, qui vont se faire à la vie adulte, partageant celle de leurs parents, subissant rarement leurs foudres - comme Annibale, ce gamin malicieux, gai et doué d'un véritable talent "d'histrion", victime des gifles de son père -, se fréquentant très librement, découvrant les plaisirs de l'amour physique, faisant leurs apprentissages, sur fond de fascisme mussolinien.
Car Mussolini a pris un pouvoir de plus en plus autoritaire, et ceux que l'idéologie du régime attire, sont dépeints avec une légère commisération comme les plus médiocres, rustres, opportunistes ou ratés, qui trouvent dans l'idéologie fasciste un remède au peu d'estime qu'ils ont d'eux-mêmes. Mais libéraux ou fascisants, tous restent d'abord Vénitiens, et continuent à coexister de façon à la fois mondaine et simple, comme de vieilles connaissances. Même les déprédations, agressions ou autres vandalismes sont ramenées à leur juste proportion : dérisoire.
Un beau roman, qui fixe pour l'éternité quelques années d'adolescence dans une ville et un milieu pleins de charme. On reste amoureux pour longtemps de Giovanna et de tous les personnages attachants qui gravitent autour d'elle.
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En 1925, un enfant vit le fascisme s'installant à Venise. Subtile et passionnante découverte littéraire.

Décédé en 2006, deux fois finaliste du prestigieux prix Campiello (en 1968 et en 1983), Pier Maria Pasinetti publie son roman "Dorsoduro" en 1983.

La lecture de ce roman pourtant relativement court (350 pages) permet de comprendre pourquoi Pasinetti fut souvent surnommé le "Proust vénitien". Par dizaines de touches subtiles, l'auteur nous fait suivre le fourmillement d'observations et de sentiments d'un narrateur écrivant en 1980 les souvenirs de quelques mois de ses douze ans à Venise, dans les années 1925, au moment où le fascisme s'installe soigneusement en Italie, passé le coup de force initial, les lois liberticides se succédant rapidement les unes aux autres, avec l'assentiment soulagé d'une large part de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie...

Dans un palais du "sestier" de Dorsoduro cohabitent trois familles, fort différentes les unes des autres (celles d'un magistrat volontiers fascisant, d'un dentiste "apolitique" et d'un riche noble excentrique légèrement socialisant), mais souvent liées par leur jeunesse commune. C'est par l'intrication de leurs relations, de leurs amitiés, de leurs complicités, de leurs distances comme de leurs proximités, en particulier à travers celles de leurs enfants, adolescents et jeunes adultes des deux sexes, que Pasinetti nous trace un exceptionnel portrait de Venise, d'une époque historique et d'un âge humain.

"Un long silence. du seul fait de se trouver là, assis l'un en face de l'autre comme tant d'autres fois, Alvise Balmarin et Remigio Berg sont ravis, ils jouissent du délassement que leur procurent des conversations lentes et répétitives. Depuis la nuit des temps Remigio Berg et Edoardo Bialevski sont des amis pour Alvise, autrement dit des personnes avec qui les silences deviennent éloquents et même les paroles les plus superflues sont savourées. "Et que t'a dit Silvio ?"
"Ben... Il a parlé."
"De quoi ?"
"De choses. du Vatican. du corporatisme aussi. de la doctrine du corporatisme. A son avis, du fait que je suis professeur d'histoire avec des titres universitaires, je devrais faire un cours à Padoue. Un cours sur la doctrine du corporatisme fasciste." Berg à ce point commence à s'animer, se délectant à mettre en scène, à mimer, plaisir qu'un peu tout le monde aimait à prendre à Dorsoduro dirais-je. " "Tu dois t'engager, Berg", me fait-il avec ce petit sourire qu'il arbore comme s'il t'offrait un peit cadeau, "n'oublie pas Berg que, dans l'ensemble, tu n'es pas une figure très claire. Je ne te vois pas engagé, Berg. Engagé dans le temps où tu vis." "

Une passionnante découverte, riche du charme supplémentaire qui s'attache à l'intimité de Venise, sans décorum et sans flonflons grandiloquents.
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"Il est presque superflu de rappeler que Venise, et le Sestiere de Dorsoduro en particulier, ont toujours eu coutume d'accueillir un pot-pourri bigarré de gens et de situations de toutes provenances, et de les assimiler".

Ainsi est Venise, ville-joyau posée sur son écrin couleur de mer. A Venise, rien n'est tout à fait pareil. Il y a toujours un décalage entre ce qui se prépare à Venise, dans Dorsoduro en particulier, et à Rome. Si dans la capitale tout fini par passer aux oubliettes, à Dordosuro tout refait toujours surface, deux jours ou deux ans plus tard. Mais chaque chose ou événement réapparaît ou se réalise. Il en est ainsi des conversations entre les habitants de Dorsoduro. Elles sont interminables, et reviennent sans cesse.

Il en est ainsi des Rumeurs. A Dorsoduro, elles ont toute leur place. Elles n'épargnent rien, ni - surtout - personne. Et à Dorsoduro, plus qu'ailleurs, elles ont du grain à moudre. A commencer par les habitants du palais Bialievski où vivent de vieilles familles vénitiennes : les Balmarin, les Tolotta Pelz et Bialevski, maître des lieux.
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C'est un livre foisonnant sur Venise dans la veine d'un Marcel Proust.

Dans un palace vénitien croulant, nous avons les allées et venues de personnages dans le vent de l'Histoire des années 20-30 et la montée du fascisme.
Il y a tant de personnages que je me suis un peu perdue avec la filiation des uns et des autres.
C'est l'histoire d'une famille vénitienne jusqu'au décès de leur fille, touchée par la grippe espagnole. le ballet des personnages laisse un discours parfois ironique, parfois très caustique, par moments ennuyeux.
Bon livre car profond de signification.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je suis convaincu qu'Ezio ressentait vis-à-vis de sa nièce Giovanna une intrication de sensations, un intense désir physique qui était bloqué avec force, inconsciemment étranglé par la terreur noire et inexplorable de la perspective incestueuse. L'image de Giovanna que je tâche de dépeindre de mon mieux — un être serein, rayonnant d'une joie tranquille et profonde — suscitait, justement en raison de ces traits qui lui étaient propres, une attirance qui n'en était que plus intense; et chez quelqu'un comme Ezio, l'étau instinctif de l'interdit, censurant même dans ses fantasmes les actes qui l'uniraient à elle, le menait à chercher des substituts, à se représenter dans ses imaginations extrêmes et solitaire la jeune fille être la proie de quelqu'un d'autre, mais que lui-même choisirait et commanderait [...]
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Alors la vision de Giovanna (adolescente, sur son lit de mort) bouleversa Maria Afflitta (une servante) : elle tomba en proie à des repentirs et des remords sauvages. Elle hurla longuement, c'étaient des cris qui jaillissaient de la triste solitude dans de petits troquets où la femme avait passé de longues heures devant une flasque de vin ; ou bien de l'obscurité de chapelles ou de confessionnaux où, à genoux, elle avait battu sa coulpe et récité des prières qu'elle comprenait à grand peine ; ou encore des profondeurs caverneuses de la campagne vénète dont elle était issue, des cuisines noircies par la fumée que seuls éclairaient la polenta et les yeux jaunes des chats pleins de violence et de faim.
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Nous fîmes un grand tour par les canaux, presque tout le temps en silence : bruissements de pas, murmures de voix des Fondamente et des ponts ; au-dessus de nous, des visages, des enseignes de boutiques familières, des accès aux palais du côté de l'eau, des halls d'entrée entrevus, des cours avec des chats, on eût dit qu'Edoardo buvait des yeux ces visions du cœur de la ville. "Je suis venu avec le vaporetto et suis descendu à la Ca' d'Oro, c'est mon premier tour en barque après tant de mois" et il nommait les canaux un à un...., les reconnaissant tous et les saluant comme des amis qu'on retrouve avec plaisir.
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Discussion d'adolescents :
"Tes ancêtres, Balmarin, avec toutes leurs erreurs et leurs horreurs, avaient au moins une chose de bien, c'est que leur chef suprême, c'est vrai qu'ils le choisissaient parmi eux, mais tant avant, tant pendant, tant après la période où il exerçait son pouvoir, ils lui rendaient la vie difficile, extrêmement difficile."
"Dis-donc, nous ne descendons tout de même pas des doges."
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Mon récit, je le vois, quoi qu’il puisse raconter, sera en définitive par-dessus tout l’histoire de Giovanna.
À treize ans elle était déjà dans la fleur de sa jeunesse, elle s’épanouissait, ouverte au monde et à tous, sans jamais user de tons acerbes ou hautains envers quiconque, fût-ce les précoces intenses. Je vois s’entrelacer autour d’elle le réseau de tous les nombreux êtres qui se trouvent liés à son histoire.
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