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Philippe Jaccottet (Traducteur)
EAN : 9782844850232
58 pages
Allia (20/01/2000)
3.82/5   36 notes
Résumé :
Il n'est pas une seule pensée importante dont la bêtise ne sache aussitôt faire usage; elle peut se mouvoir dans toutes les directions et prendre tous les costumes de la vérité.


La vérité, elle, n'a jamais qu'un seul vêtement, un seul chemin: elle est toujours handicapée.

La bêtise dont il s'agit là n'est pas une maladie mentale; ce n'en est pas moins la plus dangereuse des maladies de l'esprit, parce que c'est la vie même qu'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Parce qu'il faut sans cesse rappeler l'importance dans la pensée contemporaine européenne de Robert Musil — son « Homme sans qualités », placé avec « Ulysse », au panthéon de ces livres célèbres que personne n'a lu jusqu'au bout (coucou Suz') — ce petit livre Allia, reproduction d'un discours tenu en 1937 devant le Deutscher Werkbund, association intellectuelle et artistique, en est le meilleur pense-bête.

Considéré par l'auteur comme un texte d'une importance comparable à son chef-d'oeuvre inachevé, il se propose d'avancer un début de réflexion sur comment définir la bêtise de manière universelle et non relative… Vaste entreprise dont il commence par reconnaitre très modestement le caractère auto-destructeur d'une telle pensée, l'adage de l'éternel « con de quelqu'un d'autre » comme première barrière à escalader, la certitude de l'existence d'une forme de Vérité seule à même d'y aider.

Il défriche le sujet, car finalement assez seul à s'y risquer, avec cet esprit brillant et pragmatique, héritage possible de sa formation d'ingénieur, en distinguant deux grands types de bêtise : celle par ignorance, liée par le paradigme de la pomme de la connaissance et d'une forme d'état de nature, et celle, plus dangereuse selon ses dires car plus élaborée, qui s'affranchit de ce qu'il nomme « le significatif », grâce à la grande palette des émotions et affects humains.

Le sujet est bien-sûr tellement vaste qu'il se contente d'en circonscrire les termes du débats, comme une introduction à un travail beaucoup plus grand, avec un réel esprit de synthèse, évoquant au passage le paradoxe du jugement objectif en art, l'opposition pas toujours de mise entre nature et culture, et donnant même un remède efficace à cette bêtise : la modestie…
En sous-main, il sanctifie une forme de pensée holistique face à toute radicalité (au sens de celle qui n'écoute pas) pour s'éloigner de cette redoutable maladie, qui touche absolument tout le monde, lui le premier, donnant expression à cet humour discret qu'on retrouve dans son oeuvre, respiration obligatoire d'un discours bien structuré.

Une lecture évidente et d'une grande transparence, reflet d'un grand esprit, tel un portatif de la sagesse.
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Un livre à lire dans notre contexte sociétal : de la bêtise de Robert Musil, un fascicule intéressant dans lequel l'auteur tente de répondre à la question : qu'est-ce que la bêtise ?
« Chaque intelligence a sa bêtise » et Robert Musil nomme les nombreuses personnes intelligentes qui ont aussi leur bêtise.
Le terme « bête » est employé dans n'importe quel contexte et par n'importe qui. C'est souvent une injure donnée comme le terme vulgaire. Il ajoute aussi qu'il existe un lien entre vanité et bêtise. Pour lui, le vaniteux produit moins que son antonyme le modeste. Quelquefois, l'intelligent est bête par convenance. Il faut trouver dans tous rapports humains ce qu'appelle Musil « une température moyenne », c'est ce qui permet d'être civilisé.
Mais sous le terme « bêtise » souvent se cache une incapacité, une incapacité pour un homme ou une femme à vivre son entendement et son affect, un désaccord entre les deux.
A lire !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
On parle beaucoup aujourd'hui d'une crise de confiance de l'humanisme, d'une crise qui menacerait la confiance que l'on a mise en l'homme jusqu'ici ; on pourrait parler aussi d'une sorte de panique sur le point de succéder à l'assurance où nous étions de pouvoir mener notre barque sous le signe de la liberté et de la raison... Mais comment se former une notion, même partielle, de la bêtise quand vacillent celles d'entendement et de sagesse ? A quel point les conceptions changent avec le temps, permettez-moi de vous en donner le petit exemple que voici : dans un manuel de psychiatrie naguère bien connu, à la question : "Qu'est-ce que la justice ?", la réponse suivante : 'C'est que l'autre soit puni !" était citée comme un exemple d'imbécillité notoire...
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La bêtise sincère a l’esprit obtus et est “un peu dure à la comprenette” comme dit l’expression. Elle est pauvre en idées comme en mots, et gourde quand elle les utilise. Elle privilégie les habitudes parce qu’elles s’inscrivent solidement en elle à force de répétition, et lorsqu'elle est parvenue à comprendre une chose, elle s’y cramponne longtemps et répugne à l’analyser ou à ergoter à son sujet. Elle n’est jamais lasse des simples plaisirs de la vie ! Certes, ses pensées sont souvent vagues, et il n’est pas rare que face à de nouvelles expériences, elles se pétrifient tout à fait; mais elle s’en tient de préférence à ce qu’elle peut saisir par les sens, à ce qu’elle peut compter sur ses doigts en quelque sorte. En un mot, elle est cette “bêtise claire” si attendrissante, et ne fût-elle parfois à ce point crédule et confuse en même temps que désespérément incorrigible, elle serait un phénomène plein de charme.
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Rien qu'un pas de plus, en effet, et nous quitterions le domaine de la bêtise qui reste, même abordé théoriquement, si varié, pour le royaume de la sagesse, région déshéritée et généralement évitée par les voyageurs.
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Une domestique un peu dérangée, dont on exige qu’elle dépose ses économies à la caisse d’épargne pour qu’elle puisse en percevoir des intérêts, a cette réponse : “Personne ne serait assez bête pour vous payer quelque chose parce qu’il garde votre argent!”; par là s’exprime une manière de penser chevaleresque, un rapport à l’argent que dans ma jeunesse encore on pouvait observer ci et là chez les personnes distinguées d’un certain âge !
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Il est surtout une petite bourgeoisie de l’esprit et de l’âme qui, toute honte bue, donne libre cours à son besoin d’arrogance dès lors que sous la protection du parti, de la Nation, d’une secte ou d’un mouvement artistique, elle peut dire “Nous” plutôt que “Je”.
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Vidéo de Robert Musil
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
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