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EAN : 9791025603444
Editions Thélème (15/11/2017)
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4.22/5   118 notes
Résumé :
Des textes poétiques et engagés qui voyagent dans les interstices de l'œuvre romanesque de Laurent Gaudé, dénonçant le sort que les hommes font aux opprimés, hier esclaves assujettis au commerce triangulaire des pays riches, aujourd'hui migrants économiques et réfugiés en quête d'une introuvable terre d'accueil.
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De sang et de lumière ou entre fatalisme et espoir, révolte et utopie, nausée et fraternité.
Il y a les philosophes qui philosophent, les éditorialistes qui analysent, les politiques qui justifient l'injustifiable, il y a les financiers qui profitent, les graphiques et autres courbes qui chiffrent l'horreur, les gros titres racoleurs qui banalisent, l'égoïsme qui légalise et tout ce petit monde qui explique, le pourquoi et le comment, qu'on y peut rien, rien contre la désertification du coeur de l'Homme qui gagne un peu plus de terrain chaque jour, c'est comme ça, la désertion à son paroxysme.
Il y a les journalistes, les voyageurs, les « humanitaires », et quelques autres qui témoignent de ce qu'ils ont vu, vécu, des lanceurs d'alerte comme on dit aujourd'hui, nécessaires.
Alerte au feu alors que tout le monde voit que ça crame déjà depuis longtemps à sa porte et continue de jouer avec les allumettes, d'attiser les flammes.
Au milieu de tout ça il y a vous, il y a moi, perdus, impuissants, culpabilisant ou pas ce n'est même plus la question. Ballotés dans ce monde qui se replie sur lui-même, ce monde qui s'atrophie.
Combien de fois a-t-on entendu dire « plus jamais ça ». Résultat, chaque jour l'homme invente une nouvelle façon de dominer l'autre, de l'asservir, de l'humilier, de le nier. Plus jamais ça, non, plus jamais dire ces mots qui ont perdu tout sens.

« Si un jour tu nais,
Ne crois pas que le monde se serrera autour de toi,
Pressé de voir ton visage,
Dans une agitation de grands festins.
N'imagine pas qu'on se bousculera,
Que chacun voudra te regarder, te prendre dans ses bras, te recommander aux dieux.
On t'a parlé des cris de joie qu'on pousse à la naissance d'un enfant,
On t'a dit la liesse,
Les coups de feu tirés en l'air,
Les tambours,
La clameur des hommes qui fêtent la vie,
Oublie tout cela.
Si jamais un jour tu nais,
De joie, il n'y en aura pas.
Mais l'inquiétude sur le visage de tous,
Comme toujours, l'inquiétude
Ta venue au monde ne fera naître que cela. »

Laurent Gaudé nous emmène à travers les âges, les continents et ses voyages pour dresser un état des lieux. Les locataires de la planète bleue n'ont aucune chance de récupérer la caution.
D'un continent Afrique dévasté, dépouillé, souillé, affamé, terrorisé, asservi, humilié, colonisé (la liste serait si longue…) par d'incontinents à fric, jusqu'à Paris, Londres, Bruxelles, Nice (la liste serait si… longue) en passant par le moyen orient, par (oui, la liste serait…), l'auteur réussit à faire passer sa rage, sa révolte, son dégout, en déposant ses mots, presque délicatement, comme pour apaiser la douleur de tous ces passagers clandestins de la vie en donnant voix à la misère.
Ses mots doux giflent comme pour nous sortir de la torpeur, du confort aveugle qui endort.
Ces maux d'où qu'ils soient, eux sont égaux contrairement aux Hommes. Pas de hiérarchie dans le désespoir.
C'est musclé, et si la gorge se serre ce n'est dû qu'à la violence de la réalité, du quotidien des ces gens à travers les siècles car les textes de Laurent Gaudé n'ont rien de larmoyant, pas de pathos, pas de bons sentiments, juste des faits bruts.
« de sang et de lumière » risque de surprendre les fans de l'auteur car ce recueil est à ranger au rayon poésie. Oui, oui poésie. Ce genre que tant de monde fait rimer avec niaiserie.
Une dernière petite « niaiserie » dans ce monde en état d'urgence, un petit mot aux dieux qui sont si souvent source d'odieux:

« Maudits soient les hommes qui prient Dieu avant de tuer.
Ils ne nous feront pas flancher.
Leur haine, nous la connaissons bien.
Elle nous suit depuis toujours,
Nous escorte depuis des siècles,
Avec ces mots qui sont pour eux des insultes,
Et pour nous une fierté :
Mécréants,
Infidèles,
Je les prends, ces noms.
Juifs, dépravés, pédérastes,
Je les chéris,
Cosmopolites, libres penseurs, sodomites,
Cela fait longtemps que je les aime, ces noms, parce qu'ils les détestent.
Nous serons toujours du coté de la fesse joyeuse
Et du rire profanateur,
Nous serons toujours des femmes libres et des esprits athées,
Communistes, francs-maçons,
Je les prends,
Tous.
Nous sommes fils et filles de Rabelais et de mai 68,
Paillards joyeux,
Insolents à l'ordre.
Diderot nous a appris à marcher,
Et avant lui, Villon.
Nous serons toujours du coté du baiser et de la dive bouteille.
Ils ont toujours craché sur ce que nous aimions
Et nos bibliothèques ne leur ont jamais rien inspiré d'autre qu'une vieille envie de tout brûler.
Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est que les hommes aillent tête basse.
La menace pour seul bréviaire.
Ce que leurs dieux aiment plus que tout, c'est la triste soumission. »

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Avec « de sang et de lumière », Laurent Gaudé met son écriture et son engagement au service d'une dénonciation sans complaisance de ce qui peut faire de ce monde – au moins pour certains d'entre nous – une « vallée de larmes » : le racisme, la cruauté, la violence, le terrorisme, la haine et la brutalité de l'homme envers son frère… pour peu qu'il n'ait pas la « bonne » couleur, la « bonne » origine, les « bons » papiers, les « bonnes » idées. Pour peu qu'il soit livré sans défense aux hasards des luttes et de la guerre, aux exactions ou à la convoitise de plus puissant que lui.

Huit longs poèmes de sang et de lumière pour dire la plainte des hommes, leur douleur, leur peur et leur fatigue, huit textes dressés comme des poings à l'adresse du lecteur. C'est une révolte et c'est un cri, une insurrection poétique contre un monde sans compassion et sans morale, avide, haineux et corrompu, oublieux de la fraternité, aveugle aux larmes et sourd à la misère. « Ci-gît un peu de l'homme d'où qu'il soit, car en ces terres le mot « frère » a été oublié. »

Mais c'est un texte d'espérance aussi, et de courage, car
« Nous nous transmettons l'humanisme de combat.
Et ce qui naît là,
Dans toutes ces foules de toutes ces villes,
Ce qui grandit et nous donne la force de relever la tête,
C'est la part belle,
Que nous sauvons, siècle après siècle,
Comme un bien précieux au-delà de nos vies,
La part belle
De lumière
De sourire
Et d'esprit. »

C'est puissant, c'est beau, sans pathos et sans concession. C'est important. Cela m'importe.
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« L'homme est tombé
Souillure de vie de rien
Sourire de honte. »

La poésie engagée de Gaudé m'a submergé…
Il fait parler cette humanité
Déracinée,
Blessée,
Tuée !

Une force des mots qui dérange,
Enrage la quiétude du quotidien.

Il ouvre les fenêtres sur ces vies
Maltraités,
Broyées,
Humiliées,
Et qui portant gardent leur dignité !
Dire la souffrance,
Dire les blessures,
Dire les peurs.

Cette parole est celle de la survie.
Celle qui se débat,
Celle qui se relève,
Celle qui supporte,
Celle qui n'oublie pas !

Des sons qui s'enlisent dans la mémoires des souffles,
Souffle court,
Souffle pas à pas,
Souffle bien,
Souffle trop,
Souffle la souffrance qui s'éparpille dans l'instant.

Des mots qui claquent ,qui fouettent la différence !
Viol de ces identités d'âme ,
Sang de tous ces être sacrifiés…
Innommable …
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Ce que j'ai ressenti:…Eclat d'un monde de douleurs…

« Les mots sont
Vieux
Comme la souffrance des peuples. «

Il m'a fallu du temps pour digérer cette lecture…A peine une centaine de pages, et pourtant, un raz-de-marée émotionnel dans ses 8 poèmes…Quelques jours pour me poser, quelques jours pour réfléchir, quelques jours pour me rappeler que l'esclavage fait partie de notre Histoire, que des vies sont insignifiantes sur d'autres continents, que le sang a coulé en Europe dans des attentats, que certains vivent l'enfer en nos jours…

« Nous avons besoin des mots du poète, parce que ce sont les seuls à être clairs et obscurs à la fois. Eux seuls, posés sur ce que nous vivons, donnent couleurs à nos vies et nous sauvent, un temps, de l'insignifiance et du bruit. «

Déjà rien qu'avec l'introduction, l'auteur m'avait déjà conquise! Elle a une force et une intention qui défie le temps et l'espace. de sang et de lumière, c'est tout ce qu'on découvre dans ses vers, parce que notre monde est ainsi fait, il saigne de la noirceur des hommes, mais il resplendit aussi dans l'oeil des poètes…Avec ses poésies engagées, Laurent Gaudé rend hommage aux victimes, aux laissés pour comptes, aux réfugiés, aux opprimés…

Les étoiles tombent
Et les souvenirs aussi.

Ce recueil, c'est une poésie qui nous parle de voyage, de misère et d'écorchures. L'envers du décor. Une poésie qui grouille de vie, qui suinte, qui nous confronte à une réalité quotidienne violente, qui dérange…Derrière la beauté des mots, se cache les maux et la douleur, mais en étant posée, écrite, cette poésie reste le témoignage contre l'indifférence, contre l'obscurantisme, contre l'insignifiance…

Si jamais un jour tu nais,
Ne crois pas que le monde se serrera contre toi

Excellent moment de lecture, même si j'ai encore la déchirure au coeur pour le poème Et si un jour tu nais, et le serment de Paris rajoute encore du sel sur notre blessure à vif …Tous plus beaux que les autres en fait, cette poésie a ceci de magique, c'est qu'en quelques mots soigneusement comptés, spécialement choisis dans la multitude, généreusement donné, elle te bouscule au plus profond…

Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Lien : https://fairystelphique.word..
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Comme il est dur de donner un avis sur un recueil de poésie!
Plus encore que toute autre forme de littérature elle fait appel à nos sens et à nos coeurs.
On est touché, ou bien on ne l'est pas.
Cible atteinte en ce qui me concerne, touchée en plein coeur.
Laurent Gaudé donne la parole aux oubliés d'hier et d'aujourd'hui, à tous ces habitants de la planète nés du mauvais côté, ceux qui n'ont pas de voix, pas de choix.
Ces textes sont d'une cruauté implacable et d'une beauté tranchante.

Challenge Multi-défis 2017
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critiques presse (1)
LeMonde
03 mars 2017
De sang et de lumière, voudrait être, dirait-on, le catalogue exhaustif des misères du monde et son lyrisme ténébreux devient vite aussi insupportable que les lamentations des pleureuses professionnelles au chevet des morts.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Seul le vent

Nous sommes là silencieux depuis de longues heures déjà
Sous le ciel du matin réunis en petits groupes tirant sur une cigarette
Ou jouant du bout du pied avec un caillou.
N’attendez pas de nous que nous parlions.
Nos mots n’ont plus de force contre le monde.
Alors nous les gardons pour nous
Et nous écoutons le vent qui fait trembler la toile de la tente
Quand de bâches blanches en longues colonnes monotones
Le vent qui siffle, s’engouffre partout et nous rend fou.
Nous l’écoutons pour nous habituer à sa présence, à son haleine
Car nous savons, nous avons compris dès les premiers jours de novembre
Où il est apparu qu’il serait notre plus grand ennemi.
Seul le vent est chez lui ici
Qui dévale les pentes,
Fait claquer les drapeaux,
Et vous oblige à rentrer la tête dans les épaules.
N’attendez pas de nous des mots, non.
Soit que nous soyons, côte à côte ou que nous restions dans nos tentes,
Nous sommes têtes basses, échines pliées.
Nous restons penchés sur nos souvenirs
Nous les gardons pour nous,
Qui en voudrait ?
Si nous les disions le vent les emmènerait
Et ils s’éparpilleraient sur la colline
Finiraient à terre comme des cerfs-volants d’enfants, déchirés souillés par la boue
Car il pleut maintenant
Et tout se transforme en terrain marron
Qui colle aux chaussures
Seule la boue est chez elle ici
Flaque brillante qui vous attrape les pieds pour faire glisser
Trou profond qui vous avale jusqu’à la cheville
La boue glaiseuse, argileuse, épaisse et collante
Qui fait de nos chaussures lorsqu’elles sèchent
De vestiges compactes comme fossilisés
Seule la pluie est chez elle ici
Elle tape sur les bâches avec minutie
Et cela semble ne jamais devoir cesser.
Elle nous fait rentrer dans nos tentes
Tête basse, dos plié
Que sommes nous devenus ?
Nous étions hommes forts
Paysans aux mains de pierre
Nous étions pères de famille
Au large sourire, prodiguant les conseils
Et veillant à la chaleur sur la tête de nos enfants.
Nous étions hommes au travail
Courageux à la peine
Nous étions combattants parfois
Pour que notre peuple ne soit pas qu’un nom
Qu’on se transmette de père en fils dans le secret des veillées
Mais une terre aussi.
Nous étions groupe de fête
Danse entre frères et amis.
Que sommes nous devenus ?
Lassitudes des jours qui passent sans travail
Lassitude d’un corps qui se fatigue toujours plus
A ne rien faire.
Nos enfants nous regardent
Qu’ils cessent de le faire, par pitié !
Nous ne sommes plus qu’un dos
Une démarche traînante.
Nous, hommes au travail
Large dans la vie
Au regard clair comme le ciel des montagnes
Nous sommes inutiles
Nous portons nos enfants dans nos bras
Nous les tenons fermement
Est-ce qu’il ne reste que cela de nous ?
Des bras pour enlacer la misère?
Nous, vos femmes, vos sœurs
Nous vous voyons dans votre silence
Nous avons dorénavant des larmes dans la bouche
Vie de bidons qu’il faut remplir d’eau, de kérosène.
Vie de pelles pour creuser les rigoles
Et déjouer les ruses de la pluie
Vie de marmailles, les uns sur les autres
Comme des portées de chiots sous la tente.
Et cette chaleur au moins
Qui donne au matin
Une odeur d’étable à la tente
Personne ne nous l’enlèvera
Vie de linges qui pend entre nos tentes
Ou le long du grillage exhibant notre misère
Nous comptons les pantalons et les pulls que nous n’avons plus.
Nous comptons les affaires laissées dans nos maisons
Dans nos tiroirs de nos armoires
Car nous avions des armoires
Il nous vient à pleurer en y repensant
Nous avons dorénavant
Les larmes dans l’esprit
Nous, vos femmes qui ne pouvons sortir du camp
Nous nous levons chaque matin
Et nous nous regardons
Nous voyons nos enfants mal couverts
Ils seront malades parce que l’hiver viendra
Nous savons certains des plus jeunes que le froid emportera
Dans nos bras déjà, un enfant est gris de mort
Nous l’emmitouflons dans une couverture
Qui ne chauffe plus son corps
Nous avons les lèvres au coin des larmes
Et pourtant le ciel est bleu et vaste
Nous avons les larmes qui coulent au fond de l’âme
Nous regardons nos enfants qui regardent les allées désertes du camp
Ils sont là, ne disent rien
Ont le visage sérieux et se demandent en silence
Quel nom ils porteront maintenant
Qu’ils sont le fils de cette terre qui n’appartient qu’au vent.
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Je viens de terres brumeuses
Qui sentent l'odeur chaude des siècles,
La teinture et le houblon.
Je viens de terres que je ne connais pas
Qui portent des noms à la mine rouge et aux oreilles écartées :
Hazebrouck, Bousbecque, Wervicq, Wattrelos,
Battues par les vents,
Et transpercées d'humidité.
Le nord industriel,
Qui embrasse la Belgique
Dans un parfum de labeur.

...

Je viens de terres où je suis étranger,
De terres où je ne suis pas né,
Dont je ne parle pas la langue,
Et qui sont miennes,
Pourtant,
Parce qu'aimées.
Je suis né d'un regard sur la Méditerranée,
Cette mer déchirée,
Qui fit toujours commerce de vases, d'huile, de vin,
D'esclaves,
De tout.
Et les mélanges, les musiques qui se mêlent,
Les miracles dans le mariage des formes,
L'aubergine et la tomate,
Les épices et le poisson grillé,
Sur les bords de la mer Egée comme à Tunis.
J'ai ses lumières en moi.
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Je veux une poésie moite et serrée comme la vie de l'immense majorité des hommes. Je veux une poésie qui connaisse le ventre de Palerme, Port au Prince et Beyrouth, ces villes qui ont des visages de chair, ces villes nerveuses, détruites, sublimes, une poésie qui porte les cicatrices du temps et dont le pouls est celui des foules.

Je veux une poésie qui s'écrive à hauteur d'hommes. Qui regarde le malheur dans les yeux et sache que dire la chute, c'est encore rester debout. Une poésie qui marche derrière la longue colonne des vaincus et qui porte en elle part égale de honte et de fraternité. Une poésie qui sache l'inégalité violente des hommes devant la voracité du malheur.

Je veux une poésie qui défie l'oubli et pose des yeux sur tous ceux qui vivent et meurent dans l'indifférence du temps. Même pas comptés. Même pas racontés. Une poésie qui n'oublie pas la vieille valeur sacrée de l'écrit : faire que des vies soient sauvées du néant parce qu'on les aura racontées. Je veux une poésie qui se penche sur les hommes et ait le temps de les dire avant qu'ils ne disparaissent.
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À Fréthun,
La forteresse surgit d'un coup.
Terrain quadrillé.
Tourelles et chiens de garde.
Ils ont inondé des zones entières pour les rendre inaccessibles à vos pieds.
Ils ont clôturés, barrés,
Long grillage sur le bas côté de l'autoroute,
Double rangée, toute neuve,
Infranchissable.
Ils sont là partout,
Les signes de notre violence

...

Ci gît la France qui n'a pas le courage de ses valeurs.
Ci gît l'Europe et mon âme
D'avoir vu votre misère.
Ci gît un peu de l'homme d'où qu'il soit,
Car en ces terres le mot "frère" a été oublié.
Et lorsque les pelleteuses auront fait place nette,
Lorsqu'elles auront pietiné ce que vous avez patiemment construit
Elles s'apercevront peut être,
Mais trop tard,
Que ce sur quoi elles roulent,
Ce qu'elles tassent,
Et font disparaître,
C'est notre dignité.
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Nous sommes vieux comme le monde,
Héritiers de villes rasées, de peuples en mouvement,
Du désir fou de bâtir pour l’éternité,
D’offrir des temples, des statues, à ceux qui nous suivront.
Nous sommes les fils de l’incendie.
Et notre devoir est de contenir les flammes
- Chaque fois, le même combat renouvelé -,
Les contenir,
Pour qu’elles rayonnent
Plutôt que de tout brûler.
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Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
le nouveau livre de Laurent Gaudé est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/terrasses #litterature
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