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Isabelle Gugnon (Traducteur)Vincent Raynaud (Préfacier, etc.)
EAN : 9782914834278
377 pages
Passage du Nord-Ouest (22/08/2007)
3.5/5   15 notes
Résumé :

Le 23 janvier 1993, le corps d'une adolescente de 13 ans est découvert dans un terrain vague en périphérie de Ciudad Juàrez, à la frontière nord du Mexique. Elle a été torturée, violée puis étranglée. Entre 1993 et 2007, près de 500 femmes connaîtront le même sort. Des centaines d'autres sont toujours portées disparues. Des os dans le désert est l'histoire d'un crime cont... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Tout le monde connaît aujourd'hui la ville de Ciudad Juarez, Etat de Chihuahua, sur la rive droite du Rio Grande. Autrefois refuge de l'armée de Suarez, elle est devenue La Ville des Mortes, une zone de non droit, où environ 2000 cadavres de femmes ont été trouvés depuis 1993.
Dans son 2666, Roberto Bolaño consacrait « La Partie des crimes » à Ciudad Juarez, devenue sous sa plume Santa Teresa. Dans cette fiction un journaliste de la Razon arrivait de Mexico pour écrire la chronique du Pénitent.
Cet homme, Sergio González Rodríguez, n'est pas qu'un personnage de roman, il est journaliste, auteur Des os dans le désert, remarquable essai sur le féminicide de Ciudad Juarez, et a longtemps correspondu avec l'auteur chilien.
Dans son ouvrage, le journaliste mexicain montre que depuis plus de 20 ans, après l'indifférence, les enquêtes bâclées de la police locale, après les vagues sursauts des autorités, les actions des familles, la fabrication de faux coupables censés calmer l'opinion publique, et malgré l'intervention du F.B.I., la pression internationale, les rapports de l'O.N.U., « la machine à exterminer les femmes a continué de tuer ».
Il dit l'échec total des institutions, l'indifférence des autorités, l'absence d'un état de droit, face à la gestion de ce féminicide unique de par son ampleur. Il met le doigt sur les liens étroits qui unissent les forces de police, les hommes politiques et les puissants cartels de drogue, qui gangrènent la société et l'économie mexicaine. Que représentent les fillettes et les femmes pauvres face aux sommes colossales qui découlent du blanchiment de l'argent sale, cette manne qui achète, corrompt et tue?
La « desgracia » de ces femmes, en plus de vivre dans une société patriarcale, est d'être nées ou de travailler dans une zone frontalière, réservoir inépuisable de main d'oeuvre exploitée dans les maquiladoras, paradis de la sous-traitance dont se moque son puissant voisin. L'industrie épuise, l'industrie extermine: "A Ciudad Juarez, la survie est un cadeau suprême ».
Des os dans le désert n'est pas une oeuvre de plus consacrée aux oubliées de Juarez et aux narcos dont les « exploits » nourrissent depuis des années les rancheras, les romans et les films ultraviolents. Derrière son colossal travail de recherche, derrière la stricte observation des faits, derrière l'analyse factuelle la plus minutieuse à la froide lueur de la raison, l'humanité et l'empathie de Sergio González Rodríguez transparaissent à chaque page.
Menacé de mort au cours de son enquête, il poursuit son travail au nom des centaines de femmes et de fillettes violées, battues, assassinées, abandonnées dans des terrains vagues. En témoigne le poignant chapitre « La vie interrompue », triste et longue litanie, 17 pages de patronymes, ceux de femmes mortes dont les cadavres on été répertoriés entre 1993 et 2002.
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Ciudad Juarez, ville frontière de l'état du Chihuahua, au nord du Mexique, a connu un nombre incroyable de femmes assassinées, au cours de ces trente dernières années. Un rapport de l'ONU fait état de 328 personnes tuées dans cette ville, entre 1993 et 2003.
Sergio González Rodriguez, un journaliste très courageux, a enquêté pendant des années sur ces meurtres mais aussi sur une centaine de disparitions. Au péril de sa vie, malgré les menaces et les agressions, il a mené à bien son travail concrétisé par ce livre très bien écrit, entièrement basé sur des faits réels.
En évitant de tomber dans le spectaculaire et le sentimentalisme mais sans être froid ni abstrait, Sergio González Rodriguez sait toutefois montrer toute l'horreur de ce qui s'est passé à Ciudad Juárez où les liens incestueux entre la politique, la police, la justice et la criminalité organisées sont réels. Il sait bien démêler les fils de ces vies brisées sans donner d'explication simpliste parce que la réalité est complexe. Ce livre redonne vie aux victimes sans oublier celle des innocents accusés à tort, sans preuve, dont certains sont morts après avoir été torturés.
Après une description très intéressante de la ville, véritable passerelle vers les USA, l'auteur détaille son évolution exponentielle très mal maîtrisée. le trafic et la consommation de drogue deviennent, en une vingtaine d'années, les éléments essentiels de la vie locale pendant que l'image de la femme se transforme radicalement, passant de l'épouse ou de la mère respectée à un objet sexuel, « un être que l'on peut frapper et violer à loisir ». Puis, nous faisons connaissance avec Elizabeth Castro Garcia. Nous sommes le lundi 14 août 1995…
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Très dur, très glauque et assez déroutant. Ce "roman journalistique" (qui n'a du roman qu'une certaine façon de rendre compte des évènements) évoque les multiples meurtres de femmes qui ont eu lieu à Ciudad Juàrez sur une période de quinze ans, à cheval entre la fin du XXème siècle et le début du XXIème.

Dépeignant ainsi les travers de la société mexicaine et les liens inextricables entre trafiquants de drogue, personnalités politiques et économiques ainsi que des rituels antiques, ce livre résonne comme une descente aux enfers qui semble sonner le glas d'un pan de la société au Mexique.

Souvent choquant, parfois révoltant, il n'en reste pas moins un témoignage rare et nécessaire des atrocités commises envers les femmes de Ciudad Juàrez et de toutes les villes mexicaines proches des maquiladoras, ces usines situées de l'autre côté de la frontière avec les USA, en général.
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Tout comme bien des français , bien peu au fait des méfaits des régimes politiques Sud-Américains , j'ignorais tout de ces féminicides , ce livre est donc instructif car démontrant la complicité entre le pouvoir corrompu et le banditisme , mais que c'est mal écrit ! Pour plus ample information , consulter l'excellente liste mise au point par Pecosa : "Frontières , homicides et Narcoliteratura "
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Du côté nord-américain de la frontière, on a également donné libre cours à toutes sortes de fictions délirantes, comme celle que reflète le film de Robert Rodriguez, Une nuit en enfer (...). Rodriguez transpose les vieux mythes hollywoodiens au Mexique, un territoire libre où tout type d'excès et de dispersions corporelles est permis. Des affaires louches et de grandes richesses y attendent les aventuriers les plus intrépides. C'est le pays des routes sans lois et des bandits caciques, de la violence illimitée où l'écho de l'anthropophagie démoniaque des Aztèques résonne encore. A ces images et à ces représentations stéréotypées porteuses de terreur dans la culture anglo-saxonne protestante, viennent s'ajouter la sombre légende de la culture hispanique et la barbarie mexicaine.
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[VIVE LE NORD !]

Cet endroit est réservé aux individus graciles à l'ossature fine, au charme adolescent, à la peau mate. Ils sont soucieux d'entretenir un corps appelé à leur échapper dans un avenir si proche qu'on se demande s'il a jamais existé.
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[ÉPILOGUE PERSONNEL]

J'ai la certitude que le destin ou la mémoire prévaudra sur le néant. En fin de compte, la vie de chacun est un défi mystérieux à tout ce qui nous survivra.
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Le vent aura tôt fait de soulever le sable très fin de Lomas de Poleo, effaçant toute trace. L'impression de vulnérabilité est très forte. Les pas sont gommés dans cette terre meuble qui repousse la mémoire. Avidité sans bornes et carence absolue se côtoient à Lomas de Poleo. Le jour de leur mort, les victimes se trouvaient entre ces deux extrêmes.
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[UNE JEUNE FILLE AU PAYS DE NULLE PART]

À cette date, les agents à qui l'enquête avait été confiée parlaient déjà d'un "homicide" alors qu'on n'avait pas encore retrouvé le corps.
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>Criminologie>Délits et crimes>Homicides, crimes sexuels, kidnapping (140)
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