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EAN : 9782290400838
224 pages
J'ai lu (06/03/2024)
  Existe en édition audio
4.04/5   3359 notes
Résumé :
À Catane, le commandant Salvatore Piracci travaille à la surveillance des frontières maritimes. Il sillonne la mer, de la Sicile à la petite île de Lampedusa, pour intercepter les bateaux chargés d'émigrés clandestins. Un jour, c'est justement une survivante de l'un de ces bateaux de la mort qui aborde le commandant, et cette rencontre va bouleverser sa vie.

Ce roman de l'exil et de l'espoir illustre le destin de ceux qui iront, quoi qu'il arrive, au ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (427) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 3359 notes

❤️Quelle classe ! Quelle claque !
Il y a dans l'écriture de Laurent Gaudé malgré la rudesse du sujet, l'immigration clandestine, plus que de la délicatesse, de la grâce, celle des grands.
On le sait, une profonde humanité marque toutes ses oeuvres et ce roman là en est inondé.
Des récits entrelacés relatent plusieurs destinées surtout celle du commandant Piracci naviguant au large des côtes siciliennes et de l'île de Lampedusa ainsi que celle de Soleiman qui fuit le Soudan pour la côte Libyenne.
Le commandant ne trouve plus de sens à sa vie son métier est d'intercepter les bateaux de clandestins en les aidant comme il peut pour au final les rediriger fatalement vers l'enfer qu'ils tentaient de fuir. Il est à la fois sauveur et tourmenteur. Bouleversé par certaines rencontres, en proie à la culpabilité, il décide d'abandonner sa fonction et d'aller à « contre- courant du fleuve des émigrants » via l'Afrique du nord vers une nouvelle vie.
L'auteur nous mène de frontière en frontière, de rive en rive, de dérive en dérive vers une terre fantasmée. A mesure que les clandestins avancent l'Eldorado recule telle une promesse irréalisable, un rêve chimérique.
Avec un récit lucide, sans pathos il nous dépeint ces destinées tragiques qui revêtent sous sa plume une dimension mythique.
Certaines descriptions sont comparables à de véritables tableaux avec des scènes dans la tempête ou lors de l'assaut des frontières, zones tendues de clivage entre espoir et désespoir qu'elles soient entravées de barbelés ou pas.
On est solidaire de ces migrants amoindris qui luttent avec acharnement et possèdent la richesse enviable de ceux « qui rêvent toujours plus loin ».
On est tenu en haleine par des revirements de situation fréquents.
L'auteur décrit avec puissance le sort de ces « déclassés » condamnés à l'errance, affamés et assoiffés luttant pour regagner une dignité.
Mais il aborde aussi la fuite de soi, de ce que l'on est devenu insidieusement.
Deux destins se détachent, deux courants tumultueux, un vers l'Eldorado, l'autre opposé, qui vont finir par confluer de manière tragique car la fin est triste symbolique et marquante.
Bouleversant d'humanité❤️
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Le merveilleux , le fantastique , l'incontournable , le légendaire - j'en fais trop là , peut-etre ? - le Soleil des Scorta , je l'avais trouvé...correct tendance grose baffe sur le coin de la truffe ! La chance du débutant qui en était , quand meme , à son troisieme roman , que je m'étais dit ! Que nenni , Eldorado vient confirmer le talent de ce tout jeune auteur Français en traitant d'un sujet d'actualité toujours aussi récurrent avec une justesse de ton ébouriffante ( dixit Kojak ) assortie d'un regard distancié ( dixit Dalida) propre à le crédibiliser !

L'émigration clandestine , une statistique globale objet de bon nombre de fantasmes irraisonnés pour certains ( Hortefeux , Besson...) . Un sujet puissant ou l'humain y aurait enfin toute sa place pour d'autres ! Piracci , Soleiman et Jamal , Boubakar ( rien à voir avec France Gall , merci !) , sont les héros désenchantés de ce conte crépusculaire . Quatre destins uniques , quatre trajectoires distinctes tendant vers un ailleurs sublimé , quatre brutales désillusions confrontées aux murs d'une réalité politique bien trop pragmatique pour leurs reves idéalisés!
Piracci , capitaine de frégate solitaire , se rend compte du non-sens de sa vie ! Sauveteur patenté de ces forçats de la mer Nord-Africains toujours plus nombreux à vouloir rejoindre l'ile de Lampedusa , véritable sésame pour l'Europe , il n'en reste pas moins celui qui les confie aux divers centres de rétention , synonymes de retour au pays assuré , une fois sa mission accomplie . Sa seule échappatoire , démissionner pour tenter d'expier ses fautes passées et renaitre en ce pays qu'il ne connait que par les diverses nationalités qu'il arraisonne : l'Afrique !
Soleiman et Jamal sont freres . D'origine Soudanaise , ils prennent le parti d'un déchirant déracinement au profit d'une vie meilleure , ailleurs...Leur union fusionnelle fait leur force et leur donne le courage nécéssaire à ce périple qu'ils savent dantesque , à défaut d'etre mortel !
Gaudé , d'une plume simple , sensible et évocatrice , place l'humain au coeur de ce drame magnifique et cruel . En véritable conteur fictionnel se basant sur une réalité avérée , il narre magistralement avec force détails le terrifiant voyage de ces otages en devenir ! Otages de passeurs indélicats ; de capitaines de navire n'hésitant pas à les abandonner en pleine mer apres les avoir spoilés de tous leurs biens ; de ces carabiniers frontaliers , beaucoup plus zélés qu'humanistes , toujours prompts à ouvrir le feu sur ces fantomes haves , dépenaillés et affamés mais cependant déterminés comme jamais lorsque vient le temps de l'ultime épreuve !
Leur chimere a un prix qui a souvent le goût du sang...
Un récit coup de poing présentant deux trajectoires diamétralement opposées appelées à se croiser sur fonds de croyance Africaine . le propos est douloureux mais le ton jamais larmoyant ! Gaudé fait dans le factuel vériste en nous brossant magistralement le portrait de ces doux utopistes , véritables aventuriers des temps modernes !
Un beau et grand bouquin à mettre entre toutes les mains afin d'appréhender ce fléau non plus comme un chiffre abstrait mais comme une tragédie concrete mortellement ancrée en l'Humain !

Eldorado , tout ce qui brille n'est pas or...
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Un beau roman, pétri d'humanité, de ceux qui font réfléchir le lecteur ...
Un thème toujours très d'actualité car la tragédie des Africains qui tentent de gagner clandestinement l'Europe au péril de leurs vies n'est pas près de s'arrêter : tragédie humaine car bon nombre d'entre eux trouveront la mort sur le chemin de l'exil, tragédie identitaire pour tous ceux qui abandonnent leur pays et leur identité dans l'espoir d'un meilleur futur et au prix de leur culture. Et au bout du voyage, pour la plupart, la désillusion et l'effondrement de leurs rêves d'un avenir meilleur... Tragique et lucide, jamais larmoyant, j'ai personnellement été beaucoup plus touchée par Eldorado que par le Soleil des Scorta...
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Dire que ce livre de Laurent Gaudé a plus de dix ans et qu'il est toujours aussi actuel !

Entre temps, les lieux de passage ont changé, on ne parle plus de l'île de Lampedusa mais les drames restent les mêmes, les rêves d'Eldorado sont toujours aussi vifs et les migrants toujours plus nombreux, pas seulement vers l'Europe de l'ouest mais aussi vers les États-Unis et sans doute ailleurs…
Laurent Gaudé ne m'a jamais déçu, que ce soit avec La mort du roi Tsongor, La porte des Enfers ou encore Écoutez nos défaites. Alors, quand Élodie a proposé cette lecture, je n'ai pas hésité et je ne l'ai pas regretté.
Dans Eldorado, il aborde le problème par l'autre bout, du côté de ceux qui sont censés empêcher les migrants de se réfugier chez nous. Il s'attache donc aux pas du commandant Salvatore Piracci qui fait une rencontre qui va changer sa vie, dans les rues de Catane, en Sicile : « Il patrouillait le plus clair de son temps au large de l'île de Lampedusa et partageait ainsi sa vie entre son navire, les escales à Lampedusa et son port d'attache, Catane. » Pour lui, rien n'avait changé avant cette femme. Il y avait eu les Albanais puis les Kurdes, les Africains, les Afghans toujours plus nombreux…
Alors, l'auteur nous plonge dans l'univers de cette femme qui avait pu embarquer à Beyrouth avec son petit garçon de onze mois, avec des Irakiens, des Afghans, des Iraniens, des Kurdes, des Somalis, soit cinq cents personnes abandonnées en pleine nuit par l'équipage, sans eau, sans nourriture. C'est la monstruosité de ceux qui exploitent avec un cynisme sans pareil la misère de leurs compatriotes.
Avant de retrouver le commandant sur sa frégate, une partie est consacrée à Jamal et à son frère, Soleiman, qui préparent leur départ de Port-Soudan… Nous les retrouverons plus tard. En attendant, Laurent Gaudé livre un passage palpitant qui prend aux tripes : « Reprendre les hommes à la mort. Les extirper de la gueule de l'océan. le reste, tout le reste, les procédures d'arrestation, les centres de rétention, les tampons sur les papiers, tout cela, à cet instant, était dérisoire et laid. »
Je ne peux en dire plus pour ne rien enlever à l'angoisse de la lecture de ce qui se passe ensuite. L'auteur nous emmène à Lampedusa, revient à Catane puis s'attache à l'épopée de Soleiman en Afrique du Nord, jusqu'à l'enclave espagnole de Ceuta.

Par une belle pirouette littéraire, Laurent Gaudé m'a offert un moment de grâce surprenant, une fin triste mais pleine d'espoir, peut-être la seule possible pendant que Soleiman tente d'atteindre ce qu'il pense être l'Eldorado…
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Sorti en 2006, ce roman continue malheureusement à résonner dans notre actualité.

Laurent Gaudé renoue avec la veine qui lui est propre.
Le tragique, la lutte et la colère font partie de la règle de trois de l'auteur.
Dans ce roman polyphonique, il met en scène avec une acuité et une intensité glaçante la question des migrants. Roman humaniste, le réel est palpable et la lecture se mue vite en prise de conscience.

Remise en question, colère et espoir, on parcourt à contre-courant l'histoire d'êtres humains en quête de leur Eldorado.

Dans ce roman tragique, l'écriture poétique et lyrique de Laurent Gaudé fait souffler des bourrasques dans la tête des lecteurs.


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Citations et extraits (348) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. Et qu'il n'y ait ni fils barbelés ni poste frontière n'y change rien. J'ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l'on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.
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Combien de fois as-tu vraiment demandé à quelqu’un ce que tu voulais ? Nous n’osons plus. Nous espérons. Nous rêvons que ceux qui nous entourent devinent nos désirs, que ce ne soit même pas la peine de les exprimer. Nous nous taisons. Par pudeur. Par crainte. Par habitude. Ou nous demandons mille choses que nous ne voulons pas mais qu’il nous faut de façon urgente et vaine, pour remplir je ne sais quel vide.

p. 61
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"l'herbe sera grasse, dit il, et les arbres chargés de fruits. De l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbèreront les rayons du soleil. Les forets frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux la bas. Et la vie passera comme une caresse. L'eldorado commandant. Ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que leur embarcation se retourne. En cela ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l'œil sec nous autres et nos vies sont lentes."
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- Comment l’appelles-tu ?
- Massambalo. Il a plusieurs noms. Il vit quelque part en Afrique, terré dans un trou dont il ne sort jamais.
- Comment sait-on à quoi il ressemble alors ?
- Lui, on ne sait pas, reprit le conteur. Mais il a des esprits qui voyagent pour lui. On les appelle « les ombres de Massambalo ». Elles sillonnent le continent. Du Sénégal au Zaïre. De l’Algérie au Bénin. Elles peuvent revêtir différentes formes : un enfant gardant quelques chèvres sur le bord d’une route. Une vieille femme. Un chauffeur de camion au regard étrange. Ces ombres ne disent rien. C’est à travers elles que Massambalo voit le monde. Il voit ce qu’elles regardent. A travers elles, il veille sur les centaines de milliers d’hommes qui ont quitté leur terre. Ces ombres sont toujours en route. On ne les voit qu’une fois. Le temps d’une halte. D’un voyage. Elles ne parlent pas. Ne révèlent jamais qui elles sont. C’est au voyageur qui les croise de deviner leur identité. S’il le fait, il doit s’approcher doucement, avec respect et poser cette simple question : « Massambalo ? ». Si l’ombre acquiesce, alors, il peut lui laisser un cadeau. L’ombre de Massambalo prend l’offrande et la conserve. C’est signe que le périple se passera bien. Que le vieux dieu veillera sur vous. [...]

Les hommes, dans la nuit, se racontaient des histoires pour se faire briller les yeux. Le vieux monde n’était pas mort. Il était encore des êtres secoués d’impatience qui souriaient au rêve toujours recommencé du lointain bonheur que l’on va chercher.
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Jusque-là, il n'avait vu qu'un corps emmitouflé, qu'une femme éreintée de fatigue, une pauvre âme déshydratée, qui ne voulait pas quitter la nuit. Mais lorsqu'il croisa son regard, il fut frappé par cette tristesse noire qui lui faisait serrer la rambarde de toute sa force. C'était le visage de la vie humaine battue par le malheur. Elle avait été rouée de coups par le sort. Cela se voyait. Elle avait été durcie par mille offenses successives. Et il sentit, que malgré cette faiblesse physique qui la rendait peut-être incapable de se lever toute seule et de marcher sans aide, elle était infiniment plus forte que lui, parce que plus éprouvée et plus tenace. C'est pour cela, certainement, qu'il n'avait pu oublier ses traits.
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Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
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