Olivier Bourdeaut, écrivain (entretien audio publié le 19/04/24 par "un café au comptoir")
Un café au comptoir avec Olivier Bourdeaut, écrivain, enregistré au Café du Commerce Barbès à Paris, 13 rue Clignancourt, Paris (18e)
Mon invité du jour est de ceux à qui la vie n'impose qu'un seul choix. Certains entendent depuis leur plus jeune âge l’appel du seigneur, lui c’est celui des rêves, de l’écriture qu'il a entendu . L’affaire aurait pu être, elle aussi, rapidement entendue, mais c’est d'abord un long chemin de croix qui s’est ouvert sous ses pas avant que le succès ne surgisse enfin il y a quelques années. Ecrivain. Le mot est lâché. Lui, se sentait auteur au plus profond de ses tripes. C’était comme s’il tenait déjà la première phrase de son roman ainsi que la dernière. Le plus compliqué ne résidait pas dans le fait de trouver la volonté de combler les 500 pages manquantes mais bien dans la difficulté matérielle de s’y atteler ! Car Dieu sait, hélas, que la vie n'est pas un paradis ! Mon invité a donc vécu un enfer sur terre, ou du moins un purgatoire pavé de petits boulots pour lesquels il ne possédait aucune aptitude particulière et dans lesquels il ne s'épanouissait pas. Mais je vous rassure, son existence ne se réduit pas à une visite du pandémonium. Il tire ainsi le diable par la queue jusqu'à ce que la publication en 2016 de son premier livre, en attendant Bojangles, ne le sorte de l'ombre pour la lumière. Le roman est rapidement sacré best seller, adoré par des centaines de milliers de lecteurs, avant d'être adapté en Bd au théâtre et même au cinéma. Mais il ne faut voir aucun miracle dans ce succès ! Le mérite en revient uniquement à son travail, acharné : religieusement dès 4 heures - prière de ne pas le déranger - le créateur à l’œuvre, chaque matin, donne vie à des personnages attachants, transformant le café et la fumée de ses cigarettes en passionnantes histoires. Ce parcours aux allures de parabole sonne comme une revanche, celle d'un homme qui adore les mots, qui les savoure, qui leur voue une véritable passion, quasi mystique. D’ailleurs quand ils se refusent à lui, quand l'inspiration l'abandonne, il grommelle dans son coin, il se sent en proie à tous les tourments, prêt à se crucifier. Non je ne me moque pas, et j’ai même personnellement beaucoup de tendresse pour mon invité qui, en grand pratiquant de l'autodérision, dévoile avec humour dans son dernier ouvrage, véritable petite perle autobiographique, ses peurs les plus intimes. De son angoisse de la page blanche aux difficultés d’exister, du sentiment d'illégitimité à trouver sa place dans la société à l'inconfort de s'affirmer quand tout ce qu’on sait finalement faire c'est inventer, écrire, conter. Et c’est afin d'évoquer tout cela , errances et révélation comprises, que je lui ai proposé de me rejoindre au café du commerce Barbes, pour prendre avec lui un café au comptoir.
Emission présentée par Alexis Himeros