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Gérard Gros (Éditeur scientifique)Jean Tardieu (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070327959
518 pages
Gallimard (28/11/2001)
4/5   21 notes
Résumé :
EXTRAIT :

En la forêt de Longue Attente
Chevauchant par divers sentiers
M'en vais, cette année présente,
Au voyage de Desiriers.
Devant sont allés mes fourriers
Pour appareiller mon logis
En la cité de Destinée ;
Et pour mon coeur et moi ont pris
L'hôtellerie de Pensée.

Je mène des chevaux quarante
Et autant pour mes officiers,
Voire, par Dieu, plus de soixante,
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le corpus poétique de Charles d'Orléans reflète le parcours chaotique de ce prince. Otage des enjeux politiques entre la France et l'Angleterre, l'auteur sera et se sentira toujours tel un exilé.

A la fois témoignage subjectif et aussi jeu littéraire de ce Moyen-Age finissant, ses poèmes sont une ode à la mélancolie; une éminence de ce sentiment du "Trop tard" que cultivent les auteurs de cette époque, tous exilés sentimentaux d'une histoire qui semble leur échapper.

Toutefois, cette poésie n'est pas doloriste, c'est simplement l'épanchement d'un coeur qui saigne ou encore une sensibilité inquiète qui préfigure les questionnements de l'Homme moderne.
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Poète en langueur, prince en exil, amant que rien ne console...
Voilà quelques visages du poète d'Orléans. Me reviennent des divagations adolescentes dans les bois bordant la Loire natale ; les mots neufs de Charles d'Orléans gitaient dedans moi, et sa douleur grisait mon âme mélancolique.
Ces poèmes sont d'une époque où la poésie était composé selon les règles les plus strictes mais alors, ce carcan n'enlevait et n'enlève toujours pas la jouissance des mots, des sons et des résonances.
Ce sont petits colliers savamment ouvragés, bijoux d'orfèvre et de prince, certes, mais dont la tournure rustique les rend accessible à chaque coeur contemporain.
Les chanter, les chanter sans trêve ni lassitude tout au long du chemin...

(Cette édition offre en regard aux poèmes les vers dans leur vieux français original. Cela est un délice pour l'oreille !)
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Ce qui est touchant chez ce poète, c'est sa capacité de résister à la "longue attente" d'un retour en France et d'une reprise de vie sociale, amoureuse et affective, à défaut d'une vie politique. Un auteur qui a puisé des ressources en lui et en poésie pour se métamorphoser lors d'un long confinement, et dont la vieillesse heureuse est une sorte de revanche sur une jeunesse confisquée par L Histoire. Une "ballade" musicale et poétique particulièrement émouvante.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau;

Il n'y a bête, ni oiseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau.

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie,
Chacun s'habille de nouveau;
Le temps a laissé son manteau.
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Je meurs de soif en couste la fontaine.

Je meurs de soif en couste la fontaine ;
Tremblant de froit ou feu des amoureux ;
Aveugle suis, et si les autres maine ;
Povre de sens, entre saichans l'un d'eulx ;
Trop negligent, en vain souvent songneux ;
C'est de mon fait une chose faiee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je gaingne temps, et pers mainte sepmaine ;
Je joue et ris, quant me sens douloreux ;
Desplaisance j'ay d'esperance plaine ;
J'atens bon eur en regret engoisseux ;
Rien ne me plaist, et si suis desireux ;
Je m'esjoïs, et cource a ma pensee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je parle trop, et me tais a grant paine ;
Je m'esbays, et si suis couraigeux ;
Tristesse tient mon confort en demaine ;
Faillir ne puis, au mains a l'un des deulx ;
Bonne chiere je faiz quant je me deulx ;
Maladie m'est en santé donnee,
En bien et mal par Fortune menee.

ENVOI

Prince, je dy que mon fait maleureux
Et mon prouffit aussi avantageux,
Sur ung hasart j'asserray quelque annee,
En bien et mal par Fortune menee.
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Le lendemain du premier jour de may.

Le lendemain du premier jour de may,
Dedens mon lit ainsi que je dormoye,
Au point du jour m'avint que je songay
Que devant moy une fleur je veoye,
Qui me disoit : " Amy, je me souloye*
En toy fier, car pieça mon party
Tu tenoies ; mais mis l'as en oubly
En soustenant la fueille contre moy.
J'ay merveille que tu veulx faire ainsi :
Riens n'ay meffait, se pense je, vers toy. "

Tout esbahy alors je me trouvay ;
Si respondy su mieulx que je savoye :
Tresbelle fleur, oncques ne pensay
Faire chose qui desplaire te doye ;
Se pour esbat aventure m'envoye
Que je serve la fueille cest an cy,
Doy je pour tant estre de toy banny ?
Nenni ! certes, je fais comme je doy.
Et se je tiens le party qu'ay choisy,
Riens n'ay meffait, ce pense je, vers toy.

Car non pour tant honneur te porteray
De bon vouloir, quelque part que je soye,
Tout pour l'amour d'une fleur que j'amay
Ou temps passé. Dieu doint que je la voye
En paradis, après ma mort, en joye !
Et pource, fleur, chierement je te pry :
Ne te plains plus, car cause n'as pourquoy,
Puis que je fais ainsi que tenu suy.
Riens n'ay meffait, ce pense je, vers toy.

ENVOI

La verité est telle que je dy,
J'en fais juge Amour, le puissant roy.
Tresdoulce fleur, point ne te cry mercy
Riens n'ay meffait, ce pense je, vers toy. "
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En la forêt de Longue Attente
Chevauchant par divers sentiers
M'en vais, cette année présente,
Au voyage de Desiriers.
Devant sont allés mes fourriers
Pour appareiller mon logis
En la cité de Destinée ;
Et pour mon coeur et moi ont pris
L'hôtellerie de Pensée.

Je mène des chevaux quarante
Et autant pour mes officiers,
Voire, par Dieu, plus de soixante,
Sans les bagages et sommiers.
Loger nous faudra par quartiers,
Si les hôtels sont trop petits ;
Toutefois, pour une vêprée,
En gré prendrai, soit mieux ou pis,
L'hôtellerie de Pensée.

Je despens chaque jour ma rente
En maints travaux aventuriers,
Dont est Fortune mal contente
Qui soutient contre moi Dangiers ;
Mais Espoirs, s'ils sont droicturiers,
Et tiennent ce qu'ils m'ont promis,
Je pense faire telle armée
Qu'aurai, malgré mes ennemis,
L'hôtellerie de Pensée.

Prince, vrai Dieu de paradis,
Votre grâce me soit donnée,
Telle que trouve, à mon devis,
L'hôtellerie de Pensée.
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En la forest d'Ennuyeuse Tristesse.

En la forest d'Ennuyeuse Tristesse,
Un jour m'avint qu'a par moy cheminoye,
Si rencontray l'Amoureuse Deesse
Qui m'appella, demandant ou j'aloye.
Je respondy que, par Fortune, estoye
Mis en exil en ce bois, long temps a,
Et qu'a bon droit appeller me povoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
Me respondy : " Amy, se je savoye
Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
A mon povair voulentiers t'ayderoye ;
Car, ja pieça, je mis ton cueur en voye
De tout plaisir, ne sçay qui l'en osta ;
Or me desplaist qu'a present je te voye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

- Helas ! dis je, souverainne Princesse,
Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ?
Cest par la Mort qui fait a tous rudesse,
Qui m'a tollu celle que tant amoye,
En qui estoit tout l'espoir que j'avoye,
Qui me guidoit, si bien m'acompaigna
En son vivant, que point ne me trouvoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va. "

ENVOI

Aveugle suy, ne sçay ou aler doye ;
De mon baston, affin que ne fervoye,
Je vois tastant mon chemin ça et la ;
C'est grant pitié qu'il couvient que je soye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.
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Poésie - Rondeau du printemps - René Charles d’Orléans
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