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Philippe Bataillon (Traducteur)
EAN : 9782020849524
124 pages
Seuil (09/02/2006)
3.3/5   54 notes
Résumé :
Mario aime passionnément sa femme Blanca.
Son insouciance bourgeoise et sa fantaisie le fascinent.
Mais une menace inquiétante pèse sur son couple : l'incompréhension et la souffrance s'installent, Blanca s'évade peu à peu. L'amour peut-il survivre à sa propre disparition ?
Antonio Muñoz Molina y répond à sa manière, élégante et juste.
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Une femme entre chez lui, se rapproche, l'embrasse, et Mario ne reconnait pas tout à fait Blanca, un je ne sais quoi, une rapidité dans l'approche, une indiscrétion, un rien de vulgarité, alors que Blanca , depuis qu'il la connaît , réserve ses jugements et ses élans amoureux.
Voilà pourquoi il en est tombé passionnément amoureux, elle lui échappe, elle est absente, elle s'éclipse dans ses pensées, parfois sans le vouloir. Ses goûts sont résolument modernes, et mettent en évidence son appartenance sociale à la bourgeoisie grenadine, alors que lui est fils de paysan d'un village proche de Jaen..
Elle lui échappe, et pourtant c'est elle, perdue dans la drogue et l'alcool, percluse à l'issue d'un amour à sens unique avec un peintre qui la trompe avec de petits jeunes, elle qui a fait le premier pas vers lui.
Trop complexé, Mario, il ne se serait pas permis de donner à penser qu'il la désire.
Les années passent, ils vivent côte à côte, sans que leurs deux mondes se rejoignent; Mario ne peut se passer d'elle : si elle est en retard de quelques minutes, il pense qu'elle a eu un accident grave, ou que sa mère moribonde l'a appelée, ou qu'elle l'a, un malheur de plus, abandonné.
Elle, de son côté, devant ses amis experts en gastronomie, voulant redorer son blason à lui et il s'en sent flatté, prétextait qu'il ne supportait pas les sushis d'un japonais de Grenade.
Au-delà de cet amour que Antonio Muñoz Molina campe sur fond de modernité espagnole des années 80, avec l'entrée dans l'Otan, le haschisch, puis la cocaïne, la libération sexuelle, la musique électronique et la peinture plus photographique que peinte, c'est tout un monde moderne que Blanca adore, auquel elle participe simplement en voyeuse groupie, et que Mario sans oser le dire déteste.

Mario continue à penser comme ses parents, que naitre c'est accoster à une vallée de larmes, et que l'on doit gagner son pain à la sueur de son front.
En conséquence le peintre, l'ex de Blanca, sorti de nulle part, qui se forge une renommée avant-gardiste, qui ne supporte pas faire le jeu du pouvoir puis affirme quand il commence à être connu : « l'avant-garde, c'est le marché ». le rend malade parce qu'il continue à attirer Blanca, au point qu'elle n'existe plus par elle-même.
Au delà d'une relation de passion unilatérale, inadéquate ( ou pas, le doute est permis) Antonio Muñoz Molina , avec un phrasé scandé, de longues analyses , un vocabulaire très particulier, nous dépeint le complexe de classe sociale, l'amour basé sur le manque, l'idée fixe de l'abandon.
Je me suis demandé si, finalement, puisque Blanca l'absente bien que vivant chez lui part un jour, son retour n'est pas prévu par Mario ; il préfère penser que ce n'est pas elle qui est revenue, mais une autre. Il a aimé qu'elle ne soit pas ancrée dans la réalité, rêvant de projets sans issue, dans un autre monde, ailleurs, sans lui , même s'il lui a sauvé la vie et qu'elle en est reconnaissante.

Ceci est mon analyse toute personnelle, de ce petit livre grandiose.

LC thématique : un prénom dans le titre .saison 2
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125 pages. Parfois, c'est tout ce que ça prend. J'aime bien m'immerser dans un pavé que je peux étirer comme je le veux mais, à d'autres moments, un petit bouquin pas trop compliqué, qui entre facilement dans le sac et qu'on peut lire dans le métro, c'est tout aussi bien. L'absence de Blanca fait partie de ces derniers. Pas une galerie de personnages à retenir, pas un univers à décoder, non. La vie, tout simplement. Merci Antonio Munoz Molina. Dans ce petit roman (presque une nouvelle avec seulement 125 pages) qu'il nous propose, Mario rentre chez lui et découvre sa femme partie. Pour de bon. Alors commence les « pourquoi ? », les « comment en est-on arrivés là ? » Mario a déjà quelques réponses en tête. Il est devenu routinier, ennuyeux. Non, il l'était déjà même s'il ose à peine l'admettre. Elle, de son côté, devait le savoir, c'était ce dont elle avait besoin à ce moment dans sa vie. Mais elle s'est lassée de son «fonctionnaire mental».

L'auteur nous propose donc l'autopsie d'une relation. C'est presque une analyse psychologique que tous ces souvenirs qui reviennent à la surface et qui raconte leur histoire d'amour à tous les deux. Et qui disent tout car, s'ils s'aiment beaucoup, il devient clair que leurs tempéraments sont incompatibles. Mario et Blanca. Blanca et Mario. Puis Mario tout seul. À travers cette progression, l'auteur a bien amené ses deux personnages. L'homme sans ambition, monotone, pâle, qui se complait dans sa petite ville du sud de l'Espagne. La femme passionnée et énigmatique, d'une autre classe, d'un autre monde, fantaisiste. Quand l'étincelle n'est plus et que la vie à deux ne devient qu'une habitude, qu'advient-il du couple ? Heureusement, l'auteur a évité plusieurs clichés, les scènes, les pleurs, etc. J'ai passé un moment agréable avec L'absence de Blanca mais, attention, il ne faut pas s'attendre à une histoire renversante.
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Mario, petit "fonctionnaire" au Conseil Général de Jaen près de Malaga, vit le parfait amour avec Blanca son épouse depuis sept ans. A peine finie sa journée de travail vite vite il rentre chez lui , ouvre la porte , sent les bonnes odeurs de cuisine et n'a qu'un désir rester toujours et encore avec la lumière de sa vie.... Pourtant il se demande encore comment il a pu conquérir cette jeune femme issue d'une famille aisée de Malaga, habituée à fréquenter les milieux "intellectuels" peinture , musique, théâtre, littérature, qu'ont-ils donc en commun ?...Puis soudan le regard de Mario sur Blanca change insidieusement, inexorablement .Est-ce toujours elle , est-elle toujours la même? Qui change? elle ou lui ? ....
Bien court roman par rapport aux autres textes d' Arturo Munoz Molina mais brièveté rime ici avec intensité . Qu'en est il de la pérennité de l'amour ?
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C'est un roman très court, et pourtant, tout est dit. 
Mario est un provincial. Non, il n'est pas monté à Madrid, il est monté de sa campagne à Jaen où il est dessinateur industriel - un fonctionnaire. Or, pour Blanca, sa femme, qu'il aime passionnément, rien n'est pire que l'esprit fonctionnaire, même si elle lui assure qu'il n'en est pas doté. Blanca, c'est tout le contraire de Mario : elle vient d'une famille aisée, elle a toujours vécu dans l'aisance, elle abandonne un travail du jour au lendemain parce qu'il ne lui convient plus, elle est profondément artiste dans l'âme, et souffre de tous les opéras qu'elle ne pourra pas entendre, de toutes les expositions qu'elle ne pourra pas voir. Avant de connaître Mario, elle partageait la vie d'un peintre en pleine ascension, peintre qu'elle a soutenu, et qui l'a laissée dans une profonde dépression. Alcool et drogue ne l'ont pas aidée non plus. Nous sommes dans l'Espagne des années 80, celle qui s'apprête à entrer dans l'Otan puis dans l'union européenne (alors, la CEE), celle qui rentre dans l'Otan, qui est en pleine modernité et ne connaît pas encore la crise. Mario, lui, pense comme ses parents, le monde est une "vallée de larmes", et ne comprend pas, finalement, l'appétit de vivre de sa femme, sa passion pour toute chose - même s'il l'aime, même s'il pense qu'elle le quittera un jour, ce qui finit par arriver. Mario se rejoue le film de leur vie, de leur rencontre à cet instant présent, il pense ne pas avoir assez profité de chaque instant, lui qui ne vivait pourtant que pour ses instants, partageant peu avec ses collègues, puisque l'essentiel pour lui, était d'être avec elle. Mario qui avait toujours peur - pour elle. 
Si je retiens une chose de ce livre, c'est qu'il est avant tout une grande histoire d'amour - et que tout espoir n'est pas forcément perdu. 
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Quel beau petit opus que celui-ci !

Je n'y ai certes pas retrouvé la verve de "Dans la grande nuit des temps" ou même de "Pleine lune". Pour ceux qui ont lu d'autres livres de Muñoz Molina, cet ouvrage-ci se rapproche davantage, avec sa délicatesse introspective, du "Vent de la lune".

C'est un roman sans aspérité, tout en rondeur, que l'auteur nous offre ici, et qui décrit si bien l'illusion amoureuse d'un homme qui ne voit son couple s'effriter que lorsqu'il est trop tard.

La fin peut dérouter certains, mais m'a plu personnellement.

Ceci dit, j'ai préféré les deux premiers livres que je citais, qui avait une dimension littéraire supplémentaire à mon estime, raison pour laquelle je ne mets 'que' quatre étoiles à celui-ci.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il se réveilla dans le noir en entendant une clef dans la porte d’entrée et en voyant s’allumer la lumière du couloir. La femme dont il ne savait pas encore qu’elle n’était pas Blanca s’avança vers le séjour avec des pas si semblables aux siens qu’au début, Mario les crut authentiques mais dans la faible lumière du séjour ses cheveux aussi lui semblèrent authentiques, ainsi que la forme de son visage, le sourire bref et rose de ses lèvres charnues dans lesquelles persistait, pour les délices de Mario, une trace d’épaisseur enfantine. Elle vint vers lui avec un air fatigué, même si elle souriait comme si rien ne s’était passé, elle lui demanda sur un certain ton moqueur ce qu’il faisait dans le noir, et il mit du temps à réagir, en partie parce que les pleurs et le sommeil avaient agi sur sa conscience comme un anesthésique. Il se leva et la prit dans ses bras, et en serrant contre lui son corps, si long et flexible (elle était plus grande que lui, même en chaussures plates), à nouveau ses yeux se remplirent de larmes et il pensa, avec une émotion absolue, involontairement romanesque, qu’il lui pardonnerait tout, qu’il n’allait lui poser aucune question ni lui faire aucun reproche.
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[...] lui, Mario, s'était transformé en un fonctionnaire mental, avait pensé que se marier était comme décrocher un poste de titulaire, comme cet emploi de dessinateur qu'il occupait au Conseil général où il accumulait peu à peu expérience, routine, et triennats.
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Pour faire allusion aux gens qu'elle détestait le plus, les routiniers, les monotones, ceux qui étaient incapables du moindre trait d'imagination, elle disait:
- Ce sont des fonctionnaires mentaux.
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La gêne vous rend conformiste et timoré : c'est la présence assurée de l'argent, soupçonnait Mario, qui éveille et encourage l'audace.
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La femme qui n’était pas Blanca avança vers Mario depuis le fond du couloir, habillée du chemisier de soie verte, des jeans et des chaussures plates de Blanca, lui souriant et fermant à demi les yeux tandis qu’elle s’approchait, des yeux qui avaient la même couleur et le même forme que ceux de Blanca mais qui n’étaient pas les siens, lui souhaitant la bienvenue sur un ton de voix aussi semblable à celui de Blanca que si c’était véritablement elle qui lui parlait
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