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France Camus-Pichon (Traducteur)
EAN : 9782714444387
408 pages
Belfond (05/02/2009)
  Existe en édition audio
4.11/5   1102 notes
Résumé :
Moscou, hiver 1953. Le corps d'un petit garçon est retrouvé nu sur une voie ferrée. Alors que la famille de l'enfant croit à un assassinat, Leo, agent du MGB, police d'État chargée du contre-espionnage, reste fidèle à la ligne du parti : le crime n'existe pas sous le parfait régime socialiste, il s'agit d'un accident. L'affaire est classée mais le doute s'installe ... Tombé en disgrâce, soupçonné de trahison, Leo est contraint à l'exil avec sa femme, Raïssa. Et, dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (216) Voir plus Ajouter une critique
4,11

sur 1102 notes
Vraiment TRèS intrigant ce grand 44 rouge... (1)

Ne vous emballez pas les futurs ex-ligériens et bretons originaires de la Loire-Atlantique ! Ceci n'est pas une étude psychiatrique de l'enfant natif de ce département bretonnant...

Cherchant une autre interprétation du nombre, si 44 est une date, on peut effectivement penser à Hitler et au nazisme tant l'évocation des délations, camps, tortures et autres exécutions sommaires est omniprésent dans ce livre.

Cependant, comme le début du récit commence en 1933 en pleine période dramatique de famine en Russie et se poursuit vingt ans plus tard en 53, il faut aller chercher ailleurs dans la signification de ce fameux nombre à double chiffre.

Poursuivons donc notre traque à Moscou ! Février 53, Arkady, un jeune garçon de 4 ans, est retrouvé nu et sans vie non loin d'une voie ferrée. La piste semble sans issue avec un seul 4. Arkady aurait-il un frère jumeau ?

Chargé de l'enquête, Léo Stepanovitch, étoile montante du MGB, la police d'état s'occupant du contre-espionnage, est en fait chargé... d'enterrer l'enquête. Entrant dans l'immeuble de la famille d'Arkady, Léo monte les marches quatre à quatre dans le but de faire taire les rumeurs sur les circonstances troublantes de cette mort ignoble.

Ne cherchez pas ! Rien à voir avec les 39 marches de John Buchan.

Ainsi, durant le dernier mois avant la mort de Staline, l'application des règles paranoïaques dictées par le chef du parti communiste est suivie avec zèle par les membres de la sécurité et peut même se retourner contre ses propres serviteurs… comme Léo Stepanovitch et sa famille.

Dans une première partie insoutenable, Tom Rob Smith a presque réussi à faire passer Robin Cook ou David Peace pour des enfants de coeur dans la capacité à plonger le lecteur dans l'abîme de la cruauté humaine, voire inhumaine à ces profondeurs de noirceur.

Après avoir employé une approche historique et parfaitement réaliste, l'auteur poursuit, peut-être contraint et forcé par le destin de son personnage, vers un style plus proche du polar qui paradoxalement m'a moins séduit.

Néanmoins, dans la lancée des récits inspirés de faits réels comme « Au revoir là-haut » et « le revenant », ce troisième roman historique et policier m'a complètement embarqué à travers cet univers inimaginable grâce à la plume touchante et sans concession de cet auteur prometteur.

Pour conclure, faute de pouvoir vous indiquer le pourquoi du nombre d'Enfant 44, je décernerais une note de 44 sur 50 à cet excellent roman richement documenté et passionnant. A découvrir pour ceux qui ont le coeur bien accroché…

(1) Tom Rob Smith
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Il arrive, lors de certaines lectures, que vos réflexions vous mènent au-delà du sujet que vous pensiez y trouver.
Quand des amis lecteurs me suggérèrent de lire Enfant 44, j'y avait vu, avant tout, une enquête policière autour de meurtres d'enfants atrocement mutilés.
Mais le roman de Tom Rob Smith, ce n'est pas simplement un thriller policier classique.
Plantons le décor… Malgré toutes les horreurs que nous distillent quotidiennement toutes les chaînes d'information, il y a une chose dont nous pouvons nous réjouir, c'est d'être né au bon endroit au bon moment…
Parce que Enfant 44, c'est, avant toute chose, un portrait au vitriole de la Russie de l'immédiat après-guerre, la fin du stalinisme. La misère bien sûr, mais aussi la peur permanente, d'être dénoncé, de perdre son travail, sa maison, sa famille, de finir au goulag ou pire encore. Sur une simple dénonciation, une simple erreur, un simple malentendu.
Léo, lui, fait partie de la police politique le MGB. Il espionne, il arrête, il torture, froidement, aveuglément, par fidélité au régime. Mais il arrive que la roue tourne, et quand, en plus, il décide de braver les interdits pour traquer un meurtrier, il met bien des vies en danger.
Dans un pays où, même vos proches, peuvent devenir vos pires ennemis, il faut du courage et de la persévérance pour parfois découvrir une horrible vérité.
Il y a des romans qui ne vous laissent pas indemnes, assurément celui-ci en fait partie.
En tout cas moi, il m'a drôlement secoué, et, à bien y réfléchir, on n'est quand même pas si malheureux…
Coup de chapeau à un auteur que j'ai découvert avec ce roman, auquel il a donné deux suites), pour l'originalité et la parfaite restitution d'une époque trouble du XXe siècle dans un pays, qui, à peine sorti d'une guerre mondiale s'est enfermé dans un totalitarisme effrayant.
Je vous le recommande….
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Un thriller, tiré d'une histoire vraie, qui fait vraiment froid dans le dos!
On est directement plongés dans l'histoire de Léo, gradé de la police soviétique dans les années '50, qui obéit comme les autres, sans vraiment se poser de question, au règles du Parti. C'est grâce à son épouse et au péril de sa vie qu'il va prendre conscience de toute l'horreur dont il se rend coupable malgré lui. L'endoctrinement est à son comble ; qui émet un doute le paiera de sa vie; qui est soupçonné sera coupable, puisque le parti ne se trompe jamais...
On ne parle pas assez du système soviétique qui n'avait rien à envier au nazisme, les tortures, la main-mise sur le peuple oppressé, les camps de travail etc.
J'en ai appris un peu plus sur cette période noire de l'histoire et j'avoue que j'ai eu du mal, à certains moments, à continuer ma lecture sans faire une pause malgré l'envie d'en savoir toujours plus.
Un premier roman pour Tom Rob Smith, une plume acérée et incisive, bref, un auteur prometteur! Je vais m'empresser de chercher ce qu'il a écrit depuis.
Excellent livre que je vous conseille mais âmes sensibles, s'abstenir!
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Au sein de la Russie socialiste des années 50, Léo est un agent zélé et plein d'avenir du MGB (l'ancêtre du KGB). Il est assez ennuyé de la mission ultra prioritaire qu'on lui a confié, alors même qu'il est sur la piste d'un probable espion en fuite, sachant que, lorsque l'on est soupçonné, on est déjà coupable. L'un de ses collègues du MGB vient de perdre son fils, écrasé par un train selon la version officielle, victime de meurtre selon son père. Léo doit remettre tout le monde dans le droit chemin, car le crime autre que contre la patrie ne peut exister au sein de la parfaite Russie. Léo s'acquitte avec plus ou moins de facilité de ses missions, et est invité à assister à l'interrogatoire du dissident qui, torturé pour donner les noms des traitres qu'il fréquente avant d'être fusillé, avoue la liste… des maîtres des animaux qu'il soignait en tant que vétérinaire. Léo est troublé, et c'est peut-être à cause de ce trouble que lui est confiée une nouvelle mission : enquêter sur une dissidente, une certaine Raïssa, sa propre femme…

Comme plusieurs autres lecteurs, j'ai beaucoup aimé (enfin, disons : j'ai trouvé très réussie) la première moitié d'Enfant 44. La description de la machine à broyer stalinienne, servie par l'écriture froide et rationnelle de Tom Rob Smith, est extrêmement réaliste. le climat de peur et de délation est également bien rendu et permet de se rendre compte de ce que peut être la vie qui ne tient qu'à un fil qu'on ne maitrise pas de "simple gens" sous un régime totalitaire et aveugle.
En revanche, la seconde moitié du livre, la partie "thriller", l'intrigue policière et son dénouement, sont décevants, et m'ont paru incohérents avec le fonctionnement de la Russie soviétique décrit auparavant. le duo Léo / Raïssa est improbable, et le final tiré par les cheveux, nous entrainant tout droit au pays des bisounours ! C'est bien dommage, car il y a par ailleurs bien des qualités dans cet ouvrage, qualités qui auraient pu être mieux et plus longuement exploitées !
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Une incursion dans l'Union Soviétique des années 50, voyage qui fait revivre un peu les misères d'un peuple sous un régime totalitaire.

On y rencontre l'obligation de suivre la ligne de parti, au point de nier la vérité. On avait entendu parler d'industries factices et de fabulations dans le domaine économique, mais l'impact sur le travail policier est ahurissant. Puisque « le crime n'existe pas dans le parfait État socialiste », on ne cherche pas les coupables où on les désigne parmi les handicapés…

On y trouve aussi la méfiance et la suspicion qui viennent changer les rapports entre les personnes et teintent même les relations entre les parents et leurs enfants, entre un conjoint et son épouse.

On s'y scandalise devant l'arbitraire de l'attribution ou le retrait de privilèges qui donnent des pouvoirs démesurés et permet d'opprimer les innocents.

On s'indigne aussi devant la logique infâme qui dit que comme les autorités ont sûrement une raison de demander une enquête, alors c'est sûr qu'on trouvera quelque chose, au besoin on l'inventera… (Des suspects relâchés parce qu'ils étaient innocents? On n'avait jamais vu ça!)

Dans ce polar noir, on compatit pour les victimes et on déteste les coupables, mais surtout, on se réjouit de l'écriture de Tom Rob Smith qui anime ce périple au pays de Staline…
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Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
De la poche de sa parka, il sortit un flacon remplit de petits cristaux d’un blanc sale – de la méthamphétamine pure, excitant très prisé des nazis. Léo y avait goûté pour la première fois quand il combattait sur le front oriental, à l’époque où l’armée rouge repoussait l’envahisseur, gardant des prisonniers de guerre et certaines de leurs habitudes en même temps.
Dans ce type d’opération, Léo ne pouvait pas se permettre de se reposer. Depuis la guerre, chaque fois qu’il devait passer une nuit blanche il prenait cette drogue – qui lui était désormais prescrite par les médecins du MGB. Difficile de nier de son utilité, mais au prix d’un écroulement total vingt-quatre heures plus tard – épuisement qui ne s’effaçait que par une nouvelle prise ou douze heures de sommeil. Léo ressentait d’ailleurs les premiers effets secondaires. Il avait perdu du poids ; ses traits s’étaient durcis. Sa mémoire le trahissait : il oubliait certains détails ou noms propres, confondait les affaires et arrestations précédentes, au poinr de devoir tout noter. Impossible de savoir si cette substance le rendait également plus paranoïaque, puisque la paranoïa était un atout essentiel qu’il fallait cultiver. Si elle était accrue par la méthamphétamine, tant mieux.
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Le bombardement terminé, elle était redescendue de son arbre et avait retraversé la forêt en état de choc, le jus des baies écrasées s'écoulant de sa poche droite. Ses yeux ruisselaient de larmes, pas de tristesse, car elle n'avait pas pleuré ni sur le moment ni depuis, mais à cause de la poussière. Dans ce nuage âcre qui la faisait tousser, unique vestige de sa maison et de sa famille, elle avait découvert que les obus ne venaient pas des lignes allemandes, mais qu'ils arrivaient en sifflant de la ligne de front russe. Plus tard, devenue réfugiée, elle eut la confirmation que l'armée de son pays avait reçu l'ordre de détruire toutes les villes et tous les villages susceptibles de tomber aux mains des allemands.
Une mesure de précaution. Voilà à quoi se résumait l'annihilation de la maison de son enfance. Ces quelques mots suffisaient à justifier toutes les morts. Mieux valait détruire son propre peuple que de laisser à un soldat allemand la possibilité de trouver un morceau de pain. Il n'y avait eu ni regrets ni excuses, et il ne fallait surtout pas poser de questions. Protester contre cette tuerie aurait été une trahison.
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Léo présenta sa carte, qui lui permettait non seulement d'entrer dans le bâtiment mais d'en sortir.

On ne revoyait presque jamais les femmes ou les hommes dépourvus de carte qui passaient sous ces portes.

Le système les expédiait soit au goulag,soit dans un bâtiment situé juste derrière la Loubianka [...] équipé de plans inclinés, de murs couverts de rondins pour absorber les balles, et de tuyaux d'arrosage pour nettoyer les rigoles de sang.
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Union soviétique
Ukraine
Village de Chervoy

25 janvier 1933

Puisque Maria avait décidé de mourir, son chat n'aurait qu'à se débrouiller. Elle s'en était déjà occupée au-delà du raisonnable. Voilà belle lurette que les villageois avaient attrapé et mangé les rats et les souris. Les animaux de compagnie avaient suivi. Tous, sauf un : ce chat, son compagnon qu'elle tenait caché. Pourquoi ne l'avait-elle pas tué ? Pour garder une raison de vivre, quelque chose à protéger et à aimer - une raison de survivre. Elle s'était promis de continuer à le nourrir jusqu'à ce qu'elle-même n'ait plus rien à se mettre sous la dent. Ce jour était arrivé. Elle avait déjà découpé ses bottes de cuir en lanières, les avait fait bouillir avec des orties et des graines de betterave. Elle avait creusé le sol pour trouver des vers de terre, sucé des morceaux d'écorce. Ce matin encore, délirante de fièvre, elle avait rongé un pied du tabouret de la cuisine jusqu'à ce que ses gencives soient pleines d'échardes. À sa vue son chat avait filé se réfugier sous le lit, refusant de se montrer alors même qu'elle l'appelait à genoux, le suppliait de sortir de sa cachette. C'est à ce moment-là que Maria avait décidé de mourir, n'ayant plus rien à manger ni à aimer.

Elle attendit la tombée de la nuit pour ouvrir la porte d'entrée. Dans l'obscurité, son chat aurait plus de chances d'atteindre les bois sans être vu. Si un habitant du village l'apercevait, il lui sauterait dessus. Même si près de mourir, elle ne supportait pas l'idée qu'on tue son chat. Elle se consolait en se disant qu'il profiterait de l'effet de surprise. Au sein d'une communauté où les hommes adultes mâchaient de la terre en espérant tomber sur des fourmis ou des oeufs d'insectes, où les enfants cherchaient dans le crottin de cheval les grains d'avoine non digérés et où les femmes se battaient pour quelques os, personne, à coup sûr, n'imaginait qu'un chat ait pu avoir la vie sauve.
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Sans se poser de questions, il s’était engagé, la tête haute, sur la voie indiquée par ses supérieurs. Son pays aurait pu lui demander n’importe quoi, il aurait dit oui. Si on lui en avait donné l’ordre, il aurait même pris la tête d’un goulag au milieu de la toundra dans la région de la Kolyma. Il n’avait d’autre ambition que de servir son pays, un pays qui avait vaincu le fascisme, qui permettait à chacun de s’instruire et d’être soigné gratuitement, qui défendait les droits des travailleurs du monde entier, quiversait à son père – ouvrier à lachaîne dans une usine de munitions – un salaire comparable à celui d’un médecin diplômé. Même si son propre travail au sein du MGB était souvent ingrat, il en comprenait la nécessité, celle de protéger la révolution contre ses ennemis, de l’intérieur comme de l’extérieur, contre ceux qui cherchaient à la saboter, à la faire échouer par tous les moyens. Pour la sauver, Léo était prêt à sacrifier sa vie. Et celle des autres.
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Vidéo de Tom Rob Smith
Enfant 44 (Child 44), un thriller américano-britannico-tchèque de Daniel Espinosa, sorti en 2015. C'est l'adaptation cinématographique du roman de Tom Rob Smith Enfant 44, publié en 2008. Bande-annonce VF
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