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EAN : 9782904420481
254 pages
Anthèse (01/01/1991)
5/5   1 notes
Résumé :
Ces études de Boudin, jalousement conservées dans le secret de l'atelier puis transmises aux musées de France, révélent un artiste indifférent aux exigences de la clientèle comme à celle de la critique. 
Là, on le voit se diriger vers l'abstraction, abandonner progressivement la couleur pour traduire les subtils avatars de la lumière. 
Préface Roseline Bacou.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au menu : variations maritimes et paysannes sur côtes normandes et bretonnes, relevées de quelques épices hollando-vénitiennes. Promeneurs, rêveurs, effilocheurs de nuages, amis des poissons, des vaches et de la lune montante, de la touche fragile et de l'approche variable, admirateurs de particules d'atmosphère, chevaliers et damoiselles du pas de porte, du motif banal, solitaires invétérés, poètes en tout genre, disciples de l'insignifiance, ce livre est fait pour vous. La beauté éphémère appelle un large rassemblement.

La Chronologie, souvent utile pour comprendre l'évolution d'un artiste, peut aussi se révéler ennuyeuse ou totalement incongrue, et n'a heureusement pas été retenue pour cet ouvrage qui regroupe une partie des très nombreux dessins que compte l'oeuvre du peintre Eugène Boudin (1824-1898) ; les oeuvres graphiques montrées ici appartiennent aux musées du Louvre, d'Orsay et de Honfleur, et sont regroupées en deux grandes thématiques : la mer et la campagne. Un peu à la façon qu'avait Eugène Boudin de classer ses cartons à dessins, débordant de feuillets, de carnets et autres instantanés, aux dates quelquefois incertaines, rapportés de Berck, Dieppe, Etretat, Trouville, Honfleur, Landerneau, Plougastel, le Havre mais aussi Rotterdam ou Venise et qui illustrent ce livre.

Et dès lors, je me suis baigné
Dans le Poème de la Mer
(Arthur Rimbaud, le Bateau Ivre) - p.21

La mer d'abord, qui chez Boudin « induit le ciel », ou plutôt les ciels : couverts et nuageux, ouatés ou fiévreux, incandescents, lavés et soudain lumineux, les « beautés météorologiques » poudreuses remarquées par Baudelaire découvrant ses pastels, et qui offrent dès les premières pages toute leur splendeur éphémère et intemporelle.

On admire aussi les grèves humides à marée basse, les immenses plages occupées par les citadins, ombrelles et crinolines, baigneuses, cabines ; fragiles études à peine esquissées, croquis furtifs - à l'aquarelle, crayon noir ou mine de plomb - capturent l'instant dans une grande spontanéité de trait. Ces scènes de plages retravaillées en atelier rendront Eugène Boudin célèbre, certes, mais leur répétition a probablement nui à l'image de cet artiste autodidacte, indépendant et inclassable (encore un) pour qui le motif était devant la porte et qui avait su convaincre son jeune ami Monet de "venir dessiner avec lui en plein champ". Ce dernier lui en sera d'ailleurs toujours reconnaissant. La lecture s'appuie sur une biographie très documentée qui fait suite à la présentation iconographique.

Les plages désertées sont tout aussi belles une fois rendues à leur occupation première, après la saison estivale, et remarquablement saisies en notations rapides et audacieuses : retours de pêches, marins, pêcheurs de crevettes, laveuses ; visions d'estuaires et voiles à l'horizon, barques, cotres ou galiotes, vapeurs par gros ou petit temps ; ports, phares ; mais aussi quais et jetées, halages, marchés au poisson, groupes et silhouettes croqués sur le vif. Etudes en noir et blanc ou couleurs délicates posées dans la plus totale liberté, touchant presque à l'abstraction.

Eugène Boudin marié à une bretonne d'ascendance paysanne découvre la campagne avec des yeux de citadins, le Finistère et la région de Landerneau à partir de 1867. La deuxième partie réserve des surprises d'ordre plus domestique : fileuses ou intérieurs bretons, costumes et chapeaux : toujours les mêmes moyens, pastel, aquarelle ou mine de plomb. Pour l'extérieur, rassemblements de noces, fêtes et pardons, calvaires, foires, moutons, vaches et troupeaux ; moulins à vent et porteurs de fagots, scènes de battage remplacent ici les scènes de plages, pas de scènes de ménage ; quelques bosquets ou arbres éparpillés. le papier peut même être coloré.

Spontanéité du trait se faisant de plus en plus allusif pour aller piéger l'essence "Un peu à la manière des maîtres du haiku japonais", vous me suivez ? Je n'irais pas en plus jusqu'à conseiller ce livre aux amateurs de crevettes ou de crèpes et de bon cidre, encore que... A votre santé et bonne année.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Boudin à sans doute été un des maillons importants de l'évolution de la peinture dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Les critiques, parmi ceux qui passent pour avoir soutenu l'avant-garde picturale, Zola et Geffroy entre autres, le reconnurent volontiers. Dès ses débuts Boudin s' était détourné de la "mer à drame et mélodrame" chère aux romantiques, et même encore à Courbet, pour proposer une vision ordinaire du paysage. (P.11)
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Le paysage classique est mort, tué par la vie et la vérité.
Émile Zola (compte-rendu du Salon de 1868)
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Eugène Boudin, de Honfleur à Deauville.
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