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zhi hua Li (Traducteur)Jacqueline Alézaïs (Traducteur)
EAN : 9782253049647
380 pages
Le Livre de Poche (01/05/1989)
3.38/5   33 notes
Résumé :
Dans la Chine des années 20, la chronique émouvante d'une grande famille traditionnelle surprise par les premières intrusions de la modernité. Parents despotes et enfants rebelles : deux mondes, deux sociétés s'affrontent, s'opposent et se déchirent. Drames de l'évolution des moeurs. Pièges de l'amour filial. L'espérance racontée comme un grincement dans les têtes. " Je suis moi-même issu d'une famille semblable, dit Pa Kin. Lorsque j'ai écrit Famille, il m'a semblé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pa Kin (ou Ba Jin selon une transcription plus récente) (1904-2005) dont le destin a été intimement lié à tous les évènements qui ont bouleversé la Chine du XXème siècle, est une des figures les plus emblématiques de la littérature chinoise de sa génération, au même titre qu'un Lao She.
"Famille" constitue le premier volet de sa trilogie "Torrent " considérée comme son oeuvre majeure.

Par le biais d'une fiction romanesque, l'auteur témoigne (il appartenait lui-même à une famille de ce type) de ce qu'était la structure familiale de base de ce milieu privilégié de mandarins et de grands propriétaires fonciers, en place depuis des siècles, dans cette Chine féodale et confucéenne.
Pa Kin nous livre là une remarquable étude sociologique en forme de réquisitoire, de cette microsociété: modes de vie et de fonctionnement, relations de conflit et d'asservissement, condition des femmes et des domestiques, pratiques exutoires, pesanteur des traditions, des rituels, des interdits, des superstitions...qui régissent ce type de communautés soumises au pouvoir absolu du patriarche, communautés par ailleurs aveugles et indifférentes à la misère du monde qu'elles exploitent, vivant à l'abri de leurs murs, sur de vastes et somptueux parcs paysagers à la hauteur de leur opulence.

Le roman se situe vers 1920, à un moment très particulier de l'histoire de la Chine qui connaît alors un bouillonnement d'idées nouvelles véhiculées par une jeunesse étudiante pénétrée par la culture occidentale et surtout russe. Cette jeunesse appartient souvent à ces familles; elle ne supporte plus d'être victime de ces tragédies humaines que le système génère et qui broient régulièrement des vies; elle entend revendiquer son droit au bonheur, à la liberté et à la dignité.
Le thème central du livre est donc le combat d'une certaine jeunesse contre l'ordre ancien et il nous est donné essentiellement à voir à travers le regard de celle-ci. "Famille" a été écrit par l'auteur alors âgé de 26 ans en replongeant dans ses souvenirs et émotions encore relativement récents. Il met en scène au premier plan, la jeunesse (les principaux protagonistes doivent avoir entre 17 et 20 ans...), ses premières amours, ses exaltations, ses élans pour de nobles causes, ses luttes...

J'avoue ne pas avoir accroché tout de suite en raison du nombre de personnages à mémoriser, de la lenteur obligée de la phase de présentation mais aussi parce qu'une lectrice de mon âge éprouvait quelque décalage et désintérêt à l'évocation de ces amours un peu mièvres et immatures du début du roman; mais passée la première centaine de pages, cela devient vraiment intéressant et je ne saurais trop inviter le lecteur à franchir cette étape; il devrait être comme moi récompensé de sa persévérance.
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Famille est la chronique d'une grande famille chinoise aisée dans les années 20. Quatre générations vivent ensemble. le grand-père règne en maître, décidant pour tout le monde.

C'est un roman sur les conflits de générations engendrés par la rigidité des rapports dans la famille. Les élans de liberté des deux petits-fils sont réprimés par respect des convenances et des traditions. Pa Kin dénonce également la condition des domestiques, qui sont plutôt des esclaves, le mot n'est pas prononcé mais c'est pourtant exactement ça, car on les achète enfant et à l'âge de 16 ans on les "cède" en tant que concubines à un vieil homme. On se rend compte également à travers la scène de la Fête du Dragon (pendant laquelle on vise les hommes qui le compose avec des pétards) qu'il n'est pas naturel d'être choqué par la souffrance. On les fait venir sur la propriété, on ferme le portail pour qu'ils ne puissent surtout pas s'échapper, leur corps est brûlé intentionnellement, ils hurlent de douleur et cela amuse tout le monde, oncles, neveux, nièces, même les plus "éclairés" des petits-enfants. Il n'y a que "Eveil de l'intelligence" pour s'insurger de la cruauté de cette tradition.


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Ba Jin est un auteur qu'il faut absolument connaître ! Son roman le plus connu "Famille" est une merveille, une saga familiale nous permettant de plonger dans la Chine des années 20, celle des changements, du foisonnement des idées, de la recherche de nouveaux horizons. Les jeunes de "Famille" sont à l'image de la société chinoise : certains souhaitent la révolution et pouvoir se libérer du carcan de ces "vieilles traditions oppressantes", ils se lancent corps et âme dans des actions révolutionnaires, se retrouvent pour des débats enflammés. D'autres n'osent pas s'opposer à leurs aînés et suivent donc tout ce que leurs parents décident pour eux.
Ba Jin est un auteur passionné, je dirais même que lui aussi est enflammé, nous le sentons dans sa plume, il ne réfléchit pas avant d'écrire, il se lance et laisse aller son pinceau au gré de ses envies et de ses idées.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Elle s'arrêta pour l'attendre.
- Grand cousin ? fit-elle, et elle lui lança un regard au reflet ondoyant.
- Tu as pitié même d'un papillon, et moi, je ne compte pas ?
Elle ne répondit rien, tête baissée, s'appuyant contre la rocaille. Il poursuivit :
- Tu t'en iras demain peut-être, nous ne nous verrons plus jamais. Vivants ou morts, nous serons dans deux mondes éloignés. Peux-tu avoir la cruauté de rester muette ainsi ?
Elle gardait toujours le silence, mais sa respiration devenait haletante.
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Le visage de Chant de Phénix se dessina devant ses yeux, un joli visage à l'expression toujours résignée, sans aucun grief, ni aucune amertume, comme la mer qui reçoit tout, recouvre tout sans pourtant laisser entendre un cri de révolte.
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