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EAN : 9782848655970
262 pages
Sarbacane (06/03/2013)
4.23/5   388 notes
Résumé :
Il faut que je vous dise...
J'aimerai annoncer que je suis le héros de cette histoire, mais ce serait faux. Je ne suis qu'un morceau du gâteau, même pas la cerise. Je suis un bout du tout, un quart de la famille. Laquelle est mon nid, mon univers depuis l'enfance, et mes racines, même coupées.

Tandis que ma frangine découvrait
le monde
le cruel
le normal
et la guerre,

ma mère et ma mère, chacun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (168) Voir plus Ajouter une critique
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Joachim et Pauline, respectivement 17 et 14 ans, vivent dans une famille que certains qualifient de différente. En effet, ils ont deux mamans, Maman et Maline, qui ont eu recours à la PMA en Belgique. Une famille aimante et unie mais qui a dû faire face à de nombreux regards, de nombreuses critiques, dont la maman de Julie, qui n'a jamais accepté le mode de vie de sa fille et qui a coupé tout lien avec elle et les siens. Et si Joachim, qui fait son entrée en terminale, a réussi, très vite, à faire taire les mauvaises langues, il n'en est pas de même pour Pauline qui, elle, fait son entrée en seconde. Dès les premiers jours, l'adolescente est moquée, narguée, voire malmenée par certains élèves. Une situation qu'elle tait à sa famille même si son grand frère voit bien que quelque chose ne va pas...

L'on sait qu'il n'est pas facile de s'intégrer dès lors que l'on sort du cadre ou de la normalité. Joachim et Pauline le savent mieux que quiconque, eux qui vivent avec deux mamans. Dès lors que les critiques et les moqueries fusent, l'on peut se défendre, attaquer de plus belle ou se taire. Si Joachim a réussi à faire taire ses détracteurs, le sexe et le caractère aidant, il n'en est pas de même pour Pauline qui, à 14 ans, n'ose répliquer. Tout en justesse, Marion Brunet aborde un sujet ô combien sensible pour certains : les familles homoparentales. Elle montre la complexité des rapports qu'entretiennent la famille des deux adolescents avec l'extérieur. Outre ce thème particulièrement intéressant, elle aborde également l'adolescence, les premières amours, le harcèlement, le lien indéfectible entre frère et soeur, le monde du travail qui épuise... Une peinture d'une famille somme toute normale ! Un roman qui prône évidemment la tolérance et le respect de l'autre et de ses choix (qu'ils soient intimes ou professionnels). Marion Brunet, de par son écriture à la fois légère et profonde, nous offre un récit émouvant et percutant...
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Joachim (17 ans) et Pauline (14 ans) ont deux mamans, mais pas de papa. Les mamans sont allées en Belgique quand elles ont voulu fonder une famille, la PMA n'étant pas autorisée en France pour les couples homosexuels.
Dire que Joachim et Pauline ont une vie facile serait mentir. A la maison, c'est chouette, la famille est unie : les mamans sont amoureuses, tendres avec leurs deux rejetons, très à l'écoute. Pas de problèmes. C'est plus délicat à l'extérieur. Joachim a vite su s'armer contre les quolibets, en imposer. Pauline en revanche se fait harceler depuis son entrée au lycée. Elle n'était pas préparée à ça, elle va mal, son frère assiste impuissant à sa dégringolade. Mais elle le supplie de n'en rien dire à leurs mères :
« J'ai peur, Joachim. J'ai peur et j'ai honte depuis deux longs mois, putain ! J'ai honte de ne pas arriver à réagir, honte de baisser la tête, et j'ai honte de ma mère ! Honte d'en avoir deux ! Tu sais ce que je pense, en fait ? Qu'elles auraient pas dû nous faire ça ! Qu'elles auraient pas dû nous faire du tout ! En tout cas, pas moi. »

Alors j'avoue, en tant que lectrice, face à la souffrance déchirante de cette jeune fille, j'ai pensé ça aussi, que ces deux femmes « n'auraient pas dû leur faire ça ». C'est dur, d'assumer une différence, pour les enfants. Ne pas avoir de père aussi, c'est dur, j'en connais qui claudiquent douloureusement à cause de ce trou béant... Bref, j'étais mal à l'aise à la lecture, gênée de penser que le mariage pour tous, ok, mais y a des limites (idem que pour la parentalité en solo)...
La grande force de l'auteur est de nous faire dépasser ce jugement, en douceur, subtilement...

Autres points très positifs : l'auteur montre le décalage entre garçon et fille amoureux pour « franchir le cap » (garçons, sachez "tenir le doberman en laisse", comme dit HFT). Elle évoque aussi le harcèlement entre adolescents, la difficulté à faire accepter l'homosexualité, l'obligation de faire des choix entre ceux qu'on aime, parfois, dans sa vie. Elle nous rappelle aussi que tous les enfants ont honte de leurs parents, pour une raison ou une autre :
« Ben moi, vous savez, mon père venait toujours me chercher au collège en bleu de travail. Un jour je lui ai demandé de se changer avant de venir, j'ai dit que ça craignait un peu qu'il se pointe comme ça devant mes amis... et ça l'a rendu fou. Il m'a parlé de la fierté des travailleurs. Il m'a dit que si j'avais honte d'avoir un père ouvrier, lui avait honte d'avoir une fille comme moi. Franchement, ça m'a calmée. »

Un excellent roman émouvant qui fait cogiter sur plein de sujets - à faire lire dès 14 ans.

• Merci, Manika, pour l'idée.
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Excellent.
Des passages durs, d'autres plus légers, mais c'est un très bon roman, qui parle de sujets pas faciles, avec une écriture formidable.
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« Ma soeur est entrée dans ma chambre. C'était quelques jours après la rentrée. Elle s'est assise sur mon lit. Elle m'a regardé très sérieusement, a coincé sa mèche de cheveux derrière l'oreille et m'a demandé :
- Joachim, à quel moment tu as réalisé qu'on ne vivait pas au pays des Bisounours ? »
Joachim, sa soeur, Pauline, et leurs deux mères forment une famille heureuse, câline et respectueuse. Tout se passe bien jusqu'au moment où la confrontation avec les préjugés et l'homophobie bouscule ce bien-être. Pour Joachim, l'aîné, cela n'a pas été trop dur. Par contre, pour Pauline, la transition est brutale quand elle entre au lycée où elle est considérée comme un paria. Elle se replie sur elle-même, n'a plus le goût de rien et elle ne veut pas d'aide.
L'histoire est racontée par Joachim qui se doute du mal-être de sa soeur. Il nous parle également de son quotidien, de l'amour reliant ses deux mères et de ses émois de garçon.
J'ai beaucoup aimé ce roman. Par moment, il m'a fait penser à « La reine des mots » de Armand Cabasson pour le style et à « Déclaration d'anniversaire » d'Eléonore Cannone pour le fond.
Marion Brunet réussi le pari de prendre la place d'un ado. C'est d'une grande justesse, nuancé et souvent drôle malgré le thème du roman. Sans peine, on imagine cette famille prise aux mêmes problèmes qu'une autre si ce n'est qu'il n'y a pas de papa… L'écriture est belle et apporte de la clarté, l'auteure aime jouer avec les mots. Elle n'a pas peur de dire les choses comme elles sont et elle a évité le piège du ton moralisateur trop souvent utilisé quand on parle de tolérance en littérature jeunesse. C'est profond tout en gardant une certaine légèreté propre à l'adolescence. En trois mots : une jolie réussite.
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« Frangine »…ou comment quitter un livre le sourire aux lèvres, les frissons en plus.

Au départ, je ne pensais pas lire un roman jeunesse, mais bien m'en a pris ! Je m'empresserai de le proposer à mes élèves l'an prochain, car l'auteure nous parle d'un problème ultra connu mais tellement déroutant et ignoble : le harcèlement.
D'autant plus qu'ici, s'additionne une autre thématique bien de notre époque : le mariage homosexuel et surtout les enfants d'un couple homosexuel.
Et c'est chez les jeunes, que l'on croit si tolérants, tellement en phase avec notre époque post-moderniste, que s'enracine l'intolérance, puisqu'ils sont les rejetons de notre société. Heureusement, ils sont encore faits d'une pâte malléable, et c'est à nous à les tirer vers le haut pour qu'ils deviennent de bonnes personnes.

Pauline est la frangine du narrateur, Joachim. Ils ont été conçus par PMA, et leurs mères sont droites, dignes, tendres. Elles-mêmes ont leurs propres problèmes – de boulot, de parents – mais ce sont surtout les deux ados qui nous intéressent. Elevés dans un cocon protecteur, ils ont chacun leur manière pour faire face à ces gens (adultes comme plus jeunes) qui les regardent de travers, …et plus. Si Joachim choisit la manière forte, Pauline, elle, est plus fragile. Quoique.

Toute cette problématique est abordée ici de manière vivante, alerte, sans pleurnicheries, et surtout sans effet moralisateur, et est pimentée par les amours adolescentes ainsi que les réactions parentales.
Ajoutons-y les divers comportements des grands-parents et nous aurons ainsi une radiographie d'une frange de la société à notre époque.

Marion Brunet, dont j'avais déjà lu « l'été circulaire », entre dans le cercle de mes auteurs favoris.
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critiques presse (1)
HistoiresSansFin
18 mars 2013
C'est l'histoire d'une famille « normale ». Quoique...Dans ce « quoique » se trouve toute la force du roman. Être issu d'une famille homoparentale ne semble pas si naturel que ça. Le point de vue adopté, celui de Joachim, permet de renforcer notre sentiment d'immersion [...] Il se fait la voix qui raconte et dénonce.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Il a immédiatement été alpagué par un de ses collègues, prof de maths.
- Dis donc Antoine, tu tombes bien ! C'est quoi ces conneries ? Qu'est-ce que t'as foutu avec les Secondes 4 ? J'ai eu les parents d'une élève hier en rendez-vous. Tu fais de la propagande gay, maintenant ?
[...]
- Non, j'ai juste rappelé quelques principes de base concernant le respect, la vie en collectivité, le genre de 'conneries' qu'on est censés leur transmettre, tu vois ?
- Ah ben non, je vois pas, là. Les mômes ont retenu que tu voulais que les homos fassent des gosses, et que c'était exactement la même chose que des familles normales !
[...]
- Dans l'idée, c'est à peu près ça...
- Tu veux qu'on ait les associations de parents sur le cul ou quoi ? Franchement, je comprends pas. Tu les engueules parce qu'ils harcèlent une gamine, j'ai rien à dire, tu fais ton boulot. Mais qu'est-ce que t'as besoin d'aller leur mettre des idées qu'ils sont incapables de comprendre dans la tête ?
- Ils sont parfaitement capables de comprendre...
(p. 233-234)
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- Ça a dû être horrible, d'être rejetée par ta mère.
Maman est venue s'asseoir à table, en face de nous. Elle a posé sa tasse devant elle, lentement. Je la sentais pleine de lassitude.
- C'est vrai. Au début ça m'a fait souffrir.
- Et maintenant ? Tu t'en fous ?
- On devient plus fort avec le temps. Quand on a une vie différente, on prend ces risques-là : rejets, ruptures, critiques. On peut regretter, se cacher dans un trou. Ou alors on décide d'être bien, on se bat et on mène la vie qu'on veut, la vie comme on l'aime.
Maman, sans avoir besoin de sourire, nous a englobés tous les deux [ses enfants] dans son grand regard d'amour.
- Ma vie avec Maline et vous, c'est la vie que j'ai choisie. Tant pis si je ne vois plus ma mère, je ne regrette rien.
(p. 119-120)
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Il faut que je vous dise...
Raconter ma sœur ne suffit pas.
 Me raconter non plus. 
J’aimerais annoncer que je suis le héros de cette histoire, mais ce serait faux.

Je ne suis qu’un morceau du gâteau, même pas la cerise.
Je suis un bout du tout, un quart de ma famille. Laquelle est mon nid, mon univers depuis l’enfance, et mes racines, même coupées.
Je ne suis pas le héros de cette histoire – parce que nous sommes quatre.
Étroitement mêlés, même quand on l’ignore, même quand on s’ignore.
J’imagine que c’est pareil pour tout le monde : que c’est ça, une famille.
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On devient plus fort avec le temps. Quand on a une vie différente, on prend ces risques-là : rejets, ruptures, critiques. On peut regretter, se cacher dans un trou. Ou alors on décide d'être bien, on se bat et on mène la vie qu'on veut, la vie comme on l'aime.
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Les filles, quand c'est tes potes, elles sont normales, tu peux parler de trucs normaux avec elles. C'est après que ça fait flipper. Dès qu'elles sont [....] amoureuses, là, t'es mort. En plus, quand t'es pote avec une fille, t'es pas obligé d'écouter tous les trucs qu'elle a envie de raconter. Quand tu sors avec, si.
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Vidéo de Marion Brunet
La romancière Marion Brunet (Jeunesse et Polar) raconte qu'elle a apprit à raconter des histoires en écrivant pour la jeunesse.
Interview intégrale : https://youtu.be/Vy1WQJ61VbI
Notre site : http://www.artisansdelafiction.com/ #ecrire #écrire #écriture #litterature #ecriture #écrireunroman #polar
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