Gel nocturne

Il y a des livres qui traînent parfois longtemps chez nous, sur un dessus d'étagère ou sous le bord du lit et qu'on attrape un soir en se disant "c'est ton tour, mon gars" !

On le commence et on se rend compte que ça nous dit vaguement quelque chose, que l'enquête ne nous est pas totalement inconnue, que des détails nous reviennent ...on continue quand même la lecture parce qu'il est vachement bien ce polar et soudain, page 223, on trouve un morceau de papier plié avec dessus une belle critique du livre toute bien rédigée, et bizarrement ça ressemble sacrément à notre écriture, dis donc !

On en conclut donc au choix : qu'on fait un alzheimer précoce, qu'on a des lutins farceurs chez soi, qu'on est rudement fatiguée ces temps-ci ou que finalement, ce polar vachement bien, bah, il était en fait peut-être pas si bien vu qu'en quelques semaines, on l'a carrément oublié.
Pour info, j'ai du relire la fin, car qui avait tué qui, bah, je ne m'en souvenais plus ...mais c'était bien quand même !

Lydia et Georg Hammerseng sont retrouvés morts dans leur maison à Hamar. Non loin de là, dans la forêt, un cadavre est découvert. Valmann, inspecteur de police, enquête sur ce cadavre, qui est là depuis un certain temps. Sa compagne Anita, également dans la police, fait, elle, partie de l'équipe qui enquête sur le décès des Hammerseng. L'intrigue policière est passionnante, mais ce qui frappe le plus le lecteur, c'est l'accent mis sur la psychologie des protagonistes. Knut Faldbakken crée des tensions au sein de groupes de personnages, puis décrit avec soin les différentes réactions consécutives à ces tensions et les comportements qui en découlent.


Ainsi Moene, la commissaire de police, a décidé que l'affaire Hammerseng était simple: le mari s'est suicidé et sa femme, en fauteuil roulant à l'étage est morte des suites d'une chute dans l'escalier. Quiconque sous ses ordres remet en cause cette hypothèse est mis sur la touche ou empêcher d'enquêter. On va suivre les différentes réactions face à ce diktat. Certains s'exécutent, d'autres plus curieux ou moins soumis, passent outre et font des recherches discrètement. Bien sûr l'efficacité de l'enquête s'en ressent. Et l'ambiance est à couper au couteau.


Des tensions existaient aussi au sein de la famille Hammerseng, elles vont être progressivement révélées. Des relations difficiles entre le mari et la femme, et surtout entre eux et leurs enfants, Hanne et Klaus. Ce qui explique sans doute la disparition des deux enfants, qu'il faut prévenir du décès de leurs parents. Pourquoi ont ils coupé les ponts avec leurs parents? Où sont-ils? S'ils sont encore vivants, pourquoi ne se manifestent-ils pas? Ont-ils joué un rôle dans la mort de leurs parents?


Il y a même des tensions au sein du couple Valmann - Anita. le meurtre des Hammerseng amène Valmann à se remémorer un épisode douloureux de sa relation avec Klaus Hammerseng dont il était l'ami. Épisode qu'il veut taire à Anita qui s'en offusque. Pire, Valmann enquête de son côté sur le décès des Hammerseng, mettant franchement en colère Anita. Mais Anita en se faisant passer pour son compagnon, essaye de contacter Klaus, et le cache à Valmann. le couple traverse une crise comme jamais il n'a traversé. Les secrets, les non-dits entre eux deux iront jusqu'à les mettre en danger. Leur couple résistera-t-il à la recherche de la vérité?


On assiste donc à la fois à l'avancement - assez entravé il faut le dire - des enquêtes sur les Hammerseng et sur le cadavre dans la forêt, et à l'évolution psychologique des protagonistes, jusqu'au dénouement final rempli de suspense et de rebondissements. Très différent de Frontière mouvante, Gel nocturne est également un grand roman.

Un polar norvégien attendait son tour tranquillement dans mon mouton à lire .... gel nocturne. Un auteur dont les deux précédents romans traduits en France "l'athlète" et "frontière mouvante" m'avaient bien plu même si un norvégien chez lequel j'avais atterri dans sa belle maison dans le petit Berlin en face d'Oslo, m'avait fait cette remarque : c'est un vieil auteur. Par contre "la séduction", autre roman m'avait laissé sur la rive de l'incompréhension !
Ce n'est effectivement pas un petit jeunot qui nous a concocté ce polar venu du froid mais qu'importe.
Commençons par le plaisir de découvrir la vie dans une province norvégienne, Hamar, petite ville entre Oslo et Lillehammer, à la hauteur de Bergen mais bien dans les terres, pas très loin de la frontière suédoise. Me Wikipedia nous donne un bref résumé de cette ville :
Hamar est une ville et municipalité dans le comté du Hedmark, en Norvège, située au coeur d'une région de 85 000 habitants, qui fut un centre de pouvoir important à l'époque Viking et le siège d'un évêché et un lieu d'échanges commerciaux au Moyen Âge, et qui compte parmi les plus importantes zones agricoles du pays.
Une autre vision de cette région dans les premières pages du livre nous en donne un aperçu : "la forêt s'étendait, dense et menaçante, dans toutes les directions, aspirait à elle le peu de lumière du jour qu'il y avait, le lac n'était qu'une surface morte."
Ça donne déjà moins envie !
Une belle histoire sur fond de guerre, des équipes policières, les intuitions des uns, les certitudes des autres, le besoin de se faire mousser dans la presse à scandales, etc
Il y a de tout ça au milieu d'une histoire familiale compliquée qui permet de mettre en difficulté la réputation d'une famille honorable.
La morale de l'histoire .... ne pas se précipiter, réfléchir, ne pas se fier aux réputations des uns et des autres, ne pas se laisser éblouir par ses souvenirs, par la bienséance ... et ne pas oublier .... l'illusion que donne parfois la bonne bourgeoisie.

Le printemps norvégien.

Polar norvégien, écrit il y a plus de 10ans et qui n'a pas pris trop de rides.

Polar scandinave mais pas forcément « glacé » puisque l'histoire se déroule au printemps au moment où la nature s'égaie et révèle ses atours les plus somptueux.

L'histoire n'est pas urbaine : elle a pour cadre la campagne norvégienne où l'on découvre un couple âgé, bien sous tout rapport, assassiné chez lui et, dans une zone peu éloignée, un cadavre inconnu abandonné depuis plusieurs mois. Deux affaires. Deux équipes. Oui mais voilà, notre héros Valmann chargé de la seconde affaire se sent personnellement lié à la première…

Homme bourru, entêté, secret, le voilà en quête d'indices pour les trois meurtres et en guerre contre sa hiérarchie et son collègue incompétents.

L'intrigue est embrouillée à souhait, les pistes et fausses pistes se succèdent, les hypothèses s'enchaînent jusqu'aux étonnantes révélations finales.

En bref, un polar nordique classique et plaisant qui nous promène dans de magnifiques paysages, à la découverte d'une société toujours surprenante pour la latine que je suis. Une société peuplée d'introverties/introvertis.

Tiens, tiens, un peu de littératures scandinaves…
Histoire de se rafraîchir un peu éhé !!
De la première phrase du prologue jusqu'à la dernière du roman, le lecteur est directement entraîné dans un enchevêtrement polarisé à l'obsession que, les pages devraient défilé avec passion orchestrées par une curiosité toujours aussi intarissable. de surcroît, l'intrigue s'associant à un léger jonglage mystique scandinave – l'atmosphère on est d'autant plus captivante.
Grand lecteur que je suis, je ne pourrais oublier les protagonistes…
Tantôt charmants (es), plein d'entrains, suspicieux voire importuns, teinté d'un réalisme du quotidien sans trop de transgression - ils alimentent bon jeu de rôle aussi attendrissant qu'irritant. de tel que, l'on pourrait ressentir aussi bien de la complaisance pour les " mauvais " que pour les " vertueux "…
Quitte à rentrer dans le livre pour en baffer certains. Nan mais des fois !!
Dans le fond, les mauvais ne pourraient-ils pas être les " vertueux ", à contrario, les " bons " des " mauvais " ?
Et s'il y avait un nom à choisir, entre le bon et le mauvais – lequel mettriez-vous ?
Pour ma part, je me suis ( comme toujours ) justement si imprégné du double jeu de ces acteurs virtuels ( toutes personnalités confondues ). Que je ne savais plus qu'elle chute espérer - ce qui a attisé encore plus ma flamme littéraire pour infirmer ou confirmer l'aboutissement de cette intrigante polarisation d'ailleurs !
Ehé !
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¤ Assurément, voilà un très bon polar venu du froid. ¤