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Gilbert Sigaux (Éditeur scientifique)
EAN : 9782715222779
304 pages
Le Mercure de France (09/05/2001)
2.8/5   5 notes
Résumé :
La plus grande romancière du XVIIᵉ siècle ; on le savait. Mais aussi un des plus grands mémorialistes de son temps. La voici confidente privilégiée de l'Histoire. Fidèle à soi, mais véridique. Aucun document n'est plus authentique que l'Histoire d'Henriette d'Angleterre, les chercheurs et les spécialistes l'ont suffisamment montré. Tout est révélé ici de la princesse, de son oeuvre politique et sociale, des influences, avouées ou souterraines, qui s'exercent s... >Voir plus
Que lire après Histoire de Madame Henriette d'Angleterre suivi de Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Préface et Notes : Gilbert Sigaux

ISBN : 9782715214385


L'"Histoire de Madame Henriette d'Angleterre", sur laquelle s'ouvre cette édition, m'avait fait augurer le meilleur des "Mémoires" qui suivaient. C'est que je n'avais pas retrouvé dans le style cette lourdeur, cette application à la perfection qui me dérange tant - oui, ça me dérange : cet effort me paraît si peu naturel - dans "La Princesse de Clèves", ce roman de Mme de la Fayette porté aux nues par certains universitaires - et remis à la mode (bien involontairement) par l'agacement qu'il semble avoir produit chez un de nos récents présidents de la Vème du temps que lui-même, simple élève parmi tant d'autres, était tenu de peiner sur ce qu'il considérait comme un pensum - et que j'ai essayé déjà de lire trois ou quatre fois sans parvenir à en dépasser les premières pages. Non, même à voix haute, ça ne passe pas mais qu'importe : je ferai un dernier essai prochainement. D'ailleurs, encore perdue dans les péripéties de la vie de Madame, je me suis bien promis de le faire, persuadée que j'étais d'être passée à côté de quelque chose.

Las ! L'"Histoire de Madame ..." à peine achevée, patatras ! Voici que Madame de la Fayette retombait dans ses errements. Ses "Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689" n'ont trait pour l'essentiel qu'à des reconstitutions militaires certes fort intéressantes pour le spécialiste mais que les amateurs ont en général l'habitude de trouver - comme chez l'irremplaçable Saint-Simon - largement entrelardées d'anecdotes et de récits d'un ordre plus "civil." Mais Mme de la Fayette s'applique, détaille, s'acharne : elle peint mieux qu'un mémorialiste mâle mais elle ne peint que cela. En tous cas, c'est l'impression qu'il en reste. On sort de là pratiquement persuadé que la Cour de Louis XIV a passé l'intégralité de ces deux années sur les champs de bataille, sans faire une seule étape à Versailles ou Marly.

Le livre refermé, on se pose évidemment la question : pourquoi pareil changement ? Eh ! bien, il faut savoir deux choses : tout d'abord, l'"Histoire de Madame ..." est une oeuvre de jeunesse à laquelle Madame participa en personne et ensuite, les "Mémoires ..." sont de l'ère post-Clèves, époque à laquelle Mme de la Fayette avait accédé au statut d'auteur "sérieux" et reconnu. En tous cas selon certaines normes que je continue de mon côté à déplorer parce qu'elles me semblent beaucoup trop sages, beaucoup trop raides et largement somnifères.

Pour autant, je ne vous dirai pas de passer votre chemin. Après tout, vous êtes peut-être de ceux qui : 1) tiennent "La Princesse de Clèves" pour un chef-d'oeuvre et qui 2) s'enthousiasment pour les mémoires exclusivement militaires. (Dans ce cas, c'est plutôt l'"Histoire" toute simple de Madame qui risque de vous paraître bien superficielle et certainement d'une trivialité achevée, en dépit de la tragédie qui la clôt.) le mieux est de lire l'ensemble même si celui-ci pêche par un certain déséquilibre. Maintenant, ces "Mémoires", lus après "La Princesse de Clèves", passeraient sans doute comme une lettre à la poste ... Et puis, un auteur a bien le droit d'être inégal. le problème, avec Mme de la Fayette - mais je ne donne ici que mon opinion - c'est qu'on peut la préférer écrivain débutant et qui, selon moi, ne se prenait pas encore la tête. Eût-elle conservé la délicieuse simplicité de son "Histoire de Madame" que je compterais sans doute aujourd'hui au nombre de ses admirateurs. ;o)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... Madame de La Vieuville donna un bal chez elle. Madame fit partie pour y aller en masque avec Monsieur ; et, pour n'être pas reconnue, elle fit habiller magnifiquement ses filles, et quelques dames de sa suite, et elle, avec Monsieur, allèrent avec des capes dans un carrosse emprunté.

Ils trouvèrent à la porte une troupe de masques. Monsieur leur proposa, sans les connaître, de s'associer avec eux et en prit un par la main ; Madame en fit autant. Jugez quelle fut sa surprise quand elle trouva la main estropiée du comte de Guiche, qui reconnut aussi les sachets dont les coiffes de Madame étaient parfumées. Peu s'en fallut qu'ils ne jetassent un cri tous les deux, tant cette aventure les surprit.

Ils étaient l'un et l'autre dans un si grand trouble qu'ils montèrent l'escalier sans se rien dire. Enfin, le comte de Guiche, ayant reconnu Monsieur et ayant vu qu'il s'était allé asseoir loin de Madame, s'était mis à ses genoux, et eut le temps non seulement de se justifier, mais d'apprendre de Madame tout ce qui s'était passé depuis son absence. Il eut beaucoup de douleur qu'elle eût écouté Vardes [= autre favori de Monsieur] ; mais il se trouva si heureux de ce que Madame lui pardonnait sa ravauderie avec mademoiselle de Grancey, qu'il ne se plaignit pas.

Monsieur rappela Madame, et le comte de Guiche, de peur d'être reconnu, sortit le premier ; mais le hasard, qui l'avait amené en ce lieu, le fit amuser au bas du degré. Monsieur était un peu inquiet de la conversation que Madame avait eue ; elle s'en aperçut, et la crainte d'être questionnée fit que le pied lui manqua, et du haut de l'escalier elle alla bronchant jusqu'en bas, où était le comte de Guiche, qui en la retenant l'empêcha de se tuer, car elle était grosse.

Touts choses semblaient, comme vous voyez, aider à son raccommodement ; aussi s'acheva-t-il. Madame reçut ensuite de ses lettres, et, un soir que Monsieur était allé en masque, elle le vit chez la comtesse de Gramont où elle attendait Monsieur pour faire medianoche.

Dans ce même temps, Madame trouva occasion de se venger de Vardes. ... [...]
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[...] ... [En 1688 l]a France était dans une tranquillité parfaite ; l'on y connaissait plus d'autres armes que les instruments nécessaires pour remuer la terre et pour bâtir. On employait les troupes à ces usages, non-seulement avec l'intention des anciens Romains, qui n'était que de les tirer d'une oisiveté qui serait aussi mauvaise pour elles que le serait l'excès du travail ; mais le but était aussi de faire aller la rivière d'Eure contre son gré, pour rendre les fontaines de Versailles continuelles. On employait les troupes à ce prodigieux dessein, pour faire avancer de quelques années les plaisirs du Roi, et on le faisait avec moins de dépenses et moins de temps que l'on eût osé l'espérer.

La quantité de maladies, que cause toujours le remuement des terres, mettait les troupes qui étaient campées à Maintenon, où était le fort du travail, hors d'état d'aucun service ; mais cet inconvénient ne paraissait digne d'aucune attention dans le sein de la tranquillité dont on jouissait : la trêve était faite pour vingt ans avec toute l'Europe. Les Impériaux, quoique victorieux des Turcs, avaient encore assez d'occupations pour nous laisser en repos, et l'on espérait que des conquêtes quasi sûres auraient plus d'appât pour eux que le plaisir d'une vengeance douteuse. L'Espagne était trop abaissée pour nous donner une ombre d'appréhension ; l'Angleterre trop tourmentée dans ses entrailles, et les deux rois, trop liés pour qu'il y eût rien à craindre. L'on était fort persuadés des mauvaises intentions du prince d'Orange, mais nous étions rassurés par l'état de la république de Hollande, dont le souverain bonheur consiste dans la paix. Nous étions donc persuadés que, si la guerre commençait, ce ne pourrait être que par nous.

Tout ce que je viens de dire laissait au roi le plaisir tout pur de jouir de ses travaux. Ses bâtiments, auxquels il faisait des dépenses immenses, l'amusaient infiniment, et il en jouissait avec les personnes qu'il honore de son amitié, et celle que ces personnes distinguent par dessus les autres. Il était bien persuadé que, si la paix du Turc se pouvait faire, ses ennemis se rassembleraient tous contre lui ; mais cette pensée-là était trop éloignée pour lui faire de la peine ; cependant, cet éloignement n'empêchait pas que la politique ne lui fît prendre des précautions. Une de celles que l'on jugea des plus utiles fut de s'assurer de l'électorat de Cologne, s'en s'en saisir. ... [...]
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