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Gérard Genot (Traducteur)François Livi (Préfacier, etc.)
EAN : 9782877067379
500 pages
Editions de Fallois (20/10/2010)
4.6/5   10 notes
Résumé :
Résumé
Cet ouvrage, paru en 1921, relate à la façon d'un journal de bord la rencontre décisive de G. Papini avec le Christ, personne vivante, découvert dans les Evangiles et qui a abouti à sa conversion. Il est marqué par les contrastes qui caractérisent l'écriture de l'auteur, et dresse avec vigueur la figure du Christ combattant de la vérité et de l'amour.

Quatrième de couverture
Le 23 mars 1921 paraissait à Florence l'Histoire du Chri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Y avait-il besoin, en 1921, de faire paraître un énième ouvrage sur le Christ ? S'il n'avait pas été écrit par Giovanni Papini, on aurait pu en douter. Mais lorsque le grand maître, remueur de pensées, profondément sincère et attaché à ses convictions, revient à la source de sa foi pour retracer les contours d'un christianisme vigoureux, l'entreprise devient non seulement nécessaire mais salutaire.


Revenant sur l'Histoire du Christ telle qu'elle est narrée dans les Evangiles, se débrouillant avec les seuls moyens de sa compréhension et de son intellect, Giovanni Papini met de côtés toute exégèse et croyance antérieures pour se plonger entièrement dans les sources du christianisme. Alors qu'il était loin de s'en douter, il découvre un Christ dont l'image de simplicité bienveillante l'éblouit.


L'Histoire du Christ n'est pas un livre de prosélytisme ; Papini n'espère même pas se faire comprendre par le lecteur qu'il assimile à ces millions d'auditeurs distraits du Christ qui, au fils des siècles, n'ont jamais réussi à entendre le Prophète. Son livre est une démarche d'amour qui s'inscrit en filiation directe avec le message promulgué par le Christ. Déçu par la monotonie et l'ennui distillés par les textes de religieux, par l'hypocrisie cupide qui émane des ouvrages prosélytes, Giovanni Papini a désiré rendre hommage au Christ et à la beauté véhiculée par ses propos à travers une biographie fidèle, restituée par le biais d'une écriture simple mais puissante. Qu'à cela ne tienne si d'autres ne seront pas d'accord avec lui : Giovanni Papini s'investit totalement dans ce récit qui est aussi celui de sa conversion et n'hésite pas à se lancer dans des diatribes féroces contre le désenchantement du monde moderne, contre la lie du peuple et contre les mesquineries qui font le commun des mortels. Si on avait craint de perdre la férocité que l'écrivain avait pu déployer dans Gog, on la retrouve ponctuellement lorsqu'il s'agit de défendre des valeurs que le monde moderne et ses « principes » ont préféré oublier.


« Aujourd'hui les hommes sont plus ivres qu'alors mais plus altérés. Aucun âge plus que le nôtre n'a éprouvé la soif dévorante d'un salut surnaturel. En aucun temps l'abjection n'a été si abjecte, la brûlure si brûlante. La terre est un enfer illuminé par la condescendance des astres. Les hommes sont plongés dans une poix faite d'ordures et de larmes, dont parfois ils émergent, défigurés et frénétiques pour se jeter dans le sang avec l'espoir de s'y laver. »


On peut adhérer ou non au message chrétien, peu importe. L'Histoire du Christ, dont l'intérêt historique pourra déjà suffire à la lecture, propose également une violente critique des sociétés modernes fondées sur la négation de la foi et la glorification de « la suprême trinité de Wotan, Mammon et Priape ». Giovanni Papini, qui jusque-là avait semblé d'un cynisme et d'un désespoir sans remèdes –il suffit de lire Gog ou La Vie de Personne- nous dévoile le fondement de sa virulence parfois presque agressive. C'est parce qu'il attend trop de ses congénères que, sans cesse déçu, il se plaît à en caricaturer les défauts dans ses écrits. Mais là où il aurait pu finir par se complaire sans sublimer son agressivité, Giovanni Papini trouve un remède dans la foi chrétienne et s'avoue à révéler ses véritables sentiments. Son écriture surprend puisque, pour une fois, il ne prendra pas ses airs de nihiliste pour faire réagir les plus disposés de ses lecteurs, mais il s'abandonnera au contraire à l'amour.


« Jésus ne pose pas d'énigmes. Lui-même a dit à la fin de la parabole qu'il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur repenti que pour tous les justes qui se font gloire de leur bâtarde justice, pour tous les purs enorgueillis de leur pureté extérieure, pour tous les dévots zélés qui cachent l'aridité de leur coeur sous l'apparent respect de la loi. »


L'Histoire du Christ, sincère et adaptée aux conditions de la modernité, détache le Prophète de ses icônes poussiéreuses pour lui conférer une nouvelle dignité. L'adhésion au message chrétien ne se fera pas forcément à l'issue de cette lecture mais il y a fort à parier qu'elle fera renaître l'espoir d'un monde tourné à l'introspection et à l'amélioration, et qu'elle permettra aux plus athées ou agnostiques d'entre nous de considérer la foi non plus comme une croyance absurde mais comme une démarche salvatrice conférant du sens à un monde bâti sur des sables mouvants.


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Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
Tous les sceptiques à trois pour un sous, les pédants de toutes les chaires et de toutes les académies, les tièdes crétins bourrés de préjugés, les casuistes, les sophistes, les cyniques, les poux de la science et ceux qui, dans la maison de la science, vident les latrines ; tous les lumignons misérables, jaloux du soleil, tous les canards qui n’admettent pas le vol de l’aigle ont choisi pour patron et protecteur Thomas le Jumeau. De lui ils ne savent rien, sinon ceci : s’il ne touche pas il ne croit pas. Et sa réponse leur semble à eux l’Himalaya du jugement humain. S’il plaît à d’autres de voir dans les ténèbres, d’entendre dans le silence, de parler dans la solitude, de vivre dans la mort, c’est trop pour eux, c’est trop pour la capacité de leur petite tête sans ouvertures. La soi-disant réalité est leur domaine et ils n’en décamperont pas. De fait, ils poursuivent l’or qui ne peut rassasier la faim, la terre où ils n’occuperont qu’un si petit trou, la gloire, chuchotement éphémère dans le silence de l’éternité, la chair qui sera une boue vermineuse et ces magnifiques et retentissantes découvertes qui, après les avoir faits esclaves, hâteront pour eux la terrifiante découverte de la mort. Telles sont les choses « réelles » où se délectent les dévots de Thomas.
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Pour ce soir, mangez de ces pains sans levain, de ces pains faits d’eau et de blé, pétris par la main de l’homme, qui ont senti la chaleur du four, que mes mains, vivantes encore, ont partagés et qui par mon amour furent transmués en ma chair pour devenir votre éternelle nourriture. Il est doux au cœur de l’ami de manger avec ses amis le pain né de la terre, le pain qui fut une herbe verte parsemée de lys, un épi mûr retombant sur sa tige, pesant et blond. Vous savez combien de fatigues et d’angoisses enferme une bouchée de ce pain. Les grands bœufs qui traînent la herse, le paysan qui jette le grain à poignées dans le sillon hivernal, l’herbe nouvelle qui triomphe tendrement de l’obscure humidité du terroir, les moissonneurs courbés, le col bruni, des journées entières –et la faux le soir est plus lourde qu’une pioche ; et il reste à lier les gerbes, à les porter sur l’aire, à les battre.
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Pauvres en esprit sont ceux qui ont pleine et douloureuse conscience de leur pauvreté spirituelle, de l’imperfection de leur âme, du peu de bien qu’il y a en nous, de l’indigence morale où gît la plupart des hommes. Seuls les pauvres qui se savent pauvres souffrent de leur pauvreté et s’efforcent de s’en sortir. Et combien ils diffèrent des faux riches qui se croient accomplis, imperfectibles, en règle avec tous, agréables à Dieu et aux hommes ; à qui manquent le désir et l’ardeur de gravir un sommet qu’ils croient atteint et qui jamais ne seront riches faute d’avoir connu leur insondable misère.
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Le sang des quatre plaies de Jésus s’était figé autour des têtes de clou mais chaque secousse en faisait sourdre de nouveaux filets qui coulaient le long de la croix et tombaient goutte à goutte. La tête entraînait d’un côté le cou endolori ; les yeux, les yeux mortels par où Dieu avait regardé la terre, étaient noyés dans l’eau vitreuse de l’agonie, les lèvres humides, crevassées par les larmes, desséchés par la soif, contractées par le souffle pénible, faisaient voir les effets du dernier baiser qu’elles avaient reçu : le baiser de Judas.
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Rien ne doit nous faire peur au point où nous en sommes. Tout a été éprouvé, toute expérience est consommée. N’allons pas dire que le temps a manqué à nos entreprises. Depuis des semaines de millénaires nous sommes en ce monde, accumulant les expériences. Nous avons fait l’expérience de la férocité et le sang a appelé le sang. L’expérience de la volupté et la volupté nous a laissé en bouche un goût de pourri et une plus cuisante brûlure. Nous avons forcé nos corps aux plaisirs les plus raffinés et les plus pervers et nous nous sommes réveillés, meurtris et tristes, sur un lit de fumier. Nous avons fait l’expérience de la Loi et cette loi nous l’avons enfreinte, changée, enfreinte encore ; et la Justice n’a pas rassasié nos cœurs. Nous avons fait l’expérience de la Raison : nous avons fait le bilan du créé, dénombré les étoiles, décrit les plantes, les choses mortes et vives ; nous les avons liées ensemble aux fils ténus des concepts, nous les avons transfigurées dans les magiques vapeurs des métaphysiques et les choses restaient à la fin éternellement les mêmes ; elles ne nous suffisaient plus et nous ne pouvions les renouveler ; noms et nombres ne calmaient pas notre faim et les plus sages ont fini par des aveux ennuyeux d’ignorance. Nous avons fait l’expérience de l’Art et notre impotence a désespéré les plus forts, car l’Absolu ne réside pas dans les formes ; le Divers déborde l’Unique, la matière travaillée ne retient pas l’Ephémère. L’expérience de la richesse et nous nous sommes trouvés plus pauvres ; de la force et nous nous sommes relevés plus faibles. En rien notre âme ne s’est apaisée. A nulle ombre notre corps étendu n’a goûté son repos. Et notre cœur, toujours en quête et toujours déçu, est plus vieux, plus las et plus vide, car en aucun bien il n’a trouvé sa Paix, en aucun plaisir sa Joie, en aucune conquête sa Félicité.
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Videos de Giovanni Papini (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Giovanni Papini
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
0:00 - Titre 0:06 - Trieste 1:29 - le faubourg 5:27 - Lieu cher 5:57 - Une nuit 6:32 - Variations sur la rose 7:15 - Épigraphe 7:30 - Générique
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Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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