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EAN : 9782755506518
80 pages
1001 Nuits (21/03/2012)
3.75/5   14 notes
Résumé :
Ce pamphlet est né d’un agacement, celui de voir parader sans vergogne, à longueur de médias, une ribambelle d’humoristes d’un nouveau genre, moins amuseurs que donneurs de leçons, moins « comiques » qu’agents autoproclamés du Bien.
Ils éreintent mais sans risque, ils accusent, ridiculisent, frappent de dérision sans ménager la moindre possibilité de défense. Des procureurs hargneux, dans des procès joués d’avance. Le sérieux, voilà l’ennemi.
Ils règn... >Voir plus
Que lire après Homo comicus: ou l'intégrisme de la rigoladeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je ne suis pas grand amateur de pamphlet mais celui-ci est absolumment indispensable. Cela m'a fait du bien de voir que je n'étais pas le seul à halluciner devant la ricanerie généralisée à la télé, les blagues pas drôles, les vannes méchantes, les fous rires incompréhensibles et autres private jokes.
Cet essai a le mérite d'être très court, on peut le lire d'une traite facilement. Enfin rapidement surtout car comme souvent quand le sujet paraît un peu léger, l'auteur met le paquet pour montrer à quel point il est cultivé. C'est donc un petit ouvrage dense contenant beaucoup de références et nécessitant une solide culture philosophique, politique, populaire et quasiment historique car les humoristes plébiscités sont d'anciens soldats inconnus (pour ma part) du rire. Cette dimension satirique du rire du faible contre le fort, cette tradition de la caricature tient à coeur à François L'yvonnet. A contrario, la flagornerie est aujourd'hui tendance. Malgré ce qu'en dise les néo-humoristes qui se voient toujours comme des rebelles, il n'y a pas grand risque à courir si ce n'est être viré d'une radio pour revenir à la télé (Guillon). L'auteur déplore ce manque de « couilles » qu'il oppose au « rectum », l'humour gras d'un Bigard par exemple.


C'est donc le manque d'esprit qui chagrine le philosophe mais aussi le mélange des genres dans une modernité où les frontières s'effacent. Cela donne un côté réac au pamphlétaire nostalgique qui trouve que c'était mieux avant. Mais il est vrai qu'aujourd'hui tout est traité avec dérision : l'actualité (infotainment), l'éducation (edutainment), la philosophie avec des stars bourrées d'humour comme Slavoj Zizek mais aussi la politique dont il est beaucoup question. D'après L'yvonnet, la politique est quelque chose de sérieux, les hommes politiques devraient donc rester sérieux pour qu'on les prenne au sérieux. Or c'est tout le contraire qui se passe. Il faut dire que le rire produit des liens très forts. Des amitiés, du respect mêlé de crainte peuvent facilement se créer entre politiques et néo-humoristes. Les politiques ont besoin de la présence et du buzz médiatique que suffisent à entraîner quelques bons mots et les humoristes de plateaux ont besoin des politiques, leur principale source d'inspiration, de fascination ou de dégoût.


La télévision notamment à désormais un tel pouvoir avec l'effet « vu à la TV » que certains politiques peuvent être pris dans ce piège du « bon client » comme l'avais concédé José Bové. Ils sont comme des candidats de télé-réalité (Obama à propos de Trump, qui fut la star de The Apprentice), ils comprennent vite ce qu'on attend d'eux : jeux de mots, petites phrases, gimmicks (karcher allo), lapsus (la fellation de Dati ou le gaz de shit de Fillon) et même contrepèteries (réservées aux initiés là par contre). Il faut qu'on comprenne tout de suite, que ce soit bref et choc comme un slogan. C'est pourquoi des publicitaires comme Séguéla ou Ardisson font florès dans les médias ou en politique (« est-ce que sucer c'est tromper ? » demanda Ardisson à Rocard, lequel ne fût pas choqué). Ce nouveau mix politicomique aura bientôt sa grand messe télévisuelle avec le Roast, importé des états-unis, où Donald Trump avait montré toute son auto-dérision (indispensable) et sa coolitude. Toute une bande de comiques se moquait de sa coupe de cheveux, de sa femme ou de ses casseroles, comme dans les enfants de la télé. Car les politiques sont désormais des enfants de la télé, ils maîtrisent ses codes, son langage, surtout qu'il faut faire « jeune » et être copain avec Cyril Eldin ou Hanouna. Triste période où les bouffons et les rois ne font plus qu'un.
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François l'Yvonnet (professeur de philosophie) dénonce ici l'intégrisme du rire. Il démonte le pouvoir des nouveaux comiques et cite des exemples.
De nos jours, il faut rire avec les comiques reconnus (reconnus car "vus à la télé", ou entendus à la radio). Il est de bon ton pour nos gouvernants de se montrer en compagnie de ses nouveaux trublions, de participer à leurs émissions, quitte à se faire vilipender à leurs frais.
Les propos de ces nouveaux humoristes seraient la "bonne" représentation de la pensée française. Mais attention, ils ne dénoncent rien, ils donnent des leçons et se sentent au-dessus du commun des mortels et surtout ils profitent du système pour se "faire une place au soleil médiatique". Ces rencontres ne sont juste qu'un "hommage du conformisme au conformisme. Une sorte de messe normative où les rieurs et les victimes s'embrassent à l'issue de l'office".

Certes François l'Yvonnet donne à réfléchir, et je me suis souvent sentie en accord avec lui, mais de là à systématiquement dénigrer le rire de ces néo-humoristes (c'est ainsi qu'il les nomme en comparaison des Swift, Bernanos qu'il affectionne particulièrement ; on peut constater à ce sujet que monsieur L'Yvonnet place la barre de l'humour très haut et très éloignée de notre quotidienneté), je ne suis pas d'accord. J'ai juste envie de lui répondre : regardez vers l'avenir, monsieur L'Yvonnet, et détendez-vous un peu.
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L'auteur ne se demande pas si l'on peut (encore) rire de tout. Non, il nous parle du rire obligatoire des trublions des ondes radiophoniques et télévisuelles.
Ce rire obligatoire a vidé le comique de sa substance. Alors qu'avant les années 1980 (environ), il mettait une distance entre le système et et les gens du "commun" (nous) pour le dénoncer, aujourd'hui il avalise le système tout en brocardant les "messagers" publicitaires (se moquer de Zidane et non pas du système qui l'a créé, par exemple).
Ils ne sont plus artistes mais salariés, ont échangé le vrai courage contre la bien-pensance et, souvent, la vulgarité. Leurs paroles ne provoquent plus de scandale, mais un rire aussi éphémère que les mots qui l'ont provoqué. Les politiques se servent de ces nouveaux vecteurs du pouvoir ; ce qui a contribué dans une certaine mesure à vider également la politique de sa substance.
Un essai court, mais intense.
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L'auteur reprend, après son ami Jean Baudrillard, le thème de l'humour imposé, le "fun-system" qui interdit de ne pas rire de tout. La critique est salutaire et souvent bien venue, dénonçant le conformisme de trop d'humoristes qui, en fait de satire et d'audace, se contentent de "brosser les valeurs consensuelles dans le sens du poil", ou la vulgarité autocélébrée d'un Bigard (entre autres), et aussi la gourmandise -moins masochiste qu'il n'y paraît- avec laquelle nombre d'hommes politiques (et pas seulement eux, pourrait-on ajouter) "vont au devant de la moquerie, parfois de l'éreintement, dans les studios ou sur les plateaux des émissions spécialisées".
Malgré tout, on peut regretter quelques trop longues et pédantes digressions d'allure vaguement psychanalytique, ainsi qu'un amalgame un peu trop rapide de tous les humoristes actuels, comparés à ceux d'un âge d'or que l'auteur semble plutôt situer dans la première moitié d'un XXème siècle dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas toujours été d'un haut niveau : que penser des insultes prétendument drôles proférées par un Drumont, pour ne citer que lui ? Contrairement à ce que l'auteur laisse entendre, le fait que, trop souvent, "l'aplomb tient lieu de grandeur" n'est ni vraiment nouveau, ni spécifiquement français. A ce sujet, on peut d'ailleurs regretter que le propos de ce livret demeure strictement hexagonal : une perspective internationale aurait sans doute permis d'approfondir certaines problématiques (de quoi et comment rit-on dans les autres civilisations ?).
Enfin, l'auteur aurait peut-être pu insister un peu davantage sur l'effet démobilisateur et réducteur du "sens tragique de la vie" qui est lié à l'humour.
Un petit livre d'humeur, donc, à prendre comme tel, mais qui m'a personnellement un peu déçu.
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j'ai découvert ce livre sur le site Babelio, après l'avoir acheter, puis l'avoir lu, je me sens moins seul, face à cet humour quasi obligatoire, quasi unanime, chez les téléspectateurs.
Ne pas rire au rire généralisé, présent à la tv, la où ont veut nous dicter notre humour, merci à
M. François L'Yvonnet pour ce pamphlet, qui dénonce ces rires obligatoires, et ses pseudos comiques qui ne dénonce rien.

Ces Pseudos Humoristes qui ont tous le même humour, et qui veulent nous imposer leur humour scato,

Tous ces moralisateurs sans moralité, présent sur les chaînes et les ondes, y'en a marre de ses dictateurs de l'humour
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critiques presse (1)
Lexpress
27 juin 2012
Concis et incisif comme un texte de Philippe Muray, ce délicieux blitzkrieg anéantit les animateurs, amuseurs et imitateurs monopolisant sans vergogne les ondes […].
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Conséquence prévisible de cette gondolade généralisée : la politique est devenue dérisoire. Certes, on ne saurait mettre au seul crédit des néo-humoristes la disqualification du politique. Ce serait leur faire trop d'honneur. Ils ne sont qu'un symptôme, parmi d'autres, de l'irréversible processus de "disneylandisation" de nos sociétés. La scène politique n'a jamais mieux porté son nom. Plus personne pour s'étonner des moeurs qui y règnent. On peut désormais sans trop de dommages se faire sucer les orteils ou sauter la domesticité, seules des marionnettes s'en souviendront.
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Ils [les néo-humoristes] n'invitent pas à penser, comme Socrate, ils ne dénoncent pas les puissants, comme Swift. Ils se contentent de caresser dans le sens du poil les valeurs consensuelles, ils sont anti-racistes, anti-fascistes, anti-antisémites, anti-méchants. Ils célèbrent le Bien et luttent contre le Mal. Ils égratignent en surface pour mieux acquiescer à la doxa.
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L’humour est « une forme d’esprit, dit le dictionnaire Larousse, qui s’attache à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité ».
Cette définition ne s’applique pas aux « humoristes » contemporains, dont le subterfuge rhétorique consiste à opposer une réalité, la leur, supposée bonne, authentique et honnête, à une autre réputée moche, trouble et glauque. Par un tour de passe-passe et de dédoublement, tels des curés, ils valorisent ce qu’ils sont par la déconsidération de ce qu’ils ne sont pas. Je ne suis pas celui que j’apostrophe, donc je pense sainement et suis intègre.
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Bergson soutient que le rire a une fonction sociale, qu'il est une sorte de "brimade" collective, un rappel à l'ordre de ceux qui s'écartent de la norme, tous les distraits, les originaux. Certes, cela vaut pour les figures des comédies classiques, pas pour le comique flatulent contemporain. C'est même l'inverse. Le rire chez lui est la norme, et l'on rit de ceux - et avec ceux - qui incarnent la norme. C'est l'hommage du conformisme au conformisme. Une sorte de messe normative où les rieurs et les victimes s'embrassent à l'issue de l'office.
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Qui est l'Homo comicus ? Un nouvel homme public à la fois journaliste, amuseur et donneur de leçons. Maître de morale, il dit le vrai et le bien avec un aplomb impeccable et rejette hors de la norme tous ceux qui ne pensent pas comme il faut.
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