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Leonardo Cremonini (Illustrateur)
EAN : 9782718607160
211 pages
Galilée (07/09/2006)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Au début d’Hyperrêve, la question est posée : « Dans l’obscurité je descends le bel escalier silencieux. Est-ce que je rêve ? Suis-je éveillée ? »[2]. Tout d’un coup quelque chose se passe ; quelqu’un arrive. Mouvement très brutal ; le voile se déchire – ou alors il se replie, menaçant, sur la promeneuse ou le promeneur, le rêveur ou la rêveuse – l’enveloppe – comme un serpent. La chambre s’effondre sur elle-même, le sol se dérobe. Elle note le (non)raisonnement sui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
1. Une fille lave les ulcères de sa mère malade, proche de la mort. A la Tour abolie sa seule étoile se meurt. le tout est plein de calembours, de crases amphibologiques à la Lacan, pas toujours heureuses et qui, sorties de leur contexte peut paraître très lourdes et caricaturales. Mais je retiens de cette première partie de l'ouvrage ce witz :

« Si Dieu avait vu les yeux de Job. Mais non. Dieu n'a pas d'yeux. Il n'y a pas Dieu. ».

L'agonie de la mère est certes un impossible à vivre, et quelque part l'échec du langage – dans ce livre – à le dire est peut-être un beau témoignage de cet impossibilité. Mais à ce compte je préfère la ligne claire du « journal de deuil » de Barthes.

2. le sommier de Benjamin. C'est très drôle. La mère apprend à sa fille qu'elle a récupéré dans les années 1930's le sommier d'un appartement parisien occupé par certain M. Benjamin, intellectuel allemand. Oui, oui, en 2005 Hélène Cixous apprend que sa famille possède le sommier parisien de Walter Benjamin. Emballement. Et Jacques Derrida, l'ami disparu, qui venait de faire une lettre posthume à Benjamin en 2001. « Fichus ». Ah, le frère d'Hélène Cixous a dormi pendant des années sur le même sommier que Walter Benjamin sans y penser. Sans être ventriloqué par le fantôme de Benjamin. de fait. Mais Hélène dort dedans et fait un rêve majestueux. Ah si elle avait dormi dans ce sommier toute sa vie, quelle vie d'écriture et de pensée c'eut été ! Bon, elle se pose un peu la question sur la reproduction technique de l'oeuvre « sommier » et décide du caractère « auratique » du sommier de Benjamin. Bientôt exposé au musée avec sa brosse à dent (et sa brosse à moustache, ah brosser sa moustache avec celle de Benjamin...). Ça m'a fait penser à ce commerçant du « Maître du Haut Château » de Philip K Dick qui refourgue ses vraies fausses antiquités ayant soi-disant appartenu à des célébrités nord-américaines. On constate que le fétichisme ça marche aussi pour les intellectuels (voir avec les lunettes de Sartre, dormir dans le sommier de Benjamin, etc.).

3. La permission. Il s'agit d'un rêve de Derrida revenant. C'est beau ça. Derrida qui revient fantomatiquement à Cixous via le sommier-mediumnique. Ca c'est un "hypperêve", non ? Parce que quand même c'est pour cela que je me suis investi dans le livre pour découvrir une dimension nouvelle, des galaxies d'hypperêve. Eh bien pas grand-chose.

« Et pourtant tous les événements de cette vie suraigüe ont l'air d'être taillés dans l'hyperrêve. Tous en effet se présentent accompagnés d'une voix qui me murmure dans le coeur « ça ne va pas durer ». »(p.178)

Le terme « taillés dans » suggère une matérialité, l'aspect fantomatique (tout a une fin) oscille avec le côté rêve lucide : tu vas te réveiller, tu es dans un rêve. L'hyperrêve serait une sorte de rêve du « mourir », de l'agonie dont ne peut se réveiller, ce serait le temps de l'oubli en devenir, de la mort en suspens, les yeux ouverts. On serait aussi tenté de lire cet hyperrêve comme un retournement de « l'hyperréalité » de Baudrillard, une consistance du rêve qui atteint à la réalité, mais rien ne fait signe vers cet ailleurs. Mais je crois en fait que Cixous ne tient pas en fait à forger un concept précis d'hyperrêve mais plus faire trembler la mort par la parole qui s'efface. Cet hyperrêve demeurera donc dans des confins lointains.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un désespoir infini qui est l'infini même occupe toutes les pièces de ma pensée. Où sont les enfants et les enfances ? Je suis séparée de la vie. Elle est à l'étranger. Ou bien je suis à l'étranger. La nuit m'a déposée à l'étranger. C'est une île. je ne peux même pas revenir à pied ni pieds nus. Où sont mes enfants et leurs enfances ? On ne peut pas imaginer l'énormité de la distance qui sépare deux étages quand l'âme est privée de vitesse. Au matin pourtant les chats me lèvent. C'est leur boulot. Elles marchent sur moi piétinent grattent jusqu'à résurrection. Mais le monde n'est pas encore arrivé. Ce retards me désincarne. Me vide. L'enveloppe est pleine de fantômes. Images tristes du temps futur passé du futur temps passé, du tant passé qu'il ne peut revenir. Les deux chattes du panier poulent. Elles couvent la vie. Je m'accroche aux paniers de vie en attendant. Il est trop tôt pour appeler les vivants au secours. Je ne peux pas le faire moi-même.
Mais les livres parlent.
Je suis assise avec des livres aux côtés, devant moi, dans mon dos, j'en ai jusqu'aux épaules, des dizaines, des centaines peut-être, la plupart allongés, les bras ouvert ils se souviennent de tout.
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Intus et in cute
J'oignais ma mère. "Je fais la peau de maman" me dis-je. C'était un peu avant la fin, tu es le temps, pensais-je, le temps d'avant la fin. J'habitais maintenant avant la mort de ma mère, je regardais ma mère se lever et se coucher tous les jours à mon horizon, avec une admiration bouleversée je me vivais d'angoisse.
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Tous ces événements ont eu lieu quelques années plus tard. Sans le chêne je n'aurais pas pu commencer à écrire, par conséquent aucun de ces événements n'aurait eu lieu. Les enchaînements destinaux nous restent cachés toujours pendant quarante ans au moins. Quarante ans, la durée d'un aveuglement humain vital. Tout ce qui a été décisif dans l'histoire d'un individu ou d'un peuple ne montre son visage qu'après quarante ans de secret. Ce que je dois à ce chêne, s'il avait été foudroyé, déraciné, équarri, par la Grande Tempête qui a tué neuf centenaires pins du jardin en l'an 2000, et les cèdres de Montaigne, je l'aurai cruellement reconnu, mais je m'arrête. Le chêne continu.
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Je vais te dire une chose : tu es toujours à me rappeler qu'on meurt à la fin mais ça a toujours été comme ça. On est fait pour disparaître. C'est quelque chose qu'on ne peut évidemment pas concevoir. C'est ça la vie. C'est embêtant d'être vieux. Il y a toujours quelqu'un pour te rappeler qu'il n'y a ps de perspective. Tu me vois avec une barbe de six longs cheveux gris fer au menton.
Je ne la retiens pas. Je fais comme si j'étais riche. je me vois dépenser tout le temps. Je ne ralentis pas. Je monte dans mon nid de papier. Je regarde par-dessus la tête du monde. Au fond, après le monde la forêt s'ouvre et le vide commence.
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Maintenant que j'ai fini M. Pons elle rit elle repousse la coupe de chocolats, il faut que je lise le Colonel Commetudis.
- Un imbécile lui aussi dis-je.
- Le pauvre dit ma mère. Malheureusement c'est ça ta littérature. Des malheureux qui se rendent comptent "un peu trop tard"
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Videos de Hélène Cixous (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Cixous
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde : - M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2654738/helene-cixous-mdeilmm-parole-de-taupe
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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