I am a Hero, Tome 2

Nous quittions Hideo sur un planche horrible, effrayante, dérangeante (tout adjectif du même acabit que vous voudrez) et nous entamons ce deuxième tome avec encore une énorme claque en pleine poire - y'a pas d'autre mot - : la suite directe et sans ambages de cette irruption du fantastique, du gore, de glauque dans le réel.
Les zombies sont de sortie.
Et pour le coup, on est très très loin de l'humanoïde décérébré et amorphe de Walking Dead. Ici, les "zombies" ont un aspect hautement dérangeant et malsain. le mangaka a réussi - encore une fois - à me dégoûter d'une main tout en me retenant fermement de l'autre, et pour ça : chapeau. Mais outre le dessin (je répète : âmes sensibles préparez-vous à être scotchées) la nature de ces zombies est non orthodoxe puisqu'ils gardent des bribes de leur vie d'antan, et semble-t-il de leurs plus grandes passions ou vices, donnant ainsi un côté plus humain mais surtout assez comique à ces situations qui auraient pu vous faire rendre votre petit déjeuner : un monstre difforme saute à la gorge de notre héros ? S'il baragouine "le... lo...yer" vous reconnaîtrez son bailleur (je vous laisse découvrir les autres du même genre ^^).
Mais I am a hero n'est pas juste une histoire de zombies, c'est avant tout celle de cet anti héros, de cet assistant mangaka asocial et mou qui va faire partie des "survivants" et va devoir apprendre à faire face à la réalité (après une courte phase de déni) et qui nous fait passer ses réflexions sur le monde très codifié des créateurs de manga.

Bref, si vous avez apprécié le premier tome sa suite est indispensable ; si vous n'avez pas commencé cette série jetez-y un oeil pour voir ce qui se fait en matière de tension, d'horreur et de cynisme.

PS : je ne comprends pas comment on peut laisser l'éditeur imprimer cette jaquette - somme toute réussie - avec cette faute d'orthographe énorme en lettres de sang encore plus énormes. Sérieusement, l'impératif du verbe être à p3sg c'est "sois" pas "soit". Alors SOIT je n'ai rien compris, SOIT la phrase d'injonction devrait être "soiS malheureux"...

La confrontation avec les zombies commence. Et elle commence par la petite amie.
Mais comme dans tous les films et le livres traitant des zombies, aucun des protagonistes n'a jamais entendu parler de zombies avant ! Donc personne ne comprend ce qui se passe et ne réalise la gravité de la situation.
Dans "I am a Hero", les zombies ne sont pas des légumes errants sans but. Ils sont au comme obnubilés ou bloqués sur leur principale ou dernière motivation. Cela va de l'amour le plus dévorant à la poursuite des locataires. Un large spectre qui peut être intéressant. Pas d'ambiance à la Walking Dead pour l'instant. Personne ne prend son fusil pour faire main basse sur une zone. Même Hideo a toujours peur de perdre son port d'armes s'il utilise le sien.

La société ne part pas en chaos. Hideo paye son taxi même si le conducteur est un peu spécial. On composte son ticket en sortant de la gare infestée ... Étonnant non ?

Le moins que l'on puisse dire c'est que ce second tome m'a davantage séduite que le premier qui m'avait laissée... perplexe ! J'en étais en effet sortie sans vraiment savoir si j'avais apprécié ou non ce manga zombifique qui me laissait dubitative à bien des égards.
Je me suis pourtant laissée tenter par le second tome et suis désormais curieuse de connaitre la suite. Pourquoi ce revirement ? Et bien parce qu'il faut tout de même un certain temps pour s'habituer à cet univers et à son héros à la psychologie déroutante, au sein duquel l'invasion zombie est amenée si subtilement qu'elle en passe presque inaperçue. Mais quand, passée la surprise, l'immersion commence, le plaisir vient de même. On peut alors apprécier pleinement les personnalités subtiles des personnages, l'humour décalé et l'éclat horrifique de nombreuses scènes qui expriment à merveille la dégénérescence des corps.
On découvre une invasion qui prend de l'ampleur : les zombies qui n'étaient qu'ébauchés dans le 1er tome sont cette fois bien présents. Et dans un paysage culturel inondé ces dernières années par des représentations diverses et variées du mythe du zombie, Kengo Hanazawa parvient à trouver le juste équilibre entre éléments récurrents chez nos morts-vivants contemporains (contamination par morsure, « cerveauuu », etc) et traits de caractère originaux (ciel, les zombies parlent !), le tout dégageant un résultat assez plaisant.
Aller, c'est parti pour le tome 3 !

I am a Hero me semble toujours aussi étrange après la lecture de ce deuxième tome.

Hideo est coincé par Tekko transformée en zombie.
Malgré son état plus qu'alertant, il lui parle et agit comme si elle avait attrapé une vilaine grippe rendant la scène plus que surréaliste.
Je dois reconnaître qu'encore une fois cette série m'a déconcertée.
Mais il faut reconnaître qu'il est plus facile pour nous, lecteur, d'accepter l'inimaginable que pour Hideo.
Après tout, ne réagirions-nous pas ainsi face à l'être aimé et n'aurions-nous pas un temps d'incompréhension face au climat d'horreur qui se met en place ?

Finalement, n'est-ce pas de voir un homme réagissant à la minute et fracassant la tête d'un zombie sans broncher qui est irréaliste ?

On est dans la lignée du premier tome, avec une action à deux vitesses. le début du tome reprend cette ambiance stagnante alors même qu'elle devrait être dynamique. Cette contradiction fait pourtant le charme de cette longue scène car elle correspond au héros, à son caractère.
C'est un homme effacé, qui n'aime pas les conflits, et aussi il doute de ce qu'il voit. Il réfute une réalité évidente car c'est trop irréel.
L'intrigue alterne entre des scènes actives et d'autres calmes, posées qui portent sur des réflexions sur l'industrie du manga. Ca détonne grandement avec ce qui est en train de se passer, mais ça ne choque pas. Encore une fois à cause de cet anti-héros bien plus qu'atypique.
La fin fait pressentir une suite plus dynamique, avec un Hideo qui semble enfin décider de prendre son destin en main! On sent une évolution en devenir, qui me donne vraiment envie de lire la suite.