Les mondes de Matias, de Daniel, de Fatma et de Cerveau ont bien besoin d'être sauvés.
Les destins de ces deux hommes et ces deux femmes, qui ne se connaissent pas, qui ont vécu ou vivent des choses terribles, ou qui ne vivent pas vraiment, vont s'entrecroiser par la volonté du hasard, à moins que le hasard n'ait rien à voir là-dedans.
Quant aux instructions pour les sauver, ces mondes, elles sont tout sauf explicites, et chacun se débat comme il peut avec son passé, son énergie (ou son absence), ses addictions, ses idées fixes.
Matias, chauffeur de taxi, ne se remet pas de la mort de la femme de sa vie, emportée par un cancer. Daniel se perd dans les dédales de Second Life, un jeu virtuel qu'il trouve plus excitant que sa vie, vraie et misérable. Fatma, sublime prostituée africaine, est coincée dans un lupanar de luxe, et Cerveau, vieille scientifique alcoolique, noie on-ne-sait-quoi dans les bouteilles de rouge qu'elle écluse nuit après nuit.
Dit comme cela, ce livre ne semble pas très réjouissant, et pourtant. Pourtant il y a toujours chez
Rosa Montero quelque chose qui illumine les histoires les plus moches et les plus atroces, comme s'il y avait toujours un brin d'espoir auquel s'accrocher, une étincelle au bout d'un tunnel, qu'on s'obstine à ne pas quitter des yeux alors que tout nous pousse à les fermer et à renoncer.
J'ai du mal à expliquer pourquoi l'écriture de
Rosa Montero me touche, m'émeut autant. Peut-être parce qu'elle est réconfortante malgré toute la douleur et les difficultés qu'affrontent ses personnages. Peut-être parce qu'elle est bourrée d'humanité et de générosité, d'une sincérité (que les mauvaises langues qualifieraient de naïveté) qui (me) va droit au coeur. Je ne sais pas si ce roman sauvera le monde, mais il réchauffe l'âme, c'est déjà beaucoup.
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