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EAN : 9782081276932
240 pages
Flammarion (04/01/2012)
3.33/5   3 notes
Résumé :
A quelques mois de l'élection présidentielle, Frédéric Martel,
producteur à France Culture et fin observateur de la vie culturelle, tire le bilan de cinq années de « sarkozysme culturel ». En quoi consiste ce sarkozysme-là ? En une idéologie ? une attitude ? Est-ce un concept de fond ou une posture purement opportuniste ? La conviction de l'auteur, c'est qu'il s'agit bel et bien d'un système, et qu'il englobe les médias, la communication, le numérique, l'écol... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Frédéric Martel, journaliste de Radio-France, est un bon connaisseur des médias et des politiques culturelles contemporaines. Il nous livre ici un pamphlet contre la politique culturelle de Nicolas Sarkozy. Ou plutôt un pamphlet contre les postures culturelles du président de la République.
Car, s'il y a bien un domaine où Nicolas Sarkozy n'a aucune politique, c'est bien celui de la culture. Au fil de ces presque 5 ans de mandat, il aura détricoté ce qui restait de politique culturelle et, cela va de pair, et réussi à instrumentaliser la culture.
Pour Sarkozy, la culture est d'abord une affaire d'image au service de ses intérêts. le premier sarkozisme culturel, comme l'appelle Frédéric Martel, est marqué du sceau - du sot ? - de la culture populaire dans ce qu'elle a de plus plouc et industriel : seront mis sur le devant de la scène les Johnny Halliday, Christian Clavier mais aussi les films cultes comme Rambo. D'où cette interrogation de Martel : Sarkozy n'a-t-il pas cherché à paraître plus inculte qu'il n'est afin de bien souligner la rupture avec le quinquennat précédent ? Possible, mais probable aussi que là soit bien la vérité de ce président bourré de tics...
Le second sarkozysme culturel est un retour vers les intellectuels, c'est donc un peu plus classique. Mais là encore, Sarkozy de moque bien de tous ces penseurs : il s'agit avant tout qu'ils arrêtent de dire du mal de sa personne et de sa politique. Sarkozy emprunte alors le concept de civilisation à Edgar Morin, reçoit toutes les semaines un aéropages d'intellectuels, se convertit à l'art contemporain. Savoureuse relation d'un de ces déjeuners où l'on voit le président exhiber sa montre de luxe à tous les commensaux...
Au total, la culture de Sarkozy est une culture "middlebrow" comme le dit Frédéric Martel : une espèce de culture populaire non assumée, mais qui se concentre sur des formes accessibles d'art. Une pointe d'élitisme mâtine le tout...
Ce qui rend ce pamphlet intéressant, outre sa construction sur le mode des "J'aime/je n'aime pas" de Facebook, c'est l'affirmation que la culture est instrumentalisée afin d'assurer la ré-élection de Nicolas Sarkozy. Car si Sarkozy est particulièrement inculte - les humanités ne font pas partie de son univers - il n'en reste pas moins qu'il adopte une position gramsciste : la bataille politique est d'abord une bataille des idées et une guerre culturelle. Afin de triompher, il convient de tout mettre en oeuvre pour la gagner.
C'est pourquoi Nicolas Sarkozy a soin de cultiver ses amitiés dans la sphère des médias - télévision, internet, journaux papier etc... et des instituts de sondage. Tout est donc prêt pour la production d'un déluge d'images et de contenus politiques censés emporter tous ses adversaires. C'est la thèse de Frédéric Martel. Vive la politique à l'heure de l'advertainment !
Face à cela, il y a bien longtemps qu'il n'y a plus de ministre de la culture : Albanel réduite à rien avec la création d'un ministère bis dirigé par Martin Karmitz, puis "Mitterand le petit" dont l'ego démesuré sert de fumée envoûtante.
Hilarant est le chapitre consacré à "Sarkozy et l'école" où l'on voit un député taquin demander, en 2010, de manière tout ce qu'il y a de plus officielle, comment le gouvernement compte remédier aux difficultés grammaticales du président...Je vous laisse lire la réponse 9 mois après de Luc Chatel, c'est impayable.
Voici donc un livre qui tombe bien à propos à moins de trois mois de l'élection présidentielle, et dont la thèse centrale se révèle tous les jours plus pertinente. Cela n'augure rien de bon.
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Avec "J'aime pas le sarkozysme culturel", je m'essaye à l'exercice un peu casse-gueule de chroniquer un ouvrage politique alors que je suis néophyte en la matière. Je ne suis pourtant pas dépourvue de conscience politique : j'ai des idées, des principes, j'essaie de me renseigner quotidiennement mais le fait est là, la politique n'est pas quelque chose qui me passionne (encore). Je suis entourée d'amis extrêmement actifs : syndiqués, manifestants, membres de divers mouvements, j'ai donc tout de même la chance de baigner dans une atmosphère propice aux dialogues et débats d'idées. En revanche, et ce n'est d'ailleurs pas toujours facile à vivre, je ne suis pas du tout impliquée dans quelque action que se soit ; je passe donc systématiquement pour l'effacée, la sans-opinion, voire même le gentil mouton qui suit le reste du troupeau. Postuler à Masse Critique de Babelio pour ce titre, c'était à la fois un défi pour moi-même (toujours dans l'objectif de varier un maximum mes genres de lectures) et une sorte de preuve : non, ce n'est pas parce que je ne manifeste pas que je suis complètement passive et détachée. Je ne vous cache pas que j'avais tout de même quelques appréhensions relatives à la rédaction d'un avis sur un sujet que je maîtrise assez mal.

Le sarkozysme culturel est néanmoins un concept qui me touche directement, au regard de mes études et de mes perspectives d'avenir. Cette maigre légitimité acquise, je me suis plongée dans la lecture en tentant de ne pas me dire "mais bordel zut, comment je vais bien pouvoir chroniquer ce truc ?!" à toutes les pages. J'ai même eu la peur de la peur, celle qui nous fait craindre de passer à côté du plaisir de la lecture parce que l'on est trop focalisé sur autre chose. Et bien figurez-vous que toutes ces inquiétudes se sont envolées bien vite. J'aime pas le sarkozysme culturel se révèle être un essai très clair et simple, qui ne nécessite pas de connaissances poussées du paysage politique. Bien documenté, sa forme est originale et l'écriture très agréable. On pourrait même dire que Frédéric Martel signe un exercice de style : en se basant sur le principe des "like" et "unlike" de Facebook, il rédige de courts paragraphes qui expliquent, soulignent et décortiquent le système culturel du gouvernement de Sarkozy, organisés en chapitres thématiques plutôt que chronologiques.

Frédéric Martel mène une étude poussée des deux grandes phases de ce qu'il appelle le sarkozysme culturel. La première est placée sous le signe de la "beaufitude" : le président séduit par sa décontraction, sa proximité avec les gens ordinaires ; il adore Rambo, est fan de Bigard et connaît par coeur les paroles des chansons de Johnny Hallyday. La seconde phase est marquée par un retour aux classiques, à l'intellectuel. Poussé par sa nouvelle épouse, Sarkozy engrange de la culture, se gave de rencontres d'artistes, d'écrivains, de penseurs. le fil rouge de ces deux attitudes qui semblent complètement opposées est bien entendu l'occupation visuelle permanente et la stratégie progressive d'envahissement des médias. C'est d'ailleurs la trame de fond de l'essai de Frédéric Martel qui, au delà de simples billets d'humeurs, s'attache à nous démontrer comment le président, en plaçant des personnalités clés à la tête des grands groupes multimédias (radios, chaînes de télé, presse...) est en position de gagner les prochaines élections grâce à une guerre de l'image totalement maîtrisée. Sous l'apparente inculture de Nicolas Sarkozy, faite de bric et de broc, mettant au même plan Houellbecq et Zola, Bach et Polnareff, se cache en réalité une mécanique parfaitement rodée. le président s'impose en fin stratège en faisant de l'instrumentalisation de la culture sa principale tactique pour rester au pouvoir.

Au final, j'ai beaucoup aimé cette lecture. J'ai apprécié la variété des sujets abordés et la finesse des analyses. Moi qui m'attendait à quelque chose de très (trop) sérieux, j'ai été surprise par l'humour de Frédéric Martel, qui a décidément le chic pour mettre en évidence les travers du gouvernement avec une prose grinçante à souhait. Outre le fait que je partage globalement les mêmes idées et que je sois du même "bord" que l'auteur, c'est la façon dont cet essai est conçu et écrit qui a achevé de me convaincre. J'ai beaucoup appris, beaucoup réfléchi, pas mal rigolé (même jaune), beaucoup cité à haute voix (Choupi, toutes mes excuses pour t'avoir interrompu dans tes lectures toutes les deux minutes). J'aime pas le sarkozysme culturel est un ouvrage qui, à trois mois des élections, apporte un regard particulièrement intéressant sur les rouages de la politique (culturelle... ou pas!) du président actuel.
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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J'aime pas le sarkozysme culturel
Frédéric Martel, Flammarion, 2012 – 14,00 €

Frédéric Martel est l'auteur de deux formidables essais sur la culture : de la culture en Amérique, 2006 et Mainstream. Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias, 2010.
En prévision de l'élection présidentielle française de ce printemps 2012, il nous livre ses réflexions, issues d'un travail d'enquête auprès des principaux intéressés (liste des personnages principaux en début d'ouvrage et sources en fin). Son point de vue est que Nicolas Sarkozy peut à nouveau gagner l'élection présidentielle grâce à sa politique culturelle, ou plutôt grâce à un système, le sarkozysme culturel.

En décrivant ce système de l'intérieur, en analysant les points de vue des proches de Nicolas Sarkozy (Emmanuelle Mignon, Catherine Pégard, Alain Minc, Éric Garandeau, Olivier Henrard, Franck Louvrier, Camille Pascal…), de ses deux ministres de la culture, Christine Albanel et Frédéric Mitterrand, et d'autres membres de ses gouvernements, ou des précédents, Martin Hirsch, Alain Juppé, Xavier Darcos, Valérie Pécresse, Jean-Jacques Aillagon et Renaud Donnedieu de Vabres (deux anciens ministres de la culture), Frédéric Martel brosse le portrait d'un homme qui utilise la culture comme une stratégie politique, une machine à gagner les élections. Il pense ainsi que c'est sur ce terrain que doit être attaquée la campagne présidentielle, car c'est sur celui-ci qu'il compte gagner.
Il développe le principe selon lequel la culture du président serait « middlebrow », c'est-à-dire une sorte de juste milieu, un entre deux eaux, entre la « low culture » ou la culture populaire et la « high culture » ou « culture cultivée ».
«Du sarkozysme culturel première manière, populiste et plouc, il est passé à l'élitisme sophistiqué et à l'accumulation bourgeoise des grandes oeuvres : le président « cultivé ». »

Le rôle de Carla Bruni, son épouse, dans cette transformation semble être capital. Ainsi, il semble difficile de suivre le raisonnement selon lequel le système serait réfléchi et non opportuniste.
L'ouvrage se lit très facilement. C'est une chronique du sarkozysme culturel, revenant sur les étapes d'une politique culturelle et d'une transformation personnelle, donnant les bases d'une évolution d'un candidat qui se présidentialise. Mais il manque une analyse plus profonde, plus sociologique sur ce qui est avancé et décrit. Nous avons affaire plus à un travail de journaliste que de chercheur en sociologie. Néanmoins, l'ouvrage est fort utile en cette période pré-électorale et surtout le livre ne se clôt pas : des chroniques quotidiennes sur Twitter et sur le blog éponyme en assurent le développement. C'est cette continuité qui en fait tout l'intérêt : une vigilance quotidienne et des moyens de décrypter la politique sarkozyenne.
Lien : http://legenepietlargousier...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
J'aime beaucoup la formule du grand critique d'art américain, Harolds Rosenberg, qui aimait dire qu'un homme politique est "un intellectuel qui ne pense pas". C'est une assez bonne définition, finalement, de Nicolas Sarkozy et du sarkozysme intellectuel.
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Je déteste fdesouche, le site qui déculpabilise la droite extrême. Sur sa homepage : un camembert, un village, une statue de Vercingétorix, Brigitte Bardot, une plaque d'immatriculation "F" pour France, un arbre généalogique pour dire l'enracinement, la francophonie, une vache, une bouteille de vin et une pièce de un franc. On dirait le journal de Jean-Pierre Pernaut !
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