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EAN : 9782266166539
448 pages
Pocket (01/03/2007)
  Existe en édition audio
3.83/5   1280 notes
Résumé :
Il est peut-être né le jour de la mort de Jeanne d'Arc. On a pendu son père et supplicié sa mère. Il a appris le grec et le latin à l'université de Paris. Il a joui, menti, volé dès son plus jeune âge. Il a fréquenté les miséreux et les nantis, les étudiants, les curés, les protituées, les assassins, les poètes et les rois.
Aucun sentiment humain ne lui était étranger. Des plus sublimes aux plus atroces, il a commis tous les actes qu'un homme peut commettre. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (162) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1280 notes
L'An 1431 est né François de Montcorbier dit Villon, authentique françois qui clame « Je » sous l'érudition de Teulé, Jean de son prénom. Il nous fait crisser là, une plume moyenâgeuse dans le souci constant de nous y mieux transporter, à l'époque, voire de nous y « Ballader », au travers des flots verts d'un poète, maudit soit-il. Tandis que « la ballade des dames du temps jadis » me sonne à l'oreille, susurrée dans un temps plus proche par le moustachu de Sète s'accompagnant à la guitare et chantant avec foi.
Il est recueilli par le Chamoine du cloître de Saint-Benoît-le-Bétourné, Guillaume de Villon dont il portera le nom. Mais serait-ce alors un mauvais présage que cette appellation de Saint-Benoît-le-Bétourné, quand en effet, alors que la tradition exigeait une orientation Est-Ouest, une erreur du maître compagnon architecte-bâtisseur fût de construire le choeur de cette église à l'Ouest, ce qui lui valut d'être appelée « le Bétourné » « mal tourné », ou « détourné ».
Un clin d'oeil du malin présageant du sort de Villon et du tournant de son destin ?
Cru et cruel, mais riche et réaliste, un récit qui nous donne à entendre le poète et l'écrivain, l'un passionnant et l'autre passionné. Je suis fière de compter parmi mes contemporains un auteur qui m'offre sa verve et son talent accommodés au gré du Sujet à différents registres.
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Si je n'avais pas aimé les poésies de François Villon, je n'aurais pas acheter ce livre. Mais là, ce fut un choc, une énorme claque, ce poéte que par mon côté rêveur j'avais mis sur un piédestal en a chu d'un coup.
Mais étant intriguée par le vision de Jean Teulé, j'ai suivi François Villon dans ses ténèbres, dans cette vie de malheurs, de vices et de crimes. Sortir de ce livre fut une bouffée d'air frais.
Par contre, ce livre m'a fait découvrir la bien triste vie des recluses dont j'ignorais tout et grâce à lui j'ai lu du domaine des murmures de Carole Martinez car une lecture en entraîne beaucoup d'autres, même de son auteur mais de façon espacée.
Pour les jeunes lecteurs et les âmes sensibles abstenez-vous mais pour les autres je le recommande fortement, un lecteur averti en vaut deux.
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Bon, je ne suis pas très contente. C'est un peu une arnaque, ce livre.
Le titre "je,François Villon" insiste sur le côté autobiographique. C'est Villon qui parle. Mais en réalité, ce qui nous est présenté comme certain ne l'est absolument pas. On ne sait quasiment rien de Villon, ou si peu.
D'abord, un détail, mais le coup des manuscrits volés à Charles d'Orléans, n'importe quoi. Ce n'est avéré nulle part.
Ensuite, les Coquillards...On nous présente Villon comme un véritable psychopathe appartenant à ce gang sanglant constitué de veterans de la guerre de cent ans...Absolument RIEN ne permet de le dire. Ce n'est nulle part, dans aucune condamnation judiciaire de Villon. Donc l'histoire du viol d'Isabelle, du meurtre de la Machecoue etc...qui rendent le personnage épouvantable, ne sont que pures élucubrations.Moi je veux bien qu'on elucubre, mais on ne présente pas ça comme réel...
Ensuite si on sait effectivement que les rapports entre Villon et son tuteur Guillaume de Villon furent excellents "plus doux que mère" "plus que père", si on connait le sort de son père ( sans doute pendu) celui de sa mère reste mystérieux. Or Jean Teulé en fait une enterrée vivante dans une scène d'horreur.
Bref, il semble que l'auteur ait pris plaisir à accentuer au maximum le côté sombre de Villon et à en faire un criminel sanguinaire ...Ce qu'absolument rien de dit dans les données historiques dont on dispose.
Je ne m'y connais pas suffisamment en histoire médiévale pour juger de la valeur de la reconstitution historique, mais si elle est aussi fiable que les données biographiques, ça doit être n'importe quoi.
Enfin le texte est ponctué de citations rimbaldiennes bien cachées dans le texte, semblant apparenter les deux poètes dans leur fuite en avant sanglante...N'importe quoi encore...Comme si Rimbaud avait tué, violé, volé...Le projet de Rimbaud est purement poétique. Je ne connais pas celui de Villon, mais on dirait dans le texte qu'il écrit en marge de sa vie de criminel, ce qui suffit à l'écarter définitivement de Rimbaud. La seule chose qu'ils en en commun est l'exil, l'errance. La quête sans doute de la liberté.
Ce n'est pas Villon que nous montre ici à voir Jean Teulé, c'est un mythe, une histoire que l'on se raconte sur lui. Et qui ne lui plairait sans doute pas, pauvres morts qui ne peuvent plus se défendre :
Frère humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs contre nous endurcis...
De notre mal personne ne s'en rie
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre."
Enfin, au moins, on aura lu les beaux poèmes de maître François...Ce n'est pas complètement du temps perdu ...
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Une biographie de François Villon à la façon de Jeau Teulé , on sait à quoi s'attendre .
Rien ne nous est épargné de ce Paris du XV ième siècle , les vols , la mendicité , l'indigence d'une bonne partie de la population , la justice cruelle de l'époque , où les pendaisons précédées de toutes sortes de torture étaient publiques et constituaient un passe temps apprécié de la foule .
Je ne connaissais pas du tout François Villon sous ce jour et j'ai été étonnée de le voir dépeindre sous ce jour , je n'avais qu'un souvenir de sa belle poésie .
Il ne faut pas prendre Jean Teulé au sérieux deans ce livre , on sent que l'auteur prend plaisir à en faire trop , donc un avis assez mitigé mais une lecture que je ne regrette pas .
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Il existe peu d'historiens capables de nous en apprendre beaucoup sur la vie du premier grand poète que fut François Villon et pour cause... beaucoup de blancs dans les trente-deux années où l'on sait qu'il fut en vie avant de disparaître dans les brumes d'un chemin ; le monde perdant la trace du contemporain de Jeanne d'Arc et de Louis XI... mystérieusement.
De là à faire naître plus d'une légende, il n'y avait qu'un pas que les conteurs, troubadours, poètes, hommes de lettres puis cinéastes et dramaturges franchirent avec plus ou moins de talent et de crédibilité.

Talent et crédibilité sont deux ingrédients dont Jean Teulé fait preuve dans SA biographie d'un Villon romancé façon picaresque où la truculence rabelaisienne se mêle au sordide, à l'horreur, à la monstruosité, à la puanteur, au glauque de manière étonnamment "digeste".

Et pourtant... ma lecture commença par un haut-le-coeur qui faillit me faire abandonner le cours du récit.
"Le corps carbonisé fumait entre les chaînes du poteau fixé sur un haut socle de pierre. Sa jambe droite s'était écroulée , provoquant un curieux déhanchement. le buste penchait en avant. Les volutes ondulantes, s'élevant du crâne, lui faisaient une drôle de chevelure verticale. Un souffle d'air, comme une gifle, lui emporta une joue de cendre, découvrant largement sa mâchoire où les gencives flambaient. Dans la boîte crânienne, le cerveau s'était effondré. On le voyait bouillir par les orbites oculaires d'où il déborda et s'écoula en larmes de pensées blanches. le bourreau lança un coup de pelle latéral dans les hanches. le bassin se démantela entraînant la jambe gauche dans un nuage de poussière et de débris d'os. de la poitrine restée enchaînée au poteau, les côtes flottantes pendaient. le coeur y glissa et tomba encore rouge."

Si vous vouliez savoir comment Teulé voit " la Pucelle " post mortem, vous en avez ici un aperçu édifiant.
D'où le haut-le-coeur évoqué précédemment.
Plus glauque que ça... il y a gore...
Alors exhibitionnisme morbide et voyeurisme malsain... j'ai hésité... et puis j'ai poursuivi ma lecture.

Teulé fait sienne la croyance selon laquelle Villon serait né le jour de la mise au bûcher de Jeanne.
Et comme son François va pis que pendre être le reflet de toutes les monstruosités de son époque... monstruosités sur lesquelles vont éclore les plus belles fleurs de la poésie qui dit la vie... il fallait se familiariser avec l'univers du poète et sa personnalité mi-démon... mi-démon, et des vers dont les roses ont plus à voir avec les épines maudites d'un Baudelaire qu'avec les rimes au pli pourpré d'un Ronsard.

Non content de naître à l"Hôtel-Dieu au moment où Jeanne se fait lécher par les flammes attisées par l'haleine fétide d'un évêque Cauchon, François est dans le même temps orphelin de père ; le pauvre bougre est pendu alors que sa toute jeune et jolie femme met au monde, privée de ses deux oreilles ( une première oreille pour le premier délit... souvent mineur... après le second, c'est l'exécution publique ), leur premier enfant.
Celui-ci aurait pu ne jamais voir le jour, car un autre évêque... Thibaut d'Aussigny, à l'origine de la pendaison de son père, voulait faire subir un sort analogue à sa pauvre mère.
Les fées et les sorcières s'entendirent pour qu'il en fût autrement.
Six années s'écoulent avant que François Montcorbier ne devienne cette fois orphelin de mère ; la vengeance de Thibaut d'Aussigny ayant rattrapé la pauvre jeune femme... qui finit suppliciée.
François est recueilli par le chanoine de Saint-Benoît-le-Bétourné, Guillaume de Villon dont il prendra le nom.
À noter à propos du nom de Bétourné, ces explications ( que tous mentionnent avec application ) :
"Alors que la tradition exigeait une orientation Est-Ouest, une erreur du maître compagnon architecte-bâtisseur fut de construire le choeur de cette église à l'ouest, ce qui lui valut d'être appelée « le bétourné » (pour « mal tourné », ou « détourné »)"
Élevé par le brave chanoine et son fidèle bedeau, Gilles Trassecaille, François étudie à la faculté des arts de Paris pour accéder au statut privilégié de clerc.
Mais Villon traîne des pieds, très vite sèche les cours pour leur préférer les tavernes et les lieux de débauche.
Et à ces études ennuyeuses, il préfère l'écriture : la poésie sous forme essentiellement de ballades.
Très vite il devient la coqueluche de la jeunesse parisienne, des gens de mauvaise vie, des hors-la-loi, des prostituées.
Dans ce Paris de 200 000 habitants où la mort est perpétuellement en maraude, où elle fauche indistinctement les pestiférés ( l'épidémie bat son plein ), les nouveau-nés, les jeunes femmes en couches, les condamnés ( ils se bousculent vers l'échafaud, les fosses où on les enterrent vivants ), les enfants aux ventres pleins de rien, les occis qu'on jette à la Seine, les quelques ceux qui parviennent à "vieillir", Villon se fait un peu le roi d'une cour des miracles où les arts... la poésie en premier, occupent une place de choix.
C'est un aperçu vite résumé du Villon concocté par Teulé... le "pire" reste à venir ( sourire ).

Il y a dans cette biographie des passages ( nombreux ) qui restent longtemps gravés dans la mémoire ( j'ai lu ce bouquin il y a presque deux mois... ).
Robin le rouquin, confectionneur avec son frère de "terrines" faites maison. le vol des enseignes. Pierret et la grosse Margot.

Ballade de la grosse Margot

"Si j'aime et sers la belle de bon coeur,
M'en devez-vous tenir pour vil et sot ?
Elle a en elle les qualités qu'on peut souhaiter :
Pour son amour, je prends dague et bouclier.
Quand les gens viennent, je cours et happe un pot.
Au vin, je m'en vais sans faire grand bruit.
Je leur tends eau, fromage, pain et fruit.
S'ils paient bien, je leur dis: "ça va.
Revenez ici quand vous serez en rut,
Dans ce bordel où nous tenons notre cour."

La borne. Isabelle de Bruyère. La Coquille. La Machecoue. La loge de la recluse.

"Mort, j'appelle de ta rigueur,
Qui m'a ma maîtresse ravie
Et n'est pas encore assouvie
Si tu ne me tiens qu'en langueur.."

La mort de Sermoise. le Collège de Navarre. L'écorcherie des Coquillards entre Strasbourg et Bâle. Meung-surLoire, la vengeance de Thibaut d'aussigny... la rencontre ( rêvée ? ) avec Louis XI.

-"Charles d'Orléans qui m'accompagne dit que tu es le premier rossignol de France, que tu innoves dans les idées et la forme, qu'avec toi, on n'en est plus au Roman de la rose, que ta poésie commence là où finit la féodalité.
Villon, je sais que tu mêles à tes ballades tous les patois : poitevin, limousin, picard, flamand, normand, breton, angevin, lorrain et des quantités de jargons... Nous travaillons en même temps, moi à l'oeuvre d'unité de la nation et toi à l'oeuvre d'unité de notre langue. Je serai haï comme homme et admiré comme ouvrier de l'unité nationale. Toi, tu es méprisé par tes moeurs et admirable comme ouvrier de l'unité de notre langue."

Un bon Teulé.
Une biographie très romancée mais étayée par quelques poutres historiques solides et fiables.
L'auteur réussit à faire de cette biographie un vrai roman d'aventures... un peu à la Till l'Espiègle... mais en beaucoup beaucoup beaucoup plus noir... et cru.
La structure narrative est heureusement structurée.
La plume de l'auteur s'adapte à l'époque et nous offre une richesse lexicale qui m'a régalé, laquelle s'adapte parfaitement au souci de réalisme souhaité.
C'est violent, âpre,fangeux, laid... mais la beauté est fille de cette hideur. Et quelle fille !

Ballade des pendus

Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
En cette ville famineuse, privée par l'occupant de ses richesses et sa joie, où la peste erre sournoisement ; point de viandes aux cuisines, point de bûches aux foyers ; la nuit, le hurlement des loups derrière les remparts... la population misérable aime voir surgir, des doigts des sculpteurs, ces scintillants miracles de neige qui consolent un peu des duretés de l'époque. Même ma mère sans emploi, qui souffre pour moi douleur amère et maintes tristesses car je ne vois de pain qu'aux vitrines des boulangers, a le visage qui s'éclaire.
Les statues de femmes grandeur nature, ciselées dans la neige glacée, sont empruntées à la mythologie, à la culture populaire. J'entends parler d'Archipiades et Thaïs qui serait sa cousine, de la sage Héloïs qui aurait fait je ne sais quoi, de la déesse Écho qui répète tout ce qu'on dit, Biétrix, Aliz... Ce sont des femmes aux poses antiques, des figures légendaires ou historiques. Même Jeanne a son bûcher de glace !
Mais celle qui me plaît le plus, à moi, c'est Flora la belle Romaine à l'entrée du marché aux pourceaux.
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"- Presque tous mes vers roulent sur moi, sur ma vie, mes malheurs, mes vices. je trouve mon inspiration dans les bas lieux, dans les amours de coin de rue !
- Pourquoi ne racontez-vous pas en un quatrain, par exemple, un peu de neige sur une branche ?
- Ce n'est pas le scintillement de la neige sur la branche que je vois l'hiver mais les engelures aux pieds !
- Décrivez la rivière du Maine, la forêt là-bas... insiste René.
- Je ne suis pas champêtre, pas paysagiste du tout ! Mon seul arbre est la potence. je ne fais rien de la nature. pour moi, il n'est de paysage que la ville, le cimetière est ma campagne, mes couchers de soleils sont les rixes dans la rue ! je sors de la poésie bel esprit.
- Vous êtes le mauvais garçon du siècle !
- Je ressemble sans doute à un balai de four à pain mais je fais la sale besogne d'enlever la suie sur les mots d'amour courtois et les pastorales ! Mes ma^tresses ne sortent pas de l'imagination châtrée d'un évêque. mes maîtresses sont la blanche savetière et la gent saulcissière du coin qui veulent bien, vite fait, derrière un tonneau. Alors que m'importe à moi de savoir si Gontier lutine Hélène !"
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Le corps carbonisé fumait encore entre les chaînes du poteau fixé sur un haut socle de pierre. Sa jambe droite s'était écroulée, provoquant un curieux déhanchement. Le buste penchait en avant. Les volutes ondulantes, s'élevant du crâne, lui faisaient une drôle de chevelure verticale. Un souffle d'air, comme une gifle, lui emporta une joue de cendre, découvrant largement sa mâchoire où les gencives flambaient. Dans la boîte crânienne, le cerveau s'était effondré. On le voyait bouillir par les orbites oculaires d'où il déborda et s'écoula en larmes de pensées blanches. Le bourreau lança un petit coup de pelle latéral dans les hanches. Le bassin se démantela entraînant la jambe gauche dans un nuage de poussière et de débris d'os. De la poitrine restée enchaînée au poteau, les côtes flottantes pendaient. Le cœur y glissa et tomba, encore rouge. On versa dessus de la poix et du soufre. Il s'enflamma. Un autre coup dans le sternum et le reste dégringola. Les bras filèrent entre les chaînes...
Deux hommes d'armes de l'escorte anglaise s'approchèrent en cotte de mailles recouverte d'une tunique peinte d'une grande croix écarlate sur la poitrine.
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Elle se retourne encore – je vois passer des flots de chair – me fait la position de la femme sur l’homme : « La sorcière chevauchant son balai ! » hurle-t-elle, engloutissant à plein pichet le nectar d’Argenteuil que Guy vient de lui tendre. Le vin déborde et ruisselle sur ses seins pendants et énormes – plus gros que ma taille – qu’elle balance de gauche à droite et dont elle me gifle les deux joues en braillant des refrains orduriers. Dans les éclaboussures enivrées de ses mamelles mythologiques, elle meugle aussi : « Hardi petit ! », s’anime d’une frénésie. Elle tape des reins et m’écrase par coups violents à m’en faire éclater les os. Les planches du réduit tressautent. Des filets de poussière s’en élèvent. Elle bat du cul tandis que dehors, ses enfants jouent du tambour et de la flûte. Ah, mais quelle femme ! Je nais aussi de ce carnage-là, barbouillé de lie dans le délire enflammé des torches. C’est une révélation. Je veux cette vie-là jusqu’à la corde. Ah, je me plais dans cette ordure. Ah, nom de Dieu !
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"Margot, ne te fais pas escalader par les deux, hein ! Ils ont payé pour un seul. Et moi, si pour de l'argent je comprends, pour le plaisir, alors là... Je pourrais encore te froisser les molaires à coups de pelle et même te tuer si tu me trompais un jour"
"Allons, Pierret, tu sais bien que c'est toi que j'aime", roucoule la grosse Margot en repoussant, de son vaste cul, la porte derrière son mari qui bascule et s'exclame derrière l'huis : "Et qu'il ne t'arrose pas le jardin ! Treize enfants, dont sans doute aucun de moi, ça va peut-être aller comme ça ! Heureusement que la justice nous en pend un de temps en temps "
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