Jérôme K. Jérôme Bloche, tome 24 : L'Ermite

Apparu dans les pages de Spirou en 1982, le détective Jérôme K. Jérôme Bloche est la création d'Alain Dodier. Cette vingt-quatrième aventure nous le présente, une fois de plus, comme un improbable croisement entre Humphrey Bogart (son modèle, en quelque sorte) et Pierre Richard. Ce qui nous donne un album très amusant, et passionnant, une fois de plus.
Sollicité par un notaire pour porter une lettre à un homme vivant loin de tout et de tous, Jérôme et Babette, sa petite amie, se retrouvent face à un vieil homme au passé trouble. L'ermite, du titre. Les mots de la missive vont faire mal, très mal…
Ce qui fait l'intérêt de cette série est sa diversité de narration. Chaque album exploite un procédé de structure d'écriture. Ainsi la fameuse règle des trois unités (action, lieu et temps) est ici mise à mal par le recours à une série de retours en arrière qui, en venant perturbé la continuité narrative, éclaire les événements vécus par Jérôme et Babette. Ainsi le lecteur en sait plus que les héros de papier, ce qui crée une sorte de tension, un suspens. Que va-t-il se passer ? Comment cette histoire va-t-elle se terminer ? La vérité explosera-t-elle ?
L'humour est présent à plusieurs moments forts, désamorçant, en quelque sorte, l'aspect stressant de certaines situations. Bien entendu, les dernières pages confirment ce que nous savons déjà de Jérôme : il est une belle personne, qui ne porte aucun jugement moral sur les gens, qui prend les aléas de la vie comme ils viennent. Les pieds sur terre, il sait se taire quand il le faut, il sait écouter également.
Le dessin de Dodier est au service de ce type d'histoire, rond, enjoué, plaisant ; il s'est fait plus acéré depuis quelques albums, me semble-t-il. Il faut également applaudir la mise en couleurs de Cerise qui participe clairement à la cohésion de l'ensemble. Tous les flashbacks baignent dans une palette chromatique sourde, ce qui les caractérisent directement et permet au lecteur de (re)construire le passé.
Bref, cette série ne déçoit pas car elle parvient à jouer avec les éléments codifiés d'un genre (le polar) et à en faire autre chose, de différent, d'original.

Un Jérome des plus classiques. On retrouve les ingrédients habituels : une enquête comportant une part de drame rondement menée, du rythme, des personnages principaux (Jérome et sa compagne Babeth) bien typés et sympathiques. le tout assaisonné d'humour...
La thématique qui sert de fond ici n'est pas non plus neuve : le désir de rédemption d'un personnage accablé par une lourde faute.
Pour résumer, Jérome K est chargé par un notaire de livrer une lettre posthume à un homme vivant dans un village qui n'existe plus administrativement, suite à la construction d'un barrage. Il existe bien sûr un lien entre la lettre et ce village : un tragique événement s'y est déroulé trente ans auparavant.

Rien de bien original donc, mais j'ai lu ce tome avec plaisir. Et le plus important dans la lecture d'un livre n'est-il pas le plaisir qu'on en retire ?

Le récit est assez différent des précédents tomes. On ne vient pas faire appel à lui pour une histoire de disparition, de mort, de vol... Non, il doit remettre une lettre à un habitant vivant seul dans un village disparu. C'est avec Babette qui va se rendre sur place et donner la lettre à son destinataire. Je me doutais bien que tout n'allait pas bien se passer. Car Alain Dodier débute sa bd avec des teintes un peu vieillottes pour nous plonger dans un mystère qui a commencé il y a bien longtemps. Il nous donne des petits indices car le lien entre la mission de Jérôme et l'ermite existe bien. Doucement, il nous sera dévoilé. 

J'ai été étonnée que Babette ne soit pas mise plus à son avantage. D'habitude, elle est courageuse et n'a peur de rien. Et là, elle est paniquée dans la chambre dans l'ermite. Heureusement que le détective bravo tout les dangers. Il a pu faire le pourquoi il a été mandaté, résoudre une énigme et rendre sa grand-mère heureuse avec un nouveau compagnon. Un épisode qui se dévore même si la structure de l'histoire est bien différente tomes précédents. Alain Dodier montre que depuis 1985, le scénariste dessinateur sait toujours se renouvelé avec son héros qui ne prend pas d'âge. 
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J'avoue, je suis fan de l'homme au solex. Et pas uniquement à cause du solex.

Il a un petit quelque chose qui me plaît dans son approche aux autres. Quels que soient ses albums, il est à l'écoute de l'autre, des autres. Il respecte ceux qu'il rencontre et il essaie de les comprendre avant de leur « rentrer dedans ».
Il a des côtés amusants comme sa peur de l'avion, ses étourderies récurrentes, ses gaffes gentilles. Mais sous son chapeau malgré son air « Jean de la Lune », il y a un cerveau, un vrai.

Alors il essaie d'observer, de déduire, de relier les différents éléments, pour faire avancer les choses.
Cette fois-ci, il doit porter une lettre à un vieil homme qui n'a pas voulu vivre ailleurs que dans les ruines d'un village qui n'existe plus. Un repris de justice qui ne l'accueille pas avec le sourire et avec aucune bonhomie.
Des sujets sérieux : l'erreur judiciaire, les drames familiaux, les hasards de l'amour (qui n'en sont pas toujours) seront abordés dans cette bande dessinée mais il y aura toujours, à bon escient, un clin d'oeil qui aidera à dédramatiser l'ambiance.

De plus, comme les autres fois, les dessins sobres, mais précis, aux tracés simples, aux ombres qui ont de l'importance et habillent le contenu de la vignette, les dessins, disais-je, nous entraînent dans une intrigue qui a tout d'un bon polar.

À consommer sans modération !

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Quelle histoire dramatique ! Même si j'avais deviné depuis le début qui était le responsable de l'accident de voiture de l'ingénieur, je me suis laissée emporter par l'intrigue. Notre détective préféré et sa compagne y sont pour quelque chose car ils apportent de la fraîcheur et une petite touche d'humour qui dédramatise et rend l'histoire plus légère.