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EAN : 9782226159670
270 pages
Albin Michel (01/03/2005)
4.06/5   172 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
Un monstre ou une malheureuse ? Dans le box des accusés, une femme solitaire, très belle encore mais usée par la prison préventive, répond du meurtre d'un garçon de vingt ans. L'instruction a établi qu'elle lui versait régulièrement des sommes importantes, elle convient elle-même qu'elle l'a tué pour ne pas céder à une menace de chantage concernant le comte Mont!, son amant en titre. Le procès est public, très animé, très mondain : qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
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Sublime.
C'est le premier mot qui me vient à l'esprit une fois la dernière page tournée.

Un roman moderne, ultra féminin, extraordinairement sensuel, jusqu'à l'érotisme.

Une narration maîtrisée à la perfection, une plume lumineuse, un rythme accrocheur, une figure de femme hors du commun.

C'est un peu comme lire le pendant féminin du "Portrait de Dorian Gray" bien que Gladys, cette femme exceptionnellement belle qui ne vit que par et pour sa beauté solaire, me semble plus crédible et plus poignante que le dandy du génial Oscar Wilde. Peut-être parce que je suis une femme ?

Oui, Irène Némirovsky aurait pu titrer son roman "Le Miroir de Gladys Eysenach" tant il illustre bien l'obsession narcissique de son héroïne, une femme aveuglée par son succès et poussée au crime par sa vanité. Beaucoup d'émotion passe du texte au lecteur, fasciné lui aussi par le magnétisme de Gladys, d'abord prêt à toutes les compassions au spectacle de tant de grâce et de charme, puis de moins en moins complice de sa folie.

J'ai vraiment adoré ce roman, je l'ai lu d'une traite, avec beaucoup de mal à arrêter ma lecture pour vaquer aux mille préoccupations du quotidien. Quel film un réalisateur de talent pourrait-il tirer de cette oeuvre !

Un coup de cœur.
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La vieillesse est un naufrage disait un certain De Gaulle. Elle l'est d'autant plus pour une magnifique femme, qui plus est obsédée par sa beauté et sa jeunesse. Comment accepter ce naufrage, comment accepter de se faner ?

Cela est difficile voire impossible pour Gladys Eisenach, se consumer oui, flétrir jamais. Voilà le thème central de ce beau livre qui s'ouvre sur le procès animé et mondain de Gladys qui est jugée en effet pour avoir tué son amant. Nous sommes en 1934. L'affaire semble somme toute assez banale de prime abord : la très riche et belle Gladys a régulièrement des amants et ce Bernard Martin, fils sans le sou d'un maitre d'hôtel, âgé de vingt ans, le dernier amant en date, a été tué pour ne pas céder à une menace de chantage concernant le comte Monti, son amant en titre. Simple vaudeville futile et bourgeois me direz-vous jugé en un procès médiatisé pour cette femme trop belle, trop riche, trop libre. En fait c'est plus subtil que ça, il est question d'une tragédie, la tragédie de la quarantaine pour une femme encore belle, adulée, passionnée, amoureuse de son image, habituée aux regards flatteurs, mais qui n'est plus très jeune et qui pressent le naufrage. le drame sans solution des « deux fois vingt ».

La structure du livre me fait l'effet d'une image prise avec un appareil photo…d'abord flou et incertaine, puis peu à peu le focus se fait, à différents endroits dans un premier temps, pour enfin révéler l'image dans sa terrible netteté. Les chapitres qui suivent le procès mettent en effet en lumière les différents visages de Gladys, en dévoilant des pans de sa vie depuis sa tendre jeunesse à la femme d'aujourd'hui, flash-back superbement mené permettant de découvrir une Gladys tour à tour enfantine, tendre, obsédée, consciente du pouvoir que lui procure sa beauté, séductrice, cruelle… ambiguïté et richesse des points de vue, Cette femme, dont le portrait précis s'ajuste peu à peu, se révèle être démoniaque en séductrice maladive… « Pourquoi vous et vos pareilles craignez-vous tant que l'on sache votre âge ?...Si vous aviez commis un crime, vous en auriez moins honte. ». Un extrait qui résume bien l'essence du livre. Irène Némirovsky aborde ce thème éternel avec une grande finesse, une certaine délicatesse et en déployant avec subtilité les facettes qui le composent : la réalité derrière les apparences, la puissance des non-dits, les ambivalences affectives, les contradictions de l'âme, les angoisses de la décrépitude.

Notons le choix de ce titre par l'auteure : Jézabel est une figure biblique qui a détourné son époux de Dieu pour le culte de Baal. Dans la bible, pour apaiser cette idole monstrueuse il fallait pratiquer une sexualité débridée et sacrifier son enfant premier-né. Et Gladys en effet veut attirer toutes les adorations et pour cela elle est prête à sacrifier son enfant et à détourner le temps.

Un portrait de femme certes fascinant mais que j'ai trouvé trop marqué, trop péremptoire, manquant parfois de nuance et qui m'a par moment agacée, que je voulais secouer, sans doute parce que je trouve personnellement que le plus grand courage dans la vie est précisément d'accepter ce naufrage, de savoir en sortir grandie et pleine de sagesse. Peut-être, sans doute, ce portrait m'a-t-il mis sous les yeux ce dont je redoute le plus : ne pas s'accepter et en faire payer le prix à ses proches jusqu'à les sacrifier. Une folie qui me fait frémir.

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MAGISTRAL !! Coup de coeur et coup de poing en même temps cela faisait longtemps que je n'avais pas jubilé ainsi à la lecture d'un roman . Comment vous parlez de Gladys Eysenach? Comment vous expliquer la fascination que ressentaient hommes et femmes devant cette femme, cette beauté intemporelle? le roman s'ouvre sur son procès aux assises. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1934 elle a tiré à bout portant sur Bernard Martin ,20 ans, étudiant en lettres. La mort a été immédiate . Gladys Eysenach a reconnu l'avoir tué mais est resté muette sur le pourquoi. Peur du scandale, peur de perdre son amant le Comte Aldo Monti? ....
Irène Némirovsky nous dresse de main de maître le portrait d'une femme belle, riche, habituée aux regards flatteurs , amoureuse de son image , effrayée à l'idée de vieillir , de se retrouver seule , jusqu'où sera t'elle capable d'aller pour rester jeune, aimer et surtout être aimée ? Une écriture d'une fluidité, d'une modernité époustouflante qui ne peut que confirmer l'immense talent de cette auteure trop tôt disparue ....
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Tout commence par le procès d'une femme. Elle est belle, mais ses traits sont fatigués. On accuse sans détour et sans ménagement Gladys Eysenach d'avoir assassiné Bernard Martin, son amant âgé de 20 ans. « Parlez-nous du crime, à présent… Allons ? C'est moins difficile à dire qu'à faire, pourtant. » (p. 13) le procès est un long dialogue sans temps mort. le président enchaîne les questions et les appels à la barre. Les témoins chargent ou déchargent l'accusée et la foule se délecte du procès de cette femme trop belle, trop riche, trop libre. Dans son box, Gladys parle peu, elle souhaite plus que tout que le procès s'achève et peu importe si on la condamne. « J'ai tout avoué, tout ce qu'on a voulu !... » (p. 17) Que cache cette femme ? Pourquoi veut-elle tellement échapper aux questions ? « Je mérite la mort et le malheur, mais pourquoi cet étalage de honte ? » (p. 45) Quand le verdict tombe, l'histoire ne fait que commencer.

On revient sur les premières années de Gladys, sa jeunesse dorée et son inépuisable succès auprès des hommes. Gladys se sait fabuleusement belle. « Gladys avait de sa beauté une conscience profonde qui ne la quittait pas. » (p. 69) Et, par-dessous tout, elle aime exercer son pouvoir. « Il lui fallait constamment se prouver à elle-même son empire sur les hommes. » (p. 66) Oui, Gladys est obsédée par sa beauté, mais surtout par la fuite du temps qui risque de marquer ses traits. Elle est tellement angoissée par le temps qui passe qu'elle est prête à tout pour garder sa fille au rang d'enfant. « Pourquoi vous et vos pareilles craignez-vous tant que l'on sache votre âge ? … Si vous aviez commis un crime, vous en auriez moins honte. » (p. 215) Cette phrase est d'une clairvoyance incroyable, elle résume presque le roman à elle seule.

Gladys est une femme égoïste et égocentrique, à tel point que sa vanité est sordide. Par certains côtés, elle est un Dorian Gray au féminin et sa laideur intérieure est à la mesure de sa grande beauté. Pourquoi a-t-elle tué Bernard Martin ? Que craignait-elle de ce jeune homme ? La force de ce roman, c'est qu'Irène Némirovsky construit et déconstruit son personnage. Au terme du procès, elle nous laisse devant une femme qui inspire une profonde compassion. Et celle-ci devient progressivement dégoût.

Jézabel est une figure biblique qui a détourné son époux de Dieu pour le soumettre au culte de Baal. Ici, maladivement séductrice, Gladys veut attirer toutes les adorations et détourner le cours du temps de son destin. Pour cela, elle prête aux plus odieux sacrifices. Je ne peux que vous conseiller ce court roman qui présente un portrait de femme tout à fait fascinant.
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Magnifique roman, injustement méconnu !
Tout est réussi dans cette oeuvre : la structure, d'abord. 1934. On assiste au procès de Gladys, accusée du meurtre de son jeune amant. le lecteur est projeté directement dans l'action, et découvre l'héroïne, son visage étrange, sa prostration, les témoins de sa vie et de son crime. Puis, immense flash back, on remonte à la fin de l'adolescence de Gladys, pour la suivre jusqu'au fameux crime. Et peu à peu, grâce à cette structure, la femme à la voilette se dévoile. On s'interroge sur les dates, on compare, on se demande quand viendra la première guerre mondiale, on se dit, ce n'est pas possible...Il y a quelque chose de fantastique dans cet étirement du temps, un jeu de miroir avec le roman d'Oscar Wild, le Portrait de Dorian Gray. Gladys dévoile aussi peu à peu sa personnalité, d'une ambiguïté démoniaque grâce au jeu des points de vue. Tantôt l'auteure se place en elle, et elle n'est coupable de rien, c'est le monde autour d'elle qui veut l'empêcher de vivre, d'exister. Tantôt les autres personnages se font entendre, et le doux visage de Gladys devient un masque monstrueux d'égoïsme. Mais cet égoïsme qu'on lui reproche n'est-il pas juste ce que les hommes nomment leur liberté ? La condition des femmes, bien sûr, est dénoncée. Gladys n'existe pas ailleurs que dans le regard et le désir des hommes...La vieillissement est donc la mort pour elle...Thème que j'ai récemment vu traité dans le livre de Camille Laurens, "Celle que vous croyez", mais avec autrement moins de génie, et autrement plus de mièvrerie. Gladys veut être désirée, aimée, mais elle-même ne le peut pas. Elle est une création extérieure à elle-même, une coquille vide...Un mystère, un être quasi surnaturel et protéiforme...
A lire absolument.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
- Heureuses ? Que parlez-vous de bonheur ? Vous êtes heureuse, Gladys, dit la vieille femme en soupirant. Mais vous ne le savez pas encore. Vous verrez, à mon âge. En somme, il n’y a qu’une réalité, qu’un bonheur au monde, c’est la jeunesse. Vous avez quel âge ? Trente ans à peine, sans doute ?… Eh bien, il vous reste dix ans de bonheur. Quarante ans, c’est déjà un âge terrible. Après, je dirais que l’on s’habitue, on devient moins exigeant. On goûte de petites joies, soupira-t-elle, en songeant à son amant. Mais à quarante ans, on ne s’est pas vu vieillir. On vit dans l’illusion que l’on en a vingt, que l’on aura vingt ans éternellement et, tout à coup, un choc, n’importe lequel, un mot, un regard dans les yeux d’un homme, un enfant qui veut se marier, ah, c’est horrible…
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- [...] Le juge d’instruction, dans une analyse serrée, habile, la presse de questions, finit par reconstituer son aventure, hélas, banale… Cette femme vieillissante, attirée par la jeunesse de cet enfant, par le piment de l’inconnu, de l’aventure, peut-être même par l’humble condition de l’amant ?… qui sait ?… Elle, qui était lasse sans doute des amours de son rang… Elle lui cède, veut se reprendre, croit avec une arrogance de femme riche, que l’amant a été payé, qu’il se contentera de cette aumône, qu’il s’effacera de sa vie… Mais sa beauté, son prestige paraissent inoubliables au garçon qui n’a jamais connu que des filles de brasserie ou des petites prostituées… Il la poursuit, la menace… Elle prend peur et tue… [...]
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« Le jour où elle eut cinquante ans, où elle eut entendu sonner à ses oreilles à toutes les heures : « Tu as cinquante ans… Toi, Gladys, qui hier encore… Tu as cinquante ans, cinquante ans, et jamais tu ne retrouveras ta jeunesse… », ce jour-là, elle alla pour la première fois dans une maison de rendez-vous, et depuis, chaque fois que la mélancolie devenait trop amère, chaque fois qu’elle était torturée par le doute d’elle-même, elle allait passer une heure là.
Lorsqu’un homme inconnu était plus empressé, plus généreux que de coutume, une sorte de paix divine affluait à son cœur.
« Si on me reconnaît ? songeait-elle. Je suis libre… Et puis, que dira-t-on ? Vicieuse ?… Ah ! vicieuse, folle, criminelle, mais pas vieille, pas incapable d’inspirer l’amour, pas cette abomination, pas cette horreur !… »
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Elle pensait qu’une femme n’est jamais blasée, qu’elle est un petit animal infatigable, qu’un ambitieux peut se lasser des honneurs et un avare de l’or, mais que jamais une femme ne renonce à son métier de femme ; quand elle pensait à la vieillesse, elle lui paraissait si lointaine encore qu’elle la regardait en face sans trembler, s’imaginant que la mort viendrait pour elle avant la fin du plaisir.
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Jamais elle ne devait oublier cette brève saison. Jamais elle ne devait retrouver exactement cette qualité de jouissance. Il reste toujours au fond du cœur le regret d’une heure, d’un été, d’un court moment, où l’on atteint sans doute son point de floraison. Pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, rarement davantage, une jeune fille très belle ne vit pas de l’existence ordinaire. Elle est ivre. Il lui est accordé la sensation d’être hors du temps, hors de ses lois, de ne pas éprouver la monotone succession des jours, mais de goûter seulement des instants de félicité aiguë et presque désespérée.
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Videos de Irène Némirovsky (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Irène Némirovsky
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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